Depuis notre dernière lettre collective, nous avons quitté les Açores pour rejoindre la mer Mediterranée. Après une petite semaine de navigation plutôt calme, nous arrivons à Gibraltar.
Le passage du fameux rocher pour entrer dans la Méditerranée s’est fait sous une extrême vigilance : en effet, on n’y voyait pas à dix mètres et les cargos invisibles sonnaient leurs cornes de brume tout autour de nous. Une fois cette épreuve passée, nous avons pris la décision de faire du cabotage proche des côtes espagnole plutôt que de faire des quarts de nuit pour aller aux Baléares. C’est donc sur un rythme plus reposant que nous remontons vers Sète. Le matin, on lève l’ancre et on navigue au moteur le long de la côte car il n’y a pas de vent. Parfois, on effectue des journées à 30 milles !
Ça n’avance pas vite ! Les mouillages sont parfois bruyants à cause des jet-skis et autres Yachts plein de vacanciers, parfois plus calmes mais exposés à des sautes de vent et il faut ouvrir l’oeil. Mais, plus important, il est l’heure pour tous de réfléchir sérieusement aux questions du bilan final. Son but est de faire une introspection sur le voyage : on réfléchit à ce qu’on a appris et on essaye de faire le tri entre l’avant et l’après. Arrivera-t-on à maintenir à terre les changements dans la vie de tous les jours que ce voyage nous a apportés ? Va-t-on se revoir et comment maintenir le lien ? Va-t-on réussir dans nos projets personnels élaborés à bord ? Autant de questions dans nos petites têtes créent bien sûr des moments de doute et de panique. Il faut donc prendre le temps de bien discuter pour dénouer le plus de cerveaux possible. Avec tous ces tracas, la côte espagnole a filé et nous voilà maintenant à Cadaquès, où nous prenons deux jours pour faire ces fameux bilans ainsi qu’un portrait de chacun des membres de l’équipage. C’est difficile de mettre en mots des caractéristiques et des sentiments. Nous ressortons de cet échange vidés mais contents. Un petit tout à terre nous effraie car nous n’avions plus l’habitude de voir autant de monde d’un coup, et en plus, ils parlent français !
Ça nous perturbe un peu dans notre enthousiasme de rentrer !
Heureusement, la Méditerranée s’occupe de nous recentrer sur l’essentiel : une tempête de tramontane s’est installée sur le chemin du retour et il va falloir passer à travers.
C’est donc en ciré et tout salés que nous atteignons Sète.
Nous nous retrouvons dans les mêmes conditions qu’au départ, Thierry à la barre, Mathias la tête dans le seau et GN imperturbable à 10 nœuds au près qui nous ramène en sécurité, même avec un seul moteur encore vivant, pour vous retrouver bientôt.
Au moment où nous écrivons ces lignes, le bateau est rangé et nous nous préparons à fêter notre retour avec nos proches qui arrivent demain.
L’équipe de GN est venue dîner nous nous sommes sentis tout bizarres car trop nombreux pour notre habitude mais contents quand même !
Voilà donc notre aventure qui se finit maintenant, nous espérons que vous avez autant rêvé que nous avons vécu de superbes aventures.
Bises à tous. L'équipage...
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