Le 06 février : Portsmouth, Dominica.
C’est un matin comme tous les matins en Dominique, le soleil
se lève, nous aussi… Il y a des gros nuages et de la pluie sur les montagnes en
face de notre mouillage. Parfois, nous recevons quelques gouttes, ou bien ce
sont de vraies averses. Le petit déjeuner, qui pour certains, est un vrai repas
puisqu’ils engouffrent : Riz/céréales sucrées/pains/porridge/confiture et
beurre de cacahuètes. Le tout
arrosé de café, de thé ou de chocolat au lait.
Suivent les tâches ménagères qui nous prennent un bon quart d’heure efficace. Ensuite
c’est une journée entre deux randonnées et comme c’est la troisième fois, tout
le monde sait ce qu’il a à faire. Terminer les textes de la rando précédente,
se les lire, les recopier (cahier et ordinateur), mais aussi faire leur
lessive, pour ceux qui n’ont pas eu le temps de le faire hier !
Faire des courses pour ceux qui sont de cuisine. Certains
ont un planning minuté tellement ils ont de choses à faire, d’autres traînent
déjà, désœuvrés et il va falloir les occuper !
Il faut aussi décider qui repart en balade et qui reste au
bateau, faire les groupes, et pour une fois nous demandons à chacun ce qu’il a
envie, nous (les grands) n’avons pas fait les groupes, et là c’est plus
compliqué !
C’est moi-je, moi-je… « J’ai pas trop envie
d’être avec machin, j’ai pas trop envie de marcher, ou plus positif : moi
tout me va, il y a pleins d’endroits où j’ai envie d’aller et des rencontres à
faire ! » .
Pour ma part je reste au bateau pour finaliser la maquette
du prochain journal que Philémon et Anaëlle ont fait, car nous voulons
l’envoyer de Guadeloupe.
Reste avec moi : Dayan et Jade qui sont responsables du
matelotage, qui ont du travail à faire sur les filets et des cordages à
changer. Puis Chloé qui ne participe plus à rien depuis la première rando, où
elle a rapidement été un boulet et a décidé qu’elle ne voulait plus faire
d’efforts et préférait rentrer en France. Depuis, elle est à peine avec nous,
préparant son retour dans le Nord le plus vite possible…
Tous les autres préparent leurs sacs, regardent la carte de
l’île et sont prêts pour de nouvelles aventures… Quelles aventures me
direz-vous ? Et bien j’ai choisi des extraits de textes de tout le monde,
qui raconte notre première rando de 5 jours. C’est donc une longue lecture qui
vous attend, aussi pour nous faire pardonner ces trois semaines sans
nouvelles !
D’autres se chargeront de vous raconter les 2e et
3e rando et la fin de notre escale en Dominique. Il s’est passé
encore beaucoup de choses…
Christophe.
Le 12 janvier :
Il est minuit moins dix lorsque nous regardons l’heure avec Anaëlle. Dans 15
minutes, c’est déjà la fin du quart. Je suis surprise de la vitesse à laquelle
il est passé. La lune s’est levée énorme sur l’horizon, orange. C’est quand
même génial les quarts, des moments à part. On se lève en pleine nuit, on
découvre le ciel étoilé et « granuleux ». On peut échanger sur nous,
raconter des blagues ou énigmes de moines à rallonge, parler du monde et de la
galaxie. Ou juste apprécier le silence, ou plutôt le bruit de l’eau qui
s’écoule à toute vitesse sur les coques.
Car oui, nous filons à toute
vitesse en direction de la Martinique. En 24 heures, nous avons déjà parcouru
les 200 Milles sur les 660 qui nous séparent du Marin. 10 nœuds en moyenne, au
travers. Un vrai plaisir ce bateau. L’eau est passée du Marron, au Vert, puis
ce matin au réveil, au bleu de l’Atlantique.
La houle, cependant, est croisée
et sa hauteur varie suivant la tête d’Hélène de 3 à 4 mètres. Alors nos petites
natures, ils font forts eux aussi. J’ai appris le mot « bucket » ce
matin en cours d’anglais. Car à la fin de la journée, Anaëlle a rempli 5
sceaux, Philémon 3, Dayan 1 mais en un seul jet. Et Moussa s’est occupé de
l’évier. Elodie
Le 13 janvier : Après un mois où le bateau est on ne peut plus
stable, nous voici au travers avec une houle croisée. Du coup, l’équipage est
au ralenti, malgré les réveils musculaires d’Elodie, les cours d’anglais
d’Hélène et les batailles de sargasses de Christophe, nos jeunes matelots
dorment beaucoup, même parfois la tête dans le bucket !
Rassurez-vous à ce rythme-là, ça ne va pas durer. Notre beau
GN défonce tout encore une fois. Les 660M qui nous séparaient des Antilles sont
croqués en 3 trois jours… Tit
Le 14 janvier :
Dans quelques heures nous serons au Marin. Le temps est alizéen, tout le monde
a repris des couleurs… Le soleil ne va pas tarder à en rajouter d’autres sur la
peau de certains. On se remet au boulot que l’on avait prévu de faire pendant
cette navigation mais que l’état de la mer n’a pas vraiment permis : les
textes, la maquette du journal etc… À 15 heures, nous sommes mouillés au milieu
de plusieurs centaines de bateaux, en face des immeubles, comment dire, ce
n’est pas tout à fait comme la Guyane, le choc est un peu rude ! Thierry
part déjà en ville pour se renseigner pour une nouvelle annexe et un voilier
pour la réparation de la GV. Les cuisiniers partent avec lui pour acheter du
frais pour ce soir. Christophe
Le 15 janvier : On
quitte la baie du Marin et on hisse les voiles. Cap sur l’anse Chaudière un peu
plus au nord. En chemin, on passe près du Rocher du Diamant où nichent beaucoup
de paille en queue. Tit nous explique qu’on ne peut pas y accéder car on se
ferait assaillir à coups de becs. Christophe me raconte qu’à l’époque de la
conquête du monde par les pays européens, les Anglais y avaient installé un
bastion qui gênait tous les navires français aux alentours. Pour récupérer ce point
stratégique, les Français envoyèrent une barque pleine de rhum sur la berge.
Les Anglais burent tout ce qu’ils purent et furent tellement soûls que les
Français n’eurent aucun mal à reprendre l’îlot. Nous mouillons dans l’anse
Chaudière où il n’y a pratiquement personne. Le paysage est beau et vert sauf
la ville au fond de l’anse. Lors du goûter, les adultes remarquent que des
affaires n’ont toujours pas été rangées alors que tout le monde avait dit que
c’était fait. Ce point-là, comme beaucoup d’autres, fait perdre du temps et au
lieu d’aller plonger dans ces fonds magnifiques, on se prend la tête sur
quelque chose qui devrait être fait et qui devrait être une initiative. Malgré
cela, certains ont quand même le temps de plonger avant la nuit et rapporteront
des coquillages et des squelettes d’oursins. Dayan.
16 janvier : On
se réveille à anse Chaudière, nous déjeunons vite fait pour ensuite partir à
Fort de France. On lève le mouillage et nous hissons la G.V. Une fois arrivés,
nous mouillons dans le petit port et nous nous préparons pour aller à terre.
Une fois sur le ponton, nous faisons 3 équipes. Christophe à internet, Tit au
ship (magasin d’accessoires pour bateau) et le reste du groupe part au marché.
Arrivés au marché, nous voyons plein de fruits et légumes de toutes les
couleurs, des colliers et bracelets divers et variés, des épices, du rhum, du
café, du cacao, de la vanille et plein d’autres choses dont je ne pourrais vous
dire le nom. Jade et Elo iront acheter du poulet et de la salade pour ce midi
pendant que nous, irons acheter des fruits et légumes, mais ici les prix sont
très élevés car c’est un marché à touristes : la pastèque fait 13 euros.
Nous laissons donc tomber les fruits et légumes et on se dit que nous
achèterons le frais en Dominique. Hélène a acheté un sachet de canne à sucre et
ce n’est pas si mauvais. Nous visiterons un stand de colliers et bracelets tenu
par une rasta très sympa, qui nous offrira une bague en coco. Nous retournons
au bateau. Moussa.
Le 17 janvier: Arrivée
à la Dominique : Mais déjà, la journée
de nav s’achève et l’approche de Portsmouth me rappelle une autre époque
révolue : ma vie aux Antilles. J’aimais beaucoup venir ici quand j’étais
jeune marin. On tirait au sort qui resterait à bord et on partait dans la forêt
pendant quelques jours. Tiens, mais, c’est ce qu’on va faire maintenant
aussi ! De mon temps, le mouillage était tranquille et l’eau était claire.
Ah, ben là aussi !
De mon temps, il y avait des fêtes sur la plage, on écoutait
du ragga. Mais, qu’est ce que c’est que ce bruit ? On peut donc pas dormir
tranquille ?
Au premier abord, il semblerait que la Dominique soit
toujours aussi belle et joviale que dans ma jeunesse (hé oui, mémé tire sur ses
43 ans bientôt !).
J’ai hâte d’aller redécouvrir cette île. Les enfants dorment
à la belle étoile sur le filet, le bateau tire gentiment sur sa chaîne. C’est
une bonne escale qui s’annonce, la vie sous les tropiques est bien agréable.
Je ne peux m’empêcher d’espérer que ceux qui n’ont pas
encore compris que le temps passé ne revient jamais vont se réveiller et
prendre leur voyage en main. Ceux qui le font déjà me donnent le sourire :
c’est vraiment chouette de les voir grandir, s’éveiller et s’émerveiller,
réfléchir, partager leurs réflexions et se construire sous le soleil des
Antilles. Hélène
Le 18 janvier…Vers la
fin du déjeuner, un bar sur la plage juste en face du bateau démarre son sound
system à fond. Ah ! La première heure, c’est sympa, ça met un peu
d’ambiance, on danse sur le pont. Les adultes se font une réunion
« rando » à bâbord, pendant que nous, on répond aux questions du
bilan des 4 mois. Peut-être que vous êtes curieux de connaître ces questions,
vous qui nous suivez de loin :
- Qu’as-tu
appris pendant ces 4 mois ?
- Que
fais-tu aux autres que tu n’aimerais pas que l’on te fasse ?
- Cite
2 métiers que tu voudrais faire ou qui t’intéressent
- Qu’est-ce
qui a changé chez toi depuis le départ ?
- Qu’est-ce
que tu dois changer dans ton attitude pour t’améliorer ?
- Fais
un bilan de tes relations avec chaque personne de l’équipage
Autant vous dire qu’y répondre prend du temps. Dès demain,
on passera individuellement faire le débriefing de nos réponses.
2ème heure de musique : l’ambiance est
quelque peu… Electrifiée par la tension de ceux qui n’ont pas pu faire leur sieste,
contraints d’écouter « la danse du cheval », même la tête enfoncée
sous leur oreiller.
3ème heure : Elodie nous propose un cours
d’improvisation théâtrale au rythme de la zouk qui commence vraiment à gonfler
tout le monde ! On s’échauffe : il faut marcher puis tout à coup
faire les canards, se mettre en rond, fermer les yeux et se laisser guider par
les autres, ramper parterre et se marrer en regardant les autres faire pareil…
Même les plus sceptiques y prennent goût ! Puis vient la première impro,
on fait 2 groupes : Hélène-Kaïs-Dayan-Moussa, et Jade-Philémon et moi.
Chaque groupe donne à l’autre un personnage, un lieu, et une action. C’est donc
tout naturellement qu’Hélène alias Louis XIV a gravit le Teide portée par ses 2
larbins, guidés par le bouffon du roi, Moussa, mais qu’ils se sont retrouvés au
Mont Blanc; pendant que je suis devenue Toussaint Louverture, que j’ai libéré
l’esclave Philémon du maître Jade… Et à danser le zouk en Martinique (??!).
Bon… Vous l’avez deviné, on n’est pas encore au point. Par contre on a
tellement rigolé qu’on a hâte de recommencer !
4ème heure : Chacun vaque à ses occupations
en fredonnant nerveusement les airs qui passent. La nuit ne va pas tarder à
tomber, on abdique : le reggae love 1 – l’équipage 0, on repart mouiller
de l’autre côté de la baie. Anaëlle
Journée du 19 janvier
- BON ANNIVERSAIRE. Ce matin, après les tâches, nous partons tous à terre avec
nos sacs. Mais non, ce n’est pas les départs en rando, nous allons à la rivière
indienne pour laver nos draps et quelques slips sales qui ont besoin d’un coup
de brosse. Nous montons dans les hauteurs de la ville de Portsmouth. Et d’un
coup, nous bifurquons de la route bitumée à un chemin boueux insoupçonné. Nous
redescendons le sentier en nous enfonçant un peu dans la forêt pour rejoindre
la rivière où le groupe de Tit, Elo, Kaïs, Dayan et Philémon avaient déjà
commencé à frotter. Nous nous mettons à la tâche et une fois finie, une
bataille d’eau qui finira en baignade pour tout le monde éclate. L’eau est
fraîche, mais elle nous dessale et ça fait du bien. Pour rentrer, nous décidons
tous de prendre un sentier un peu plus long et qui nous fait faire une balade
en forêt. Mais surprise, le sentier se termine en une ultime montée qui est
semée de bouses, de plastiques, d’emballages et de déchets en tout genre. Pas
la peine de vous décrire la puanteur qui émane de la montagne de déchets. Vient
l’heure de la célébration de l’anniversaire d’Hélène. En entrée, nous avons un
pamplemousse et en plat de résistance, des nouilles chinoises avec des légumes
sautés accompagnés du chicken « ouaf ouaf » et de sa sauce citron. Et
enfin en dessert, le gâteau cappuccino accompagné des 4 bougies symboliques.
Les bougies soufflées et le gâteau servi, vient l’ouverture des cadeaux. Elo
lui a fait Iggy l’iguane, une peluche à base de bourre de coco et de riz. Tit
lui a fait une attrape-rêve. Dayan a confectionné un
chouchou-collier-bracelet-attrape-rêve catholique. Chloé lui a fait 2 bracelets
brésiliens. Moussa, un collier avec une jolie porcelaine trouvée en Martinique
et Kaïs lui a offert la carcasse puante d’un sand dollar encerclé d’un bracelet
brésilien. Christophe lui a offert un bouquin sur le Che et un autre sur la
géographie des Caraïbes. Philémon lui a fabriqué deux petits bonshommes à base
de graines trouvées dans les escales précédentes, Anaëlle lui a fait un
bracelet de cheville et une aquarelle sur une carte postale et moi je lui ai
fait 3 balles anti-stress de textures différentes prénommées Jade, Moussa et
Chloé avec une fleur de lotus en origami. Le tout agrémenté d’une carte signée
par chacun des membres de l’équipage.
Voilà, encore bon anniv LN. Jade.
Le 20 janvier :
Bilans. Le matin nous avons tout d’abord commencé par faire un planning de ce
qu’on devait faire durant la journée, qui est souvent constitué de :
- Faire
les textes
- Regarder
la carte
- Ecrire
dans le journal de bord
- Commencer
les cadeaux pour Anaëlle
Plus passer en contrat. C’est une journée où tout le monde
devrait être bien occupé. Les adultes commencent à faire le bilan de Jade. Son
bilan aura bien duré une bonne heure, voire 1h30. Pendant ce temps-là, certains
bricolent, d’autres lisent, d’autres écrivent. On s’occupe tous, chacun
sagement de notre côté. J’allais oublier : les adultes durant le petit
déj, nous ont aussi donné les groupes de rando, au nombre de 4, constitués pour
le premier de : Tit, Anaëlle, et Moussa qui restent sur le bateau ;
pour le deuxième Jade et LN, pour le troisième, Elodie, Dayan et Chloé et pour
le quatrième, Christophe, Philémon et moi.
Revenons aux bilans et d’ailleurs c’est à moi d’y aller
enfin à l’un de nous mais je me chamaille gentiment avec Philémon pour être le
prochain. J’entre dans le carré tribord où les adultes sont encore en train de
parler à Jade mais très vite ils me regardent et on commence le bilan. Pour le
cadre « non, bof, minimum, bien, super ». Les adultes étaient
d’accord pour me dire que je me suis plus sous-évalué qu’au dernier bilan. Leur
conclusion est que, soit j’ai ralenti le rythme, soit je suis plus conscient de
ce que je fais et ce que je ne fais pas.
Ensuite viennent les 6 questions et mes relations avec les
autres. Ce qui en est sorti, c’est que j’ai de très bonnes relations avec les
adultes et les jeunes de famille mais ce qui est drôle c’est que pour les
autres personnes de l’ASE je n’ai pas les mêmes relations. À mon grand regret,
Hélène m’informe qu’à certains moments, je pouvais en mépriser plus d’un. Mon
bilan est terminé, mon contrat aussi. Kaïs
Extraits des textes de randonnée…
Partons avec Christophe,
Kaïs et Philémon (extraits
choisis par Christophe) :
Premier jour de rando, mercredi 21 janvier : Nous
décidons de ne pas passer à Portsmouth pour faire nos courses de frais, mais de
partir directement sur le Waitikubuli, chemin qui traverse l’île du nord au
sud. Nous ferons nos courses dans les petits villages qu’on croisera. (Dans un village) Nous demandons à une femme où est ce que nous
pourrions acheter du frais et elle nous répond que cela n’est possible qu’à
Portsmouth. Tant pis, on trouvera des fruits, mais on ne va pas faire
demi-tour. On grimpe une côte et on arrive à un pamplemoussier qui a énormément
de fruits. On ramasse ceux qui pourrissent par terre parce que Christophe ne
veut pas qu’on cueille, sous prétexte que ça appartient peut-être à quelqu’un.
Mais il disparaît derrière l’arbre, on entend une pierre voler, toucher l’arbre
et retomber. Du coup, Kaïs prend un morceau de bois et décroche 7
pamplemousses. Un pour maintenant et un pour plus tard. (..)
Réussirons-nous à faire 2 étapes en une journée ? Bonne question. En tous
les cas, nous entrons dans la forêt et descendons. Ce n’est vraiment pas un
pays plat, la Dominique ! Sur la montée suivante, nous nous trouvons dans
l’obligation de faire une pause car Christophe n’en peut plus. S’asseoir 5 mn,
un petit coup d’eau et ça va tout de suite mieux. Nous reprenons notre
ascension dans la forêt. Il y a des cocos germées un peu partout au bord du
chemin et de temps en temps, on en entend une tomber. C’est pas très
rassurant ! Nous apercevons le ciel bleu pas loin. Ah non, le chemin
tourne et ça monte encore. On arrive enfin en haut pour redescendre. En face,
nous apercevrons une autre montagne que nous devrons escalader. Christophe se
plaint « ils ne pourraient pas faire des ponts ? Moi j’aime pas la
montée ni la descente » ./. Après je ne sais combien de temps de marche,
de montées, de descentes, de montagnes à escalader ou contourner, nous
apercevons des maisons. C’est Delaford et le panneau du Waitikubuli segment 13.
On a réussi ! 8 km, 3h30 de marche et difficulté modérée. Nous faisons le
plein d’eau, une petite pause et Christophe va demander où nous pourrions
dormir. À son retour, il nous dit qu’il y a une maison pas finie dans laquelle
nous pourrons mettre nos hamacs. Philémon
2è jour de rando, le 22 janvier : …/… On part vers Bwa
Nef Falls, une jolie cascade. Nous partons, nous ne ferons pas de stop, nous
passons par plusieurs chemins et par plusieurs villages qui ne font que monter
et descendre. À chaque passage, dans un village, nous cherchons toutes les
petites épiceries en leur demandant « do you have ice cream ?» et ils
nous répondent « no ». On fait cela pendant plusieurs heures en
marchant sur la nouvelle route que des ouvriers sont en train de construire.
Christophe nous dit que c’est parce qu’il y a des élections que les travaux se
font maintenant. (…) Ça y est, nous voyons la cascade, il suffit juste de
traverser ces rochers et on y est. On se lave, on se baigne, Philémon me
regarde et me dit qu’il trouve l’eau froide. Je le regarde d’un air étonné car
je trouve que l’eau est juste bonne. Après avoir profité de cette magnifique
cascade, nous repartons. Nous passons par Ponville, Vieille Case, Tobino,
Thibaud, Anse de Mai, Bense (..) Où nous irons dormir à côté de deux rivières et
de leurs bassins où l’on peut se baigner, l’endroit s’appelle Chaudière pool. Kaïs
3è jour, le 23 janvier : …/…
Une nouvelle journée d’aventures commence ! Où serons-nous ce soir, aucune
idée, nous continuons à nous rapprocher de chez Genette. .../… Je reprends ce texte au lever du
jour sous un kiosque au bord de la mer à Woodford Bay. Cette nuit, on voyait
parfaitement la Guadeloupe et Marie-Galante, enfin, les lumières de la côte,
mais là, les nuages l’ont presque fait disparaître… Hier après-midi, nous avons
continué à marcher. Et nous sommes arrivés à la plage de la pointe de la Soie,
lieu où j’ai déjà campé avec Véro et Lila et le premier soir du dernier voyage,
avec Théo et Evolène.
Nous traversons à pied une petite
rivière qui fait un mètre de large et 10 cm de profondeur, ou le fleuve selon
Philémon pour qui tout cours d’eau qui se jette dans la mer est un
fleuve !.../... Mais là,
c’est pas super, il n’y a pas d’arbres pour mettre les hamacs, comme il n’est
pas très tard, nous partons pour essayer de trouver mieux ; on repasse le
fleuve ! Je dis à mes deux compagnons que, ok, on change d’endroit mais
qu’ils se débrouillent pour trouver mieux ! Et je regarde la carte, je
leur fais remarquer que plus loin, il n’y a plus vraiment de plages car la
route rentre dans les terres, que l’on se rapproche de l’aéroport et de la
ville de Marigot et qu’il faudra
trouver un abri. On marche un peu, arrive un pick-up avec déjà du monde à
l’arrière mais qui s’arrête. Philémon va parler avec le chauffeur qui lui dit la
même chose que je viens de lui dire et propose de nous déposer à un hôtel près
de l’aéroport. Quand on dit que l’on ne veut pas aller à l’hôtel, tout le monde
nous dit qu’il vaut mieux faire demi-tour et retourner à la plage d’où nous
venons ou celle d’à côté où il y a de la lumière et une maison. On fait donc
demi-tour et Philémon me dit que ça va, pas la peine de rigoler ! Christophe
4e jour de rando :…/...
Aujourd’hui, on a rendez-vous chez Genette alors on devrait se débrouiller pour
arriver dans l’après-midi ou plus tôt…/… Il est bientôt l’heure de manger et en
haut d’une côte, nous distingons une petite épicerie avec à côté des grosses
enceintes et un vendeur de bokit,
poulet frit et bâtonnets de saucisse. Christophe achètera du maquereau, du
pain, pilons de poulet et glace. Les glaces, nous les mangerons comme
d’habitude en entrée. Philémon et Christophe décident que nous irons
pique-niquer à ISULAKATI waterfall qui est une cascade au bord de la mer dans
un soi-disant village amérindien reconstitué. C’est juste un village avec plein
de stéréotypes pour amuser les touristes américains. Nous déjeunerons à coté de
la cascade, d’un filet de pêche en plastique à côté d’une pancarte où il y a
marqué : « terre rouge que mettaient les indiens ». Après manger,
on se baigne dans la cascade et dans les bassins. Pendant qu’on se baigne, un
homme vient dire à Christophe qu’il faut payer quelque chose. Après la
baignade, nous partons chez le directeur qui nous demande 20$.../... On part
chez Genette qui est en haut d’une côte très abrupte, alors une fois chez elle,
c’est avec un grand sourire qu’elle nous ouvre ses bras. Son fils nous emmènera
chercher des cocos et des cannes à sucre. Kaïs
5e jour de rando, Dimanche 25
janvier : .../... Genette vient nous chercher pour faire une rando, nous
montrer la nouvelle route et d’autres trucs, mais on n’a pas tout compris,
surtout que ça changeait tout le temps. Nous partons donc et nous montons la
montagne, suivons une route qui suit la crête et rejoignons la nouvelle route.
Elle est toute neuve et traverse le territoire Caraïbe. Là, pour faire plaisir
à Christophe, elle descend très raide et atteint ensuite un terrain qui lui
aussi appartient à Genette. À l’entrée, il y a plusieurs arbres par terre dans
lesquels ils coupent des planches pour les vendre. Genette nous coupe 3 cocos
que Kaïs a eu du mal à décrocher mais il y en a deux qu’elle qualifie comme pas
bonnes car elles n’ont pas de chair. La troisième est légèrement piquante mais
bonne. Elle nous donne aussi un morceau de gingembre pour le bateau et de la
menthe poivrée avant de continuer le chemin. Elle parle, elle parle et reparle
de sa vie, des personnes et maisons qu’on croise et nous donne aussi le nom des
arbres ou plantes qu’on a croisées. .../… Arrivés à la maison après ces 4
heures de marche, Kaïs se fait faire des tresses plaquées, Christophe va se
laver et je mange presque toutes les Kassaves. La douche est assez
rigolote : un tuyau qui arrive dans les toilettes et mouille tout… ça nous
a bien fait rire !.../… Genette nous demande si nous voulons peindre des
pneus à fleurs, des pneus où poussent des plantes. C’est pas pratique, elle n’a
qu’un énorme pinceau pour peindre les détails. Puis son fils arrive et nous
ouvre deux calebasses que nous sculptons avec la pointe d’un couteau. C’est
beaucoup plus facile que ce que je pensais que ça allait être. Philémon
Dernier jour de rando, le 26
janvier : Ce matin, nous rentrons sur Portsmouth, end of the adventure, il
y a très peu de voitures qui passent sur la route et la plupart sont des
taxicos qui vont vers Roseau ! On fait nos sacs, on fait la bise à
Genette, on lui achète le cadeau pour Anaëlle et on attend avec elle qu’une
voiture passe. Genette leur fait signe et leur demande s’ils vont vers Marigot
ou Portsmouth, elle connaît tous les gens qui passent. .../... Une fois trouvé
notre transport, les villages défilent, on reconnaît tous les endroits où nous
sommes passés, les endroits où nous avons mangé et dormi. On dépasse le
croisement de la route vers le nord, en 1h30 à peine, nous sommes de retour à
Portsmouth. Nous avons mis 3 jours et demi pour faire ce chemin, la majeure
partie à pied ! Le taxi ne coûte que 20$ EC pour nous trois (6 euros). Christophe
La rando de Jade et
Hélène (extraits choisis par Jade) :
Une fois déposés à terre, c’est dans un transport
collectif que nous embarquons et qui nous mènera jusqu’à Roseau. Arrivées
là-bas, nous nous arrêtons devant un magasin qui vend de quoi manger et des
boissons. Une fois notre pause jus finie, nous repartons, les auto-stoppeuses
dégainent les pouces. Un homme d’environ une cinquantaine d’années nous
accoste. Il discute avec LN. Arrivés en haut de la pente, nous faisons une
pause et un taxico s’arrête. Nous montons avec l’homme qui lui aussi va dans la
même direction. Dans la conversation, LN mentionne qu’elle est à la recherche
d’un rasta qui s’appelle Happy qu’elle a perdu de vue depuis 20 ans. Ça tombe
bien, le chauffeur du taxico se trouve être son frère ! Il l’appelle donc
au téléphone et nous avons RDV à Sulphur Springs pour le retrouver. Nous
arrivons à un petit croisement où une dizaine de boutiques de souvenirs
s’entassent pour attraper le touriste américain rose, blanc, gras et suant qui
se déverse des minibus successifs. Malgré quelques poils blancs dans leurs
barbes respectives, LN et Happy se reconnaissent de suite. Nous visitons son
terrain et lieu de travail. LN et Happy discutent puis au bout d’un moment,
Happy nous propose d’aller dans son Zïon, son petit jardin d’Eden. Il y a tout
ce qu’il faut pour se nourrir, s’abreuver et un carbet pour tendre son hamac.
Une fois installées, il est temps de penser à
préparer le repas. Jade se lance dans la confection de chappattis tellement
bons qu’on s’en fera péter la panse. La nuit tombe vite dans la montagne et à
part une altercation avec un agouti curieux et gourmand, nous dormirons
paisiblement sans se soucier de la pluie. Nous émergeons sous la pluie et en
buvant notre café, nous décidons qu’il est temps de partir. Le plan est
simple : en partant de Wotten Waven par un segment du waitikubuli, nous
descendrons vers Victoria Falls pour rejoindre la côte est. Tous les gens à qui
l’on demande le confirment : il ne faut pas plus de trois heures pour
atteindre la première étape de notre but : le Boiling lake. C’est donc le
pied léger et le sac plein de pamplemousses que nous nous engageons sur le
chemin. Le chemin est bien signalé avec des marques bleues et jaunes, il est
impossible de se perdre. 5 pamplemousses plus tard, LN admet qu’il faut
rebrousser chemin car nous nous enfonçons dans la forêt vers nulle part. Après
une heure et demie à se perdre, nous reviendrons enfin sur le bon sentier. Vers
17 heures, nous avons fait 5 heures de marche et malgré le fait que nous nous
soyons perdues, nous aurions déjà dû atteindre notre but. Nous sommes épuisées
et la dernière montée se fera à 4 pattes à cause de la verticalité de la pente.
On arrête les frais, il faut monter le camp au plus vite. 10 min chrono et nous
voilà installées à même le sentier faute de place. Avec la lumière, l’endroit
semble beaucoup moins hostile. Jade part en reconnaissance rapide pour voir si
l’on ne s’était pas arrêtées à 5 min du but, mais il semble que nous soyons bel
et bien au milieu de nulle part. Nous décidons donc de rebrousser chemin après
le petit-déjeuner. En route pour le village de Morne Prosper ! Il nous
faudra 3 heures pour faire la route en sens inverse. Arrivées au village, on
nous assure que Boiling Lake n’était qu’à 2 heures de là ! Tant pis, on
abandonne. On repart direction Roseau dans un transport collectif et une fois
arrivées, nous regardons la carte et pour choisir un endroit où dormir. Ce sera
sur une plage, Batalie Beach qui se révèlera magnifique. Une fois débarquées,
nous demandons au rasta assis sur la plage si l’on peut s’installer pour la
nuit. Il nous y invite chaleureusement. C’est tout simplement le paradis :
nous tendons les hamacs face à la mer et allons nous baigner. Une fois sorties
de l’eau, LN va discuter avec le rasta Webster. Vient l’heure d’aller chercher
notre repas, Jade s’en charge. Nous dévorons littéralement notre barquette. Une
fois tout ça englouti, Webster vient discuter avec nous autour du feu. Jade
part bientôt lire dans son hamac et LN ne tarde pas trop non plus. En se
souhaitant bonne nuit, à 8h, nous remarquons le calme de l’endroit et le doux
ressac, quand tout à coup un camion sono débarque et s’arrête au snack à 500
mètres du campement. Sono à fond ! Donc nous nous mettons à discuter et
par chance, la musique s’arrête une heure plus tard. Réveil en douceur, Nous
n’avons pas l’intention de nous mettre en route de suite. On fait sécher nos
affaires et LN fait une première sieste à 10h du matin. Elle sera dérangée par
des Dominiquais qui veulent lui offrir des noix de coco à boire ! Non mais
quel sans gêne ! Elle râlera bien sûr, mais boira trois cocos sur
quatre ! Jade tente de s’occuper seule pendant que LN dort de 13 à
15h ! Elle ramassera même un iguane borgne et ira le déposer dans le hamac
d’Ln. Finalement, il est temps de lever le camp et rentrer à Portsmouth. Sacs
sur le dos, nous voilà sur la route. Jade lève le pouce, mais LN s’enfonce dans
les taillis pour chercher des graines. Lorsqu’une voiture s’arrête, Jade lui
crie de se dépêcher, mais il semblerait que la tronche de la rouquine ne revienne
pas aux automobilistes qui s’enfuient sans demander leur reste en nous laissant
plantées sur le bord de la route. Une autre voiture nous prendra bientôt et
nous emmènera à Portsmouth où nous rejoindrons le bord, bien contentes de notre
rando dans la nature.
Puis avec Dayan, Elodie et Chloé (extraits
choisis par Dayan) :
Nous sommes les premiers à embarquer dans l’annexe
pour notre randonnée. Nous décidons de prendre un taxi collectif jusque Roseau.
Nous partons vers le centre de l’île avec l’objectif de traverser d’Ouest en
Est puis d’atteindre la pointe Sud, Scott Head dans 5 jours. À Roseau, nous
allons à l'office national des forêts. Nous y discutons rapidement avec un
homme qui travaille au national parc qui a participé à la construction du Waitukubuli,
chemin qui traverse l’île du Sud au Nord en 14 segments et qui a été terminé
l’an dernier. Après s'être fait prendre en stop par quelques voitures, nous
arrivons sur les montagnes de la Dominique. La vue est magnifique et on se rend
compte petit à petit que le Fresh Water Lake est très grand et qu’en fait, nous
sommes en train d’en faire le tour. Bon, le plus drôle c’est d’entendre Chloé
qui dit « C’est Horrible » en même temps que Dayan qui crie
« C’est trop bien » ! On vous laisse imaginer la scène. Elodie,
elle, trouve surtout ça rigolo. Le soleil est de plus en plus bas et nous
n’arrivons pas à évaluer où se situe le village. Nous sommes obligés de sortir
les frontales et de poursuivre le chemin de nuit car nous ne trouvons ni
clairière ni arbres pour nous arrêter pendant un bon moment.
Il est à peine 9h30. On refuse la proposition de
Chloé de passer la journée et la nuit sur place et rencontrons deux hommes sur
la plage. Après discussions, nous décidons de poursuivre le chemin vers Petite
Soufrière. Elodie se retrouve devant la responsable de l’école qui lui confie
les clés, étonnée par l’aventure et la demande. Nous partons faire le tour du
village qui est à flanc de montagne. Chloé est vite fatiguée et décide de faire
demi-tour. Alors que notre chemin fait une boucle et que nous ne sommes plus
qu’à 50 mètres de notre point de départ.
Après avoir petit déjeuné, nous voyons débarquer
Cylma, la directrice de l’école et sa fille qui est aussi institutrice. Elles
travaillent ensemble dans la même classe. Ici, il n’y a qu’une classe de 12
enfants, âgés de 3 à 5 ans. La loi oblige les écoles reculées à avoir deux
professeurs pour une classe, car il y a quelques années, une institutrice est
morte dans une classe et les enfants se sont retrouvés seuls. Chloé restera
pour la matinée dans l'école et Dayan et Elodie iront faire un tour de village.
Ils partent ensuite repérer la route pour cet après midi et ils se rendent
jusqu’au village suivant : Saint Sauveur. Dayan se baigne et essaye de
surfer dans les galets, mais finit par parler avec Will, un jeune Dominiquais
qui essaye lui aussi de surfer dans les vagues. Lorsqu’on arrive à la place du
village, nous sommes interpellés par les deux hommes qui y sont. L’un d’eux
s’appelle Tyson et il essaye de comprendre ce que nous faisons là. Il nous
emmène visiter la seconde partie du village où il habite. Pas de route, que des
chemins en terre pour arriver jusque chez lui. Il vit seul dans une petite
maison bien rangée. Il nous offre à boire et nous montre son matériel de pêche.
Pendant ce temps Chloé à l'école: J’aide les petits à
écrire leurs noms et prénoms, à leur apprendre les couleurs et les formes.
Ensuite dès qu’ils ont fini leur travail, ils peuvent aller jouer. Ils jouent
pendant une vingtaine de minutes et c’est reparti, on retourne en classe. Ils
récitent par-cœur les prières et dès qu’ils ont fini, ils mangent leur
goûter. Après le goûter, nous
jouons au foot, mais cette partie part un peu dans tous les sens, mais ce n’es
pas grave car tout le monde s’est bien amusé, même les profs.
Nous embarquons à 12h30 avec une partie des enfants
dans le bus scolaire qui est gratuit, direction Castle Bruce. Nous marchons
donc jusque la sortie de la ville et tendons le pouce. Les voitures roulent
vite, sauf une qui arrive tout doucement et pas vraiment en ligne droite mais
qui s’arrête. Nous montons quand même dedans. Au bout de quelques voitures et
beaucoup d'aventures nous arrivons aux Victoria Falls, sous une ancienne
distillerie pleine de nids de guêpes. Nous nous rendons compte que nous n’avons
plus de gaz, donc plus de réchaud ! Et là, ré-apparaît notre homme de tout
à l’heure, qui sort sa machette et nous aide à faire un feu. Il s’appelle
Edward, il a 46 ans mais en fait 10 de moins et restera manger avec nous. Il nous
parle un peu de sa vision de la rasta attitude et comme il est sympa et que nous avons envie de dormir, nous lui
proposons de nous accompagner demain aux cascades pour continuer à discuter.
Edward nous rejoint très rapidement avec une
pastèque. Nous pensons qu’il a passé la nuit à côté pour veiller sur nous.
C’est donc parti pour les chutes Victoria. Il nous entraîne dans la rivière que
nous remontons à travers les galets et les rochers en manquant de tomber
plusieurs fois. Dayan trace devant, Chloé crie et se retrouve jusqu’au ventre
dans l’eau, Elodie finit pieds nus et cherche le chemin. La vue sur la chute
est magnifique, elle fait au moins 20 mètres de haut. Edward nous propose de le
suivre en forêt. Cela nous motive bien, mais Chloé ne s’en sent pas les
capacités et nous ne voulons pas la porter. Elle ne veut d’ailleurs même plus
porter la nourriture collective. Nous quittons donc ici Edward et repartons sur
la route direction le Sud et les sources d’eau chaude de Grand Soufrière. Après
une journée de marche et de stop, nous entamons le Waitukubuli et avons
l’agréable surprise de trouver un carbet vue sur mer, vue sur le village de
Soufrière et vue sur le coucher du soleil. Nous décidons donc de nous y
arrêter. Dayan se lance dans la préparation du feu, mais deux heures plus tard,
trois brasiers de feuilles, une danse du ventre, une casserole d’eau de toute
façon froide, renversée et malgré son acharnement qui nous fait bien rire, nous
mangerons des pâtes chinoises crues et des gâteaux, pour ensuite aller nous
coucher le ventre bien plein…
Ce matin, c’est donc le ventre vide que nous partons
sur le chemin, à la recherche des sources d’eau chaude. En tous les cas, après
une heure de descente en forêt, nous trouvons des bassins d’eau marron mais
chaude, aménagés et déserts. C’est de l’eau chauffée par le souffre. Nous
passons donc d’une petite piscine à une autre et nous en profitons pour nous
laver avec plaisir.
Arrivés au village de Soufrière, nous achetons enfin
notre petit déjeuner, composé de biscuits, que nous dégustons au bord de la
plage avec les chants de la messe en arrière fond. Devant nous, le paysage de
Scott Head. Nous rejoignons le lieu rapidement en stop. Nous grimpons jusqu’en
haut de la pointe, laissant Chloé au pied. Et nous apprécions le paysage et le
moment. C’est la fin de notre rando. Le déjeuner, un coup de stop jusque
Roseau, un coup de bus jusque Portsmouth. Chloé rentre en annexe avec nos sacs.
Nous, nous jetons dans l’eau pour rejoindre le bateau. Nous nous décrassons
trois fois au savon et retrouvons Anaëlle, Tit et Moussa avec plaisir.
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