Lettre collective du 23/05/13 au 10/06/13 - "Traversée de l’Atlantique"
par Charles et Régis
La
dernière fois que nous vous avons donné des nouvelles, nous étions à Nassau, la
capitale des Bahamas, afin de préparer la traversée. Et pour que celle-ci se
passe dans les meilleures conditions possibles ; une dernière escale s’imposait
à nous. Le choix s’est alors tourné vers Rose Island ; une dernière petite île
aux eaux turquoise. Le but : frotter la coque pour avancer plus vite et pouvoir
faire une ultime plongée. Cette dernière fut d’ailleurs encore une fois à la
hauteur de nos espérances, et nous a permis de faire le plein d’image de coraux
et de poissons colorés avant de partir. Le lendemain, départ au petit matin
après les tâches. Tout le monde est content de partir en transat. Enfin disons
que tout le monde est content de prendre le chemin du retour, car certains
craignent tout de même d’être un peu malade. Les conditions sont d’ailleurs un
peu rudes pour commencer, puisque nous naviguons au près et que cela bouge à
l’intérieur des coques et des estomacs de certains. Cela fait aussi longtemps
que nous n’avons pas fait de quart et au tout début du premier, Evolène, Régis,
Marion, Kélig et Thierry auront l’agréable surprise de voir une fusée dans le
ciel, qui venait probablement de décoller de Cap Canaveral en Floride. C’est
aussi durant cette même nuit, que la décision de se dérouter est prise. Les
dents de Théo et de Kélig les font souffrir et il est nécessaire pour eux
d’aller consulter un dentiste. Nous nous arrêtons donc le lendemain à Great
Abaco où ils pourront se faire soigner. Théo repartira donc avec une dent
réparée et Kélig avec une dent en moins.
Le
deuxième départ sera le bon avec cette fois-ci une allure plus plaisante. En
début de navigation, certains se penchent sur des calculs poussés pour
l’estimation de la date et l’heure d’arrivée, pendant que d’autres se
contentent de le faire au pifomètre. Il nous faut aussi parier sur le nombre de
poissons pêchés à la traîne.
Le 28
et 29 mai, nous prendrons le temps de voir chacun des jeunes en contrat afin de
faire le bilan des derniers et de prévoir des objectifs pour la traversée. Et
devinez quoi? Une première cette année, puisque le taux de réussite est de
100%. Autrement dit, tout le monde a rempli son précédent contrat. Question
envie pour la traversée, c’est parfois autre chose, la préoccupation est
souvent au retour et il est nécessaire de redire à chacun qu’il est important
d’en profiter jusqu’au bout, que le voyage n’est pas terminé, qu’il reste une
très belle escale aux Açores et que nous aurons tout le temps nécessaire de
parler du retour lors de notre dernière navigation.
Les
conditions de navigations s’améliorent, notamment grâce aux messages de
Christophe et aux choix stratégiques de notre capitaine, qui nous permettent de
trouver les bons vents et cela le plus longtemps possible. Nous aurons aussi
régulièrement droit à de petites visites de dauphins voir de baleines. À croire
qu’elles ne nous lâchent plus.
Ce sera
aussi le moment pour redistribuer les nouvelles responsabilités. Théo est donc
désormais notre nouveau responsable annexe et sécurité. Nina est passée à la
gestion de l’eau douce et de l’électricité. Charles gère maintenant
l’intendance des fruits et des légumes. Simon, aidé de Marion, est de retour au
journal. Kevin doit maintenant se retrousser les manches pour le moteur.
Evolène est responsable du tri des photos et à la préparation des trousses de
secours pour les randos. Et enfin Mike est passé au matelotage.
Le 29
mai 2013 est aussi une date importante pour Nina. Car oui, ça y est, Nina peut
rester une journée complète en cuisine, en navigation. Une victoire après plus
de 9800 milles marin contre le mal de mer, comme quoi tout est possible.
Le 30
mai, nous fêtons enfin les non anniversaires de Kévin et de Charles. Un
non-anniversaire est une anniversaire surprise pour une personne dont la date
d’anniversaire ne tombe pas sur le voyage. Nos deux cocos seront d’ailleurs
très gâtés par tout le monde, puisque chacun a pris le temps de fabriquer un
petit cadeau. Le vent n’étant pour une fois pas au rendez-vous, nous décidons
même d’affaler la voile avant afin de profiter de notre seule baignade au
milieu de l’Atlantique.
Le 31
mai, nous perdrons une première heure, ce que nous reproduirons à deux autres
reprises durant la traversée et une dernière fois le jour de notre arrivée à
Flores. La journée sera d’autant plus rapide que ce même jour, Nina et Marion
nous auront aussi concocté un petit jeu afin de tester notre culture générale.
Après
quelques jours avec des vents au portant qui nous assuraient une navigation
pépère, une dépression change quelque peu la donne. Le vent passe au travers et
forcit progressivement, ce qui nous contraint à prendre des ris (réduction de
la voile). Nous entrerons donc dans un nouveau jeu, celui des surfs et des
records de vitesse. Plus besoin de chercher quelqu’un pour barrer comme c’est
parfois le cas depuis notre départ des Bahamas. Il faut désormais chasser le
barreur de sa place au bout d’une heure afin que chacun puisse s’amuser.
Attention, lorsqu’on s’inscrit sur la liste, il est important de rester sur le pont. Car si on décide de rentrer
dans la coque pour s’y abriter des quelques embruns qui viennent nous mouiller,
cela équivaut à passer notre tour. Evolène commencera donc avec un surf à 16,5
noeuds avant de se faire détrôner durant la nuit par un surf de Kévin à 17,3
noeuds, dont on aurait dit qu’il se prenait pour Franck Camas. Ne pouvant
laisser un jeune de 11 ans détenir le record de vitesse de la traversée retour,
Thierry, notre bien nommé capitaine, s’emparera dès le lendemain du record de
vitesse et le fera passer à 17,4 noeuds. Mais l’équipe des jeunes en avait
décidé autrement, et il ne fallut que 10 minutes de barre à Théo pour prendre
non seulement le record de la traversée avec un surf à 18,6 noeuds, mais aussi
celui du voyage dans son ensemble détenu jusqu’alors par kélig (18,2).
Cette
traversée sera aussi rythmée par du travail de tête (maths, français, histoire
- géographie...) le matin ainsi que par plusieurs lectures collectives qui se
déroulent après le déjeuner lorsque nous sommes en pleine digestion.
Côté
repas d’ailleurs, les pâtes sont encore une fois la révélation culinaire de
cette navigation. Pâtes sauce fromage, pâtes sauce tomate, pâtes béchamel à la
farine complète et au lait d’avoine, rien ne nous fait peur tant qu’il s’agit
de pâtes. Et pour ce qui est du frais, notre nouvel intendant déjà réputé pour
son intransigeance, nous a quand permis d’arriver avec 4 oeufs, 7 oignons, un
choux et 8 pommes, ce qui signifie que nous n’avons pas tourné qu’avec des
boîtes de conserve sur la fin.
Enfin
signe de notre retour en Europe, l’eau s’est rafraîchie tout au long de notre
traversée et il nous est désormais moins agréable de nous doucher. Les
baignades n’étant plus qu’un lointain souvenir, quoique que nous comptons sur
la Méditerranée pour les reprendre.
Que le
pronostic le plus proche était celui de Simon. Que nous n’avons pêché qu’un
seul poisson (un thon) mais qu’il était gros et surtout très bon. Que tout le
monde avait misé sur une pêche plus fructueuse.
Nous
allions presque oublier de vous dire que nous étions bien arrivés sur l’île de
Flores aux Açores dans la nuit du 9 au 10 juin à 5h52 heure locale, après avoir
parcouru 2592,4 Milles marins à une vitesse moyenne de 7,34 noeuds, ce qui
serait apparemment un record de traversée pour Grandeur Nature (si Chistophe le
valide).
Que
nous sommes sur l’île et donc la terre la plus à l’ouest de l’Union Européenne.
Et que nous avons déjà commencé à en profiter.
À
bientôt !
Charles
et Régis
1 commentaire:
Bravo les GN pour cette traversée record!
Je me demande si mon courrier aura réussi à parvenir jusqu'à vous... 2 océans ça fait beaucoup.
Profitez bien des Açores, et grosses bises à tous
Miren
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