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16 mars 2009

Lettre collective Kélig et Luidgi le 15 mars



« Ah, ça y est ! Nous arrivons à Samana. Le soleil me chauffe les voiles, je me sens poussé par un petit vent, c’est bon, c’est reposant. Je sens mon équipage dynamique en train de préparer les quelques jours d’escale. J’espère qu’ils vont s’occuper de moi. J’aime quand ils me bichonnent. Eh oui, tout seul, je ne peux pas faire grand-chose. Je peux les transporter, les emmener où ils veulent, mais ce sont eux qui doivent me guider, m’entretenir. C’est Boris et Elodie qui s’occupent de mes voiles, Luidgi, Kélig et Christophe qui bichonnent mes winchs, Romy qui prend soin de ma petite nature, JB qui checke la sécurité, Olivier l’électricité, Michel qui graisse la barre… C’est agréable de se faire dorloter. Maintenant comme à chaque fois que nous sommes en escale, je ressemble à un grand patchwork, des tissus de toutes les couleurs sont accrochés partout. Tout le monde lave, brosse, frotte. Je sens bon, je me sens plus léger, mais pas pour longtemps car ce sont mes cales que l’on remplit maintenant, d’eau, de nourriture, de gaz. On me donne un peu de gasoil à boire aussi. Ce n’est pas ce que je préfère. Voilà, je crois que nous sommes prêts. L’équipage s’est aussi fait plaisir en mangeant du poulet, des yaourts, des ananas, des glaces… Le jeudi 5 mars, mon ancre remonte, je suis libre, nous pouvons retourner voir nos amies les baleines. Oui moi aussi, je les aime bien, lorsqu’elles me tournent autour, qu’elles m’admirent, qu’elles chantent, ça en fait vibrer mes coques ! Ça me prouve à chaque fois que j’existe vraiment ! Hou là là, ça commence à bouger. Grandeur Nature, accroche-toi, sois prêt, j’ai l’impression que cette nuit, tu vas faire du rodéo. Du vent de nord-est, 2,50m de houle, mes équipiers vont sûrement danser. L’entrée sur le banc se fera par l’ouest, mais c’est difficile, je donne tout ce que je peux pour remonter au mieux près du vent. Ils allument les moteurs pour m’aider un peu, mais ça ne suffit pas, le vent est plus fort. Moi ce qui m’inquiète, c’est que le soleil commence à baisser sérieusement et nous ne sommes toujours pas accrochés à notre morceau de corail. Je n’ai pas envie de m’érafler la coque sur des patates surprises. Et en plus, je ne sais même pas si on va arriver à temps à notre maison. Nous pourrions aussi poser l’ancre dans un endroit où il n’y a pas beaucoup de fond pour la nuit, mais ils ont l’air déterminés. Ah, ça y est, je vois mon ancêtre Polyxéni au loin. Nous pouvons crier victoire… Quelle aventure !!! Et quel bonheur d’être accroché, assuré, sans se soucier. J’entends les baleines au loin, ça me berce… Les jours suivants seront aussi ventés. Ils en profiteront pour parler, parler beaucoup de chacun des jeunes, du marketing, de la société de consommation, de la liberté, de la religion. Et tous les jours…
J’en ai vraiment marre que tous les matins mes équipiers me forcent à partir avec eux à la recherche des baleines. Snif, snif, je pense qu’ils préfèrent les baleines à moi, ça se voit beaucoup. Cette fois, ils ont réussi à filmer et chanter avec les baleines chanteuses. Pendant que moi je restais bloqué sur l’eau à flotter. Tous les jours, c’est la même chose, je n’arrive pas à leur parler. J’aimerais bien leur dire de me nettoyer mes coques remplies d’algues dégueulasses. Souvent quand on se promène sur le Banc, ils hissent les voiles, rien que pour faire leurs hommes à la mer et apprendre aux jeunes à prendre un ris dans la Grand-Voile. Vous ne trouvez pas que c’est ridicule de me faire du mal? C’est comme si on vous tirait les cheveux ! Le même jour dans la soirée, ils m’ont laissé tout seul dans le noir avec mes amis les nouveaux bateaux dont un plus beau que moi avec les coques qui brillent alors que moi, ce n’est toujours pas le cas ! Bref, ils m’ont vraiment laissé alors qu’ils allaient plonger parce qu’il y avait une belle lune, tout ça pour aller voir ce bateau échoué depuis 30 ans qui s’appelle le Polyxéni. Je ne sais pas si vous le connaissez. Le soir quand ils mangent, ils parlent beaucoup et aussi se posent beaucoup de questions qui ne m’intéressent pas du tout. Mais un jour, je les ai entendus poser une question. A votre avis quelle est la question ? Eh bien c’est pourquoi ils se lèvent le matin ??? C’est une question bizarre non, vous ne trouvez pas ? Parce que si on se lève le matin, c’est bien parce qu’on est obligé ! Un autre jour, ils ont fait un jeu qui avait l’air très marrant ! J’aurais bien voulu jouer avec eux moi aussi. Ils devaient récupérer des rubans de différentes couleurs, jaune et bleu. Ils ont même accroché un hamac dans l’eau entre du corail pour s’allonger dedans, ils prenaient des photos, faisaient la course.
Bon je crois que nous nous sommes assez promenés au milieu des baleines, j’en ai marre. Je pars pour l’aventure aux Caïcos, un peu plus léger, car la chaîne de notre mouillage est restée bloquée dans le corail.
Je suis enfin libre ! A nous l’aventure !!!"
Kélig et Luidgi (à vous de deviner kikaécritkoi ???)

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