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27 avril 2023

Suite du Second Journal "La Dominique" Du 21/01 au 7/02/2023

Le 21/01/2023

Couscousman et Aurin déménageur 



Alors je te dis : plage, cuisine et tâches 
OK , alors : 
Il était une fois en Dominique un bateau au mouillage avec 12 personnes sur le pont, ils font leurs tâches du quotidien. Ils décident d’aller à la plage pour parler 5 min avec une autre personne et puis quand tout le monde est passé, ils rentrent au bateau. Deux personnes vont faire la cuisine, on va leur donner des noms : Matis et Yann … 
- Vazi, à toi, je te donne : Randonnée, Couscousman et plongée 
- Ça veut rien dire Couscousman !
- Mais si, allez. 
- OK, OK
Bon, Matis et Yann font la cuisine et puis d’un coup il font venir un personnage d’une histoire qu’ils ont inventée et qui s’appelle Couscousman, ils font une histoire sur lui, je vous la raconte vite fait : c’est l’histoire d’un gars qui va chercher du couscous sacré, il rencontre un génie et bref, bien sûr, tout en restant concentrés. Après le repas, il font leur sac de rando car ils partent en expédition et puis quand c’est fini ils vont faire un peu de plongée car ils ont envie de se rafraîchir; eh oui. 
OK alors moi je te dis : tresses, gratin et musique. 
Du coup Matis veut finir ses tresses car il ressemble à un clown, il a la moitié de la tête tressée. Alors Lola, une dame qui aime le cirque, les lui fait. Ils font un petit gratin de pâtes, dehors ça fait de la musique , ça chante, l’heure du service arrive. 
Euh: aurin, histoire et Diam’s 
Un jeune fou décide de faire une histoire, ça parle d’aurin, qui rentre dans le corps des gens et les rastas meurent car il se lâchent trop. Bon il font la vaisselle et ça fait des reprises sur Diam’s, sur Bananaman et ils vont se coucher. 
- Ah ben enfin c’est long 
- Ouais ben rajoute le fromage, le repas ne va pas se faire tout seul.
PS: c’est ce qu’il s’est vraiment passé dans cette journée et les aurins existent vraiment mais ils sont dans les concombres de mer.     
Matis

Rando Matis, Anouk, Christophe : « Les « badaboum » à Chaudière Pool » 
Ce matin Yann nous a emmenés en annexe jusqu’au ponton. Nous sommes partis les derniers, nous sommes dans la ville de Portsmouth. Nous n’avons même pas fait 1 km que Christophe s’arrête devant un marchand de glaces. Avec Christophe les randos sont simples, la règle est : « Si on voit un glacier on s’arrête », pareil que « Si jamais il y a une cascade on s’arrête », et la mer fait partie de la règle. Nous voilà rafraîchis, nous achetons vite fait du lait concentré, du beurre de cacahuète et des biscuits au gingembre. Nous continuons la route sous la chaleur des Antilles. Nous marchons près des arbres hauts pour nous faire de l’ombre, avec la rivière à côté. Tout à coup une
voiture arrive et vite je tends mon pouce. La voilà qui s’arrête ; c’est un jeune monsieur et sa fille qui doit avoir à peu près 6 ans. Le monsieur klaxonne à chaque virage car on peut facilement avoir un accident. Il ne nous emmène pas à notre destination car lui va à  Paix Bouche. Nous descendons avec nos gros sacs et sur la route Anouk nous dit : « Je crois qu’on a stoppé la fille qui était en train de manger son sandwich. » Nos pas sont réguliers , la chaleur augmente , la transpiration se fait sentir , on a l’impression que la montée ne se  terminera jamais. Christophe dit ce qui a changé dans la ville, entre les toitures rouges et bleues et la montée qui n’est toujours pas finie. Nous arrivons presque car un panneau rouge écrit en blanc dit : « À pied 15 minutes, en voiture 7 minutes ». Bon, là , je me dis  « courage » et je fais une photo de Christophe et Anouk sous un arbre, à leurs pieds les fleurs étaient rouges, roses. Sur le chemin deux bébés chèvres venaient juste de naître car ils avaient encore le placenta sur eux. On se dit qu’on va peut-être croiser l’équipe de Lola , car ils voulaient venir ici. Nous descendons une pente rocailleuse jusqu’à ce que Christophe dise « Ce qui est facile ( la descente ) maintenant sera dur demain, car il va falloir tout remonter » Ça y est, on entend l’eau couler. Lola, Isaac et Mathys sortent de Chaudière Pool. À peine arrivés, on se baigne. Ah, que ça fait du bien, un peu de fraîcheur ! Moi je me baigne, Anouk écrit et Christophe fait des badaboums. J’interpelle Anouk pour sauter des rochers, ils sont hauts et c’est hyper cool. J’adore la frayeur au début quand tu as envie de sauter et en même temps la boule au ventre, mais en fin de compte au bout de 5 min je me lance suivi d’ Anouk. Deuxième saut, je fais un plat du ventre et de la jambe. Quand je sors de l’eau je vois Anouk en état de choc, moi j’essaye de dissimuler ma douleur en souriant. Après cela, on enchaîne les sauts comme si cela ne m’avait pas suffi et c’est parti, un à gauche, l’autre à droite jusqu’à atteindre le plus haut possible. Nous voulons même faire des plongeons mais le risque n’est pas à prendre. Après cette baignade de 2 heures, on visite les lieux et on décide de camper là. On mange le repas du midi Christophe a fait 6 badaboums. On allume un feu et on prépare le campement, on mange des céréales au lait chaud, un délice. Les hamacs sont montés. La nuit est tombée, on dort, la pluie arrive. Appels de phare avec ma lampe, mon hamac est devenu une baignoire ! Je sors et je dis : « Je vais dormir sous la bâche ». Quelques minutes plus tard Anouk vient, je lui fais de la place. On dort en maillot de bain, on grelote de froid, nous sommes recroquevillés sur nous-même, le vent souffle dehors. Je demande à Anouk quelle heure il est car je me dis qu’il doit être 5 heures et elle me dit « 22 h 30 ». La nuit va être longue. 

Matis

Le 23/01 




This night is cold because it’s raining. We are at Chaudière pool and we are going to Rivière Cyrique. We walk sometimes in the climb but more often in the downhill, the trail is more simple this way. We cross Benz village and we catch up with the road. We hitchhike but the driver aren’t nice with us, so we walk a long time. Finally, a man and a woman stopped their car.  The man criticize everyone and he stopped five or six times to talk whith his friends, it was funny. I love this person because they bring us far. We continue on the road and after a short time of walking and driving, I see Kat. She is with Ismaël, Yawenn, Chad and Tallia. I take one minute to understand, we are at Genette’s home. To meet everyone is very tiring and I just want to sleep. By chance, we leave again because Rivière Cyrique is far. We walk again, passing by the cassava bread but our friend are at the river. A long time after, a red car take us, she save our life. After the woman, a man with  a black car drive us on a destroyed road, he drive like in a vidéo game. Now we are at the entry of Délice’s road. We continue by foot and with two other cars. After crossing Rosalie, we go to Rivière Cyrique. The woman of the shop tell us that the trail to the waterfall is very dangerous and it’s not accessible anymore. We ask where it’s possible to find a roof for the night and in five minutes we are at Judy’s home, in her garage with the yinyin but we sleep dry. 

Anouk







Le 24 janvier. Rivière Cyrique to Glacé Point to Victoria Falls to Savane Mahaut. 

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Félix qui a 91 ans et tout au long de cette belle journée, dans chacun des lieux merveilleux où nous sommes passés j’ai pensé à lui, c’est comme s’il avait été avec nous.
On se réveille sous notre abri chez Judy et Simon. Judy nous fait chauffer de l’eau pour le petit-déjeuner, café et chocolat chaud, il nous reste les fruits qu’elle nous a donnés hier. Il a plu une seule fois dans la nuit, nous sommes contents d’avoir eu un toit au-dessus de la tête, surtout après la rincée de la nuit d’avant à Chaudière pool où j’ai réappris quelques règles simples de la rando en Dominique. 

Règle n°1 : en Dominique il pleut. 

Règle n°1 bis : à Chaudière Pool il pleut plus qu’ailleurs car nous sommes juste au pied du plus haut sommet de la Dominique, le Morne Diablotins, où il pleut quasi tout le temps. 

Règle n°2 : tous les soirs trouver un abri au-dessus de sa tête ! 

Alors bien sûr je savais tout cela, j’ai juste réappris en l’espace d’un grain qui a trempé mon duvet et mon hamac brésilien.
La teacher qui nous prend en stop jusqu’à l’école de la Plaine est interloquée par notre programme et surtout le fait que l’on dorme dehors dans la nature, elle déteste cela, elle dit: « La Dominique c’est beau, mais il y a trop d’arbres ! » Pour moi c’est la phrase du jour et peut-être de la rando. Après quelques achats pour nos repas du jour, nous partons à pied vers le prochain village, Boetica. Une longue heure de marche sur une route qui monte et qui descend puis qui monte… et quasiment sans voiture qui passe ou alors dans l’autre sens, ce qui nous fait dire qu’ils repasseront sûrement et nous prendront. Mais heureusement personne ne nous prend et nous arrivons à l’entrée du sentier de Glacé Point, des piscines naturelles d’eau de mer. Nous laissons nos sacs à côté d’une maison en construction et nous descendons juste avec le pique-nique et une serviette. Un petit sentier descend jusqu’à la mer et la pointe que l’on ne voit qu’au dernier moment. C’est toujours aussi beau et cela me fait plaisir de voir un endroit d’avant encore intact. Pour Matis c’était calme car il n’y avait pas de touriste et c’était beau. Pour Anouk c’est comme a dit Matis, mais ce qui l’a étonnée, c’est que les rochers de la pointe étaient noirs mais pas brûlants. Après un petit bain, nous reprenons la route vers notre deuxième destination : Victoria Falls, ma cascade préférée en Dominique, dans la petite vallée de Moses le rasta et sa famille. Une voiture nous prend et nous dépose à l’entrée du chemin. Je connais cet endroit par coeur et je suis curieux de voir comment cela a changé. Il est encore tôt alors nous décidons d’aller rapidement rencontrer la cascade. Mais avant nous demandons à Israël s’il est possible de dormir là ce soir avec nos hamacs, il nous dit qu’on pourra les accrocher dans « le rasta-aurante » qui vient d’être reconstruit, on discute un peu avec lui, puis on se met en maillot et tee-shirt et on part dans le lit de la rivière. Il y a moins d’eau que dans mon souvenir, on ne trouve pas tous les chemins de traverse, alors parfois, nous passons de rocher en rocher ou dans l’eau. Puis nous voyons la cascade et nous l’entendons, nous descendons en glissant jusque dans le bassin où la cascade choit, dégringole, déferle, brumise, nous sommes dans le souffle et la pluie verticale, on avance le plus possible vers le coeur de cette tornade liquide, c’est puissant, une énergie toute différente des bassins d’eau salée du midi avec les vagues et les embruns qui venaient de l’Océan. On repart avec nos batteries rechargées et même l’on trouve les sentiers qui redescendent. De retour chez Moses on voit Lola, Mathys et Isaac, on a envie de rester dans notre aventure à 3, alors on se concerte rapidement, il n’est que 16 heures. Je propose que l’on aille jusqu’à la mer et que l’on y trouve un abri pour la nuit, cela nous avance pour demain et notre longue journée de marche sur la route qui n’existe plus. Arrivés au bord de l’Océan, nous trouvons tout de suite des cottages abandonnés, l’une des petites maisons a encore son toit. Le plus difficile est de trouver comment accrocher les hamacs, mais nous trouvons toujours des solutions ingénieuses, là c’est Anouk qui repère des tiges qui dépassent sous les poutres, après on s’attache tous les 3 au cadre d’une porte.
Le bois mort ne manque pas autour de nous, par contre nous avons juste ce qu’il faut d’eau pour cuisiner ce soir et boire, il faudra en trouver demain matin pour notre longue marche, mais ça c’est une autre histoire. Il est temps de manger notre casserole de soupe chinoise agrémentée d’une boite de haricots à la tomate. On regagne nos hamacs légèrement enfumés, ce n’était pas une bonne idée de faire le feu dans la pièce d’à côté. Comme d’habitude je ne tarde pas à m’endormir pour une nuit de presque 12 heures , sans lucioles et sans étoiles, mais surtout au sec. 

Le 25-01. De Savane Mahaut à Soufrière Pool en passant par la route qui n’existe plus. 

Ce matin, je me lève avant le soleil et j’ai droit à une vraie aquarelle dans le ciel, avec du rouge, du orange et du jaune et la Martinique qui se dessine en arrière plan. Vraiment un très bel endroit que ce groupe de petits pavillons et tout ce qui était en pierres est encore intact. Anouk se demandait hier pourquoi personne ne retapait ce lieu. Mais je pense que cela coûterait très cher et j’imagine qu’avec le cyclone le propriétaire a quitté l’île. Nous reprenons la route avec nos bouteilles vides. Les maisons, intactes et habitées que nous croisons sont elles aussi vides et il n’y a pas d’eau dans les robinets. Plus haut nous croisons un troupeau de chevaux qui divaguent sur la route, accompagnés par quelques moutons, ce qui accentue encore le sentiment d’abandon du coin. Je rentre même sur une grande propriété, hôtel en pierres, il y a même un canon dans le jardin, mais là aussi personne, à part quelques chiens qui aboient mais ne viennent pas me mordre et rien dans les tuyaux d’eau. Nous continuons à monter jusqu’à l’endroit d’où part l’ancienne route de Petite Savane. Une petite maison paraît habitée, il y a un grand jardin autour, donc de l’eau, on cherche l’entrée, on appelle et un rasta sort de la maison, nous indique où passer et nous montre un tuyau qui coule derrière chez lui. On boit, on refait le plein et on dit merci avant d’entamer ce qui devrait être notre plus longue marche. J’ai prévenu mes camarades, sur ce chemin pas de voiture pour nous avancer. On commence à peine à marcher qu’on entend un moteur derrière nous, incroyable une voiture au coffre plein d’outils dont des tronçonneuses, ils s’arrêtent et nous disent qu’ils vont nous monter en haut de la pente et en fait ils nous emmènent jusqu’au sommet de la montagne en slalomant entre les trous et les rochers. Au sommet ils nous montrent qu’il y a une longue descente jusqu’à Petite Savane dont on aperçoit les maisons au loin. Ils font demi-tour en nous souhaitant une bonne journée. Je ne sais pas comment qualifier ce qui vient de se produire, ce n’est même pas de la chance, plutôt un genre de miracle. Cela dit ce n’est pas la première fois que j’ai ce sentiment de « magie » durant  cette rando, j’ai ressenti cela tous les jours. Nous marchons sur une route en goudron qui a été dégagée sur la bande du milieu, sur les bords la végétation a été coupée, faisant même par endroits réapparaitre les glissières de sécurité . On a l’impression que la route pourrait

facilement être réouverte, elle est moins abimée que celle que nous avons prise hier avec notre conducteur de rallye entre Castle Bruce et Emerald Pool. En chemin nous croisons pas mal de chèvres, des vaches et un homme qui me dit, quand je l’interroge, que la route ne sera pas réouverte, c’est ce qu’a dit le premier ministre quand il est venu à Petite Savane. Au bout de cette non route, un énorme ravin, quelques maisons abandonnées entourées de bois d’onde. Passé ce lit de ruisseau qui a tout emporté, la vie reprend, route, maison, pont refait à neuf. Nous passons devant une boulangerie artisanale qui sent le pain chaud, on s’y arrête et on achète du pain et une part de gâteau pour chacun. Nous laissons passer une voiture sans faire de stop, sans savoir qu’il n’y en aura pas d’autre pendant plus d’une heure de marche.  Il se met à pleuvoir, alors nous nous abritons sous les arbres devant une chèvrerie, les pieds dans la crotte. Là, Matis fait preuve de son esprit logique en nous proposant de repartir quand la pluie diminue avant qu’il repleuve ! On lui rétorque avec Anouk que c’est plus simple d’attendre qu’il ne pleuve plus.  Ce qui se produit rapidement, alors on reprend la marche, comme d’habitude la route monte au sommet d’une colline puis redescend dans une vallée. Matis, en marchant, joue avec un clavier d’ordinateur qu’il a trouvé dans une ruine et Anouk est à la traîne. Au bout d’une heure, on finit par une immense descente où Matis qui s’amuse à courir finit sur le cul. On arrive enfin à « Fond St Jean » et on se dit que l’on va acheter de quoi manger, mais avant d’arriver à un magasin en bas du village, un camion croisé dans l’autre sens ce matin, nous prend jusqu’à Grand Bay. Il nous arrête à un croisement à côté de l’école où il y a des marchandes, on leur achète des parts de pizzas et des jus de pamplemousses.  On se pose à un arrêt de bus pour manger, nous avons fait la partie la plus longue et dure du chemin, il nous faut juste monter au sommet au-dessus de nous qui s’appelle « Tête Morne » puis de redescendre par un sentier vers Soufrière. Nous montons dans la ville qui s’étale sur plusieurs kilomètres, à mi-pente la rue principale et ses magasins, on y achète de quoi manger ce soir, on fait la moitié des boutiques pour trouver du cheddar et en passant on tombe sur une pharmacie qui vend des glaces artisanales en pot d’un litre. Alors on refait une pause en se disant que c’est vraiment une journée gastronomique. Heureusement que l’on marche beaucoup, d’ailleurs la pente jusqu’au sommet nous permet vite d’éliminer, à certains moments l’inclinaison est si importante qu’on peut marcher à 4 pattes. Nous avons monté 80% de la route et une voiture nous fait faire les 15% restants, oui je sais compter il reste 5% à faire à pied, il fait chaud, on remplit nos gourdes à bloc à un robinet et on boit. Arrivés tout en haut on voit l’autre côté de l’île, la mer des Antilles et juste en dessous de nous la ville de Soufrière. On s’arrête un peu au soleil sur la crête, je m’allonge, je suis cuit. Heureusement que c’est la dernière marche. C’est beau de voir que le chemin a été refait et à part un endroit avec une corde pour descendre, c’est un vrai sentier avec son kiosque abri « waitukubuli » intact à mi pente. Matis est pris d’un fou-rire qui durera presque tout le chemin quand je lui parle de mon « irritafion ». Par contre en bas il ne reste plus rien des fameuses piscines (pool) d’eau chaude, quelqu’un a même installé un bassin privé et payant. Heureusement il reste le ruisseau d’eau chaude et soufrée qui coule librement et où un tuyau fait une cascade qui se jette dans un bassin de roches, on peut se mettre dessous et se faire masser nos muscles fatigués. Cela fait beaucoup de bien après cette longue journée de marche. En distance cela ne fait qu’une quinzaine de kilomètres (environ) ce qui ne donne pas une juste idée des efforts à fournir pour faire toutes les courbes de niveaux qui nous ont demandé 4 heures de marche à pied. L’eau chaude qui nous tombe dessus nous enlève la fatigue accumulée.  Puis vient l’installation de notre campement du soir, difficulté : installer nos hamacs en les accrochant à des poutres en béton rondes et à 3 m de haut.  Un feu pour cuire notre soupe de nouilles chinoises améliorée aux beans, on aime cela tous les 3. Puis nous montons dans nos hamacs, le mien n’est qu’à 10 cm du sol, je me réveillerai en touchant dans la nuit et serais obligé de le remonter un peu.  Je m’endors en regardant les étoiles dans le ciel et les lucioles qui traversent notre kiosque en béton. J’adore les lucioles. 

Christophe.

Le 26/01 : 








Today we are at Soufrière and we go back to the boat. The program is : walk to Roseau’s road an hitchhike until the city. We wait two hours for the icecream shop to open.  But it worth the wait. We go back to Portsmouth with a colective taxi. We eat and we go to the beach to write our text before going back to the boat. The others groups are already there.
After three icecreams, one dulce de leche and a lot of ramen with Baked Beans, our hike is finally finish.
I love this hike with Matis and Christophe. 

Anouk.





RANDO : ISMA, CHAD, KAT, YAW et TALL
Texte de rando le 24 /01 :


Jour 1 : Rando de folie mais torticolis.
On commence la rando avec le groupe Isma, Tallia, Yawenn en essayant de partir vers le territoire Kalinago. Après plusieurs tentatives ratées car à 2 euros par personne c’est aberramment cher, nous décidons de partir faire du stop. Très vite un rasta man force un monsieur à nous prendre, je monte devant et discute avec lui. J’apprends qu’il s’appelle Xavier et qu’il fait des allers-retours Guadeloupe/Dominique et qu’il vit en vendant des produits français dans les boutiques dominicaines. Il nous dépose à un croisement qui a un nom des plus cocasse, un croisement qui répond au nom de « deuxième chance ». On rencontre un monsieur qui nous parle du carnaval qui a lieu le soir même, Kathleen, Yawenn, Tallia et moi discutons avec lui pendant qu’Ismaël parle avec un autre monsieur qui venait d’arriver. Une bonne demi-heure de discussion plus tard, on s’en va en marchant. Au bout d’un moment Kathleen et Tallia s’arrêtent pour une pause pipi, plus loin Isma aussi et là une camionnette passe. Mon instinct le sent, tout sur terre et dans l’univers concorde. Mon pouce se lève, j’entends les freins de la vieille camionnette couiner, elle est maintenant stoppée devant nous. On monte et s’enchainent rires, bousculades et repos. On ne voit pas le temps ni la route passer et le monsieur sort de sa route pour nous emmener plus loin, là où l’on allait. On finit par le stopper et on descend. On marche un peu puis pause papaye. Ismaël et Yawenn s’avancent un peu et à ce moment-là une voiture s’arrête et nous dit de monter, il va là où l’on va c’est-à-dire à Marigot. On récupère Isma et Yawenn puis on fonce, on passe l’aéroport puis on arrive devant chez Basil.  On l’appelle mais il n’est pas là donc on descend manger, poulet poisson avec du pain et du ketchup. On va passer un petit moment sur cette plage, donc Tallia lit, Isma discute avec les gens, Kathleen et Yawenn font une chasse aux trésors et moi j’écris. On décide de remonter vers chez Basil et donc de quitter la plage des trésors. Basil est un cordonnier très sympathique qui paraissait ravi de revoir Isma et nous. Il nous fait visiter et nous explique son métier. Avant que l’on reparte, il nous offre du jus de goyave pour que l’on prenne des forces avant de marcher. On est lancés et pouce après pouce jusqu’à la crampe du pouce toutes les voitures refusent de nous prendre en stop. On finit par décider de chercher où dormir car la fatigue c’est dur. On finit par trouver notre petit campement au bord de l’eau à la fin d’un champ de bananiers. On allume un feu où l’on fait cuire des chips de dachine, et du couscous avec de la coco pour accompagner. La nuit sera animé par les grains, mais je ne serai pas mouillé le matin. 
CHAD 


Jour 2 : Le 23 Janvier
Je me réveille avec le son des vagues au loin. Après cette nuit pluvieuse, je suis un peu fatigué. Isma et Kat sont déjà en train de se baigner dans la rivière. Quand tout le monde est réveillé nous prenons le petit-déjeuner. Au menu : coco, pain aux graines accompagné de confiture. Le ventre plein, nous nous mettons en route pour la maison de Genette. À la première montée nous voyons un des autres groupes du bateau, composé de Lola, Isaac et Mathys. Mais nous les quittons vite. En chemin vers la maison de Genette, nous allons faire quelques courses dans un magasin sur le côté de la route. Le monsieur est super sympa, il a deux biquettes : Jumpy et Widney. Tallia devient vite amie avec elles. À un moment, elles entrent dans le magasin, Widney adore le riz elle en ouvre même un sac et Jumpy saute au-dessus des rayons, on arrive quand même à les faire sortir de la boutique. Après ce moment des plus cocasses nous nous remettons en route. Peu de temps après, nous voyons la maison de Genette, c’est une petite maison verte et orange, il y a aussi plein de dessins sur les murs, mais ce que je trouve le plus beau c’est les sculptures qu’il y a sur les murets du jardin. En arrivant au seuil de la porte, Genette nous accueille avec les bras grands ouvert, elle nous indique deux chambres où nous installer. Après le repas de midi, composé de pain d’air et de Ketchup, Tallia commence à peindre sur les murs. En fin d’après-midi nous partons nous baigner dans un spot de baignade juste en dessous de chez Genette. Arrivés à destination, je vois une super belle cascade qui se jette dans la mer, c’est magique ! Après nous être lavés, nous rentrons à la maison de Genette pour manger. Au menu c’est pâtes au ketchup. Par la suite nous allons nous coucher, ça me fait bizarre de dormir dans un lit à l’intérieur d’une maison. 
Yawenn Leroy
 

Aujourd’hui notre journée a commencé comme toutes les autres par un déjeuner, puis avec Ismaël on est allés chercher quelques noix de coco pour en boire l’eau parce que c’est bon pour mon mal de tête. Puis on est directement partis avec Octavia pour l’aider. Pour atteindre son jardin, c’est une épreuve, ça monte, ça descend, ça glisse. Une fois le chemin fait on va nourrir Willy, Lady et Pinkie, on leur donne des graines de la noix de coco et ils ont même droit à des câlins. Puis Ismaël et Chad se sont occupés un peu du jardin pendant que Kat et Yawenn étaient en mission courses. Ensuite on a été invités à manger chez Octavia. Après on a fait du stop pour retourner chez Genette, c’est trop dur de marcher le ventre plein ! La voiture a failli ne pas s’arrêter devant chez Genette. Bien arrivés, Ginette nous dit que Kat et Yawenn étaient déjà à l’école, donc on y a été, effectivement Kat et Yawenn étaient en train de peindre les toilettes, alors avec Chad et Ismaël on s’est vite mis au travail et on a peint l’extérieur. Kat a eu la bonne idée de personnaliser les semelles d’Ismaël, donc j’ai eu également la bonne idée de personnaliser les miennes en plus de mon short du PSG qui a aussi fini tout vert. Une fois l’école toute belle, on est rentrés, mais ce n’est pas fini : on décortique et on pile du cacao pour faire du chocolat en poudre. Après tout ça, on finit la journée tranquillement à parler avec Genette et Egenette et aussi à jouer avec Edrio.
Tallia 

Le 25/01/2023 :
Il fait nuit, je me lève sans savoir quelle heure il est. Avant hier, Bowers m’a dit que les lampadaires s’allumaient à 6 h du soir et s’éteignent à 6h du matin, c’est comme ça qu’il sait quand il doit plier boutique le soir. En regardant par la petite fenêtre de la cuisine je vois que c’est toujours éclairé. Je décide quand même de faire chauffer l’eau et de m’occuper du pain. Je peux aussi profiter d’un moment seule avant une journée bien remplie. Quelques minutes plus tard j’entends du bruit, Chad est derrière moi avec une tête de zombie, la respiration haletante et le visage tout crispé. Il m’explique qu’il est malade avec le complet kit vomi/diarrhée depuis plusieurs heures. Je me mets alors dans la peau de Genette et j’ouvre tous les placards à la recherche d’une racine de gingembre abandonnée. Pendant que je lui prépare une infusion, Yawenn se lève, il prépare alors le « cacao-tea » que nous avons fabriqué la veille avec Bowers. Ismaël se lève à son tour et nous installons le petit-déjeuner dans l’obscurité sur la terrasse. Je vais réveiller Tallia, nous laissons notre copain mort vivant sur le canapé et nous allons déguster notre premier repas de la journée. Quand le jour commence à poindre nous avons la visite de Jeno avec qui nous échangeons quelques mots matinaux. Plus tard, Genette et Lisa s’installent avec nous, nous leur servons du cacao-tea, du white bread et du peanut-butter avec des tangerine du jardin de Jeno qui d’ailleurs est de retour avec de jeunes feuilles de goyave, qu’il est allé chercher là-haut dans le jardin à la demande de sa mère pour Chad. Il faut qu’il les mâche et les avale pour que ça purge son estomac. Ici on ne va pas chez le médecin, on va au jardin. Chaque mal a sa plante, il n’y a qu’à se baisser pour guérir. 
Nous nous sommes levés tôt pour prendre le temps avec Genette ce matin, le petit-déj est le repas que je préfère, je crois que je pourrais le faire durer pendant des heures quand je suis avec des personnes que j’aime. Mais bon, même si on est bien, il est quand même temps d’entamer la journée. On enfile la tenue de travail et en avant pour une balade à flanc de colline pour aller rejoindre Octavia sur son terrain. Nous laissons Chad sous sa couette et comme dans les films de mafieux, il me fait appeler par Yawenn pour que j’aille le voir, comme un condamné qui aurait une dernière volonté avant de mourir : 
« Kathleen, dit-il à voix basse, quand tu seras là-haut, à côté des cochons, tu trouveras un endroit avec des fleurs bleues, prends-en une pour moi, c’est pour Isaac, il faut que je lui en ramène une pour lui prouver que ça existe ». J’accepte la mission et je laisse le parrain entre les mains de Ginette, d’après elle, il sera bientôt sur pied. 
Sur le chemin, on trouve quelques goyaves pour faire le plein de vitamines avant notre matinée machette, ou « cut lass » comme ils disent ici. Après un grand bol de verdure, nous sommes accueillis par les cochons d’Octavia. Ça sent fort et ça fait beaucoup de bruit avec sa bouche un cochon, ce n’est pas très casher tout ça !
On se lance tous les quatre pour défricher le terrain pour qu’elle puisse replanter ensuite. Ça fait un an que les Tyson on laissé leur jardin à l’abandon car Skeet, le mari d’Octavia est tombé gravement malade et elle ne pouvait pas s’occuper seule du terrain en plus de s’occuper de lui et de la maison. Maintenant qu’il va un peu mieux et qu’il est sorti de l’hôpital, elle peut prendre un peu plus de temps pour remettre en route ses cultures. Nous, on entame les coups de machette en faisant un vérité-vérité et ensuite on se sépare petit à petit pour gagner du terrain. Ça me fait du bien de voir que ça avance et que notre élan de groupe fonctionne bien. Ce que nous avons fait à 5 en deux heures elle aurait passé plusieurs jours à le faire seule. Pendant tout ce temps, on a notre cueilleur et coupeur de coco à jus, Yawenn, qui nous abreuve car sous ce grand soleil ça cogne ! Ici c’est magique, on n’amène pas de bouteille, on boit direct dans les cocos quand on a soif. Ensuite on aiguise les machettes à la lime et on repart. Il faut faire attention aux petits plans de dachines et de couscous qui ont survécu, c’est un machettage précis ! Yawenn, en plus d’être notre sourcier, est celui qui taille les morceaux de bois pour en faire des piquets qui indiquent les petits pieds afin de ne pas les écraser, un vrai couteau suisse ce Yawennocry, enfin plutôt un couteau breton en fait. Il est 11h passées, donc nous redescendons doucement vers la maison d’Octavia. Une fois arrivés, Skeet nous ouvre la porte et nous invite à entrer car il a préparé le repas pour nous ce midi. C’est une petite maison avec un coin cuisine dans la salle principale, des rideaux délimitent l’accès aux chambres et à la salle de bain. C’est très sobre et ordonné, une table, quelques chaises et au fond près de la fenêtre un petit meuble avec des photos encadrées. Parmi elles il y a une photo des Tyson et de toute leur famille avec les petites têtes des jeunes de GN qui étaient venus chez eux en 2008. Les Tyson sont des amis de Grand Séb, ils parlent beaucoup de lui, ils nous racontent leur rencontre et les nombreuses fois où l’équipe de Grandeur Nature est venue les voir. 
Nous sommes tous assis autour de la table avec nos assiettes pleines de poisson, de pâtes et de haricots rouges mais nous ne mangeons pas tout de suite, nous attendons Octavia. Elle s’approche de la table, reste debout, et entame une prière. Elle bénit le repas et le travail que nous avons effectué le matin sur le terrain. Elle remercie Dieu pour ce qu’elle a. Sa voix est calme et posée, on ressent que sa foi est profonde. Je suis émue aux larmes, elle le voit, nous échangeons un regard et puis nous commençons le repas. Je me sens très honorée de partager un repas avec eux et en même temps très gênée car la nourriture est très chère et qu’ils ont du mal à joindre les deux bouts depuis que Skeet est malade. Les médicaments qu’il prend pour fluidifier le sang sont extrêmement coûteux et il n’a pas de couverture maladie. Il a terminé sa boîte hier soir et n’a pas assez d’argent pour en acheter une nouvelle. Ce midi il ne peut pas manger car il est trop malade. Nous sommes six à table, cela veut dire qu’avec ce que nous mangeons, ils auraient pu faire trois repas. Je ne sais pas si Tallia et Yawenn s’en rendent compte alors je leur dis pour qu’ils ne gaspillent rien. Nous faisons la vaisselle, regardons leur album photo de famille et nous partons en les remerciant. 
Nous nous mettons en route pour rentrer chez Genette, une fois arrivés nous retrouvons notre malade qui va mieux, nous rangeons toutes nos affaires et faisons le ménage de nos chambres avant de partir. Nous attendons tranquillement le bus qu’Egenette nous a réservé pour aller à Marigot. Nous allons retrouver Jeno qui nous attend pour nous montrer une plage près de là où il travaille. Nous arrivons dans une zone de travaux, il nous présente ses collègues ainsi que son chef qui nous souhaite la bienvenue. Nous lui demandons si nous pouvons dormir sur la plage, il nous répond qu’il n’y a pas de problème avec un grand sourire. La plage est magnifique et il y a même une autre plage à côté à laquelle on peut accéder en passant par l’eau. Il y un carbet où nous pouvons nous installer au cas où il pleuve. Tallia, Yawenn et moi nous mettons les hamacs pendant qu’Ismaël et Chad guidés par Jeno vont chercher à manger. On se retrouve autour du feu avec nos petites barquettes et notre bonne humeur. Une fois que la nuit est bien noire, je sors mon bâton de feu et je l’allume enfin. Ça faisait des mois que je rêvais de le faire. Du coup tout le monde y passe et danse avec le feu, on s’amuse bien, c’est beau et simple. On en veut encore alors on le rallume 5 ou 6 fois, mais bon à moment donné il n’y a plus de pétrole. Alors nous allons nous coucher les uns après les autres. Avec Isma nous faisons un peu le débrief de ces 4 jours et organisons le retour du lendemain. Ça fait du bien d’aller s’allonger, la plage est calme et le vent nous berce. 

Kathleen

Le 26 / 01 : De Marigot to the bateau
Bluuurps… Premier réveil au son du vomi de Chad. « Je n’ai pas eu le temps de descendre de mon hamac ! ». Zombie, je m’occupe de Chad avant de retrouver  le sommeil profond au fond de mon petit nid douillet. Quelques 7h plus tard, le soleil se lève au fond de la petite baie, unique plage de Marigot, perdue au cœur de la ville. Pourtant, on se sent seul au monde. J’ai adoré la soirée vécue ici, autour du feu, au rythme des crépitements et du bâton enflammé. Avant de quitter cette petite plage bucolique, c’est le temps d’un petit-déj’ au café soluble,  pain plein d’air, jam session et peanut butter. L’heure est au point quotidien. Jéno, l’adorable bon gros géant, passe nous dire bonjour avant d’embaucher. Les pélicans pêchent dans la baie. Après un petit conciliabule, tout le monde est d’accord pour rentrer rapidement et conclure notre rando à Portsmouth autour d’un petit jus. Et c’est ce qu’on a fait, figurez-vous ! 
Dans un interminable trajet en minibus, nous ramassons tous les Dominiquais du bord de route dans l’équivalent de ce qui serait un neuf places en Europe. Nous sommes une dizaine, mais nous retrouvons rapidement à 15, complétant la totalité des places disponibles avec nos gros sacs entassés jusqu’au plafond. Mais le chauffeur continue de s’arrêter à chaque personne qui le hèle. 16, 17, 18 personnes sont entassées dans le minibus qui continue sa course.
Quand la dix-neuvième personne se présente, un élan de raison traverse son esprit, il ne ralentit pas et annonce : « We are full ! ». En implorant sa pitié, la bonne dame lui demande : « Comment peux-tu me faire ça ? ». Il ne faiblit pas et garde le pied au plancher de son bolide qui faiblit à chaque fois qu’il tombe sur un raidillon; mais big up à lui, il a réussi. Arrivés à Portsmouth, on se fait notre bon petit jus local, finalement pas local et pas très bon, chez le rasta du départ qui nous avait trouvé un pick-up de stop alors qu’on galérait un dimanche. Dans son bar, devant la baie, sa femme nous sert au son du reggae dans ce all reggae bar, on se marre, on danse, on cherche le bateau. Nous regardons les oiseaux avant de nous séparer. Kat et Chad rentrent au bateau, pendant que nous trois allons faire notre lessive dans la rivière. Il fait beau et chaud, on se décrasse jusqu’aux os de notre rando, avant de rentrer au bateau. Dans le lit de « la rivière au million de dollars », un rasta édenté chante du gros reggae sous sa douche. Avec Yawenn et Tallia, on bat le linge, on savonne, on frotte… et on finit par la création artistique d’un petit pont en galets par dessus le torrent. La vie est belle ! 

Ismaël


Textes rando du 22 au 26/01/22 groupe Isaac, Lola et Mathys :
J-1 : Votre attention s’il vous plait, à inscrire dans le Guinness World Record : nous avons atteint Chaudière Pool depuis Portsmouth en à peine 1h et sans taxi co. À peine le pouce levé, nous sommes déjà embarqués par Nixon qui va à Woodford Hill chercher des cocos pour vendre au carnaval de Portsmouth. Ça nous fait bizarre la conduite à l’envers et nos réactions font rire notre conducteur. Il nous dépose en haut de Bense. Il nous reste au moins 1h de marche pour atteindre Chaudière Pool. Ah ben non. Le destin nous interdit de marcher, un pick-up insiste pour nous emmener encore plus loin, sur un chemin tout escarpé. Les gens ici sont trop gentils. Il ne nous reste plus que 15 minutes de descente et… plouf ! À l’eau ! Sauts, toboggans, saltos, il y en a pour tous les goûts. Isaac et Lola se font voler leur élastique à cheveux par les tourbillons de la mini-cascade. Ensuite, nous avons remonté la rivière tels des Lilliputiens sautillant de roche en roche, apaisés par le bruit de l’eau contre les rochers. Sur le chemin du retour, que nous empruntons enfin à pied, nous croisons les « chmans » (Christophe, Matis et Anouk). Prochain objectif : une plage quelconque sur la côte nord de l’île. Un New-Yorkais nous prend en stop, Mathys tout content, est agité comme une puce. « Mais non arrête, j’étais juste content de rencontrer un New-Yorkais ! ». La première plage, Batibou, ne nous convainc pas. C’est la suivante, Number One Beach, qui nous attire l’œil avec son panneau « Pirates of the Caribbean ». Un très bon choix de notre part, il y avait trois touristes qui se faisaient un barbecue et bronzaient, c’était un bon public pour Lola qui enchaîne équilibres, flips et roues sans les mains, pendant que Mathys et Isaac jonglent avec balles et diabolo. Sans oublier les rondades d’Isaac aussi ! Nous rencontrons un pêcheur du dimanche qui nous raconte que ses enfants ont appris le français en regardant Scoubidou et Dragon Ball Z à la télé. Il nous montre un gros poisson qu’il a pêché à l’aide d’un grand filet qu’il lance quand il voit un poisson nager devant lui dans les 10 cm d’eau. On ne sait pas comment décrire ce lieu si insolite et extrêmement beau, car deux eaux : rivière douce et mer salée, sont légèrement connectées mais ne se mélangent jamais. On quitte cette magnifique plage de sable noir pour essayer d’aller à la Cassava Bread Factory. Mais le stop ne nous sourit plus autant que ce matin. Première escale à Calibishie en espérant tomber sur un magasin avec les délicieux biscuits au gingembre, mais on ne trouve rien. À la place, ce sera une glace. Le stop nous mène seulement jusqu’à Woodford Hill, puis s’entame une marche jusqu’à Londonderry. Notre espoir de rejoindre le territoire Kalinago s’évanouit. C’est l’ambiance d’une fin de dimanche en Dominique, des rythmes de reggae nous parviennent aux oreilles, des gens jouent aux dames ou aux dominos, il y a de la vie dehors, certains semblent habillés pour le carnaval de Portsmouth. Arrivés à Londonderry, nous sommes accueillis par un match de foot amical que nous regardons depuis le côté du terrain, Isaac fait un peu l’arbitre. Mac et Noah nous offrent un appentis pour la nuit, c’est l’heure de manger et de dormir, heureusement, à l’abri !  


J-2 : Le jour se lève après une nuit pluvieuse et de tombées d’amandes. Depuis notre abri, nous voyons le soleil éclaircir le terrain de foot. La lumière est jaune, cela fait ressortir les belles couleurs des plantes qui nous entourent. On prend le petit-déj, et notre ange-hôte, Noah, nous rend visite pour savoir si nous avons passé une bonne nuit. On lui répond que oui. Notre destination du jour est St Cyr, là où il y a les amis de Lola qui font du cassava bread. Mais avant d’y arriver il y a un bon chemin à faire. On prévoit de petites escales : visite d’une autre plage de Pirates des Caraïbes et rencontre de Genette. Mais bon, tout ne se passe pas comme prévu, on ne trouve pas l’accès à la plage, mais pas grave, la route est entourée d’une nature des plus luxuriantes. Sur le chemin on parle de nos rêves et des pays qu’on visite. On décide de faire du stop jusqu’aux portes du Kalinago territory. On part de l’aéroport et on nous emmène là où on veut. On décide enfin de marcher et en montant, on trouve le groupe de rando agrandi, Isma, Chad, Yawenn, Kat et Tallia. Durant cette rando, on aura croisé tous les groupes. On fait un bout de marche ensemble, à un village, un tuyau est troué et cela crée une fuite d’eau. On partage la route avec une dame le temps qu’elle attrape son bus, mais elle ne veut pas se faire mouiller. Isaac utilise son doigt pour faire rempart au jet. Tout le monde passe sec et sauf. Vient le temps des adieux, le groupe agrandi s’arrête à une station de bus tandis que nous on trace direction chez Genette et Cassava Bread Factory. Bientôt un homme nous interpelle avec 3 bananes, ce n’est autre que Sexy bands, le frère de Genette. Nous marchons ensemble jusqu’à Genette qui nous accueille les bras ouverts et un sourire aux lèvres. Elle attend le Club Med pour la dégustation de fruits. Fuyons vite jusqu’à St Cyr. 2 km plus loin, on est enfin à notre destination finale. On rencontre les fameux boulangers de manioc. L’après-midi commence bien, entre épluchage de cocos, manioc, dégustation de banane pesée, cassava bread. On arrête enfin de manger pour aller se baigner dans une rivière. Ça permet à Isaac de commencer son enquête sur les rastamen. On trouve des infos et c’est destination la rivière. On emprunte un petit bout de Zion pour y accéder. On y arrive et c’est beau, il y a même un jacuzzi. Après ça, on organise le spectacle de la semaine prochaine dans le village de Cryfish River. On visite l’endroit où nous serons, un terrain de cricket et de foot en même temps. On en profite et on enchaîne rondades, équilibres et remontées chinoises. Nous voilà de retour à la factory où nous allons passer la nuit. On prépare le repas, au menu : frites de dachine et d’igname, riz et gâteau au cassava préparé par Mathys. On se couchera tard, 21h30.
Isaac



J-3 : Nos hamacs sont suspendus au beau milieu de la Cassava Bread Factory. Le coq hurle depuis des heures dans la nuit, il est perché dans un arbre à côté de la fenêtre. Nous dégustons de délicieux cassava breads cuits la veille et partons en direction de Petite Soufrière. Nous marchons beaucoup, en faisant du stop, mais en territoire Kalinago les voitures sont rares. Vers 11h30, nous trouvons enfin le chemin qui mène à Rosalie en longeant la côte, grâce à un homme aux longues dreadlocks qui nous voyait nous engouffrer dans le Zion par un mauvais chemin. On passe à flanc de falaise, dans la nature profonde. Parfois, les fougères nous dépassent, parfois c’est plat, jaune et sec. Une bonne heure plus tard, du côté de Rosalie, nous faisons une pause sous un abri bus et nous nous renseignons sur Wavin Cirique, la cascade qui se jette dans la mer. On nous indique qu’il faut tourner à gauche après un robinet et un « corner ». Munis de ces précieuses informations, on se met en route. Heureusement, une voiture nous prend en stop et nous dépose juste en bas du chemin : il y a bien un robinet et un « corner ». Les infos étaient bonnes. Un monsieur nous informe alors que c’est impossible de descendre jusqu’à la plage sous la cascade, alors nous nous contentons d’un point de vue sur cette intrigante chute d’eau qui sort de nulle part. Au moins, on l’aura vue et il est encore assez tôt : nous arriverons peut-être à temps à Delices pour aller à Victoria Falls. De Rosalie à Delices, le stop nous sourit et en moins de deux heures nous sommes déjà chez Moses. Il est encore temps d’aller découvrir la merveilleuse cascade dont Lola ne cesse de vanter la beauté. Isaac l’a trouvée intrigante, magnifique et puissante, c’est pour lui l’une des plus belles cascades du monde. Mathys l’a trouvée surnaturelle, trop bien et trop belle. Lola est toujours émue par la puissance du lieu, les couleurs, les embruns et le vent créé par la cascade. Même le chemin pour y accéder est génial, de roche en roche à travers la brousse, en suivant la rivière blanche. Rivière blanche intrigante et apaisante. Purification au pied de la cascade, on contemple, stupéfaits. Il se met à faire froid, le soleil est caché. On rentre en descendant la rivière et après quelques échanges avec Moses, qui nous explique qu’avant, tout le monde vivait comme les rastas, on fait un bon repas dans notre petite gamelle pour trois, et au lit. Ou plutôt, au hamac !



J4 : Le jour se lève dans la Zion Valley ! Sommes-nous au paradis ? Non juste chez Moses qui,,ce matin, nous explique comment traverser le Zion pour aller vers Roseau. Il nous dit que c’est compliqué, mais en tant qu’aventuriers, nous y allons quand même. Nous suivons les indications (enfin c’est ce qu’on croit). Très vite, nous quittons les chaussures et nous nous retrouvons à escalader toute la rivière pendant 4 h. Au bout d’un moment, désespérés de ne pas trouver la cascade, de plus en plus lents et fatigués, on songe à faire demi-tour. Après un bon repas, nous décidons de rebrousser chemin, même si ce n’est pas dans les habitudes de Lola et d’Isaac d’abandonner. La richesse du paysage, de ce lit de rivière nous ébahit. Après 3600 rochers franchis et 560 traversées de rivière, nous arrivons en bas de chez Moses. Lola dit : « Héé, les gars, pas de blessures, hein ! » et c’est sur la White river qu’Isaac se démonte un orteil, 5 min avant l’arrivée. Dommage ! Mathys et Lola rencontrent Sinaï, le petit-fils de Moses. Ils nous promettent que la prochaine fois le chemin nous sera ouvert. Nous décidons d’aller à Rosalie’s Secret beach. Le stop nous sourit, nous n’avons besoin que d’une voiture pour y arriver. Enfin sur la plage, nous lançons un petit feu de camp pour faire nos petits chapatis avec un plat de riz qui finit mi-cuit, puis nous nous endormons sous un carbet avec nos amies les fourmis et nos blattes toutes plates. 



J-4 : Réveil sur la plage, les braises de la veille crépitent encore. On prépare un super porridge cuit au feu de bois, dont on préfère garder la recette secrète. Un monsieur vient nous voir et nous propose des cocos. On lui en achète une, elle est délicieuse. Donc on se dit :  «  Pourquoi ne pas en prendre nous même ? Nous inventons toutes sortes de techniques mais sans réussite. Il ne nous reste plus qu’à apprendre à monter aux cocotiers. Vaisselle au sable et à l’eau douce une dernière fois, en même temps qu’un petit bilan de rando. Ensuite stop jusqu’à Roseau pour des glaces et des shirleys au gingembre que nous recherchons depuis le 1er jour en vain. Mathys demande où se trouve le glacier à un monsieur, il nous en indique un. Sur la route à l’angle du glacier, comme par hasard, nous trouvons Christophe, Anouk et Matis glace à la main. C’est toujours Christophe qui a les bonnes adresses. Stop jusqu’à Porstmouth en 3 voitures, puis retour au bateau sous un soleil tapant.
Isaac

 Le 26/01/23 : HOW TO REACH A BOAT ? OUHOUUUUUUUU !!!
Ahhhh ! La première palanquée de gambadeurs débarque. Finit mon stage de vieux skipper barbu frugivore, hivernant sur son bateau en grommelant sur le vernis.
Mais comment joindre un bateau sans les appareils de téléparlote modernes ?
Voici 4 méthodes d’une efficacité remarquable :
TECHNIQUE 1 :
LE OUUUUHOUUU !!!
Tel un silbo gomérique, ce cri de ralliement peut s’entendre depuis le fin fond des vallées, jusqu’au mouillage les plus ventifiés.
Avantage:  Cri très élégant et reconnaissable entre mille.
Inconvénient : Peut réveiller chez le commun des Grandeur-naturiens une envie instinctive de faire une cathédrale, du jonglage ou bien un équilibre de plateau. (car oui, c’est le signal de transition du spectacle de cirque)
Groupe : Kath ; Chad
TECHNIQUE 2 : LE RAPACE TROPICAL
Sifflement plus dur à discerner de par son authenticité et son réalisme, il a néanmoins une portée supérieure au OUHOUU.
Avantage: préserve  les cordes vocales, portée sonore extrême.
Inconvénient : éviter ce cri pendant la saison des amours, d’avril à mai, sous peine d’attaque de rapace pour fourvoiement d’identité.
Groupe : Isma, Tallia, Yawenn
TECHNIQUE 3 : L’EQUILIBRISTE
Consiste à rejoindre au plus près le bateau à la marche, pieds nus, en cabotant entre les cailloux et les oursins, afin de héler ensuite les gens à bord pour demander un « ride ».
Avantage : technique calme, permettant une dernière marche pour clôturer la rando.
Inconvénient : peut égayer des railleries venant de l’équipage s’ils aperçoivent le marcheur longtemps à l’avance : « On lui dit qu’on l’a vu ou pas ? »
Groupe : Lola, Mathys, Isaac
TECHNIQUE 4 : LE FLIBUSTIER
Voler en toute impunité le kayak du bord sur la plage. 
Avantage :  Technique rapide et efficace.
Inconvénient : peut laisser un équipier désemparé sur la plage si gros manque de communication
Groupe : Christophe, Anouk, Matis
Il reste tant de techniques à inventer, mais celles ci-dessus ont été éprouvées sur le terrain et testées par des professionnels de « l’appelage de bateau ». Nous nous dédouanons de toute responsabilité pour toute blessure encourue lors de la réalisation de ces différentes techniques.
Yann

Le 27/01 : Face cachée 
Le bateau de croisière du jour fait tomber la passerelle, déversant instantanément un flot de touriste avérés, blancs, gros, gras de crème solaire et sous leurs grands chapeaux. Derrière l’indien en pagne, les cocos à boire pour seulement 5 EC dollars, les stands de souvenirs, les colliers de perles, les cocos gravées, les petits drapeaux, les couleurs de la Dominique, les feuilles de cannabis, le son du reggae, les vanneries, les bidouilles et les bois flottés. Tout y est pour faire cracher les porte-monnaies. Dans ce décor factice qui brade la Dominique pour quelques deniers, tout est prêt pour que nos Européens puissent venir brûler leurs économies de l’année, qui permettront à quelques uns de compléter les fins de mois,  à d’autres de s’enrichir grassement. 

Ainsi nos visiteurs pourront se targuer d’avoir « fait la Dominique » et l’île pourra les gratifier de faire « vivre le pays ». Mais vite, vite, à la sortie, il faut sauter dans un taxi qui vous aura préalablement proposé à la carte votre sortie : Trafalgar et ses cascades, la rivière indienne à Portsmouth, le Bowling lake, Kalibishie et ses plages… Il y en aura pour tous les goûts.
Mais pas de temps à perdre, il faut y aller. Car vous n’avez que 24h avant de ré-embarquer. Tout faire, tout visiter… «  Et comment ça pas de Réserve Kalinago cette année ? ». Le chauffeur vous répondra «  La route est trop mauvaise alors on l’a sortie des circuits cette année, tant pis ». 
Mais heureusement dans notre projet, nous sommes bien loin de ces réalités-là, qui pourtant nourrissent le rêve de la plupart des occidentaux. 
Un voyage bien organisé, des plages, des soirées et des cocotiers… Mais allons voir l’envers du décor dans ce pays où il faut vivre ou survivre comme on peut après des ouragans répétés, des glissements de terrain, des pluies diluviennes ou une épidémie de Covid. De ma vie, je n’ai jamais vu de paysages aussi mouvants, une nature aussi puissante, omniprésente, des évolutions aussi brutales et radicales, au point que d’une année sur l’autre, rien n’est identique. Ici le sentier a disparu, les arbres sont tombés, là, le gros magasin a été rasé, les cocotiers volatilisés, le grand champ s’est transformé en forêt, la rivière a changé de lit, la montagne s’est effondrée... Mais en quelque mois à peine, le gros tapis vert aura tout recouvert et les décombres seront vite volatilisées, comme si le passé n’avait jamais été. La Dominique est un peu à l’image de la vie, tout disparaît à la fin, tout bouge, tout change, rien ne reste jamais figé. Mais ici, c’est comme si on passait le film en accéléré. Depuis 13 ans rien n’est pareil, si bien que je ne reconnais plus ni les murs, ni les rues…. qui ont vu ma jeunesse. Pourtant, au milieu de la tourmente, quelque chose me plaît, comme si ici l’Humain était plus à sa place, plus proche des lois naturelles, comme si les biens matériels avaient retrouvé leur juste valeur. « Peut-être le prochain ouragan ou le prochain séisme emportera-t’il notre maison » me confient les Tison. Alors essayons déjà de garder la vie. Si Jah veut, si Dieu veut, si la vie le veut… Chacun  y va de sa croyance, mais tout cela a peu d’importance, car l’important c’est d’y croire, quand on n’est sûr de rien, si ce n’est d’être sûr  que l’on n’est presque rien, rien que des poussières d’étoiles perdues dans nos dédales qui nous mènent à que dalle. Pourtant on s’y débat, on s’y prélasse, on s’y contraint. Nous, de ce qu’on voit ici, c’est que tout va bien dans la vie, tant que la santé suit il y a toujours moyen de s’en sortir. Mais pour les handicapés, les drogués ou les personnes âgées, la grande misère n’est jamais loin, et le paradis de la Dominique peut vite se transformer en cauchemar à la fin de l’histoire.
Ismaël 
                                 
Le 28 /01 :


On se réveille avec la douce mélodie de reggae qui nous force à sortir de nos petits nids douillets et aussi comme tous les matins, j’entends : « Tu veux quoi ? » et ma réponse est toujours la même : « Du chocolat s’il te plaît ». Puis on enchaîne sur les taches, oh non je suis de pont… Bon, avec Yann et Chad, donc ça va. Puis on a directement enchainé sur un groupe de parole : « Je suis content d’être avec vous et je vous aime bien. » par Christophe. Après on a eu du temps libre, moi je me suis penchée sur les mandalas, ça faisait longtemps que je n’en avais pas fait. À midi on mange, puis réunion entre adultes jusqu’à quatorze heures, donc on a deux heures pour nous à bâbord. Anouk fait des aller-retours pour nous dire de chanter moins fort parce qu’on nous entendait jusqu’à tribord et qu’elle n’arrivait pas à se concentrer. Matis qui faisait son texte à moitié, qui ne se concentrait pas, qui me demandait de faire des pendus avec lui et qui chantait un peu tout et n’importe quoi. Moi qui essayais de me concentrer sur mon mandala, qui disais à Matis « Non, tu finis ton texte et quand je serai sûre que tu l’auras fini, on fera un pendu » et qui chantais aussi. Chad qui personnalisait son bâton de marche et qui chantait aussi avec nous et Isaac qui lisait un livre de plongée. À tribord c’est calme, il y a Mathys qui se repose et Anouk qui essaye de réviser. 14 heures, Anouk vient nous voir : « Allez, on range tout, on se prépare, on va à terre pour réviser le « pestacle ». On avait la flemme de bouger, mais bon ce n’est pas une raison valable sur le bateau, donc on prépare le sac de cirque, la guitare, puis deux équipes partent en kayak. Quand Mathys,Yawenn et moi arrivons à terre, on trouve Anouk, Matis et Isaac en train de faire des acrobaties et de sauter dans tous les sens. Le reste du groupe arrive en annexe, puis go, trouver un petit coin à côté de la plage à l’ombre. On a trouvé un petit coin à côté d’un gros arbre. On commence par choisir deux personnes, une de qui on devait être le plus proche et en même temps une personne de qui on devait être le plus loin. Assez rigolé, maintenant place au vrai échauffement, on écrase des citrons, on fait oui avec la tête, on fait non, on fait peut-être, puis on rajoute des acrobaties dans le pestacle. Des roues, des rondades, des équilibres roulades et même des équilibres bananes, puis on refait les tombés dos de Anouk, Yawenn et Kat. L’escalier astronaute, puis on révise le jonglage. Ensuite, je vais voir Christophe qui faisait les mails et là il me dit : « Ah je crois qu’il y a baignade ! » Je vois tout le monde courir à l’eau, donc je cours à l’eau en criant « Eh, attendez-moi ! ». Puis avec Kat on fait de la plongée à deux, puis les planches de surf. Les règles sont simples : pour une personne retenir sa respiration et s’allonger sous l’eau et pour l’autre tenir en équilibre sur sa planche humaine. Pendant qu’on joue à la planche de surf l’une sur l’autre, Lola nous dit : « Allez on rentre au bateau !». Une fois tous arrivés au bateau en annexe, en kayak et certains à la nage, on goûte. Après petit moment libre où je fais une séance de sport avec Anouk, Isaac, Yann et Kat (qui nous a abandonnés au milieu pour finir la couture de son pagne), le sport est interrompu par la pluie et un magnifique arc en ciel. La pluie finie, l’arc en ciel parti et une boîte de haricots pleine d’asticots et de mites vidée, il est temps de manger et d’aller se coucher.
Tallia


Texte rando de Isaac, Yann, Tallia
La rando des XIII commandements :

Journée 2 : Départ 8 heures de chez Genette house, nous marchons munis de notre aloe-mix et notre bonne humeur. Après une petite heure et demie de marche et après avoir croisé les amis de Tallia, it’s coco time !
- Commandement I : Avant d’attraper une coco toujours tu demanderas.
Nous nous faisons réprimander gentiment par quelqu’un pour avoir pris les cocos de son ami. En buvant l’eau de nos cocos fraîchement volées on croise nos compatriotes zionesques (Ismaël, Anouk et Yawenn).
- Commandement II : À chaque voiture le doigt tu lèveras mais si on ne te prend pas tu ne râleras pas.
Tallia découvre le stop, les pronos sont lancés : prono Yann 4 voitures,  prono Isaac 3 voitures et prono Tallia 5 voitures. 1, 2 et au bout de la troisième on est pris donc les pronos d’Isaac tu écouteras, car jamais 2 sans 3. Arrivés à Roseau les pleins de nourritures sont faits pour s’aventurer dans le Zion.
- Commandement III : 10 secondes tu auras à chaque chien que tu croiseras.
Tallia passionnée par la faune et la flore se laisserait trop distraire par ses amis les chiens.
- Commandement III bis : Crabe caché sous une feuille jamais tu ne chasseras.
Nous nous aventurons dans le Zion en quête de sources d’eau chaude, mais notre flair nous fait faire demi-tour (ça schlingue l’œuf pourri). Nous nous engageons sur une marche aérienne jusqu’à Laudat. Des raidillons et des raidillons à perte de vue. Certains marcheurs côtoyant pour la première fois les cimes s’en sortent vaillamment.
- Commandement IV : Cri humain tu entendras, toi-même tu répondras.
Sur le sentier nos aventuriers entendent des cris sauvages. Ne sachant pas ce qu’il se passe, ils usent leur voix pour répondre. Nous rencontrons 5 rastas avec des instruments de bathymétrie faisant des cris de bêtes sauvages. Arrivés à Laudat, nous trouvons notre abri dans les tribunes d’un stade de foot. Isaac commence à avoir l’habitude de dormir dans les stades de foot.

Journée 3 : Levés de bonne heure, comme tout bon français, case boulangerie. Munis de nos pains complets et de notre gâteau à la banane encore chaud, nous partons de bon matin direction Fresh Waters lake.
- Commandement V : Au plus haut sommet de la route tu seras, photo tu prendras.
À 2728 ft, la tête dans les nuages, nos trois valeureux aventuriers s’arrêtent pour prendre une photo des plus mythiques et après road to Zion.
- Commandement VI : Tout lac que tu verras, te baigner tu devras.
Nous arrivons de bon matin au Fresh Waters lake, entre les grains on se prélasse dans l’eau froide. Après un petit repas d’éternel couac, nous repartons on the road to the Zion.
- Commandement VII  : Dans le zion tu seras, jogging tu mettras.
Face à une vue spectaculaire nous commençons à ouvrir le chemin machette à la main, de l’herbe jusqu’à la taille. 6 heures de marche plus tard, après élagage du terrain, glissades, rigolades et racontages d’histoires tout en suivant le cycle de l’eau, nous arrivons sur une plage de sable noir pour cuire nos poulets.
- Commandement VIII : Pour toute grosse journée de marche tu feras repas, de gros sac tu auras.
Après une grosse journée de marche, les récompenses sont au rendez vous : poulet boucané, chili con carne au couac et oignons cuits au feu de bois. On partage le repas avec un randonneur solitaire qui se nomme François. C’est un Français qui travaille 6 mois et qui voyage le reste du temps, cela fait 2 mois qu’il est aux Caraïbes. La nuit tombe, on se couche.

Journée 4 : On se lève et on déguste un chocolat chaud entre ciment et béton. Direction une destination floue en fonction du stop. Notre commandement 2 est bien respecté car personne ne râle alors que le stop nous réussit pas.
- Commandement IX : À chaque bananeraie que tu verras, tu t’arrêteras.
En marchant comme tout bon marcheur, sur la route on remarque un chemin qui longe une bananeraie. Il faut savoir que nous recherchons des bananes depuis un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Mais bon, on ressortira de cette histoire sans banane mais avec des cannes à sucre. 20 mètres plus loin un rasta nous demande spontanément si on veut des bananes, on répond tout joyeux que oui. Il sort des bananes de son sac tel un magicien, 2 chacun ce qui nous ravit. Après 2h30 de stop sans succès, un camion nous prend enfin pour quelques kilomètres. Il nous dépose entre Pont cassé et Emerald pool. Nous décidons de bivouaquer à Pont cassé, car le stop ne marche guère et l’équipage est fatigué. Nous trouvons facilement refuge aux abords du National Trail. S’ensuit une après-midi de repos, agrémentée de sieste pour certains, de tressage de palmes et de musculation pour d’autres. Le soir se termine avec l’histoire de Kepa et une vue 360 degrés.
- Commandement X : Devant des panoramas tu dormiras, de beaux rêves tu feras.
Journée 5 : Nous nous levons dans le plus beau des cadres, entre mornes et pitons. Nous devons rejoindre Babylon pour remonter vers Portsmouth en stop. Et là, mission possible accomplished, au bout de 2 minutes le camion de la veille nous prend et on arrive jusqu’à Roseau.
- Commandement XI : Babylon tu verras, au plus vite tu la fuiras.
À Roseau, après un petit tour de la ville, test de visite du bateau de croisière, tour du marché pour manger du cassava, on se lance dans le stop direction Portsmouth.
- Commandement XII : À chaque voiture que tu verras, pronos tu feras.
Depuis que nous jouons à ce jeu divinatoire, le stop marche beaucoup mieux.
Et bien sûr :
- Commandement final : En fin de rando tu seras, glaces tu mangeras.
À Porstmouth, on décide d’attendre l’ouverture du glacier en écrivant ces textes.
1ère journée : En écrivant, on repense à ce premier jour que nous avons vécu en équipage. Le spectacle que nous avons fait a été mémorable, car faire du cirque en Dominique ce n’est pas commun. Certains aussi ont découvert les cassavas bread et la rivière St Cyr. Mais bon si je dois résumer cette journée c’est avec ces mots suivants ; Vive le cassava bread ginger coco !


Bilan Isaac : cette rando zionesque a été vraiment chouette. Entre découverte de ce lac à 800 m d’altitude et redécouverte du Zion mais version jungle, je me suis bien amusé. Les moments de parlote avec Yann et Tallia m’ont bien plu. Surtout la découverte et l’écriture de Kepa, l’histoire de  Yann, a été un des moments préférés.
Mathys : Moi c’était le moment avec les pompiers car on voyait qu’ils étaient prêts pour le pire
pour aller éteindre le feu sur un cata, c’était incroyable. Et l’heure de bus dans le Zion pour rejoindre le territoire Kalinago .
Tallia : Quand on a fait le spectacle car cela faisait longtemps que nous l’avions pas fait et qu’on a grave géré.
Yawenn : Le spectacle car nous pouvions parler anglais et que c’est le spectacle le mieux réussi.
Kat : J’ai aimé le réaction des enfants pendant le spectacle c’était cool.
Yann : J’ai bien aimé le moment où on a fait les cours de cirque avec les enfants, c’était cool.
Anouk : Les ateliers avec les enfant chepa, c’était marrant.
Ismaël : Le massage de Genette et Lisa avec Kat car on aurait dit qu’on était dans la synchronisation avec elles.
Voilà, conclusion : on a vu des pompiers éteindre un feu sur un bateau, fait notre spectacle en Dominique, connu Genette et ça famille.
Lola Matis Anouk et moi, on a fait les mafieux pour négocier le terrain pour le spectacle, puis on a fait notre show, bref c’était stylé.


Texte rando Mathys,Kat :
Le 31/01/2023
«  Ils font quoi aujourd’hui ici, j’ai envie de les aider ». C’est grâce à cette phrase de Mathys que commence notre « painting day ». Egenette a donné le reste de la peinture verte de l’école à sa mère alors nous voilà repartis dans la danse des pinceaux. Cette fois-ci, ce sera chez Genette. Elle veut repeindre les murs marron en vert et recouvrir les vieilles peintures de fleurs. Mais surtout on garde les perroquets du couloir, ils sont trop beaux. Pendant que je vais chercher l’échelle et les pinceaux à l’école en compagnie d’ Ismael, Anouk et Yawenn, Mathys commence à vider les calebasses ou « calabach » avec Sexy Bones. Nous empruntons le chemin de l’école en compagnie d’ Egenette et Lisa. Egenette porte son bébé sur la poitrine et son sac sur le dos, elle dit que ça l’équilibre. Elle me raconte que trois personnes d’une association viennent ce matin pour donner des jouets et des peluches à tout le monde. À mon retour, je vois Mathys assis par terre, cuillère à la main devant une douzaine de calebasses. Nous finissons ensemble de les vider, ça sent tellement bon que j’ai envie de manger la chair blanche. Mais il me dit que c’est toxique, bien informé le p’tit, un vrai Kalinago !
Nous passons la matinée les pieds et les mains dans le vert, on monte à l’échelle sur des chaises, on s’assoit par terre, on remonte, on redescend. Plus le temps passe et plus le sol ressemble à un jardin, il y a des gouttes partout par terre. Mais bon en même temps on n’est pas des pros. Le temps d’une pause repas et c’est reparti. On s’est bien sustentés grâce au repas que Mathys a préparé, il voulait absolument faire gouter à la Genette Family le fameux couac-haricots-maquereaux qu’il a découvert pendant la rando avec Lola. Ce fut un grand succès, ils ont adoré « He is a very good cooker » C’est bien parce qu’ils apprennent à cuisiner sur le bateau et quand ils rentreront chez eux ils seront plus indépendant. Elle a tout compris!
Pendant que le couloir sèche, Mathys montre ses dessins à Genette, elle est impressionnée. Elle lui dit qu’elle adore les dessins et qu’il peut en faire un pour elle sur la terrasse là où les autres ont dessiné la dernière fois. Mathys est tout content, il part exprimer son âme d’artiste. À la fin l’oeuvre est un visage souriant et ému. De ses yeux coule de l’eau comme une cascade et ses cils sont faits de feuilles d’arbres. Sous son oeil on peut voir une cicatrice en train de guérir. À côté, une bulle délivre un message simple « I love you ». En fin d’après-midi, nous allons rendre l’échelle prêtée par les voisins de l’école. C’est un de mes moments préférés de la journée, on dirait une scène de film. Nous sommes l’un derrière l’autre sur la route avec la mer en arrière plan, l’échelle sur nos têtes. On s’amuse à essayer de la faire tenir en équilibre mais bien sûr on n’a pas la bonne technique, ou alors on n’a pas la tête assez plate. Quelques pas plus tard nous sommes arrivés, un jeune homme sort de la maison, on commence à discuter avec lui, il a 17 ans comme Mathys et il apprend le français, il fait l’école à la maison. Il est timide, c’est difficile pour lui de parler français avec nous mais on arrive à se comprendre. Ses deux frères arrivent et Mathys leur propose d’aller jouer au foot dans le jardin. Ils y vont en souriant et je reste sur la terrasse avec leur mère Martha. Elle a grandi en Caroline du Sud et maintenant ça fait 29 ans qu’elle vit en Dominique. Elle a huit enfants, les grands sont repartis aux états-unis, elle vit ici dans sa petite maison bleue avec ses trois ado et son mari Tony. Il est pasteur et coach de foot. En ce moment même il entraîne les filles du village avec crampons et tutti quanti. Comme d’hab’ je suis curieuse quand il s’agit de religion alors je pose des questions. Elle m’explique qu’ils sont Baptistes, elle est tellement à fond qu’elle me raconte toute l’histoire de l’Ancien Testament et comment elle s’imbrique parfaitement avec celle du Nouveau Testament. Mais la théorie m’intéresse assez peu, ce qui m’intéresse c’est comment les gens mettent en pratique leur religion.
Elle me dit qu’elle a besoin de suivre deux préceptes. Le premier est d’aimer Jésus et le deuxième est d’aimer son prochain comme Jésus nous aime. Alors je lui demande « Qu’est-ce que le mot aimer  signifie pour vous ? » Elle me répond que l’amour de Jésus c’est quand on se sacrifie pour les autres. C’est intéressant de voir à quel point les réponses sont différentes selon les personnes, alors que c’est un verbe que l’on utilise tout le temps. Ça me donne envie de faire une interview sur chaque personne que je rencontre en leur posant cette question et de faire un documentaire avec les témoignages. Peut-être que je ferai ça plus tard quand je serai grande. On finit par repartir et en rentrant on prépare des spaghettis bolognaise - pesto pour tout le monde. Gennete est super fan de Mathys, elle lui dit qu’elle trouve que c’est un bon garçon, qu’elle aurait été fière d’avoir un fils comme lui et qu’il est le bienvenu avec sa tante pour venir chez elle en vacances. « Tu peux venir un mois, deux mois, trois mois et si tu veux rester plus je vais faire les papiers pour dire que tu viens t’installer chez moi !» Genette’s style ! C’était un très joli moment, drôle et sensible comme on les aime. Après ça je finis les tresses de Mathys, nous jouons un peu de guitare pour elle et nous nous souhaitons good night.

Le 01/02/23
Ce matin c’est un réveil pas très cool pour moi car je me réveille à 5h du mat avec un mal de ventre horrible. Je vais aux toilettes et là, je ne me surnomme non pas Yawennovomito, non je m’appelle Mathysolatêtedansleseau. Je vomis toute mes pâtes de la veille avec un supplément de sang (et ça c’est vraiment pô nice.) En plus, j’ai réveillé Kat en vomissant. Après Genette s’est vraiment inquiétée, tout comme Kat, du coup elles m’ont donné 1 bol de riz, du thé et un truc médicinal, j’ai dû en sniffer la fumée. Bref après cela, j’ai été me reposer car je me sentais fatigué par cette matinée. À peine 10H30, Kat mange un repas, elle me dit ensuite à 13H45 : « Ah oui mais j’ai mangé hyper tôt en fait. » Ah ah enfin bref je retourne me coucher avec toujours un petit mal de ventre. Après cette journée bien remplie, je prends 1 bol de riz puis 2, puis 3, puis 4 pour me remplir le ventre et cela me fait du bien. Je vais me coucher avec le ventre bien rempli et prêt pour les sources d’eau chaude demain.


Le 02/02/23
Ce matin on quitte la Genette’s house pour de nouvelles aventures. Notre objectif, atteindre les sources d’eau chaude. Mathys m’en parle depuis trop longtemps et j’avoue que moi aussi je suis intriguée. Au moment où je suis en train d’écrire je me trouve au bord d’une rivière tellement belle, entourée d’une nature si vive, que c’est difficile de me concentrer pour écrire. Les colibris virevoltent, les fougères dansent dans le vent et le soleil offre ses derniers rayons à la cime des arbres. Du coup, je vais plutôt vous raconter la journée à partir de maintenant. Comme quand j’appuyais sur le bouton du magnétoscope à la fin du dessin animé pour remonter la cassette. Eh oui, j’ai connu les VHS… J’adorais regarder l’histoire à l’envers, j’avais l’impression de découvrir des moments cachés. Donc ici, je ne sais pas où on est, on a marché sur une petite route perdue dans le Zion depuis Wooten Weaven village, et on est tombés sur un sentier, on l’a pris pour voir s’il y avait une maison, mais on avance et rien, on passe devant un potager, puis une petite terrasse en travaux au bord de la rivière. On s’enfonce dans la forêt et là, paf ! Une tente géante installée sous une grande bâche, improbable. À l’intérieur tout est prêt pour accueillir les gens, coussins, matelas, tout ça,  tout ça. On continue pour voir si on trouve quelqu’un mais il n’y a aucune habitation. On décide alors de profiter de la bâche et de mettre nos hamacs entre les arbres devant la tente, même si Mathys avait très envie de dormir dedans. Sur le chemin on avait vu une maison en bois où l’hôtel d’à côté entreposait ses bambous, mais on est beaucoup mieux ici. Enfin peut-être que je ne dirai pas ça si le ciel nous tombe sur la tête cette nuit. On verra bien. Mais comme dirai Genette « God takes care of his children ». Bon moi je ne crois pas en Dieu mais je crois en Genette alors je ne me fais pas de souci. Notre recherche d’un lieu pour dormir commence à partir de chez Screw. Screw est un personnage haut en couleur. C’est un rasta qui a construit un petit paradis grâce à ses rêves, sa volonté et aux sources d’eau chaude. Chaque bassin a été monté de ses mains avec les pierres qu’il est allé chercher dans la rivière. Pour couler les dalles il a utilisé le sable de la rivière et il a dévié l’eau des sources pour remplir les bassins. Il s’est fabriqué une petite cabane en bois sur pilotis et a sculpté la roche pour en faire ressortir des visages. Quand je lui demande où il a appris tout ça il me répond « Kalinago spirit ». Et oui c’est un Kalinago et bien sûr quand je lui parle de Genette il la connaît. Il dit aussi « Mais tu sais, toute la Dominique était Kalinago avant qu’on nous mette dans une réserve. »
En arrivant chez Screw, Mathys cuisine sa petite plâtrée de riz. Screw me demande pourquoi je ne mange pas, je lui dis que je suis malade et il me répond : « I can cure you ! Tu prends un verre, tu traverses la rivière, tu vas à la source là où l’eau sort à 100 degrés, tu bois le plus chaud que tu peux et d’ici quelques heures tu seras guéri ». Je m’exécute donc et je vais étrenner mon bol coco de Pedro dans l’eau soufrée. En effet ça fait trop du bien, après ça je n’ai plus mal au ventre. On profite de l’eau chaude et de l’énergie apaisante du lieu pour se ressourcer de la nuit et journée de maladie précédente et de la marche depuis Roseau. Ce matin c’était ma première découverte de Babylone, la grande ville avec pleins de gros bateaux géants, des voitures, des klaxons, des bâtiments, le rêve quoi ! Mais heureusement on n’y est pas restés longtemps, juste le temps de se faire déposer devant l’hôpital par le bus qui nous a pris chez Genette et de prendre la route à pied en direction de Wooten Weaven. Sur le chemin on a même rencontré un garagiste super sympa nommé Nigel qui nous a proposé de dormir chez lui dans sa petite maison jaune de Savane. Dans le bus pour aller à Roseau il pleut tellement fort que ça me coule dessus à l’arrière, le bus/douche est un concept que je n’avais jamais testé mais il y a un début à tout. Dominican’s style !

Le 03/02/23
Ce matin debout à 7H pétantes pour rentrer au bateau, mais ça va pô être une partie de plaisir : une montée de 50m qui se fera en 5min, ensuite on prend un taxi avec des gens qui parlent tout seuls, puis on arrive à Roseau, on reprend un taxi mais cette fois avec des gens qui ronflent ou qui chantent, et après on arrivera à bon Port (smouth). Hé hé. On fait la liste de ce que l’on a à faire : lessive, rangement de sac, texte ; tout est présent et là au moment où j’écris ce texte ben je vais le copier sur l’ordinateur. Ah oui on a mangé, etc. la routine du boat quoi.

RANDO CHAD – MATIS – LOLA
J-1 Le 30-01 - Tailler la route

«Tailler la route », cette chanson nous réveille, on imagine déjà certains groupes dans le Zion en train de tailler leur route. Pour nous ce sera plutôt tailler le manioc. Mais avant tout cela, on frotte Grandeur Nature qu’on abandonne à Christophe pendant 5 jours. Quelques aller-retours en annexe pour débarquer toutes nos affaires, le temps qu’un incendie se déclare sur un catamaran au loin au mouillage. La fumée lui sort de tous les côtés, on dirait un cata-buffle. À terre ça part en concours d’équilibres, rondades, roues, même les locaux s’y mettent. On attend toujours notre chauffeur quand les pompiers arrivent. Nous sommes tellement subjugués par la situation que nous ne voyons pas le temps passer et nous sommes déjà dans le taxi-co. De vallée en vallée nous roulons vers l’endroit où nous jouerons le spectacle, tels des artistes en tournée, avec Ismaël le boulanger ambulant qui stoppe à chaque maison d’amis pour livrer le pain. On dépose les sacs chez Genette et on continue vers la Cassava Bread Factory avec la musique afro à fond dans le taxi-co. Après un pique-nique des plus succulents composé de Cassava Breads tout chauds, avocats et concombres, le groupe se sépare : une partie va à une rivière plus bas et les autres vont voir la directrice de l’école où l’on va jouer le spectacle.
Chad : « En plein dans le Zion on descend vers un petit cours d’eau. Isaac et Yawenn devant, Yann, Kath et Tallia au milieu et Isma… ben non, juste moi à la fin car Isma s’arrête à chaque petite chose à voir. Une coco à ouvrir, une feuille géante, une fleur magnifique. Arrivés au cours d’eau, baignade pour certains et exploration pour d’autres. On descend et je trouve un rocher où m’assoir et penser. « Silence ». J’aime écouter mon cerveau virevolter de pensée en pensée pour me détendre. Avec Yann on trouve plein de choses : de faux trèfles à quatre feuilles, des câbles VGA dériveur et pour finir Yann m’explique comment réaliser la courbe d’excentricité avec deux trèfles et un ossement.
On décide de remonter, le spectacle approche mais d’abord voyons ce qu’il s’est passé avec les autres. 
Mathys, Matis, Anouk et Lola sont allés rencontrer la directrice de l’école primaire de Salybia et découvrir la scène. On finit par tous se retrouver à l’école. 1ère étape : on vire tous les bouts de verre qui trainent sur la scène. 2ème étape : échauffement. 3ème étape : filage du spectacle à l’italienne. 4ème étape : trouver du monde pour avoir des spectateurs. 5ème étape : jouer le spectacle. Dernière étape : animations des ateliers jonglage et portés avec les enfants. Voilà comment passer une bonne fin de journée. Tous pleins d’énergie, on veut faire plein de choses mais le taxi-co est déjà là pour remonter la majorité du groupe chez Genette. Lola, Matis et Chad dorment à la Cassava Bread Factory. En chemin nous croisons Ismaël à qui Lola avait volé l’appareil photo sans faire exprès. On finit le chemin avec lui, il lève son pouce et une camionnette s’arrête avec l’arrière rempli de boucs. Tout content, Isma fait des photos avec eux. Nous apprenons ensuite qu’il s’agissait de boucs destinés à l’abattoir. Espérons qu’Isma n’a pas été confondu avec les boucs. À peine arrivés à la Cassava Bread Factory, ça épluche du manioc par ci, ça cuisine par là et ça écrit des textes par là-bas. On oublie vite de penser au tragique destin d’Isma. Et en plus les pâtes au pesto sont prêtes. Mais attendez, où est notre appareil photo ? Zut, turlupuflûte, il est resté avec les autres et parti chez Genette ! On utilise la grande modernité, le téléphone, pour joindre le groupe là-bas de l’autre côté de la colline. Effectivement ils ont tous les appareils photos, dont le nôtre. Ron nous le déposera demain matin en allant au travail. Hamacs hissés et petite lecture pour chacun dans son cocon et dodo après que Matis et Chad ont subi une attaque de mouches. Nous ne dormons pas à la belle étoile, mais au moins nous sommes à l’abri.

J-2 Le 31-01 - L’escalier à trois têtes - Lola
La première fois que je me suis réveillée il était 4 heures du matin. C’est Chad qui se réveille pour aller consciencieusement nourrir Jean-Hugues. Au programme demain, il devrait faire son premier pain tout seul à la Cassava Bread Factory. Cela me parait un bon endroit pour faire son premier pain. C’est le troisième voyage où je rends visite à mes amis en haut de la colline de St Cyr, dans leur fabrique de manioc et cette année ils ont fait beaucoup de rénovations. Il y a maintenant un coin vaisselle avec de grands bacs, un coin pour peler le manioc, un coin cuisine, un coin avec les bassines de manioc dans l’eau pour ne pas qu’il noircisse, mais aussi toutes les machines (presse et broyeur) et enfin un coin à part pour faire la farine. Il est donc 4 heures dans mon hamac, je me rendors 2 heures avant que le jour ne commence à se lever. Nous remballons nos hamacs et préparons notre petit-déjeuner : chocolat au lait et pain grillé avec du chocolat qui fond dedans. Toute l’énergie qu’il faut pour commencer à éplucher du manioc en série. Un épluchage de 300 kg de manioc qui nous vaudra quelques crampes de pouce, coupures et tendinites au poignet. Chad s’avouera vaincu au bout de 20 minutes après s’être scalpé le doigt, en même temps il avait pris un couteau de cuisine un peu trop tranchant. Au moins, il peut concentrer toute son énergie dans la réalisation de son pain. Nous ponctuons l’épluchage d’une courte expédition jusqu’à l’école où nous avons joué le spectacle la veille, nous devons donner la contribution de 50 $ EC à la principale pour avoir utilisé leur terrain, cet argent doit servir à financer les soins d’une de leurs élèves qui est hospitalisée à Trinidad. Nous profitons de la sortie pour faire également une quête de bananes plantains mûres. Je compte essayer de cuisiner une recette guatémaltèque : les rellenitos, bananes fourrées aux haricots noirs. Bon, mes haricots étaient rouges et pas assez cuits mais le résultat fut assez satisfaisant, tout le monde a aimé, on en a distribué à tous ceux qui travaillaient à la fabrique. Ce matin, en plus de l’épluchage, le manioc a été lavé, broyé, tamisé et un monsieur s’est enfermé dans une pièce pour faire la farine. Ça ressemble à la préparation du couac mais avec encore plus de fumée, et il faut rajouter une espèce de maïzena dans le manioc broyé tout en le mettant dans l’énorme chaudron. Deux heures après le début de la cuisson, Arnique toque à la porte qui nous séparait du chaudron et demande au monsieur : « You still alive ? », puis elle ouvre la porte, une épaisse fumée s’échappe et on arrive à apercevoir une silhouette humaine qui remue la farine. Je me suis vraiment demandé comment il pouvait survivre là dedans. À l’approche de l’heure du repas, Matis est devenu apprenti pizzaïolo, il a enchaîné la confection de pizzas sur base de cassava bread. Un vrai régal pour tout le monde. Je m’étais remise à éplucher du manioc à côté de Shala, le fou du village qui ne parle pas mais émet des sons et communique par gestes, quand Matis vient me servir une autre part de pizza. Toute contente je croque un bout et continue d’éplucher. Là, Shala émet un bruit de contentement, se penche, attrape mon bout de pizza et l’engloutit d’une bouchée. On reste tous les trois bouche bée, je n’ose pas lui enlever de la bouche, toute façon c’est trop tard. Mes deux camarades me donnent par compassion un peu de leur part. Une fois le manioc épluché, vers 14 heures, nous prenons le trail qui mène à Sineku pour aller voir l’escalier-tête-chien rebaptisé par Matis : « l’escalier à trois têtes » , en référence à une figure de cirque qui s’appelle « chien à trois têtes ». Nous effectuons une partie du chemin dans le Zion et l’autre partie sur la route. Et tant mieux car j’oubliais de dire qu’il n’y a plus d’eau à St Cyr, depuis le matin elle a été coupée. Nous avons soif et nous n’avons plus qu’une bouteille vide pour trois car nous avons oublié les autres bouteilles dans les affaires collectives la veille. Après 20 minutes de marche heureusement nous parvenons à nous désaltérer. Nous croisons ensuite un vieil homme, Pietoe, qui fait de l’artisanat traditionnel similaire à la vannerie. Il est en train de natter des tiges séchées pour fabriquer un long panier pour le manioc. Les Kalinagos confectionnent toutes sortes d’objets : pots à crayons, paniers, dessous de plats, poubelles et le plus farfelu de tous, c’est le finger-trap. Pietoe nous en offre un à chacun. Nous voilà avec nos pièges à doigts, en train d’essayer d’imaginer à quoi ça pourrait servir. À tenir quelqu’un en laisse pour le forcer à aller à l’école ? À se gratter le dos ? À taper sur l’épaule de quelqu’un qui est un peu trop loin de toi ? À faire un ressort ? À jouer avec le chat ? À faire un très grand doigt d’honneur ? Un précieux objet du quotidien, à vrai dire. Nous arrivons enfin au grand escalier de lave qui descend jusqu’à la houle déchaînée de l’Atlantique. De temps en temps, une vague remplit tout autour de nous et menace de nous arroser de ses embruns. C’est si beau. Un paysage idyllique. L’eau n’est toujours pas revenue. Aujourd’hui, 31 janvier, c’est l’anniversaire d’Ezron, le petit frère d’Arnique, il a 11 ans. Petite pensée pour Christophe qui fête, lui, ses 55 ans seul au bateau. Ezron nous accompagne jusqu’à la rivière où nous prenons notre bain glacé puis nous revenons cuisiner le repas du soir. Nous avons le droit de goûter au gâteau d’anniversaire d’Ezron qui est vert et nappé au chocolat. Après manger, nous tendons nos hamacs dans les airs sous les yeux étonnés de nos hôtes et nous nous endormons.
J’aime partager le quotidien de ces deux femmes à la Cassava Bread Factory, éplucher du manioc près d’elles et discuter en même temps. Elles me racontent que récemment l’un de leurs frères qui a été adopté en France est venu en Dominique pour les rencontrer. Il vit à Biarritz, elles sont heureuses d’avoir fait sa connaissance, même s’il ne parle presque pas l’anglais. Elles espèrent pouvoir lui rendre visite un jour. Ça me fait penser à mon histoire : l’adoption, les racines, les origines, la recherche de la famille biologique, se sentir métissée sans vraiment l’être. C’est peut-être un peu grâce à toutes nos histoires singulières que nous devenons des enfants du monde.

J-3 Le 01-02-23 
On se réveille à la Cassava Bread Factory, que nous quittons aujourd’hui, perchés dans nos hamacs. Matis prépare le petit déjeuner, Chad et Lola rangent le campement. Hamacs décrochés, coup de balai passé, nos amies remerciées et saluées, on s’en va, après que le taxi-co nous a dit : « I am full … ». On marche un peu avant de tomber sur une voiture qui nous emmène à la sortie du territoire Kalinago. On a une petite larme à l’œil quand on se rend compte que l’on ne passe pas par devant chez Genette car on emprunte une autre route. On veut marcher un peu, après avoir été déposés par l’autre voiture, mais on n’a pas fait 300 mètres que la première voiture qui nous voit s’arrête, ils vont à Roseau. Parfait, nous aussi, on pose nos sacs, on monte et le conducteur fonce. Il fait un peu frais alors Matis met sa ceinture, Lola se recroqueville sur elle-même et Chad attend. Dans la voiture le monsieur nous dit qu’il doit stopper, on en profite pour descendre. Petit approvisionnement en concombres, tomates, fromage et eau avant de partir sur la route de Scott Heads, cap au Sud pour commencer la rando. Un taxi-co nous empêche de marcher et nous dépose là-bas, nous voici au point le plus au sud de l’île, un endroit magnifique, mais le plus beau reste à venir. On décide de chercher les marques bleu et jaune et de jouer à « Waitu waitu ? ».  Le premier qui trouve la marque suivante a gagné. On monte, il y a même des cordes pour se tenir et monter. Quand on arrive en haut, on ne quitte pas la nature luxuriante. On trouve un bel endroit où manger. On repart et Lola propose un blind test, au moment où  un monsieur rejoint le Waitu waitu. Il est aussi perdu que nous, on reporte le blind test . Dommage. On finit par trouver le chemin et on tombe nez à nez avec 3 gros taureaux, gardiens de l’entrée du trail. On passe, on entame le blind test et la descente. On passe par Michael Jackson, Rihanna, Zebda ou encore Shakira. On finit par terre le trail, au grand désespoir de Lola, mais on finit par se consoler avec des goyaves. Matis trouve même une trottinette cassée avec laquelle il nous fera bien rire en descendant la moitié de la descente avec. On y est, arrivés à Soufrière. On doit trouver de l’eau alors on s’arrête à l‘école pour en demander avant d’aller à notre campement du jour, un petit carbet pas loin de la rivière d’eau chaude. On arrive à destination et on va directement à la source. Un petit tuyau qui déverse de l’eau chaude pour nous masser est installé, on passe dessus à tour de rôle avant de retourner goûter, faire des équis, du jonglage. L’ambiance est tranquille, la musique afro à fond nous fait danser. On finit par s’installer et manger avant d’aller lire au fond de nos hamacs pour finir la journée.
CHAD

J-4 Le 2-02-23 : Entre touristes et moustiques, je préfère Garfield        
Ce matin, nous nous réveillons aux sources d’eau chaude à Soufrière. On se dit qu’on ne va pas déjeuner tout de suite car je me souviens qu’il y a une dame qui vend des beignets. Chose dite, chose faite, nous achetons des beignets au poisson et au fromage. Sur la route nous croisons un petit chat roux trop mignon. Nous nous arrêtons à un carrefour, le même que celui avec Christophe et Anouk. Le stop ne marche pas trop jusqu’à ce qu’un 4x4 nous prenne, direction Roseau. Dans la montée nous voyons un arc-en-ciel. Nous marchons sur la route non pas de Roseau mais de Pointe Michel car le 4x4 n’allait pas à Roseau. Un taxi-co nous prend sans qu’on lève le pouce il nous fera payer zéro. Arrivés à Roseau, il y a des bouchons. Nous passons à la pharmacie pour acheter des pansements et un produit pour les moustiques. Nous allons acheter des jus qu’on n’avait pas pu payer la veille car pas assez de monnaie. Nous demandons à des Rastas ou même aux pompiers où est le chemin de Middleham Falls, la cascade. Nous nous arrêtons sur le côté de la route pour faire le goûter de  9h43, puis nous sommes pris en stop par un 4x4 rouge. Dans la voiture, on apprend que le conducteur est canadien et qu’il vient là tous les ans car ils a des amis dans l’île. Il nous fait faire la montée et il nous dépose au bout du chemin, nous passons à côté de travaux, ils veulent faire un hôtel à côté de la cascade. L’hôtel n’est pas comme ceux qu’on a l’habitude de voir, celui-là ressemble à des jeux en plastique pour Lola et Chad dit que ça ressemble à un parc d’attraction et c’est moche, mon avis est le même. Le chemins est boueux et monte de plus en plus, ça y est on entend l’eau couler. On pose nos sac à dos derrière des branchages pour qu’ils soient cachés et on descend avec maillot et serviette à la main. En chemin on croise une trentaine de touristes tous en file indienne. Chad glisse toutes les 5 minutes sur des pierres avec ses chaussures de sécu. Nous voila arrivés à la cascade, on arrive d’abord sur un petit ponton où 5 touristes se prennent en photo. Lola et Chad vont se baigner, moi  pas car l’eau est froide mais elle est moins profonde qu’à Victoria Falls (une autre cascade dans la randonnée de Christophe, Anouk et Matis). Cette cascade est plus grande que celle où on a été avec Christophe et Anouk mais Victoria est plus impressionnante que celle-ci. Lola fait une sorte d’équilibre sur une pierre, on rencontre des Suisses qui eux aussi randonnent, on discute avec eux. Lola nous presse pour partir car elle n’a pas envie de recroiser la troupe d’Allemands. On marche jusqu’a trouver un kiosque où on décide de s’arrêter pour manger : au menu un sandwich au maquereau avec du fromage, un vrai délice. Les Suisses sont de retour, ils s’arrêtent aussi pour manger car ils disent qu’en bas c’est envahi par les touristes. Lola nous dit qu’il faut y aller sinon on va les recroiser. Comme d’habitude le retour va plus vite que l’aller. Au bord de la route, un monsieur nous interpelle pour nous faire payer un papier qu’il fallait payer au début avant d’aller à la cascade.

Heureusement un 4x4 nous prend jusqu’au panneau « Welcome » de Titou Gorge. Je m’attendais à une belle petite rivière où c’est comme une gorge, d’énormes rochers hyper hauts où tu traverses dans la gorge. Nous sommes à peine arrivés qu’un guide nous saute dessus et je vois derrière lui une masse énorme de touristes au moins une soixantaine qui se baignent là où nous voulons nous baigner. Le guide nous dit : « Venez, allez vous baigner, c’est hyper cool, les touristes vont partir et vous aurez le bassin seuls, juste payez 2 dollars » …

Nous voila partis de Titou Gorge avec une boule au ventre et une petite larme, on prend le chemin de Trafalgar, une autre cascade en se disant pitié pourvu qu’il n’y ait pas de touriste ! Et c’est reparti, ça remonte, ça descend jusqu’à ce qu’on voit le village en bas. D’ici, la vue est magnifique : on voit la cascade, le ciel est bleu et on voit la mer au loin. À la fin du chemin on arrive au village, on fait une petite réserve de nourriture : 2 boites de baked beans, une boite de légumes (petit pois, trucs mélangés) un paquet de Charlie au coconut, trois bouts de fromage. On s’arrête pour goûter à l’ombre, ce sera des petits gâteaux qui ont le gout des Tuc, avec du beurre de cacahuète et des amandes. Sur le trajet un petit chat roux nous suit tout le temps, je le porte et sur le coup de la hauteur, il me fait pipi dessus ! Je le lâche et on décide de lui donner un nom, Garfield. On arrive sur un pont et j’entends un camion arriver et comme le chat doit avoir à peu près 1 an je le porte pour ne pas qu’il se fasse écraser. Le camion passé, un bus arrive mais j’avais déjà posé le petit chat. Je me mets sur le trottoir d’en face, le bus passe et je ne vous dis pas la suite pour Garfield. Nous voila arrivés à notre destination finale, Wetton Waven. Maintenant où allons-nous dormir ? Nous voilà à traverser la ville à la recherche d’une bonne nuit. On demande à une dame où on peut dormir, elle nous dit : « Je ne sais pas, désolée ». Alors un Rasta qui a entendu notre plainte nous emmène dans son jardin où il y a un gros manguier. Un sourire se fait sentir sur nos lèvres, on prépare nos hamacs et on mange, on apprend qu’il s’appelle Peter. Il nous offre un café au lait bien chaud et on mange notre repas de fous, puis on s’endort. On se réveillera un peu plus tard dans la nuit car la pluie est à nos trousses. Pourtant Lola avait dit : « Il n’y a plus d’eau dans les nuages, donc il ne va pas pleuvoir ». Pas grave car Chad dormira sous un petit abri qui peut accueillir une personne, moi je me ferai une espèce de toit avec toutes les capes de pluie et Lola dormira à l’air libre. Et maintenant nous allons dormir, enfin essayer !  
Matis    


J-5 Le 3-02-23
Après notre nuit tourmentée, nous avons levé le camp de sous le gros manguier et cherché un endroit pour prendre un bain d’eau chaude. Mais à chaque fois que l’on nous indiquait gentiment où nous baigner, une autre personne nous disait que c’était payant ou nous chassait tout simplement. Décidément, ce coin de l’île, près de Roseau, est devenu très touristique, impossible de trouver un coin de rivière accessible gratuitement pour des voyageurs comme nous qui veulent juste se laver. On décide donc de lever le pouce à la première voiture qui arrive pour partir vers Roseau en espérant avoir plus de succès que pour le bain matinal. Bonne décision, nous sommes embarqués par un pick-up avec une famille qui se rend en ville. Il y avait notamment une femme qui…n’aimait pas le cassava bread ! Comment est-ce possible ? Après ce court trajet on se dirige vers le stand de Cassava Bread où travaillent nos amis de Saint Cyr. Sur le chemin, on croise Yann, Tallia et Isaac avec des cassava breads tout chauds dans les mains, ils en partagent un morceau avec nous. Notre commande est prête, une douzaine de cassava breads pour ramener au bateau, miam. Nous remercions les filles et leur rappelons que nous les invitons sur le bateau dimanche. Nous allons trouver un endroit où écrire les textes en attendant l’ouverture du glacier. Nous sommes tout proches d’un ferry, énorme, gigantesque, titanesque, un immeuble flottant, avec des gens dedans, beaucoup trop pour s’imaginer combien… On ne prête pas beaucoup d’attention au ferry et on écrit et corrige nos textes. Une bonne demi-heure plus tard on va manger la fameuse glace de clôture de rando. Nous embarquons ensuite à bord d’un taxi-co pour 1h30 de trajet jusqu’à Portsmouth avec les sacs sur les genoux. Après plusieurs arrêts et quelques roupillons inconfortables, on voit apparaître les nombreux mâts qui décorent la baie de Portsmouth. On s’installe en face du match de cricket avec un genre de wrap recommandé par Matis et on se remet au travail.

Chad : j’ai beaucoup apprécié la rando car j’ai eu l’impression de découvrir une facette de Matis que je ne connaissais pas et de mieux rencontrer Lola.
Lola : une rando pleine de rebondissements, d’adaptation, de décisions collectives. Entre bouts de chemin dans le Zion et véritables mares à touristes, on aura vécu des ambiances de toutes les couleurs. La Dominique est de toutes les couleurs, comme ses arcs-en-ciel. Heureusement notre bonne humeur et notre joie nous ont accompagnés tout le long.
Matis : moi j’ai bien aimé la rando avec Lola et Chad même si on a vu des endroits pleins de touristes, ça m’a fait voir une autre facette de la Dominique. Sinon ça a été.

RANDO ANOUK, YAWENN, ISMA du 30/01 au 3/02
Le 30 janvier :
Ça y est, c’est le grand jour, aujourd’hui on part pour les randos et on présente le numéro de cirque à l’école de Salibia, ça va être trop cool. Après un bon petit-déj préparé par Isaac, nous enchainons sur les tâches puis on commence à faire des aller-retours au ponton pour déposer les sacs pendant qu’Anouk et Isma sont partis acheter des matériaux pour faire des chaussures et que Lola et Tallia sont allées acheter de la nourriture pour le pique-nique de midi. Une fois débarqués on attend l’équipe Anouk, Ismaël, ils arrivent vite mais pas le bus. Mais il arrive quand même dans les minutes qui suivent et nous dépose à la Casava Bread Factory pour notre pique-nique. Après un bon repas composé d’avocats, de cassavas, de concombres et de thon, le groupe se sépare en deux : Lola, Matis et Mathys vont à l’école pour organiser le spectacle et le deuxième groupe va voir une petite rivière. Après nous être baignés et avoir joué dans les cascades, on doit se mettre en route pour l’école. Une fois arrivés, on prépare la scène pour le spectacle, on s’échauffe, on va appeler les enfants puis on commence le numéro. Chorégraphie : massues, colonne à deux, tombé dos… les enfants poussent des exclamations. Le spectacle se finit en toute beauté. Après on organise un petit atelier cirque pour les enfants. On leur apprend le jonglage et les portés mais le temps presse et on doit rentrer à la maison de Genette pour manger et dormir, car elle nous a proposé de passer la nuit chez elle.
Yawenn Leroy

Le 31/01 :
Ce matin, tout le monde est attablé autour de la grande table de chez Genette. Sous le patio en béton dans l’arrière-cour, l’équipage est presque au complet, il ne manque que Lola, Matis et Chad qui ont passé la nuit à la Cassava Bread Factory et Christophe resté seul au bateau, qui fête aujourd’hui ses 55 ans, alors joyeux anniversaire de loin. Ce matin tout le monde semble heureux de partir en rando et engloutit joyeusement les tartines de pain d’air, le chocolat, le café, le lait, le thé ou bien les trois à la fois, seule Genette semble triste. J’imagine qu’elle est triste de nous voir tous partir si vite. Alors je lui demande si tout va bien mais elle botte en touche en me remerciant pour mon massage de la veille. Je laisse tomber mais finalement je suis heureux d’apprendre que Kat et Mathys ont prévu de rester un peu plus, pour faire des peintures. Alors on ne traîne pas, on trace vers le nord. De pick-up en pick-up on arrive à Kalibishie, pas loin de Chaudière Pool. On achète de quoi manger, on récupère quelques cartes et on reprend notre procession pour Chaudière Pool. Chaudière Pool, c’est  mon spot de baignade préféré en Dominique, aux Antilles, et peut-être mon préféré au monde. Une espèce de grande marmite profonde avec des parois verticales de cinq six mètres tout autour, juste ce qu’il faut pour sauter, plonger ou faire des pirouettes. En plus de cela, la cascade qui s’y jette est en réalité un gros toboggan taillé dans la roche par la force de l’eau au fil des temps. La première fois, c’était un pêcheur au harpon qui m’avait fait découvrir les lieux, depuis j’ai du mal à venir en Dominique sans partager un après-midi à jouer avec mes compagnons dans cette eau émeraude. Mais cette fois-ci, nous ne sommes pas seuls, quatre touristes américains et deux français ont eu la même idée que nous. Sachant voir les choses du bon côté, Yawenn leur demande un petit coup de stop pour le trajet retour. Nous voilà donc dans le pick-up rental d’un jeune couple de Français déjà bien stéréotypés. Inutile de vous dire que sorti de son contexte ça nous fait bien marrer. L’homme au volant gonfle le torse en passant chaque pierre et la dame pousse des cris de frayeur à chaque fois qu’il s’approche d’un ravin ou passe un nid de poule. « Ah non chéri, moi conduire en Dominique, surtout pas ! » s’exclame-t-elle d’un air paniqué. Enfin bref, ils nous déposent au premier croisement et nous continuons à pied. Cette fois-ci ce sera notre pasteur préféré, Enderson, qui s’arrêtera en plein milieu de notre goûter. Tiens je l’avais presque oublié celui-là. En tout cas lui se souvient très bien de nous et avant de nous déposer sur la route de chez Norman et Greta, il me laisse son contact et nous bénit encore une fois « God bless you man ». Espérons que sa bénédiction ait fonctionné car on va en avoir besoin pour les péripéties à venir. Une centaine de mètres plus loin, Anouk manque de mettre le pied sur un manicou mort putréfié, ses chairs sont retroussés sur sa mâchoire saillante qui ressemble étrangement à celle d’une musaraigne ou d’un Tyrannosaure Rex. Plus loin, sur le chemin une tête momifiée balise le bord du sentier. « Un bébé abandonné depuis trop longtemps » dis-je à Anouk qui me fait des gros yeux, ne voyant qu’après coup qu’il s’agit en fait d’une noix de coco. It’s a Greta style ?


En continuant de monter, je ne peux m’empêcher de spoiler l’histoire à mes compagnons. Notre première rencontre avec Norman, un jour ou l’on cherchait à couper par le Zion pour rallier Chaudière Pool, nous étions tombés sur ce grand vieux rasta dégingandé adorable, qui n’avait pas hésité une seule seconde à nous ouvrir des cocos et nous offrir l’hospitalité au creux de sa vallée bucolique, d’où émanait la douce mélodie d’un carillon enchanté. Ce n’est que des années plus tard que j’ai rencontré pour la première fois sa femme Greta, de laquelle on aurait pu dresser le portrait contraire. Car en réalité, Greta avait tout d’une sorcière. Un regard noir et sévère, des yeux exorbités sans clignement de paupières, des cheveux en pétard comme s’ils avaient subi une explosion. Aucune expression n’émanait de ce visage glaçant, si ce n’est de la colère imprimée jusqu’au fond de ses rides.
Non, vraiment, Greta n’était pas de celles qui vous mettaient le plus à l’aise. Ermite dans sa vallée perdue, dont elle avait hérité de ses parents, elle n’aimait pas les gens. Et si je pense être de ceux qu’elle appréciait le plus au monde, puisqu’elle me tolérait chez elle et qu’on avait en commun d’aimer regarder les colibris à la terrasse de la maison, elle me traduisait sa sympathie par son unique attention d’un café matinal, noir comme la suie, qu’elle me servait dans une tasse de porcelaine à fleurs, avant de rejoindre sa chambre de laquelle elle ne sortait presque jamais. À ce moment-là, cela ne m’aurait alors pas étonné de la trouver affairée, cherchant à lire dans le marc de mon café l’intégralité de mes pensées. Car Greta semblait douée d’un sixième sens, celui de lire en l’autre comme dans un livre ouvert.
Une sorcière maléfique, mariée à un rasta magnifique, dans une petite vallée de la Dominique. Ça ferait un joli début d’histoire fantastique tout ça… Mais cette histoire est rendue d’autant plus incroyable du fait qu’il s’agit d’une histoire vraie.
Je reprends : pendant que la sorcière Greta restait tapie dans son antre, sa chambre, Norman le Rasta ne savait comment sortir de cette noirceur qui s’abattait sur eux. Jusqu’au jour où il ramena de l’un de ses voyages du Canada un grand carillon magique qui, si l’on en croit la musique, ferait renaître les lieux. Et figurez vous que c’est exactement ce qu’il s’est passé. La douce mélodie du carillon envahit la vallée toute entière, qui grâce aux soins apportés par Norman se couvrit rapidement de fruits, de fleurs, de colibris et de petits cabris gambadant dans ce joli décor. La sorcière confinée entre ses quatre murs n’avait désormais plus d’emprise sur le reste de la propriété. Norman gardait son secret, cependant il lui arrivait parfois d’oublier le carillon qui finit un jour envahi par la végétation et s’arrêta de tinter. Et là paf...un ouragan monumental, Maria, a tout dévasté. Inutile de vous dire qu’à ce moment-là, la sorcière Greta l’ayant senti venir avait déserté l’île juste avant la tempête. Quel hasard ? Norman était resté seul accroché à la porte des toilettes assis sur la cuvette à braver le cyclone pendant des dizaines d’heures. Les dégâts étaient colossaux, mais aidé par l’équipage grandeur nature 2017-2018, ils étaient venus à bout des derniers chantiers, jusqu’à libérer le carillon oublié qui se remit à sonner. Tout était revenu en ordre.
Et nous revoici aujourd’hui dans l’interminable ascension de leur chemin, de plus en plus étrangement embroussaillé. Les petites haies gerbent sur la piste ravinée, des palmes jonchent le sol de la dernière ligne droite, bordée de grands palmiers avant le grand portail blanc tout rouillé. Un étrange silence règne, tout semble désert, plus un chat. Même les chiens ne sont plus là pour nous hurler dessus, le cabanon est ouvert aux quatre vents, plus de cabris dans les enclos et stupeur, je n’entends pas le carillon. J’appelle mon ami Norman plutôt par habitude que pour espérer une réponse. Un silence terrible. En relevant la tête, je me rend compte que la maison haut perchée a disparu. Alors nous posons nos sacs avant d’aller faire l’état des lieux. « Suite à l‘incendie, ils ont tout quitté et sont partis vivre à Roseau » m’avoueront les gens du coin. On se retrouve alors bras ballants, à faire la visite d’un paradis perdu, avec Anouk et Yawenn qui ne peuvent qu’assister au drame. La maison a entièrement brûlé, il ne reste que la dalle et les vestiges calcinés d’une vie. Après l’ouragan qui avait emporté le toit, les arbres, une partie des chèvres, le feu a terminé le travail en ne laissant rien sur son passage. Ils ont tout abandonné ainsi. Je pense à eux et au tournant de vie qu’il ont dû braver en passant d’une vie de Rasta dans le Zion à Roseau la Capitale où ils iront sûrement finir leurs jours. Rien que d’y penser cela me remplit de tristesse. Alors j’en viens à me dire que finalement, aussi bizarre qu’elle soit, je l’aimais bien Greta et que même si elle avait été une sorcière je ne vois pas comment elle aurait pu souhaiter tout cela. À cet instant-là, au milieu des branches, la vue d’un tas de tubes et de quelques ficelles me redonne le sourire : « Le carillon ! ». Abandonné là, condamné à ne plus jamais carillonner, il a perdu toute envie de faire sonner ses quintes douces et mélodieuses. Alors ni une ni deux, on le prend sous le bras et on redescend là où nous pensions établir notre campement. Mais dans le cabanon des rats nous sautent dessus pour s’enfuir en couinant et plus loin au pieds de nos arbres des centaines de fourmis rouges ont déjà envahi le sac de Yawenn et puis la nuit ne va pas tarder à tomber. C’en est trop, nous quittons cette vallée sans regrets avec la conviction qu’aucun endroit ne pourrait être pire qu’ici pour passer la nuit, ici dans ce qui fut mon paradis. Nous décidons de nous avancer pour demain en retrouvant notre plage fétiche à Marigot, pensant que cela nous avancerait pour aller shoes maker avec l’ami Basile le cordonnier. Un taxi-co nocturne nous prend et nous dépose dans la nuit noire devant la petite cantine populaire du port de pêche. C’est ici que j’ai rencontré pour la première fois en Dominique le mépris. Les serveuses, condescendantes au possible détestent les gens qui refusent le plastique, qui se demandent ce qu’il y a dans leur assiette ou qui veulent des tickets. Elles répondent à toute question par une moue monumentale en vous reluquant de la tête aux pieds. On aimerait dire que jamais nous n’y remettrons les pieds mais ce serait mentir puisqu’on y est retournés dès le lendemain, vu comme c’était bon.
Remerciements : Un grand merci à Kathleen, puis Isaac et pour finir Tallia, qui m’ont tant soutenu  tout au long du recopiage et des relectures de ce texte beaucoup trop long à mon goût, sans qui je n’aurais jamais pu venir à bout de cette œuvre.
Ismaël

DAY 3- 01/02
This morning, Ismael helped Yawenn to wake up with a sneese. We didn’t have bread for the breakfast. We went to Basile’s workshop. The project was to make shoes  with him but before, Yawenn went to buy some bread. After the breakfast, Basile shows us different styles of shoes, Yawenn and Isma chose very fast but I don’t need, I chose a belt. We stayed with Basile until 1PM. But we wanted to eat something and after give a rice bag to a Kung Fu man, we went to see our best friend in the restaurant. By chance, the lady is more sympathetic. We hitchicked but the collective taxi came faster. In Portshmouth we went at the boat because Ismael want leave the chime. We went at the ice cream shop, at the exit, after being said three time « be carefull », my ice cream fell. It’s not important I ate it all the same. A man came and ask my ice cream. He said « Ice cream, Ice cream, Ice cream » but at the start, I don’t understand because he pronounced « Ask him, ask him, ask him ». I wanted to eat my ice cream but he didn’t listen to Ismael , and he continue on asking me. At the end the man was angry with me . I’m a magnet of strange people.
We went to Morne Diablotins and after a collective taxi, a man and a woman took us. They are the land owner of the waterfall. They are very nice, and they opened the property just for us. That was a chance because the night fell and we had a roof. We had a very good night.  Anouk

Jour 4 le 02/02

Today is an ultime day. Pour notre dernier jour entier de rando, nous avons décidé de monter le Morne Diablotins mais avant ça, nous voulons voir la cascade Milton ou Syndicate Falls. De rive en rive, nous apercevons la cascade entre les fougères arborescentes. Suite à un virage surélevé digne d’un parc d’attractions, l’eau se jette ou ruisselle telle une chevelure blanche le long de la paroi immaculée. Yawenn prendra son ultime douche dont on se souviendra longtemps, pendant qu’Ismaël et Anouk trop frileux restent dans leur crasse. Mais il ne faut pas traîner, nous traversons, retraversons et reretraversons la rivière en sens inverse avant de retrouver nos sacs derrière le comptoir du bar splendide qui a accueilli notre sommeil. Nous nous concertons et débarrassons le plancher, car c’était un plancher, avant de démarrer l’ascension du Morne Diablotins. Nous avons laissé nos sacs à l’office, et on a bien fait car c’était très boueux et pentu. Nous pataugeons à l’aller pendant 3 heures et grimpons sur les rochers, enjambons les racines et admirons la Rain Forest luxuriante tout autour de nous, jusqu’à littéralement baigner dedans. Tantôt plate, tantôt verticale l’ascension est difficile. Anouk et Yawenn sont les premiers à perdre le rythme. Ismaël pour s’occuper décide de les photographier à chaque tournant. Rapidement lassé, il tente le camouflage de bord du sentier. Ça a super bien marché, si bien qu’il aurait pu se faire embrocher par Yawenn et Anouk jouant avec un bâton. La végétation se raréfie, le vent augmente, le sommet n’est pas loin. Euh, on monte encore un peu, pensant qu’on y est mais le chemin continue sur un raidillon encore plus pentu et encore, et encore. Enfin, nous arrivons sur la crête, face à l’Atlantique … euh... que l’on ne voit pas pour cause de ciel trop nuageux. En effet, encore une fois, le Morne Diablotins n’est pas dégagé. Ça y est, Anouk ne veut plus faire un pas de plus, elle se met à chanter le Roi Lion mais Isma la fait taire en la gavant d’eau, pensant du même coup alléger les sacs pour le retour. Il n’avait pas pensé aux effets secondaires, le pipi style. 2 heures et une vingtaine de chutes plus tard, la route goudronnée nous apparaît au détour du sentier. Notre excursion Zion est terminée. Il ne nous reste plus qu’à nous décrouter et à préparer notre repas de roi, soupe de chayottes, ketchup, pesto, oignons et sel fou accompagné de couac.

Jour 5 Le 03/02




Jour du retour, on rembobine le temps et on redescend à fond la caisse avec des bananes délicieuses, du fumier de poules et des maracujas géants (tissimes) qu’on n’a pas pu goûter car ils n’étaient pas mûrs. Portsmouth nous voilà, un marché, un repas, une lessive (à la rivière avec les copains), des finitions de textes, une bonne glace et nous voilà fin prêts pour retrouver le bateau et ses occupants. Une bonne fin de rando en 8 lignes sur le cahier d’Anouk.
Anouk, Isma, Yawenn








Portrait de Basile :


Basile est cordonnier, il a 76 ans, j’ai cru comprendre qu’il était né en août, c’est dur de le comprendre car il n’articule pas du tout. Lorsqu’il répétait, ça ne m’aidait pas plus.
Il a un atelier-boutique et il vit à l’arrière de celle-là. Ses parents sont morts, ils étaient agriculteurs, c’est également le travail de ses frères et sœurs. Nous avons passé une matinée avec lui, son atelier est très encombré et on a dû s’installer devant la route sur des tabourets. Il est très sympathique mais ce n’est pas un bon pédagogue, si tu veux apprendre par toi-même, il faut se battre, sinon, il fait tout à ta place ! Il a appris à travailler le cuir seul, il n’a pas eu de professeur, il est sûrement le seul cordonnier de Dominique. Il nous dit que personne n’est suffisamment intéressé par ce métier pour qu’il puisse transmettre, je trouve ça étonnant car c’est un métier original. Je me demande à qui il vend ses productions, sûrement à des touristes et si ça lui suffit pour vivre, mais j’imagine qu’il doit se débrouiller avec le strict minimum dans sa cabane qui sent le cuir à Marigot.
Anouk


Portraits et enquête sur les Rastamen.
Moses James :
70 ans et toutes ses dents, Moses est un Rasta de Dominique, il vit en tant que chaman. En gros ça consiste à soigner les gens avec des plantes. Il me dit que ses clients sont de toutes les couleurs et de tous les pays. Il a vécu en France à Lyon. Pendant qu’il y séjournait, il a créé un livre avec un ami à lui dessinateur, il explique le fonctionnement des herbes médicinales et un peu de sa vie. Il a adoré visiter la France, son endroit préféré est l’Ardèche, car les montagnes et les cascades sont très belles me dit-il. Mais bon, avec lui j’ai plus parlé du rastafari donc j’en profite pour vous lire l’enquête que j’ai menée.
J’ai rencontré plusieurs personnes et j’ai décidé de les citer dans l’ordre de rencontre.
La première personne dont je n’ai pas le nom et qui parlait anglais (sans dents, ce qui ne facilitait pas la conversation) me dit qu’il n’y connaît rien mais par contre en connaît un, Bob Marley, super merci monsieur ça m’avance. Bon j’ai l’impression qu’on le dérange, il préparait des sortes de pains appétissants.
La seconde personne est Callian. L’échange m’a beaucoup plu car il a un discours différent des autres. Lui  n’aime pas le principe des religions, c’est source de conflit pour lui. J’avoue qu’il n’a pas tort ! Mais je le questionne : « Est-ce que les Rastas sont le symbole de la « paix » ? Il me répond que non, c’est une idée fausse et ne veut pas expliquer pourquoi. J’ai aussi appris qu’il n’y a pas que les Rastas qui ont des dreads en Dominique car lui en a mais pourtant il n’est pas Rasta. Il les a coupés 4 fois , vous comprendrez plus tard pourquoi je parle de cheveux coupés. Bon, je ne force pas trop la discussion car il a l’air assez fermé sur le sujet.
La 3ème personne n’est autre que mon portrait, Moses James. Pour lui pas de doute, il pratique le rastafari. Il m’explique leur histoire (les Rastas). Tout commença le jour où Rastafari Mekonnen devint roi d’Ethiopie et fut renommé Haïlé Sélassié I. Les Rastas ont reconnus en lui leur Messie. Cela faisait la nuit des temps qu’ils l’attendaient. Il m’a dit que grâce à lui le rastafari a pu enfin avoir une terre où on pouvait le pratiquer librement (Éthiopie). Ils voyaient en lui Dieu. Mais bon, il lui fallait un nom, donc ils décidèrent de l’appeler Jah. Jah enfin révélé, le rastafari s’étend dans le monde jusqu’en Dominique.

Bon, l’histoire finit il me dit :
« Eh, tu sais quoi man ? » Je lui dis que non, il surenchérit :
« On est tous des Rastas car tu vois man, les hommes des cavernes ils avaient les  cheveux longs, et vu qu’on descend d’eux, toi aussi t’es Rasta, brother.  
Il m’explique ensuite que les Rastas ont interdiction de se couper les cheveux et la barbe.
Isaac

Portrait d’Adrio


Adrio aime le lait
Adrio aime les pizzas
Adrio aime casser des jouets
Adrio aime peindre des maisons
Adrio aime le cheval
Adrio aime jouer à cache cache avec moi car il gagne tout le temps.
Adrio est un petit de 6 ans et c’est le fils de Eginette et Enderson
Il est à l’école et il court beaucoup.
Cet enfant est une bombe à retardement. Pour le calmer un seul moyen, les Digestive lui suffiront.
Sa maison se trouve dans le territoire kalinago plus précisément à Cryfish River. Il a un petit frère de 3 mois Je me demande comment cela va être pour lui plus tard, car c’est difficile de vivre dans la pauvreté. 

Mathys



Le 04/02/23








En ce moment je ressens quoi ? Je ressens de la colère et de la joie, de la tristesse et je ne sais pasquoi. Des choses se mélangent en moi. J’ai eu un passé compliqué, seule une personne peut l’expliquer.
J’ai toujours rêvé d’amitié de personnes qui veulent pas me quitter.
Mais maintenant, faut faire attention, pas mélanger mes émotions : depuis le début je fais le mec qui s’en fout de voyager, mais la réalité c’est que j’ai flashé sur cette escale passée.
Mooggy

 









Le 05/02/2023
Aujourd’hui, c’est dimanche, notre dernier jour en Dominique. Pour l’occasion et comme à chaque passage du bateau, la Genette Family vient jusqu’à Portsmouth pour nous rendre visite et nous dire au revoir. Les bras chargés de cadeaux, ils arrivent à 14 en compagnie d’Octavia Tyson et de 4 personnes de la Cassava Bread Factory invités par Lola. Je suis heureuse de les accueillir toutes car chacune à leur manière elles ont participé à ce que notre temps passé ici soit rempli d’amour, de douceur et de joie.

Comme c’est le dernier texte que j’écris, je me rends compte aussi de toutes les dernières fois que je vais vivre dans les deux jours qui vont arriver, car je débarque mardi sur l’île Papillon. Au moment où je suis en train d’écrire, il est 5H45 et Christophe se lève pour préparer le petit-déjeuner, il jongle lentement dans la cuisine et les odeurs de café commencent à réveiller mes papilles. J’aime observer les danses silencieuses du matin. Sous la lune je me réveille en douceur avant l’heure de la clé et je profite de l’obscurité pour faire émerger mes idées. C’est généralement là que je suis la plus productive. En parlant de lune, Octavia m’a dit qu’après la pleine lune, c’est à dire le 6, elle pourra semer ses graines de carottes. Elle me dit fièrement qu’elle a planté 51 plants de dachine sur le bout de terrain que nous l’avons aidée à défricher à coup de Cutlass pendant la première rando. Ça m’émeut qu’elle ait pu reprendre cette activité qu’elle aime tant et qui lui permet de vivre. « I am a farmer, we are farmers ». Elle dit cela en hochant la tête et d’un ton ferme. Je sens que ça reflète la fierté d’une identité forte. Un lien à la terre que rien ni personne ne pourra lui enlever malgré tout ce que lui enlève la vie.
Le fait que les personnes dont nous avons été proches vivent avec très peu de moyens m’a beaucoup touchée. J’ai l’impression que leur simplicité, leur sourire et la générosité de leurs dons nous ont rapprochés de ce dont nous avons le plus besoin en tant qu’être humains. Un peu de solidarité et de tendresse, avec un brin d’amour et une pincée de pardon. J’ai l’impression d’avoir partagé tout cela avec eux autant qu’avec les personnes présentes sur ce bateau.
Tout au long de ces quatre mois, je me suis baladé pieds nus sur la palette des émotions, des sentiments et des besoins. J’ai trempé mes pieds dans le rouge de la colère, dans le noir de la peur, dans le bleu de la tendresse, dans le rire orangé, le turquoise de l’analyse, le gris de l’incompréhension, le vert de l’espoir, le rouge brique de la tristesse et dans le blanc de l’amour. J’ai marché où j’ai pu, tantôt en essayant de laisser des traces comme on sème des graines, tantôt en essayant de ne surtout pas en laisser. Parce que parfois les traces sèchent sans jamais s’en aller, j’essaie quand même de me battre contre l’indélébile. Je pense que les traces de pieds rouges, noires et grises qui s’accumulent en nous partent avec le mouvement et c’est ce que ce périple nous enseigne. Nous ne sommes pas des êtres figés car le temps nous offre le meilleur des cadeaux : l’évolution. Quel que soit l’âge que l’on a. En tout cas dans ma vie j’essaie de ne pas avoir beaucoup d’attentes, mais je continue d’en avoir quand même, l’une d’elle c’est de construire des relations vraies. C’est à dire des relations qui vivent, qui s’ajustent, qui creusent, qui me font réfléchir à mes limites, qui remettent mes certitudes en question, j’aime quand ça pleure, ça se console, ça se parle, mais par dessus tout quand ça rit. Et sur le bateau j’ai été servie !
On finit par raccompagner nos invités à terre et on leur dit au revoir, ils nous remercient, on les remercie, tout le monde ressent beaucoup de gratitude et ça réchauffe nos petits corps tout mouillés par la pluie.
Je n’arrive pas à finir ce texte parce que j’ai trop de choses à dire alors pour conclure je vais utiliser une des chansons auxquelles nous avons eu droit ce matin parce qu’une personne attentionnée s’est souvenue que c’était ma chanson préférée.
Vous faites tourner de vos noms tous les moulins de mon coeur.
-Kat-

Portait de Peter

Peter est un homme dans la soixantaine, il n’est pas très grand. Il a des dreads et il vit seul dans sa petite maison qui cache un gigantesque jardin, dans lequel se trouve un manguier sous lequel, Lola, Matis et moi avons dormi. Comme chaque personne de qui je fais le portrait, Peter est ou plutôt était un basketteur. Il était pivot, malgré sa petite taille, dans l’équipe de Roseau, dans sa jeunesse. On a parlé de ses matchs, tournois et de ses joueurs favoris, il m’a parlé comme mon coach et m’a souhaité bonne chance pour la suite dans le basket. Sa voix posée et calme et son grand coeur m’ont poussé à faire mon portait sur lui. J’aimerais garder le contact avec lui au cours du voyage mais cela est impossible.

Chad






Portrait de Martin Romain dit Yellow.
Il a eu 58 ans le 02 février, il est né à Portsmouth où il a grandi. Ses parents étaient cultivateurs, ils avaient un terrain où ils faisaient pousser des légumes et des fruits.
Il a arrêté l’école vers 14 ans et il a commencé à travailler à la pêche puis sur les bateaux-pays qui faisaient, à la voile, le transport entre les îles, jusqu’aux îles Vierges, entre 15 et 18 ans. Puis pendant 6 ans aussi sur un bateau-pays en bois, à la voile, où il travaillait comme matelot, ils chargeaient en Dominique des fruits qu’ils apportaient dans toutes les îles au nord de la Dominique, Monserrat, Nevis, St Barth et Anguilla, où ils chargeaient du sel qu’ils rapportaient en Dominique. Avant la fin des années 80, l’exportation de fruits avait diminué et il est resté dans les îles du Nord à travailler sur les bateaux, à faire de la maintenance, y compris sur des chantiers navals et à naviguer. Il a continué à apprendre à naviguer, une fois il a même ramené un voilier tout seul, des îles Vierges à Grenade.
Il me dit : « Je ne suis pas que marin, je suis aussi artiste, je chante dans des groupes depuis que je suis tout jeune, je n’ai jamais eu peur de prendre le micro.
J’ai été en Europe, en France, en Allemagne, j’ai fait de la voile aux Baléares, j’ai habité à Palma de Mallorca et là-bas j’ai chanté au Shamrock Café. Mais j’ai surtout navigué aux Antilles, je connais toutes les îles, j’y suis allés plein de fois. Mais c’est ici à Portsmouth que je vis, j’ai acheté un terrain à 23 ans et à 27 ans j’ai construit ma maison sur la colline au-dessus de la rivière Indienne. » Je lui dis que j’y suis allé il y a très longtemps avec un gars qui se faisait appeler « Smouth », il me dit que c’est son petit frère, et qu’il vit depuis longtemps à Nice. Je lui demande comment il a vu évoluer la vie en Dominique, il me répond : « Avant on ne connaissait rien du monde, mais les gens prenaient soin les uns des autres, on était pauvres mais on partageait et surtout tout le monde s’occupait des enfants, que ce soient les nôtres ou pas ! Maintenant les gens sont comme des hyènes ».
Je lui demande ce qu’il pense de la situation économique depuis le cyclone et le Covid.
Là, il me fait l’éloge de la politique du parti travailliste qui vient d’être réélu pour la 4e fois, l’opposition a boycotté et n’a pas présenté de candidat. Lui dit que ce gouvernement travaille bien, tout le monde sur l’île a de l’eau et de l’électricité, ce qui n’était pas le cas avant. Il y a 11 hôpitaux sur l’île, 1 par paroisse, l’école est gratuite, le transport scolaire aussi et l’état finance les études de ceux qui n’en ont pas les moyens. Et tout ça est financé grâce au « programme de passeport économique » qui est salué aussi bien par l’ONU que les États-Unis et qu’il n’y a pas de problème en Dominique, pas comme la France cet état colonialiste et raciste, il n’y a qu’à voir ce que la France a fait en Afrique et aux Antilles.
Pour parler d’autre chose je lui demande s’il a des enfants, il me dit qu’il en a 2 qui vivent en Europe et au Canada. Je lui demande comment il voit les 10 prochaines années : « Tranquille, j’ai pris ma retraite, mais je me vois bien voyager pour aller voir mes amis un peu partout ». Christophe
PS : Yellow avait aussi parlé de sa vie avec Kathleen, une version moins « politiquement correcte », il lui a dit que quand il naviguait, il faisait du trafic de cannabis et qu’il faisait cela car c’est ce qui rapportait de l’argent. Mais il a pris sa retraite.

Portrait de Claudette

Claudette a la cinquantaine et mène une double vie.
Tous les jours elle se lève à l’aube et confectionne pains et gâteaux avec son fils, pour les habitants de Laudat.
Comme de nombreuses personnes en Dominique elle cumule deux métiers.
Il faut connaître ou demander pour trouver sa maison, car rien n’indique une boulangerie, si ce n’est les sacs de farine à l’entrée ou l’odeur caramélisée des gâteaux.
Elle habite dans une petite maison vert pomme dans les bas de Laudat.
En même temps qu’elle sert le pain, comme toute maman poule, elle couve sa fille qui part au collège. : « You have your book ? » « You have your lunch ? » « Take some of the cake ! »  « You have your sport clothes ? »  « Moooommmm !!! ».
Laudat est la ville au pied du parc naturel des Mornes Trois Pitons, ce qui nous mène à la deuxième vie de Claudette.
Tous les matins son mari la dépose devant «  The facilities of the national Letang trail. » Elle est responsable de l’entretien du lieu et des infos, ainsi que de la vente de denrées alimentaires sommaires.
Mais Claudette est réellement passionnée par l’histoire de sa Dominique natale, de sa faune et de sa flore et particulièrement du Letang trail.
Elle m’explique :  «  Le Letang trail était un ancestral chemin de transport de marchandises d’est en ouest de l’île, il servait également de sentier de fuite aux esclaves pour fuir leur maître ».
Le cadre est magnifique, la « facilities » est posée à 20m du Fresh Water lake. J’aurais aimé parler avec Claudette plus longtemps mais son côté maternel reprenant le dessus, elle nous invite à prendre la route si l’on veut atteindre la côte le soir même : « You should hit the road », littéralement car celle-ci s’ouvre à la machette.
Yann  

Portrait d’Hezron par Lola
Il porte un tee-shirt « The incredible Hulk ». « Hulk ça commence par la même lettre que son prénom : Hezron », me dit sa sœur en riant. Sa grande sœur, il l’appelle « Sissa Arnique », ils ont l’air très proches tous les deux. Ils ont la même mère mais Hezron est le seul enfant qui a été élevé et a grandi avec sa mère, Roselyn. Tous les autres enfants ont été adoptés, Hezron est l’avant-dernier, son père n’a pas voulu que sa tante l’adopte. Ses deux grandes sœurs, Arnique et Fusta, qui ont toutes les deux 32 ans, ont repris la Cassava Bread Factory du grand-père Alphonse ; la première a été adoptée par sa grand-mère « Grandma » et la deuxième a été adoptée en Dominique par une famille, il y a déjà une dizaine d’années qu’elle est revenue. Hezron, lui, vit avec sa mère entre 4 planches et deux bouts de tôle, quelques mètres en dessous de la Cassava Bread Factory dans laquelle il passe du temps à jouer avec sa voiture télécommandée. Une maison en dur est en train d’être construite pour eux actuellement. Tous les matins et tous les soirs, Hezron passe devant ses sœurs qui préparent le manioc et travaillent, c’est sur son chemin pour aller à l’école. Il étudie à Salybia Primary School, il lui reste encore deux ans avant de passer au collège. Sa matière préférée c’est les maths, plus tard il aimerait devenir pilote. Revenons à ses frères et sœurs. Hezron a un petit frère de 8 ans qui a été adopté par une famille dominicaine. Il a deux frères et sœurs jumeaux, Allan, et Allana, ils vivent à Barbados. Il a un grand frère de 22 ans qui s’appelle Kiton, qui a été adopté en France et qui est venu les rencontrer il y a quelques mois. Une des sœurs est en Guadeloupe, un autre des enfants avec lequel ils n’ont pas de contact est en France et je crois que j’en oublie encore. La couleur préférée d’Hezron c’est le bleu. Pour ses 11 ans, qu’il vient de fêter le 31 janvier, sa sœur Arnique lui avait préparé un gâteau nappé au chocolat. Elle avait mis du colorant bleu dedans mais finalement le gâteau est sorti vert. Hezron aime jouer au football mais surtout il aime le cricket. Il n’a encore jamais joué un vrai match mais il s’entraîne au poste de batteur. Son animal préféré est le dauphin mais il n’en a encore jamais vu en vrai. Hezron est un enfant discret, attachant, curieux et plutôt agile. Que ce soit pour nous accompagner à la rivière en gambadant tel un enfant des collines, pour grimper en haut du baby à bord de Grandeur Nature ou pour nager, plonger et observer sous l’eau à côté du bateau, il est très à l’aise. Sa sœur me dit qu’il aime découvrir des choses nouvelles, et que quand il a appris à nager avec des amis, il s’est débrouillé très vite. J’ai rencontré Hezron il y a quatre ans, quand il n’avait que 7 ans, j’espère qu’il pourra réaliser tous ses rêves, je sais qu’avec ses deux sœurs près de lui, il est entre de bonnes mains.
Lola


Le 06/02 « J’ai pas envie de raconter cette journée, c’est relou. »



On part de Dominique, c’est triste.
On navigue, ça me rend malade.
Mais je chante, ça passe vite.
On fait le pain, j’apprends.
Lola tombe malade, pas ouf.
L’anniv’ de Tallia ? Amusant.
Le gâteau, délicieux.
L’emballage des cadeaux, étrange.
Le pain, encore.
Les sargasses, pas bon.
Le recopiage de mon histoire, ça avance.
Le pain, pas encore cuit.
Une lecture, ça faisait longtemps.
Et dodo, je vais en avoir besoin.
Anouk



Le 07/02/2023 -La journée d’escale technique.

La mission est simple, 24 heures pour faire les courses, surtout pour le matériel bateau qui ne se trouve pas partout. Un petit passage chez le Dr Caussé, un ami médecin, pour Tallia qui a un rappel de vaccin à faire. Les pleins d’eau à faire, sans faire péter les réservoirs (raté). Jeter nos poubelles et déchets qui s’accumulent depuis la Guyane. Remettre des provisions dans les coffres. Passage à la pharmacie pour racheter des traitements et pommades antibiotiques qui ont pas mal servi en Guyane. Et pour moi la mission communication : mails, plus blog photos, lettre co à envoyer, etc. Et pour nous tous commencer à dire au-revoir à Kathleen qui prépare son sac, et à accueillir Océane qui va poser le sien à bord jusqu’à la fin du voyage. Une escale rapide dans une marina pleine de bateaux avec un genre d’ambiance « Camping de Palavas les Flots », avec douches et toilettes, ce qui a son importance quand la moitié de l’équipage est gerbeux ou chiasseux (ce qui est mon cas), reste des microbes rapportés à bord après les Randominiques et que l’on se refile ! Pas l’idéal pour repartir en mer, mais ça c’est demain, enfin c’est maintenant quand j’écris ce texte car j’entends qu’ils hissent la grand-voile au sortir du chenal de Pointe-à-Pitre.
Le départ de Kathleen et l’arrivée d’Océane correspondent aussi à une nouvelle étape dans le voyage : devant nous les baleines pendant 1 mois 1/2, mais ça aussi c’est une autre histoire qu’on aura le temps de raconter.
Ce qui était marrant à la marina, c’est que les gens ont commencé à nous donner des habits puis des restes d’approvisionnements. Comme l’a dit un des jeunes : « Ils nous prennent pour des pauvres ! » en tout cas différents des retraités qui habitent sur beaucoup des bateaux autour de nous.
D’habitude quand un jeune de texte me dit qu’il n’a pas d’idée, je lui dis : « Parle de toi, comment tu te sens, parles d’un truc qui t’a plu ou étonné ». Mais là, entre le fait d’être malade depuis 3 jours (cela finira par un zona) et cette escale plus que bof, le seul truc positif c’est qu’Océane a embarqué, ben je vais terminer mon texte là-dessus car je ne trouverai rien de mieux à dire. 

Christophe.