28 février: l'Amérique du Sud...
Aujourd’hui, c’était une journée comme les autres, elle était ordinaire, sauf dans la soirée, quand il a commencé à faire nuit. Une douzaine de spots se sont éclairés de partout, c’étaient de petites embarcations de pêche. Petit à petit, une énorme lueur apparaissait dans un ciel plutôt étoilé. C’était la lueur de Fortaleza, qui est une très grande ville de plus de 2 millions d’habitants !!! Maintenant, le premier quart a commencé, donc tout le monde va se coucher en sachant qu’on va arriver cette nuit… mais quand ???
Vers 3h30, alors qu’on cherche l’entrée du port, nous voyons, dans l’obscurité, une énorme tâche sombre, c’était une épave d’un cargo qui dépassait de l’eau comme s’il était en pleine navigation. Derrière la digue du port, nous distinguons 2 énormes cheminées, mais qu’est que c’est ?? Une usine ou... alors… et oui, c’est un énorme bateau au mouillage mais il avait des mâts de 50 m. C’est un prototype impressionnant qui doit mesurer 40m environ. C’est un monocoque à l’avant et un trimaran à l’arrière. Bizarre comme truc !!! Nous sommes allés nous recoucher avec en tête, un bateau superbe. Le lendemain nous apprenons qu’il appartient à Nelson Piquet, un ancien pilote de formule 1. Nous sommes maintenant installés au port avec eau et électricité où nous faisons un nettoyage de bateau collectif à l’eau douce. Wil a aussi mis au point la wifi pour avoir Internet gratuitement. Ici on est bien reçu, il y a piscine, salle de jeu, électricité, eau douce, internet etc.…. Enfin, voilà une escale en Amérique du Sud super sympa !!
Thomas
2 mars: Un dimanche à Fortaleza...
Voilà trois mois, jour pour jour, que je suis arrivé sur le bateau. J’ai rejoint l’équipage le lundi 3 décembre 2007. Ce dimanche à Fortaleza m’a vaguement fait penser à mes premiers jours à la Goméra. Il est 6h30, je me lève, fier d’être si matinal, ce qui va me permettre de travailler mes cours dans le calme. Alors que je m’installe et m’apprête à ouvrir mon manuel de math, je me rends compte qu’il y a quelque chose d’anormal : la petite musique annonçant habituellement l’heure du réveil est déjà allumée. Je rejoins donc par simple curiosité la coque tribord et m’aperçois avec surprise que tout le monde est déjà levé en plein déjeuner. Etonnant pour un dimanche mais tant mieux, nous aurons le temps de faire plus de choses dans la journée. Il est à peine 7h00 que déjà un petit groupe d’entre nous part faire les courses pour le départ, les courses de frais (et oui, à Fortaleza les supermercados sont ouverts même le dimanche). A leur retour, le bateau s’active, il faut trouver de la place pour les dizaines de kilos de fruits et légumes. Tous les casiers sont pleins et certains fruits finiront même dans la réserve en compagnie de tout le bazar déjà présent. Le travail d’intendance s’annonce important si on ne veut pas que cela pourrisse. Après une matinée chargée, l’après-midi est tranquille, même reposante. Certains font une sieste, d’autres profitent de la piscine pour se rafraîchir ou encore font des parties de billards, baby foot ou ping-pong dans la salle de jeu climatisé. Moi je m’installe sur une pelouse ombragée et m’entraîne au jonglage. Cela fait longtemps que je ne m’y suis pas mis et la reprise est un peu difficile. Mais après quelques essais, je constate avec plaisir que je n’ai rien perdu contrairement à l’accordéon. J’ai joué de l’accordéon lorsque j’étais petit mais lorsque j’ai essayé celui de Kélig, je me suis vite aperçu que je ne me souvenais de rien. En fin d’après-midi, après avoir à mon tour profiter de la piscine, Morgane m’a convaincu de réessayer l’accordéon. J’ai donc sorti de sa boîte le bel instrument (qui n’a pas l’air d’avoir beaucoup servi à Kélig, qui m’a pourtant assuré qu’elle s'y mettrait sérieusement). J’ai commencé mon réapprentissage par deux polkas déchiffrées sur la méthode de Kélig, accompagné de Morgane à la darbouka. Ce dimanche à Fortaleza a été très reposant pour tous et ce soir nous nous sommes tous endormis avec le départ du Brésil en tête. Je pense que le bateau est prêt pour une nouvelle traversée mais le groupe l’est peut-être un peu moins.
Aurel
Le quatrième jour…
La première fois que j’ai entendu parler de Fortaleza, c’était en chanson, c’était une mélodie au rythme Lavillieresque. Une chanson comme on les aime, une chanson chargée de sensations… Sensation de chaleur et d’érotisme, d’amour, de réalité sociale! Au bout de notre 4ème jour à Fortaleza, la chaleur, ça c’est vrai, nous l’avons sentie, respirée et joyeusement partagée… Quand au reste, je n’y ai pas vraiment goûté. Ce que j’ai expérimenté, ce sont les supermercados.
Là oui, avec mes collègues, nous avons baigné dans le culinaire, tenant fermement entre nos mains la liste des courses faite par Solène, notre intendante en chef! Nous prenons dans tous les rayons les denrées locales. Il reste à choisir entre les différentes marques! Pour l’instant nous avons excellé dans le café au goût multiple, mélange d’odeur de poisson et saveur de produit chimique, une vraie catastrophe gustative. Le pays du café n’est pas forcément le mieux chaussé dirait-on ! On y découvre aussi des fruits inconnus, des sortes de pomme cannelle à l’écorce épaisse. Les supermarchés sont ouverts 7 jours sur 7. Les caddies de la plupart des locaux, avec qui nous partageons ce ballet de la consommation, du rayon sucre au rayon légumes, sont bien pleins aussi. A une différence près, tous les produits choisis ne passent pas à la caisse. Certains caddies restent abandonnés dans le magasin, à moitié. Lesquels sont à nouveau vidés et remplacés dans les rayons par les employés. Serait-ce l’aperçu d’une certaine réalité sociale?! Au bout du 4ème jour donc, je vous le dis, les pleins sont faits. Nous débordons de vivres, dans le but de déborder de vie, reste plus qu’à déborder d’envie! A l’aube de ce 4ème jour, fait remarquable quand même, Thomas m’aide à ranger le pont du bateau avec SYMPATHIE (oui, oui, je vous l’assure !) et commence les pleins d’eau même si ce n’est pas son job, comme il le dit ! Ah, c’est bon cette éclaircie de coopération dans le faire. A l’aurore de ce 4ème jour, Ricardo n’y tient plus! Car Ricardo « kif » trop les courses et boue d’envie de participer aux dernières… Car oui, au zénith de ce 4ème jour, nous voici tous, déambulant entre les marchands des rues aux tissus chatoyants, pour aller choisir un hamac brésilien. Hum… Délicieux somme en perspective !!
A la veille de ce 4ème jour, j’ai vu un Stevie qui dit toujours non quand il veut dire oui, mais qui a fait toutes ses lessives avant de partir dans la bonne humeur (haut fait remarquable aussi !!) Aurel, a ressorti l’accordéon du placard… Bref voilà, au bout du 4ème jour, nous quittons Fortaleza, vision de plantation d’HLM en bord de plage. Au crépuscule, nous voyons une plate forme pétrolière, monstre pétillant de lumières, grand buveur d’or noir. Et enfin, à la fin de ce 4ème jour, nous filons vers la Guyane avec un vent prometteur… Le vent du changement gonfle-t’il nos voiles ? Allons-nous passer au 5ème jour ?
Morgane
J'imagine la Guyane...
Dans 8 ou 10 jours, nous serons en Guyane. C’est pour cela que j’ai décidé de faire un texte sur la Guyane pour vous dire comment je l’imagine.
Dans 8 jours, nous serons à Saint Laurent du Maroni, une ville entre le Suriname et la Guyane Française. Le fleuve est en plein milieu de la frontière, c’est donc lui qui fait la séparation entre les 2 pays. Moi je l’imagine avec des marées et du courant et de l’eau mi marron mi verte. Dans le fleuve, il doit y avoir beaucoup de crocos et beaucoup de piranhas. Les animaux sont en grande quantité et de toutes sortes. Par exemple des anacondas, des léopards, des singes, beaucoup d’oiseaux de toutes les couleurs, des requins, des dauphins etc... La végétation est très verte et de toutes les couleurs comme les oiseaux. Je pense que la végétation aux alentours du fleuve doit être composée de mangrove. Encore une autre sorte que celle qu’on a déjà vue ? J’imagine que la population est mixte à cause de la colonisation Française. A mon avis, les gens se nourrissent de poissons, d’oiseaux, de bétails, de fruits, etc.… Moi, là-bas, j’aimerais bien voir des félins, des serpents, des singes et voir les coutumes.
Stevie
Théâtre à bord...
Aujourd’hui c’est l’après-midi théâtre pour Thomas et moi. Mais avant l’après-midi, il y avait le matin. Mais il se trouve que ce matin je n’ai rien fait de passionnant. À part peut-être, faire ma tâche, me laver et lire. Donc je préfère largement vous raconter mon après-midi sûrement plus intéressante. Tout commence à 12h50. Je me baigne avec Thomas. Christophe est à la barre et nous dit que si dans 10 min on fait pas quelque chose d’intelligent, il nous fera travailler à coup de pied au cul. Alors avec Thomas, on sort vite de l’eau et on essaye de faire un truc intelligent mais on n’a pas d’idée. Puis, je me suis dit, si on faisait une pièce de théâtre. Alors je demande à Thomas s’il veut qu’on fasse un spectacle. Il trouve que c’est une bonne idée alors on cherche le livre de théâtre. On trouve une scène pas trop longue et pas trop difficile. Cela s’appelle Le petit malade. C’est l’histoire d’un petit garçon, qui depuis qu’il s’est levé, ne peut plus marcher alors la mère appelle un médecin pour savoir ce que l’enfant a. Le médecin pense qu’il a une paralysie totale des membres inférieurs mais quand il va pour l’ausculter, il voit que l’enfant a les deux jambes dans la même jambe du pantalon. Enfin, voilà une scène assez rigolote. Avec Thomas on a dû faire le bébé et se déguiser. Pour faire le bébé on a pris un tee-shirt et un pantalon, 4 ballons gonflables et deux chaussettes. On a pris un ballon pour la tête, un pour le corps et deux pour la jambe du pantalon. Puis, nous aussi on s’est déguisé. Moi j’étais la maman alors j’ai pris une robe de Solène et elle m’a maquillé. Thomas, lui, il a prit une chemise à Wilfried et mon jean. On a répété tout l’après-midi et pendant la moitié du premier quart. J’ai répété avec Thomas, et Morgane était notre spectatrice. Après je suis allé me coucher avec le trac et une grosse envie de faire le spectacle le lendemain.
Quentin
Vendredi 7 mars
C’est le 5ème jour de navigation en direction de la Guyane et nous progressons bien. 150 voir 160 miles par jour. Nous longeons encore les côtes Brésiliennes et pourtant mes pensées sont déjà pour la Guyane. J’imagine la verdure, Saint-Laurent, petite ville aux allures coloniales, étrange héritage des Français, les esclaves et le bagne. Quand n'est-il aujourd’hui de cette Guyane encore Française? Des Indiens, des descendants, des esclaves, des Brésiliens, des Surinamiens, des Asiatiques, le tout régit par une administration et des lois venues de si loin? Autre aspect certainement étonnant, la faune et la flore totalement exubérante… On verra cela très vite. Pour le moment, aujourd’hui la journée commence tôt, réveillée à 4h pour le dernier quart de nuit en compagnie de Solène et Thomas. Il fait nuit noire et le bateau avance bien. Un grain nous suit et nous envoie son vent. Que se passe t’il ? Thomas saute sur la barre. Une vocation de marin est-elle née ? Ah, non, une vocation de cuisinier peut-être. Il disparaît déjà dans la cuisine pour les crêpes du matin. Solène et moi restons donc à la barre, on voit le soleil se lever et on frôle le premier grain du matin. Nous prenons du plaisir à naviguer avec ce bon petit vent. Plaisir aussi de discuter tranquillement de la vie sur ce bateau, les dernières découvertes au Brésil, les futurs à venir mais aussi de nos vies en France. Les amis, la famille qu’on a tous laissé, mais auxquels je crois, on pense tous régulièrement. Au fur et à mesure le pont s’anime. Chacun émerge à sa façon. Nous avons le dynamisme de Morgane et Christophe, le petit sourire d’une Amélia au saut du lit, le réveil dans la tranquillité et le calme pour Aurel et Wilfried, la petite angoisse de Quentin: va t’il trouver à se nourrir dans l’immédiat?! Et pour finir en général, le réveil de Ricardo et Stevie, lent et souvent difficile, remise en route du corps et de l’esprit. Ce matin, la houle se lève et même la pluie s’y met. Aurel et Amélia se relaient courageusement à la barre pendant que la plupart se réfugit dans les coques où ça tangue un peu quand même. Ricardo et Morgane s’attaquent à la cuisine, tâche peu aisée avec ce roulis, chapeau! La journée s’écoule alors tranquillement: sieste pour beaucoup, lecture pour d’autres, texte pour certains, un peu de barre et de pont pour s’oxygéner et quelques attrape-rêves pour d’autres.
Je termine la journée auprès de Stevie. Nous attaquons le premier quart de nuit. Stevie bien reposé par sa grande sieste de l’après-midi est en forme. Nous avons même la visite d’un oiseau qui nous suit et cherche à se poser sur le bateau. Mais le vent semble l’en empêcher. Nous continuons notre route à 7 nœuds de moyenne. Nous nous rapprochons de la Guyane !
Flo
2 commentaires:
Merci pour ces textes! J'ai bien envie de féliciter les théâtreux, et je voudrais bien savoir ce qu'est devenu le trac de l'artiste face à son public... et si l'applaudimètre a récompensé l'effort fourni pour "faire qqch d'intelligent"! Moi en tout cas, je dis bravo, mais...que ça ne s'arrête pas en si bon chemin!
Là où je ne vais pas dire bravo, c'est pour celui ou celle qui a tapé le texte de Flo du 18 mars, (eh oui c'est moi qui ai la primeur) franchement même le plus dyslexique de mes élèves fait moins de fautes. C'en est même parfois incompréhensible! Je veux bien corriger des fautes mais le décryptage non.
Enfin, on va mettre ça sur le compte de la chaleur qui ramollit les neurones. Merci en tout cas pour vos écrits qui s'enrichissent, oui oui oui, et donc qui enrichissent les lecteurs.
A propos de lecteurs, la prof que je suis ne saurait stigmatiser un jeune qui "s'oublie" dans la lecture (de Harry Potter ou autre) même si je comprends que pendant ce voyage il faille bien penser à le VIVRE, au lieu de s'en évader(?) dans la lecture....
bises à tous miren
BRAVO !!! les jeun's
Que votre voyage vers la Guadeloupe soit doux comme la musique d'Aurel et la pièce de théâtre de nos 2 acteurs Thomas et Qentin.
Peut-être de nouvelles vocations pour certains???
Bonne continuation les moussaillons!!!
Allez de l'avant, continuez comme ça, vous nous faites plaisir...
Merci pour tous ces magnifiques récits...
Bon vent, bonne mer, gardez le cap.
Grosses bises à vous tous et tout particulièrement à notre petit Thomas
Mamou
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