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18 mars 2021

Lettre co Silver Bank 1 : Les baleines sont bien là !

Silver Bank, un lieu de baleines. Notre équipage prend la mer le 26 février direction Silver Bank :
il s’agit d’une plateforme de sable avec une barrière de corail où viennent se reproduire les baleines à bosse chaque année. Elles viennent des eaux froides du nord de l’Atlantique et effectuent un long chemin pour atteindre les eaux tropicales, et le plus fou c’est qu’elles ne mangent pas pendant 6 mois ! Pour nous, qui souhaitons rejoindre les baleines, la navigation était très mouvementée : tout dégringolait dans les coques, une vraie apocalypse ! Nous entrons sur le banc au matin, et naviguons jusqu’à être bien à l’abri près de la barrière de corail. Nous accrochons le bateau à du corail qui monte en colonne irrégulière presque jusqu’à la surface : ça s’appelle une patate de corail. Nous voilà dans notre paysage quotidien pour environ 20 jours. Voici une description de ce qui nous entoure, nous essaierons qu’elle soit exhaustive afin que vous vous imaginiez au maximum ce que nous vivons.

Silver Bank, un lieu de poésie, de fantaisies et d’envies,
En face de nous, à 250 mètres, il y a une épave,

Des patates turquoise qu’on entend depuis l’étrave,
Camaïeu bleu azur comme paysage.
Autour de nous, il y a aussi des nuages,
Parfois remplis de pluie, parfois rose à la tombée de la nuit.
Il y a aussi des poissons perroquets comme des arlequins incarnés,
Dans le fond, là où on ne pose pas les pieds, à moins de bien avoir décompressé.
Dans l’eau, il ne faut pas stresser, en apnée, rester calme et bien centré,
Quand on voit des baleines, seulement les contempler,
Admirer leur beauté et leur immensité.
Des coraux colorés, des tortues, des barracudas
Et quand les cétacés chantent c’est un vrai brouhaha.
Il y a des poissons chassés par les pêcheurs,
Dans leurs barques tels des envahisseurs.
L’horizon à perte de vue, aucune terre en vue,
On se croirait au milieu de nulle part, seuls face aux raies léopards. 

Silver Bank, un lieu de rencontres et de plongées. On espère que ces rimes poétiques vous auront plongés dans le monde onirique qui nous entoure. Vous vous demanderez peut-être ce qu’on fait quand on est au milieu de nulle part ! Eh bien, on ne fait pas que rêver ! Chaque matin, un groupe de quatre personnes est volontaire pour aller rencontrer les baleines qui passeraient près du bateau, approche douce, surtout ne pas les déranger. Certains restent sur le pont, à guetter un souffle non loin ou la silhouette d’une nageoire dorsale qui se dessinerait sur l’horizon. À bord, toute la matinée on travaille, sur la navigation, le français, les maths, on se partage des exposés sur les coraux, l’apnée, les odontocètes, chacun essayant de trouver du sens dans ses apprentissages. Quand vient l’après-midi, on dégaine tout l’attirail de plongée : combi-short ou combi intégrale ? Deux plombs ou trois plombs ? Epave Polyxéni ou barrière de corail ? En kayak ou en nageant ? Parfois certains prennent des kayaks pour une heure ou deux, une autre façon de rencontrer les baleines et d’être à leur côté. Une fois, on a carrément quitté notre mouillage, hissé la voile d’avant, et navigué pendant quatre heures. On a pu se mettre à l’aile (morceau de bois en forme de queue de baleine accroché au bateau avec un bout), et écouter le chant des baleines. Chaque journée est unique. Chaque matin, les baleines nous saluent d’un mouvement grandiose de pectorale. Chaque soir, les baleines nous disent bonne nuit d’un signe de queue ou d’un de leurs sauts spectaculaires. 



Silver Bank en cadavre exquis :
J’ai vu une baleine toute proche pendant hyper longtemps et j’ai vu une tortue [Ewen]
Une tortue qui bat des ailes pour s’enfuir, elle va très vite. J’ai vu une raie Pastenague, son corps ondulait avec les vagues et on a vu un requin qui était très grand, il faisait 1m70 de long, il était un peu impressionnant [Tanaé]
Impressionnant de se fondre dans les eaux bleues, de toucher le sable des baleines, de voir chaque soir les astres qui illuminent le ciel, d’être tout simplement au milieu de nulle part avec comme voisines des baleines [May]
Des baleines il y en a sur tout l’horizon et près de nous. Elles vivent à nos côtés et nous les voyons chaque jour. La nuit, les étoiles les accompagnent et nous pouvons les observer. [Théo]
Observer les ciels étoilés, les couchers de soleil, levers de soleil, les baleines, la mer, les coraux, les poissons, toute cette période m’a permis d’être plus sereine et tranquille au fond de moi-même et de le partager avec l’équipage. [Sydney]
Avec l’équipage au milieu de rien, il ne reste que nous et ce qui nous entoure. Du bleu. [Isma]
Du bleu, rien que du bleu tout autour de nous, pas de doute, la terre est bleue, même mon petit coeur est tout bleu, mais les baleines c’est formidableu. [Christophe]
C’est formidableu le matin quand je nage à poil. Quand je ne parle pas je digère mieux. [Seb]
Mieux vaut nager que couler. Cette escale pour moi sera remplie d’émotions. [Kylian]
Emotions, gigantesque impression de vivre un moment grandiose… Attente de la rencontre, la baleine nous l’espérons, la cherchons, la devinons et soudain… [Morgane]
Soudain… les baleines nous appellent et on va nager avec elles. [Maxime]
Elles, si profondément elles, les baleines sautent, dansent et se tortillent. Et toute la vie en harmonie dans les récifs coralliens en labyrinthe m’éblouit. [Lola]

 



 

Silver Bank, un lieu de scientifiques. Pendant une petite semaine, des scientifiques sont venus pour prélever un morceau de peau de baleines et leur poser des balises GPS afin d’étudier leurs mouvements migratoires. Nous aurions aimé leur poser nos nombreuses questions mais ils étaient très occupés et sont partis assez vite.
Silver Bank, un lieu où se cache une épave. Nous voudrions aussi vous parler de cette épave qui est là depuis de nombreuses années. Le bateau s’appellait Polyxéni (pour nous c’est devenu c’est devenu « Popol ») et s’est échoué sur la barrière de corail. Maintenant, seulement quelques morceaux dépassent de la surface, autrement tout est sous l’eau ! Et alors, comment c’est sous l’eau ? Quand on va plonger on voit toute la carcasse du bateau cassé où le corail s’est accroché.
On voit des câbles, des poulies gigantesques, une hélice impressionnante, les mâts couchés dans tous les sens, des fusibles, une vieille étagère, certains ont même trouvé la caisse à outils du bord ! Un vrai terrain de jeu et d’exploration, et surtout de trouvailles incongrues.
Silver Bank, un lieu d’aniversaire. Pendant cette période, nous avons fêté l’anniversaire de nos deux matelots poissons : Théo a eu 16 ans sous la pluie torrentielle, il a eu droit à un concert de guitares, mélodica et uekulele ; quant à Maylou, elle a fêté ses 15 ans auprès des baleines et merveilles sous marines, entre chasse au trésor et piñata. Leurs cadeaux d’anniversaire ?
De véritables œuvres d’art bricolées par chaque membre de l’équipage et bien sûr de délicieux gâteaux maison. 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Silver Bank, un lieu de bilans et une décision. Nous avons aussi fait le bilan de mi-voyage sous une pluie diluvienne qui a duré deux jours, des trombes d’eau en continu, du jamais vu. Bien au chaud dans les coques, nous avons fait un point sur nos relations avec chacun, nous avons partagé des ressentis personnels et dit aussi quelle personne nous aimerions être. En milieu de période, Kylian a décidé d’arrêter le voyage avec Grandeur Nature. Il a annoncé cette grande décision à tout l’équipage et nous avons répensé le programme en fonction de ce retour prématuré. De retour à Samana, il prendra donc un avion pour rejoindre la France
Mais pour le reste de l’équipage, le voyage ne s’arrête pas maintenant ! Il nous reste bien des milles à parcourir, bien des baleines à rencontrer et bien des dédales de patates de corail à explorer. Nous quittons le Banc d’Argent le 16 mars, le coeur plein de baleines. Prochaine étape, courses et pleins d’eau à Santa Barbara de Samana, on récupère Lobsang au passage qui embarque jusqu’à la fin du voyage et zioupla, on retourne au pays des baleines. Quelle aubaine ! 

 

 

Pour conclure ces nouvelles, voici un pêle-mêle de mots choisis pour dire ce que ça nous fait de rencontrer des baleines : extraordinaire, magique, éblouissant (Théo) ; enchantement, amazing, incroyable (Sydney) ; séduite, éblouie, volupté (Maylou) ; bonheur, bleu, incroyable (Maxime) ; inoubliable, intense, énorme (Kylian) ; petit, grand, bleu (Seb) ; curiosité, joyeuse reconnaissance, paix (Morgane) ; profond, indescriptible, en connection (Ismaël) ; vivante, harmonie, subjuguée (Lola) c’est paisible et vif, immense et fin, en même temps (Christophe).

 


 

 

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