Bonjour les parents, les amis, les adhérents et tous les autres.
Nous sommes arrivés en Dominique depuis un peu plus de deux semaines
et nous sommes au mouillage dans la baie de Portsmouth.
Une petite ville pas terrible surtout la nuit à cause des
« reggae night » sur la plage
en face du bateau.
Nous y préparons nos randonnés à la découverte de l’île, déjà deux
périodes de 5 jours en exploration ont eu lieu, avec à chaque fois un temps de
2/3 jours pour se reposer, écrire les textes et échanger nos histoires avec
tous, mais aussi laver notre linge à la rivière.
Depuis notre arrivée il a fait un temps pluvieux, surtout les jours
de lessives et les jours de départ en rando !
Voici sélectionné pour vous quelques extraits de nos aventures
Dominiquaise (l’intégral dans le prochain
journal qui paraîtra ce mois-ci).
Mickaël et Christophe
Les premières
randos du 20 au 25 janvier.
.../ Aujourd'hui,
Isma a retrouvé une ancienne connaissance, Norman, un vieux rasta. Pendant ce
temps, Maya et Mickael appréhendent la Dominique par cette formidable
rencontre. Il nous fait visiter son terrain, nous montre sa petite ferme et
nous explique les dégâts du cyclone. Il y a un an et demie de cela, l'énorme
cyclone appelé « maria » a frappé la Dominique de plein fouet.
Avalant tout sur son passage, il a laissé derrière lui un véritable désert.
Greg (notre chauffeur de stop) nous expliquera : "Il n'y avait plus de
feuilles, plus d'arbres, tout était détruit, les animaux morts, les gens
dehors. Alors j'ai pris un bateau, je suis parti en mer, j'ai regardé l'île et
toute sa désolation. J'ai beaucoup pleuré".
Chez Norman, on
a pu voir que la rivière est sortie de son lit, que les toitures se sont
envolées, que l'atelier s'est écroulé et que les cocotiers on été décapités.
Bilan, si un prochain groupe veut venir les aider, lui et sa femme Greta seront
contents d'avoir de la main d'oeuvre pour refaire leur toit. On discute de tout
ça autour d'un café et d'un bon repas, papotis, papotas, des blablas et on
finit sur des sujets bien plus philosophiques comme les subtilités de nos
langages. On retiendra de Norman la phrase : "Woman without her man, is
nothing" (une femme sans son homme n'est rien), réversible en :
"woman without her, man is nothing" (si la femme ne s'appartient pas,
l'homme n'est rien).
Mais la
découverte continue, on reprend notre chemin à pied, en stop et en causant pour
arriver à « chaudière pool » ou l'on découvrira une grosse piste semi-bétonnée
débouchant sur un petit sentier vachement plus chouette, au milieu de ce qui a
été anciennement une forêt. On franchit deux petits ponts en bois et des
escaliers en troncs de fougères arborescentes pour arriver à cette superbe
cascade.
Ouf, chaudière
pool is all ready here. Splouf, badaboum, yahouuu, splaaatch...
Sans attendre une
seule seconde, Maya et Isma sautent dans la marmite, suivis de Mickaël
hésitant. Il faut dire ça fait flipper. On est pliés, plaqués, brassés et
ensuite propulsés par les flots, comme dans une machine à laver. Car dans la
cascade, qui parait de prime abord agressive et dangereuse, se cache en fait un
super toboggan aquatique, parfaitement lisse et profilé. .../
Maya,
Mickael et Isma
Jour 2: Rando
sous la pluie, rando fringues moisies.
Levés sous la
pluie mais à l'abri, les affaires étendues la veille n'ont pas séché... Mise en jambe: 45 min à peine pour atteindre
la route. Mais avant, le moment tant attendu: un pamplemoussier à l'abandon
avec des fruits par terre!
Récolte,
dégustation, appréciation! Rando pluvieuse, rando fruiteuse.
On croise un
garde du parc, il nous demande nos Pass (qu'on a pas achetés), si on ne se met
pas en règle à Titou, on sera "Reported".
En arrivant à
Laudat, le mini-mart où nous sommes censés acheter les pass est fermé, et on ne
trouve personne pour nous renseigner.
On marche donc
jusqu'à Titou Gorge, c'est bondé, en fait c'est juste une piscine dans un
canyon.
On demande des
indications pour le chemin, ce n’est pas terrible et à priori ça ne passe pas
mais on va essayer quand même!
On en chie.
Arrivés au
point de vue, toujours pas d'embranchement, c'est sûrement plus loin!
On se délecte
d'une petite tasse de « kouac » avec les « 2 vaches qui bon »
restantes et des crackers. Une poignée de raisins secs en dessert et on est
repartis pour les escaliers de la mort vers la Valée de la Désolation.
Un paysage
lunaire et sulfureux nous accueille. La vapeur piquante sort de terre et l'eau
bout dans les rivières. L'air sent le souffre.
On croise un
couple au moins 5 fois sous des formes différentes (petit nerveux à moustache
et grande blonde à tresses). On demande des indications, ça sent le sapin pour
notre embranchement: c'est plus haut, on a rien vu et c'est certainement
fermé...
Plan B pour Boiling
Lake.
En fait, c'est
loin!
On pose les
sacs, c'est très loin! On préfère ne pas parler du retour.
On croise un
vieux gros avec son guide, il en chie!
On croise
encore presque le même couple, il a une moustache mais elle est brune avec un
débardeur rose. On retrouve Pink Lady et Mr Moustache (comme nous les
surnommons) devant le Boiling Lake, séance photos mutuelles sur fond vaporeux.
On repart après environ 6 minutes. On retrouve les sacs et finalement le retour
passe mieux!
On voudrait se
baigner dans une source chaude, sauf Elio. Le petit bassin à côté des sacs à
l'air bof, Louis nous trouve une cascade un peu plus haut et le bassin à l'air
mieux.
Elio retrouve
son envie!
1/4 d'heure de
douceur et de relaxation (sieste même pour Elio). On déguste le pamplemousse de
la Désolation.
Pendant qu'on
se rhabille, les Pink Moustache arrivent. On leur vend notre cascade, ils
achètent!
Finalement, il
nous faut revenir à Titou. On en chie mais ça passe quand même mieux qu'à
l'aller. On double le vieux et son
guide. Il en chie, grave. Pink Moustache sont sur nos talons.
Arrivés à
Titou, deux vieux américains nous demandent si on a vu un "fat man"
plus haut. On leur répond qu'on a vu un type en T-shirt bleu, qu'il est pas
loin, mais qu'il en chie.
Pink Moustache
arrivent, ils vont se baigner dans Titou gorge même s'ils n'ont pas de gilets.
Nous on attend le guide pour lui poser des questions. Le vieux arrive, il en a
chié et il le dit!
Il est encore vivant,
respect.
On pose nos
questions: c'est pas officiellement autorisé de dormir là, mais personne ne
vient jamais la nuit. Si on passe chez lui, il peut nous donner de l'eau.
On va se baigner
dans les gorges avant la nuit, on retrouve Pink Lady et la Moustache dans
l'eau. C'est très beau, l'eau est plutôt froide mais ça vaut le coup quand il
n'y a personne!
Xan, Louis, Elio
.../Après, on
part en quête de « Sexy Bones » (le frère de Genette), en demandant à
chaque personne qu'on croise où on pourrait le trouver. Tout le monde le
connait, mais personne ne sait vraiment où il habite, mais on nous a finalement
indiqué une petite maison bleue en bas de St Cyr : la maison de Sheila, sa
femme. C'est là qu'on l'a attendu pendant un petit moment, en discutant avec
Sheila. Sexy Bones arrive enfin, il nous salue et repart aussitôt chercher les
fougères, mais revient bredouille une demi-heure plus tard. Donc on est allés
avec lui à une autre rivière chercher les matériaux pour sculpter. Ensuite il
nous a montré comment sculpter à la machette en faisant l'ébauche de 5 masques
:
1. couper en deux dans la longueur
2. vider le tronc
3. commencer à sculpter menton,
bouche et front.
Loan : Puis on
est allés à la rivière pour manger et finir les sculptures au couteau en
dessinant tous les détails du visages. Avec Lola on a un peu galéré, mais en
persistant ça a fini par ressembler à un visage. Tim et Lola ont profité de la
rivière pour se rafraichir. Sexy Bones est parti et nos affaires sont restées
enfermées dans la maison de Sheila. En attendant de pouvoir les récupérer ont
est allés voir la fabrique de Kassava bread, mais malheureusement, on est
arrivés à la dernière étape du processus : faire chauffer la farine pour
l'alléger avant de rajouter sucre, coco et gingembre. Annick et son ami
travaillent depuis 9h du mat', on aurait aimé les aider tout au long de la
fabrication, mais demain ils partent en ville pour vendre le pain.
Les 10
commandements de notre rando :
1. Ta journée,
par une montée commencera
2. Ton repas,
accompagné par des chiens sera
3. En stop, un
pick-up te prendra
4. En partie de
dés ta journée se finira
5. De belles
personnes tu rencontras
6. Dans les
rivières tu te laveras
7. La rando d'Isma
tu croiseras
8. Papayes,
noix de coco, bananes et mangues sur ton chemin tu trouveras
9. crabes,
pélicans, chèvres, vaches, mouton, cochons, poulets sur ton chemin tu
rencontreras.
10. la pluie
tout au long de la rando tu éviteras.
Loan, Tim, Lola.
Day 3 : Pas facile le réveil, nos affaires sont
trempées. On se remonte le moral avec un porridge au chocolat et puis nous
longeons cette rivière sans savoir le temps qu'il nous faudra pour trouver un
brun de civilisation. Finalement 3/4 d'heure plus tard nous trouvons un abatis
cultivé, Loan retrouve son sourire. On longe un petit sentier pour arriver sur
un pont de singe tout proche de Roseau. Nous voilà sorti de cette galère,
maintenant nous devons rejoindre notre randonnée initiale.
Quelques tours de
pouce et Wotton Waven nous voilà !
La mauvaise nuit
se fait sentir, on a dû mal à se comprendre et nos jambes sont lourdes. Nous
décidons donc de rester dans ce petit village aux nombreuses sources chaudes
pour une après-midi de pause. Un petit saut aux cascades de Trafalgar et c'est
du haut de notre plate-forme que nous reconnaissons trois Grandeurs Naturiens
en train de se baigner dans la rivière en contre-bas. Chouette Hulotte, nous
avons pensé pareil : Bienvenue les bains chauds. 1 et 2 bassins, nos muscles
sont encore plus flasques que ce matin, on en profite bien. Allez nous passons
à l'étape de chercher un coin pour nos 5 hamacs. Une maison abandonnée en haut
du village nous convient parfaitement mais ce sera finalement la famille d'en
face qui nous accueillera chaleureusement :
3 matelas, une
théière d'infusion et la présence des 3 enfants de la famille qui passeront un
bon bout de soirée avec nous. Cette nuit là nous aura tous fait du bien.
Avant le levée du
jour Louis et Océane partent courir avec le plus grand fils.
Un moment
agréable. Cette famille est vraiment sympathique. Nous nous quittons sur des
remerciements mutuels. .../
.../On s'est
bien dépensé durant ces 5 jours, nos yeux ont été pleinement nourris. Les
différents arcs-en-ciel aux 6 couleurs peuvent décrire cette randonnée.
Le rouge fait
référence aux nombreuses sources chaudes, le orange pour notre courage, le
jaune en guise du soleil souvent présent. Le vert pour toute la nature que nous
avons traversée, le bleu rappel la mer qui entoure l'île et enfin le violet
propre à notre randonnée : pour toute les voitures violettes que nous avons
croisé en référence à celle qu'Océane aura à l'avenir. Cette dernière journée
de rédaction ne sera pas remplie ni de gamelle ni d'arc-en-ciel. Quant à
l'indigo ce sera pour nos bleus et blessures donc nous oublierons dans parler.
Océane et Loanita
Pendant ce temps-là au bateau : Le soleil se couche presque quand j’entends quelqu’un crier dehors en
français, et juste après un choc.
Le bateau a
dérapé et nous sommes rentrés dans le bateau derrière nous, heureusement il a
glissé tout doucement et nous nous sommes pris son étrave en inox, lui n’a
rien, nous un nouvel accroc dans la coque à l’arrière.
Je décide
d’aller mouiller derrière tout le monde pour la nuit, qui tombe le temps que je
fasse la manœuvre, tout seul c’est plus long mais je l’ai peut-être déjà
dit !
Je mouille par
6 mètres de fond et je mets cette fois-ci + de 30 mètres de chaîne. Et je
retourne sur ma maquette, déjà 16 heures passées dessus.
Quand je
retourne dehors le vent a forci, il souffle en rafales à 20 nœuds (presque 40
km/h), nous avons un peu reculé, mais comme il n’y a personne derrière moi, je
vais me coucher. Au beau milieu de la
nuit je me réveille, toujours autant de vent accompagné cette fois de
pluie...Une pensée pour ceux qui campent sur l’île !
Je suis au
milieu de la baie, si je ne veux pas me réveiller en pleine mer, je n’ai plus
qu’à manœuvrer encore une fois. Je commence à être rodé. Je me remets quasiment
au même endroit que la fois d’avant, lâche encore plus de chaîne et retourne
dormir.
Au lever du
jour, j’ai de nouveau dérapé, cette fois-ci c’est sûr l’ancre réparée en Guyane
(et raccourcie) n’accroche plus, d’où l’avis de décès.
Je sors l’ancre
de secours, remonte encore une fois le mouillage, j’espère pour la dernière
fois aujourd’hui, je suis en train de
devenir un spécialiste du mouillage en solitaire. Je change d’ancre, remouille
à l’écart des autres bateaux, restons prudent!
Et je plonge en
apnée pour voir comment se comporte l’ancre?
Celle-ci est
plantée, je tire un petit coup dessus au moteur, rien ne bouge, je vais pouvoir
reprendre mon activité après un café, c’est-à-dire la maquette du
journal !
Christophe.
Rando 2 du 25 au 30/31 janvier:
Journée
école
Ce matin après
nos oeufs au plat nous nous préparons pour aller peindre l'école où Egenette
travaille. En attendant Tamica qui se prépare nous rencontrons de manière
échelonnée les jeunes de l'école. Il y a 9 élèves, des personnes handicapés
entre 15 et 40 ans. Nous allons tous ensemble à l'école pour continuer à
peindre le plafond. Cette semaine, l'école est fermée pour remettre à neuf les
locaux mais il y a tout de même quelques élèves qui viennent. Tim et Océ au
rouleau, Maya et Tamica aux pinceaux, en fin de matinée le plafond est tout
blanc.
Comme prévu
nous quittons la maison de Genette en début d'après-midi. On marche un bon
kilomètre pour arriver jusqu'à la Kassava family où loge les 3 L. Un p’tit
coucou, le Kassava bred n'est pas encore près, on est reparti. Quelques
voitures nous avancent le long de la côte et puis nous atteignons le village de
pêcheur de Saint Sauveur. Un mec qui sent l'alcool nous accueil mais rapidement
nous discutons avec les habitants du coin qui le font partir. On essaie de
trouver un endroit pour la nuit, il nous est conseillé de s'adresser à l'école.
Pendant que Timothée attend la camionnette qui vient livrer le pain, Maya et
Océ vont rencontrer la directrice de l'école. Celle-ci nous montre où sont les
douches et les toilettes. Il est convenu que nous quitterons l'école à 6h du
matin en même temps que le gardien.
17h sonne, nous
allons nous assoir dans un coin en bord de mer pour écrire le texte. Océane
sort son coupe-ongle, Timothée semble ravie à l'idée de se couper les ongles.
Au même moment la femme de ménage vient brûler les déchets derrière le muret
sur lequel nous sommes assis. Cette pratique semble habituelle en Dominique.
Après cela nous allons rejoindre les instituteurs pour les aider à la
fabrication des déguisements. Ils cousent des costumes pour les 70 élèves qui
participeront au carnaval. C'est avec eux que nous passerons la soirée.
Maya,
Océane, Timothée
4e jour. Si je
commence ce texte à l'endroit où j'avais fini le premier, il raconterait à peu
prés la même chose: Dans la nuit il a plu et je n'avais pas respecté la règle
N°1: Toujours un toit au-dessus de la tête!
Mais là nous
dormions sur une plage, où nous avions mis nos hamacs entre des cocotiers.
L'endroit s'appelle: P'tit bout de sable Bay sauf que depuis mon dernier
passage ici, il n'y a plus de sable! Je vous fais grâce du récit de ma nuit,
sans suspens, puisque toujours sans bâche. Le matin, donc, nous attendons la
fin de la pluie pour ranger le campement et reprendre la route vers chez
Genette, je remballe mon linge trempé dont mon duvet, nous sommes loin du
territoire Caraïbes et je ne sais pas combien de temps cela va nous prendre
pour y arriver, trop loin à pied alors essayons de faire du stop.
Un Taxicoman
Rasta s'arrête et propose de nous prendre, je lui dis que je n'ai pas d'argent
pour prendre le taxi, c'est pour cela que nous faisons du stop. Il me dit: Man,
l'argent c'est pas le plus important dans la vie, alors grimpe!
Il va jusqu'à
grand-fond sauf que je n'ai aucune idée de l'endroit ou cela se trouve. Mais ce
n'est pas grave car pour l'instant il n'y a qu'une seule route!
Nous voilà
partis, nous dépassons Rosalie et il nous dépose au croisement vers Castle
Bruce, la moitié du chemin est déjà parcouru, je lui donne quand même un billet
de 10 ec (- de 3,50 E) et c'est lui qui me dit merci!
Nous marchons
quelques mètres et nous sommes pris par un pick-up qui nous emmène jusqu'à Castle
Bruce. Ensuite nous marchons jusque chez Genette, et cela fait une trotte 4 /5
heures de marche! CH
Nous découvrons
et redécouvrons cette grande famille. à peine après s'être dit bonjour, Genette
nous sert déjà notre premier repas, merci, Genette. Après ce copieux repas elle
nous propose une banane digestive... Heu non merci Genette. Nous lui racontons
notre marche puis elle sort 5 cocos et me demande de les casser une fois cela fait Elio les coupent
en fines lamelles (pour faire des tablettes cocos pour le bateau). Puis je prends
une bonne douche et Géno me montre le fusil harpon qu'il a fabriqué et me le
fait essayer, il est trop cool. Mickael.
Après avoir
bien rit, on rentre dans la maison pour discuter avec Genette et Mickael me
demande à chaque fois de traduire ce qu'elle a dit et genette trouve cela
drôle. On se fait cuire du Chicken en boîte pour se faire des sandwichs après
avoir bien mangé, il est temps de rejoindre les bras de Morphée, Christophe y
est déjà depuis un bon moment.
Je finirais par
dormir par terre car j'ai trouvé plus dérangeant que moi pour dormir sur un lit
double, ce qui permet à Mickael d'avoir un lit 2 places pour lui! Elio
"Wow,
que d'aventures depuis Bellevue Chopin. Comment vas-t'on bien pouvoir vous
résumer toutes nos péripéties en forêt? Sur les sentiers de la Dominique, la
randonnée ne ressemble en rien à l'idée que vous pouvez vous en faire. En plus
d'un incroyable dénivelé, les chemins sont souvent dévastés par l'ouragan. Nous
retiendrons de la première journée une interminable descente dans la boue ou
l'on aura plus glissé que véritablement marché. Sans parler des gamelles, des
glissement de terrains ou des coupures de sentiers. Certains balisages sont
engloutis par la végétation et d'autres sont complètement effacés.
En plus de
cela, les tracés ne correspondent jamais à ce que l'on peut interpréter de la
carte. Mais dans la région de Wotten waven (relativement épargnée par
l'ouragan), la randonnée c'est aussi pamplemousse, goyaves et maracuja,
bananes, oranges et cannes à sucres à profusion. Ces cadeaux de la nature nous
font vite oublier nos repas manqués. Ce qui ne nous empêche pas d'attraper les
quelques crabes qui nous barrent la route en chemin, pour le repas du soir le
deuxième jour. C'est une montée raide qui nous attend. D'abord sur le
Waitukubuli, et ensuite sur une petite route, la plus haute de l'île, qui nous
conduit directement au fresh water Lake. De là, on entame une descente de la
montagne sur un sentier qui, visiblement n'existe plus depuis l'ouragan. Le
seul moyen de se frayer un chemin dans cette végétation trop dense est de
foncer tête baissée, comme des sangliers, machette à la main. Le long de notre
épopée, on redessine le chemin, et quand on se retourne pour regarder derrière
nous, on redécouvre la lumière du soleil et on admire la magnifique vu qui
donne sur la côte Est, le village de Rosalie, et derrière, l'immensité de
l'océan. Mais notre lutte acharnée nous parait interminable. Cela fait
maintenant cinq heures que l'on ouvre notre passage sur ce sentier initialement
estimé à 2h30 de marche. C'est au moment où l'on commence à désespérer en se
disant que l'on va surement devoir passer la nuit dans la junggle (toujours
sans bâche), que l'on aperçoit les premiers cocotiers et dans leur cortège, les
premières maisons. Affamés, crevés, on toque à la première porte, passons dans
le premier magasin. Déjà nous voilà avec de quoi manger et en prime un toit
pour la nuit. Zion, tu ne nous auras pas cette fois-ci, on a trouvé la sortie
de ton labyrinthe".
Le Loan et Ismaël
Notre quotidien
à la CASSAVA BREAD FACTORY
Dans notre
quotidien à St-Cyr nous avons souvent croisé Sexy bones qui nous promettait
pleins de choses: aller à la pêche aux crevettes (2 jours deux-suite), cuisiner
les crevettes, nous donner des bananes, faire des sculptures et des gravures. Mais
comme toujours, au final: rien!
Nous avons
vécus durant ces quelques jours avec Alphonse et Virgine qui sont deux
adorables personnes âgées. Chaque matin ils ouvrent leurs petit shop à 5h.
Alphonse s’assied sur sa chaise devant la porte pour écouter la radio, jouer
aux dominos ou discuter avec les gens qui passent. Virgine, elle, ne sort pas
beaucoup de son magasin. Elle passe ses journées à vendre, à faire la cuisine,
à faire des jus, à s’occuper de son mari. Elle était toujours disponible pour
nous (répondre à nos questions, nous apprendre comment faire des jus de fruits
ou des astuces de cuisine), à chaque repas, elle nous donnait une assiette pour
trois alors que nous venions de manger (en plus elle cuisine très bien). Tout
les soir ils jouaient ensembles aux dominos jusqu’à au moins 9h. Quelques fois,
leur fille jouait avec eux en tapant très fort les dominos sur la table ce qui
nous a valu de bonnes rigolades ensemble ou venait aider à la fabrique de Cassava.
Son fils de 5 ans, lui, était là chaque
après-midi, dans le shop ou dans la fabrique à tousser à cause des fumées du
feu de bois où deux messieurs travaillaient à faire cuire la farine. Un était
un proche voisin qui vivait dans un dôme en bâches et l’autre n’avait pas trop
d’habits et pétait très fort, on ne sait pas grand-chose de plus sur lui.
Deux individus
on aussi bien animé notre quotidien: le coq et le chien. Le premier commençait
à chanter vers 4h du matin et ne s’arrêtait qu’une fois le jour levé pour
laisser place à son cher collègue pendant encore une bonne heure.
Un gars vu
plusieurs fois qui ne parle qu'en bruitage et en geste pour te checker 12 fois
par jour. Le jour ou l'on a éplucher le manioc il y avait un gars malade
ou/et/voir plus bourré et drogué qui bougeait sa tête comme s'il avait des
spasmes et avançait d'un pas tout les quart d'heure (trop flippant). La plus
petite des trois soeurs on l’a peut vu, mais le dernier jour on a bien ri et
elle nous à fait des tresses. La deuxième aide beaucoup pour le Cassava bread.
FABRICATION DU
CASSAVA BREAD et FARINE DE CASSAVA
On commence par
éplucher le manioc, puis on le rince avec de l'eau et une éponge dans une
bassine pour qu'il soit bien blanc. Ensuite on le met dans une machine mi-
broyeur mi- moulin, on le rince à nouveau, puis on le met dans un sac et on le
comprime pour enlever l'eau. Quand c'est sec on le met dans un tamis géant, et
on casse les morceaux, on tamise le tout qui tombe dans une grande bassine.
Quand la farine est prête on le met dans un sachet hermétique pour le fabriquer
plus tard sur le lieu de vente. On peut aussi le mettre dans une platine en
fonte pour le faire sécher et en faire de la farine avec laquelle on peut faire
toute sorte de recettes : porridge, pizza, gâteau, etc.
Loan, Louis, Lola
Et en guise de fin provisoire,
ce texte
d’Ismaël :
.../On l’appelait l’île nature pour vendre ce
petit paradis, réputé pour ses cascades, ses arcs en ciels et sa végétation
luxuriante. La Dominique moi je l’aime surtout pour son authenticité. Mais la
nature n’est pas toujours aimable. Depuis la dernière fois, le cyclone est
passé par là. Maria est venue et a écrasé l’île. Maria, ils en parlent comme un
démon qui est passé par là, et qui a
tout broyé, tout engloutit sur son passage. Ils m’expliquent : « Maria m’a laissé une chèvre là ou j’en
avais 17 », « Maria a fait trembler si fort les cocotiers qu’ils
n’osent plus faire de cocos », « Maria a envolé mon toit », «
Dans ma maisons, maria a fait un tourbillon avec mes assiettes, mes livres et
tout ce que j’avais », « Maria a fait voler des poules, des
chèvres, de vaches, des voitures et même de gens », « Maria a
déplanté mes plantations, tu te souviens du champs d’ananas? Ils se sont
volatilisés », « Maria était si forte qu’elle a démolit les
montagnes, détourné les rivières, rasé les forêt », « Maria c’était
une nuit ». Moi je réponds souvent que je ne pourrais imaginer, que c’est
trop disproportionné. Alors, après Maria, il faut imaginer la pénurie, plus
d’eau, plus d’électricité, plus de matériaux de constructions, plus de plans à
replanter, plus d’animaux à élever, plus de touristes à promener, plus de
commerces pour acheter. Alors dans ce cas là qu’est ce qu’on fait? On reste
pour tout reprendre de zéro, tout recommencer? On s’expatrie a l’étranger
refaire notre vie, comme ces toujours plus nombreux immigrés climatiques? La
seul réponse c’est qu’il n’y a pas de bonne réponse et que, dans ce chaos
global, chacun, avec plus ou moins d’aide de l’extérieur a du reconstruire sa
vie. Certains sont partis et puis la vie continue. On sent que depuis deux ans,
toute l ‘énergie a été mise dans la survie, puis, petit à petit, dans la
reconstruction. Doucement, tout doucement, les routes ont été déblayées, les
réseaux restaurés, les logements reconstruits, les jardins repris en mains. Et
pourtant, il en reste tellement à faire… Partout ailleurs la nature a repris ses droits.
Alors, dans ce contexte là, on doit trouver notre place. Je ne suis pas sûr que
es compagnons qui découvrent l’île pour la première fois aient vraiment
conscience de la profondeur du bouleversement de cette toute petite île des
Caraïbes. Moi ma manière de me sentir investit, c’est de filer des coups de
mains aux gens qu’on connait. Alors après avoir pris des nouvelles de chacune,
on se lance dans les coups de mains. Aujourd’hui nous voilà chez Norman et Greta,
deux amis rasta, qui font pousser des chèvres pas loin de chaudière pool. C’est
d’ailleurs en cherchant cette fameuse cascade deux ans auparavant que j’étais
tombé sur cette merveilleuse petite famille, tout au bout du bout du chemin qui
mène tout au fin fond de leur petite vallée ou ils on fait leur vie. Dans leur
petit paradis, une petite maison, couverte de bardeaux, une hélice d’avion
exposée sur la façade et plusieurs carillons résonnant dans leur jardin,
remplis de milles saveurs. Pendant le cyclone, leur toit s’est envolé. Voilà
comment on se retrouve aujourd’hui perché sur notre toiture, à reprendre une
charpente et toute la couverture. Au son du générateur, avec Norman, Greta et
leur fils Kachon, avec Lola, Louis et les deux Loan, on fait des plans, on
mesure en pieds, on scie des chevrons, on visse des vis, on pose des tôles, et
au bout du bout de notre journée quand la nuit est déjà bien tombée, notre demi
pan de toit est terminé. La cabane est de nouveau protégée et même un petit peu
rallongée. On a du bol, il a fait beau toute la journée, La pluie peut
maintenant tomber autant qu’elle veut, elle ne gouttera plus sur nos amis
maintenant à l’abri. Remettant les quelques dernières finitions à demain, on
prend une bonne soupe (que Lola nous a préparée) avant de rejoindre la cabane a
outils, notre dortoir pour la nuit. Elle aussi a été complètement renversée par
l’ouragan. Avant de s’endormir au milieu des chatons de la maison, on se
raconte des blagues et des récits de nos randos respectives. On rigole bien,
j’ai passé une super journée. Je suis content d’être allé au bout de ce projet.
Isma