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9 mai 2013

la lettre de Cuba de Christophe et Théo




Bonjour, à vous tous et toutes, cette fois-ci c'est Christophe et Théo!

Vous n’avez pas eu de nouvelles de nous pendant cette escale, car s’il y a une chose qui n’a pas changé en 4 ans c’est la difficulté à se connecter à Internet à recevoir et envoyer des mails, ne parlons même pas de mettre à jour le blog ou d’envoyer des photos, ce qui est tout simplement impossible.
Et pourtant il y en a des choses à dire et à vivre sur cette île et c’est ce que nous avons fait, vous pourrez lire ces textes dans le prochain carnet de bord.

En attendant nous avons demandé à chacun ce qu’il avait découvert à Cuba, ce qu’il avait appris, ressenti, pensé. Je m’y colle en premier.

Christophe : la grande différence par rapport à il y a 4 ans, c’est le fait de pouvoir dormir chez les Cubains sans se faire arrêter par la police !!! Ce sont les aliments en vente dans la rue presque partout !
Les panneaux à vendre sur beaucoup de maisons, car ce n’est autorisé que depuis un an.
J’ai ressenti vraiment cette course à l’argent et à la consommation, surtout dans les villes, qui me font dire (désolé Michel) qu‘ici aussi c’est foutu, la partie est perdue depuis longtemps ! Et alors m’étant retrouvé à faire le touriste en famille la disproportion entre ce que l’on est obligé de dépenser par jour pour se déplacer, se loger et se nourrir, (presque 80 € par jour pour 3 personnes) fait encore plus ressentir l’écart avec le niveau de vie des Cubains qui gagnent 20 € par mois en moyenne ! Heureusement il y a les gens surtout dans les campagnes et Elio mon pêcheur d’il y a 4 ans, qui était trop content de me revoir !

Mike : L’impression que j’ai, c’est que Cuba ce n’est pas vraiment pauvre. Ils ont la télé, l’électricité, les habits de marques, des téléphones portables. Les gens que j’ai rencontrés n’étaient pas très communistes, et j’en ai rencontré un qui était carrément contre ! J’imaginais que c’était pauvre comme au Cap-vert, c’est une escale où j’ai fait de bonnes rencontres. La rencontre qui ma le plus touché c’est Luis et Léonore, deux fermiers. Ils ont tué 2 des 5 poules qu’ils avaient pour qu’on les mange le midi ! Sinon je pense que la vie est plus difficile qu’en France à cause des lois, par exemple tu ne peux pas sortir du pays.

Simon : C’est une grande île où on ne voit pas la mer partout ! Le parti communiste est vraiment présent partout. Toutes les 20 portes il y a une affiche CDR (comité de la révolution), et il y a plein de pancartes avec des slogans, des phrases de gens célèbres (Ché, Fidel et Raùl) qui ont fait la révolution. Contraste entre la campagne et la ville, où les gens sont bien habillés, où on trouve de tout mais à des prix Européens ! J'ai rencontré des gens super sympa, super accueillant, je n'imaginais même pas ! Presque sans limites dans la gentillesse et la générosité. Sans rien attendre en échange. Je ne me suis pas emmerdé une seconde !

Thierry : J'ai découvert des gens gentils, il y a toujours quelqu'un pour t'aider. Des paysages qui sont restés vraiment sauvages, quand on n'est pas près d'une ville. Dans la campagne, il y a encore des charrettes avec des boeufs. Ils fabriquent des briques à la main, mais sur la route on peut êtres doublés par des voitures climatisées. C'est difficile de savoir à quelle époque les gens vivent. Il y a la fierté de leur histoire, la révolution, les peintures sur les murs, dans le moindre village. Je me pose des questions sur le décalage qu'il y a entre les différents niveaux de vie que l'on voit. Campagne et ville ? Habits de travail dans les campagnes, et de mode en ville ?
Après les gens ont l'air de vivre correctement, ne se sont pas plaints auprès de nous de leurs conditions de vie.

Marion : Cuba, c'est une escale surprenante, très marquante... Dans mes randos, j'ai surtout choisi d'aller rencontrer les Cubains et c'est à travers leur regard que j'ai pu essayer de comprendre Cuba.
Pas simple, il faudrait quelques années ici pour saisir vraiment ce qu'est Cuba... Mais quelques personnes comme Rosa qui a participé à la révolution en 1956 et qui croit encore en un idéal communiste, ou bien Luis et Léonore, opposants au régime et assoiffé de liberté, m'ont attristé, touché, fait vibrer, m'ont fait vivre... Voilà, c'est tout cela Cuba.
En tout cas, j'ai adoré l'hospitalité, la protection des Cubains vis-à-vis de nous et les relations simples.

Kévin : Les Cubains sont très sympas, ils font tout pour nous faire plaisir. Ils nous ont laissés dormir chez eux, ils nous donnent à manger gratuitement. C'était magnifique, j'y reviendrais avec plaisir. Yicenia, c'est une fille qui nous a invité chez elle, elle ne voulait plus nous lâcher, elle nous a fait dormir chez elle, et chez son oncle. J'ai appris que Cuba, c'est un peu pauvre, mais les gens sont gentils.

Evolène : Cette escale m'a beaucoup plue parce que c'était riche en rencontres. J'ai trouvé que les gens étaient très généreux, même quand ils avaient peu. Ils étaient toujours prêts à donner pour nous faire plaisir. C'était facile de rencontrer les gens, de discuter avec eux, surtout à la campagne. Les Cubains sont ouverts. J'ai rencontré des gens qui avaient des avis très différents sur leur pays, la révolution, leur système politique. Cela m'a permis de comprendre pourquoi certains étaient favorables à ce système et d'autres critiques. Et j'étais curieuse en venant ici de comprendre comment ils le vivaient, car je trouvais l'idée de base du communiste plutôt intéressante.
Finalement, je trouve que la solidarité, l'égalité, c'est une bonne idée et vachement mieux que ce qui existait avant (à savoir, la dictature de Batista) mais c'est quand même une forme de dictature, puisque les gens n'ont pas le choix !

Régis : J'avais imaginé faire ce qu’il y avait dans les guides, c’est-à-dire, des plans touristiques, bus climatisés, hôtels, restos, en CUC. Je pensais que faire autrement était interdit ! Au final, nous n'avons fait que du camping, voyagé que dans des calèches et des camions, et rencontré pleins de gens différents, tous très accueillants. En ce qui me concerne, une seule rando, mais une rando très riche en découverte. J'ai l'impression d'avoir découvert la réalité de Cuba, que le communisme a de bons côtés, mais qu'ici cela ne fonctionne pas.

Théo : Je m'étais fait une trace à partir des livres du bord sur Cuba, comme c'était un des derniers pays communistes, je m'imaginais Cuba comme une sorte de petite dictature. Le communisme, pour moi, c'était que tout le monde vivait pareil alors que finalement, c'est pas comme ça. Par exemple, il y a des salaires différents. À cause de l'embargo, j'imaginais qu'il n'y avait rien d'Américain. Alors que l'ont voit les gens avec des vêtements de marques ou avec des inscriptions américaines ! La vie n'est pas chère, par exemple, on peut acheter une petite pizza pour 5 pesos, ce qui fait 20 centimes d'euro. Un verre de jus de fruit coûte 2 pesos ! Les paysages sont magnifiques, les gens sont d'une gentillesse énorme. Cuba ne ressemble à aucune escale que l'on n'ai faite avant, c'est celle-là qui m'a le plus appris sur la vie des gens.

Kélig : Le rêve de liberté et de solidarité, les idées si chères à la révolution s'effritent doucement, à mesure que les frères Castro libéralisent,  petit à petit, l'économie du pays. Moi ce qui m'étonne le plus cette année, ce sont les grosses différences que créent "l'ouverture économique", par exemple, un couple qui vend depuis trois ans des gâteaux à un complexe touristique pour leur compte, ils gagnent 20 CUC par jour. C'est ce que gagnent l'institutrice et l'infirmière en un mois! Et ça, c'était impossible, il y a 4 ans, lors de notre dernier passage ! Le bon côté de cette "libéralisation", c'est que l'on n'a eu aucune difficulté, cette fois-ci, à aller chez les gens quand ils nous invitaient ou à camper dans la nature. Ce qui nous a permis de rencontrer plus de Cubains et d'être plus proches d'eux. De parler plus librement de la vie quotidienne même dans la rue ! Souvent des problèmes d'argent, qui est le sujet qui revient tout le temps.

Nina : J'avais jamais entendu parler de Cuba donc j'avais pas d'idées sur ce pays. Les gens que j'ai rencontrés étaient très accueillants, ils nous invitaient, nous donnaient à manger, nous laissaient dormir chez eux. Ils répondaient à nos questions sur la vie à Cuba, les salaires, tout. Et s'intéressaient à la vie en France. Je pense aussi que c'est nouveau pour eux de pouvoir rencontrer des étrangers, ils avaient très peu de droits, il y a seulement quatre ans qu'ils ont le droit de faire du commerce pour eux. Pour moi, les rencontres vraiment fortes, ça a été Rosa, une femme qui a fait la révolution quand elle avait 15 ans. Elle rêvait d'avoir une guitare car elle compose de la musique, pour elle, c'est sa vie, mais ses moyens ne lui permettaient pas d'en avoir une. Nous lui avons fait ce cadeau et elle n'en revenait pas ! Et Félix, le vieux musicien de Rafael Freyre, sa gentillesse de nous jouer ses morceaux sur sa guitare ! Ce qui fait bizarre, c'est que trois semaines à la marina représentent 20 ans et demi de salaire d'un Cubain, cela fait réfléchir.

Charles : Cuba j'ai trouvé ça très sec, dans la région où j'ai randonné, dans la partie Est du pays. Je m'étais fait à l'idée que pour les gens, avec peu de sous, peu de nourriture distribuée par l'état, c'était difficile de vivre correctement. Et bien non, les gens que j'ai rencontrés m'ont tous dit qu'ils s'en sortaient bien, que ce n'était pas trop dur. Moi j'ai vu les gens se débrouiller en faisant pleins de petits boulots et tout le monde consomme avec le peu de sous qu'ils ont. L'argent tourne, tout le monde fait travailler tout le monde, en achetant un petit cornet de cacahuète, en prenant un taxi vélo, en achetant des glaces à 2 pesos, etc. Mais par contre je trouve qu'ils polluent beaucoup, et ne se soucient guère de l'après-coup, c'est dommage ! Une rencontre marquante, c'est Elio, le vieux pêcheur à Gibara, une rencontre que Christophe avait faite lors de sa dernière escale à Cuba. J'ai beaucoup aimé le rencontrer lui et sa famille, discuter avec.

Les randonnées sont finies, tout le monde est rentrée au bateau. Chacun s’affaire à sa lessive et ses textes de randos.
Dans trois jours, nous dirons au revoir au communisme et bonjour aux îles désertes des Bahamas.
Christophe, Véro et Lila repartent vers la Havane pour rentrer en France en avion.
Théo.











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