Lettre collective Horta
Nous voilà arrivés à Horta, on se balade dans le port et on admire les centaines de dessins sur le chemin pour aller manger une glace artisanale. C’est le dernier jour de Christophe à bord donc ça nous fait un super prétexte pour aller nous gaver de sucre en chantonnant pour le goûter ! Le lendemain matin Yawenn et Océ l’accompagnent à terre et le mettent dans un taxi qui l’emmènera vers de nouveaux horizons « glaciesques et francesignesques » ! Pendant la période Horta nous nous organisons de manière à ce que la fresque puisse avancer tous les jours. Un premier groupe composé de Michel, Mathys, Yawenn, Anouk et Océane reste au bateau pendant que les autre partent en rando.
Isaac, Yann, Chad et Matis, Tallia, Kathleen forment deux groupe de rando. Puis dans un second temps les groupes ont tourné pour continuer la fresque. Ce qui donne : Isaac, Yann, Chad (toujours en rando) Michel, Anouk, Yawenn, Mathys (en rando) et Océane, Matis, Tallia et Kathleen (à bord). Donc pour cette lettre collective nous vous avons fait une sélection de passages des textes, bonne lecture à vous.
Au bateau nos amis prennent l’espace…Par Océane
Être à 5 sur le bateau, c’est inhabituel. Le cata semble trop grand, les espaces ne sont pas comblés et en plus pour faire les tâches ménagères on est seul, chacun dans notre coque… Par contre le hasard a fait qu’on se retrouve chacun avec une grande couchette, respectivement notre co-cabinier n’était pas là. Ça donne Mathys dans la cabine avant bâbord. Il peut prendre l’espace et il apprécie. Puis Yawenn s’étale dans le grand lit en allant se coucher. Enfin Michel prend ses marques dans la cabine capitaine. Anouk fait également l’étoile de mer dans son lit double. Et moi je pique le coussin de Kath pour lire confortablement. Pendant ce temps ils s’occupent aussi d’une fresque car dans le port d’Horta chaque endroit est décoré d’une magnifique peinture. Chaque année depuis le début de l’aventure Grandeur Nature il y a un dessin et cette année Yawenn organise tout le dessin, propose une idée, et lance les opérations peinture.
La fresque par Yawenn
« Une nuit j’ai vu des nouveaux arrivants, un gros cata marrant, avec plein de jeunes.
Ils ont posé l’ancre dans le sable devant chez moi.
Le lendemain plusieurs membres de leur équipage sont venus me voir, enfin plutôt admirer les dessins tatoués sur mon corps.
Le soir ils sont venus avec un gros pot de peinture blanche qu’ils ont commencé à m’étaler dessus.
Ça me faisait rire car ils se vantaient d’être des peintres en bâtiment…
Bon moi je trouve que je ne ressemble pas à un bâtiment… enfin… peut-être…
Après avoir peint un grand carré blanc ils sont retournés à leur bateau en pagayant sur un mini truc gonflable.
Le surlendemain, ils sont revenus avec encore plus de peinture mais cette fois c’était d’autres personnes.
Un grand blond et un autre avec une petite moustache et encore deux jeunes d’à peu près 15 ans un garçon et une fille. Ah oui et il y avait aussi une dame aux cheveux longs.
Ils commencèrent à dessiner les continents puis sur les cotés de la terre ils mirent des pointes, des pointes 4 points cardinaux.
Et enfin ils dessinèrent plusieurs ballons reliés à une escale.
Par exemple Fernando : ils mirent une vague, la Guyane un porté de cirque et pour le Banc d’Argent une baleine avec un bateau qu’ils surnommaient Popol.
Bref, vous avez compris ! En plus en faisant tout ça ils étaient plusieurs à s’entrainer à une musique à la guitare qu’ils surnommaient la nonchalante.
Une fois leur travail fini, ils partirent, d’après ce que j’avais compris voir le jardin botanique.
Dommage moi je les aimais bien en plus ils faisaient un beau dessin.
Mais bon je crois qu’un autre groupe vient bientôt. »
Les relations humaines par Michel
Alors en quoi est-ce si important de faire des choses ensemble ? Peut-être parce que les choses deviennent alors l’occasion de se frotter l’épiderme à l’autre, le prétexte de se renifler, le moyen de s’apprivoiser. Voilà, là on est en dessous de l’écume, là on entame un voyage qui n’est pas près de s’arrêter, là on s’attaque à du lourd, là on s’embarque vers une île aux contours imprécis : l’autre.
Alors, bien sûr la Dominique ressemble à un verger qui donne une idée de ce que devait être la terre au premier matin du monde, mais Genette, mon vieux, Genette. J’échange toute les mangues et les bananes, les caramboles et tout le reste contre un seul sourire de Genette.
Alors, bien sûr, les dauphins « rotadors » de Fernando, et ses tortues luths de six cents kilos, mais Pedro, mon vieux, Pedro !
Bon, j’arrête là, vous avez compris le propos, je pourrais faire cela pour toutes les escales de l’expédition….
Alors, ces trois jours à bord ?
Ben on s’est reniflés !
Et ?
Ben, j’en redemande !
Pendant ce temps Kat, Matis et Tallia randonnent sur l’île de Faial, Matis raconte le premier après-midi :
« 10 min plus tard nous serons pris par une femme et sa fille, elle nous parle, on passe devant un aéroport, elle nous dépose là où on veut et on remarque un super beau tatouage sur son bras, c’est une sirène, impressionnant. La fille dit qu’ aujourd’hui c’est les vacances. J’aurais aimé rester plus longtemps mais pas de chance nous sommes arrivés. Après un au revoir on descend vers les piscines naturelles, ça ne me donne pas envie de me baigner mais par contre on regarde les vagues s’écraser contre les roches. On remonte et nous allons dans le parc à côté, ça fait de la marelle, de la balançoire. On s’en va, on marche encore un peu, on arrive devant une église, on va au cimetière et on repart aussi vite qu’on est venus. On fait du stop mais personne ne nous prend. Tout à coup une fille qui s’appelle Johanna nous prend et nous emmène dans un endroit où on peut dormir tranquilles, on met la tente et le hamac, on fait un « babadaboum » de pierres. On emporte pain et fromage et on va aux piscines naturelles, on mange et au retour Kat ne passe pas par la sortie en escalier.
Le soir des puffins font des bruits chelous, alors je préfère dormir dans la tente, à trois dans la tente .
Ensuite c’est au tour de Tallia de nous faire découvrir deux personnages hauts en couleurs, qu’ils ont rencontrés pendant leur deuxième jour :
« 2 personnes à la table de derrière commencent à nous parler, ils s’appellent François et Évelyne, ce sont des Français et ils nous posent des questions sur Grandeur Nature car j’avais mis le tee-shirt. Au fil de la discussion ils nous disent qu’ ils peuvent nous emmener si on voulait. Kat, et Matis montent dans le coffre du Kangoo et moi à l’avant car à l’avant il y avait 3 places.
Matis et moi on dit à Kat : « Allez, viens, on passe dans leur maison qu’ils ont louée, il y a une piscine et tout ça a l’air trop bien, on reste 1 ou 2 heures pas plus ». Tallia a aussi fait une rencontre… mordante : « Après le ping-pong avec Évelyne on va se baigner puis je lui dis que j’aimerais voir les ânes, donc on y va. Ohhh ils sont trop mignons... jusqu’au moment où un d’eux me mord le ventre, on devine qu’ils ont faim donc on va leur chercher de quoi manger. On revient avec des trognons de pommes et une poire. En les leur donnant un des deux me mange la main, je garderai un beau bleu à cause de lui.
Yann, Isaac et Chad nous racontent ensuite leur nombreux moments de rigolade tant sur Pico que sur Faial « On va manger car il est quand même 11 heures 30 donc direction le premier magasin venu pour trouver fromage, pain, etc. Puis on retourne manger à l’ombre d’un arbre. Après ce bon repas on part direction Lajes et vu que nous somme naïfs nous avons cru aux dires de NINI : « Le stop ça marche bien ». QUE NENNI, FOUTAISE et BALIVERNE, en 45 minutes 0 voiture, donc on est partis marcher dans les vignobles, c’était très beau et comme toujours avec Yann et Isaac on rigole bien Yann et moi nous parons de magnifiques hortensias qui font bien rigoler tout le monde. On finit par prendre le goûter au bord d’une piscine naturelle.
Picosinho par Yann:
Oh Pico, Oh Picosinho, Oh Picosinha.
La montagne se dévoile à celui qui se lève tôt, la vue est prenante.
Le moulin rouge et vache de Lajes est « tanqué » sur son plateau volcanique et en arrière plan , une montagne qui aurait pu être dessinée par un enfant de 4 ans, tant elle est parfaite et simpliste. Le soleil l’éclaire progressivement de haut en bas, quelle manière délicate pour s’offrir au monde.
Je réveille mes deux dormeurs, pour un petit-déj’ frugal dans notre magnifique bivouac de béton. Dans cette rando, nous retrouvons notre instinct enfantin, donc quoi de mieux que de dormir da
ns une école primaire en plein travaux ?
Branle-bas !
Nous partons pleins d’entrain vers Lagoa do Capitão au sommet de la cordillera centrale, au pied du Pico. La montagne ça monte, et c’est beau… Après une bonne heure de marche dans une végétation luxuriante, bercés par le chant des oiseaux, nous avançons d’un bon pas ! La routine s’installe, Chad secoue la main à toute les voitures allant dans le sens inverse et compte les bonjours, il fait des révérences aux bus, Isaac, lui, fait le signe du klaxon au camion et compte les « Pouet Pouet »
Plus tard sur Faial par Isaac :
Chaaaaad, réveille- toi. On tire le nez du petit veau pour le réveiller. Ce matin il fait beau, la Caldeira est dégagée, c’est décidé on y va. On n’a pas à manger, c’est la dèche. Avant de marcher on est obligés de manger parce que sinon on va mourir. Mais bon on n’a pas de carte, du coup on espère trouver un village en chemin. Après 2H30 de marche sur le bord de la route, on arrive au village de Praia do Norte, Notre petit-déj’ éco de 11H30 est composé de 2 paquets de céréales et 1 litre de lait. Les bides remplis, direction la Caldeira à pied ou en stop. Aucune voiture ne nous prend, on est aux portes de la route qui grimpe jusqu’au cratère. Une route bien défoncée, on est réalistes : on devra gravir la montagne à pied car aucune voiture ne passera ici. Faux espoir pour notre petit veau car un 4X4 nous prend mais juste pour 500m plus loin. 13H30, pause pour manger notre demi-fromage, nos feijaos et notre pain. Après moult et moult raidillons, on arrive à 15H à la Caldeira. On découvre sur la carte qu’on a fait le plus gros détour possible qu’ on pouvait faire, on a longé le pied de la montagne pendant plus de 15 km puis monté à pic pendant 7 km, « belleza ». On rencontre des Français, Chad est insupportable, il reste bloqué avec son vieil accent, il n’arrête pas. On descend direction Horta, à 17H45 le stop sera possible, pas avant sinon on n’aura pas assez marché.
Pendant ce temps au bateau .Pas de stress comme à la messe par Tallia :
Aujourd’hui il y a trois personnes qui ont visité un peu Horta et aussi Porto Pim et ils y ont même fait un pique-nique avec leur salade et des petits trucs achetés en boulangerie. Sur le retour ils passent devant une église. On est dimanche donc il y a la messe. Ils entrent dans l’église, curieux de découvrir les messes de Horta. La messe a déjà commencé, des regards se posent sur eux et de magnifiques chants se font entendre. Puis tout le monde (sauf nos 4 compagnons) fait la queue pour avoir une hostie. 10 minutes plus tard c’est fini, nos 4 amis sortent le sourire aux lèvres.
Les trois sorciers par Matis Kirikou :
Matarcaz saute de son âne à bout de souffle. Il met la casserole sur le feu, il met la pâte dessus, 3 minutes ça forme quelque chose. Il la retourne en la faisant sauter et dépose la pâte dans une assiette.
- Pousse-toi je vais faire un sort.
- Jqebhfoqiyzrbg. Amen !
Un trait violet touche la chose dans l’assiette, dix secondes plus tard, des yeux, des pieds et des mains apparaissent.
- Bonjour papa, bonjour maman !
- On va l’appeler Crêpe !
Il se lève et commence à marcher. Les sorciers apprennent les bases à Crêpe, ce qu’il faut savoir et ce qu’il ne faut pas faire. Ils le couchent tôt car demain il doit encore travailler. Son père lui dit dans sa chambre :
- Surtout tu ne vas pas dehors.
- Oui papa.
- Allez, bonne nuit !
Les glaces par Kathleen :
Depuis le début du voyage nous en dégustions une à chaque escale, durant celle-ci nous avons particulièrement pris le temps, tels des explorateurs du goût, de tester toute les fragrances. En effet, je parle des glace artisanales de l’Atlantico. Comme notre cher Marcel Proust l’a illustré avec sa fameuse madeleine, nous pouvons grâce à nos cinq sens, garder en mémoire des centaines de souvenirs. Ces sensations vécues nous reviennent au corps en un instant. Elles nous surprennent, nous racontent des histoires sur nous-même, nous mouillent parfois le cœur et nous réchauffent l’espoir. J’ai envie de vous parler d’un parfum qui me touche : le beurre de cacahuète !
L’équipage se retrouve tout souriant, la fresque est presque finie, tout le monde œuvre à ce qu’elle soit terminée avant le départ. Pour notre plus grand bonheur après avoir écrit les textes, fait les lessives et tout le tintouin, on va, comme pour se récompenser, manger une bonne glace. Les amarres larguées nous entamons la navigation vers Sao Miguel, mais ça ce n’est pas à nous de vous le raconter. À plus tard pour suivre les aventures de vos onze choubidous préférés !
NEELHTAK et DAHC
En Petit bonus de dernière minute, Yawenn vous offre une histoire qu’un des phares de Faial lui a inspiré.
« Le phare en terre »
Je vais vous raconter une très vieille histoire qui date de l’époque où j’étais gardien de phare aux Açores, sur l’île de Faial.
Hum… Alors commençons.
C’était un jour de tempête (le 27 septembre 1957).
Toute la journée j’avais passé mon temps à surveiller le phare car des vagues puissantes s’éclataient dessus.
Alors j’allai me coucher tôt.
Je pensais passer une bonne nuit car les vagues s’étaient calmées, mais ce ne fut pas la meilleure.
À minuit un craquement me réveilla en sursaut.
Je me levai pour regarder à la fenêtre mais rien…
Alors je retournai me coucher.
À une heure tapante cette fois, ce fut un énorme grondement qui m’éveilla.
Je courus à la fenêtre. Rien…
Je l’ouvris… Une odeur de cramé m’assaillit et un amas de cendres entra dans la chambre.
Pris de panique, je refermai la vitre à toute vitesse, à ce moment-là je vis un énorme nuage de fumée grise éclairé par le faisceau lumineux du phare sortir de la mer.
Tout le sol vibra, des pans du mur tombèrent sur moi. Je courus m’abriter sous le lit. Pendant une demi-heure les vibrations ne s’arrêtèrent pas.
Quand le bruit se calma je sortis de ma cachette. J’escaladai les décombres de l’escalier et finis par arriver en haut près de la lentille.Un paysage de désolation éclairé par le phare s’offrit à mes yeux.
Toute la verdure de l’île avait disparu, laissant place à du sable noir.
Je ne voyais pas la mer, une épaisse fumée la cachait.
J’entendis un gros craquement, j’eu juste le temps de regarder au-dessus de moi pour voir le plafond s’effondrer, ma dernière pensée fut : mon phare.
Puis plus rien…
Le lendemain le soleil me réveilla, je sortis ma tête des décombres, une chance que je sois encore vivant.
Dehors la fumée avait disparu laissant place à un paysage dévasté. De plus la terre avait remplacé la mer.
Depuis ce jour le phare de Capelinhos fut surnommé le Phare en terre.
Yawenn