Nous sommes donc en Guadeloupe pour y déposer Chloé et faire
les pleins de nourriture.
Alors aujourd’hui grosses courses avec Hélène, Tit, Jade et
Phil, tellement grosses que Tit devra rentrer seul dans la voiture à cause du
manque de place. On en profite pour s’acheter quelques viennoiseries à la
boulangerie. De retour à bord, rangement puis douches. Après le repas vient le
très bref au revoir (ou plutôt adieu) de Chloé qui part pour l’aéroport.
Le lendemain, on largue les amarres direction Samana. La
bonne vieille routine reprend : les cours, les manœuvres, le réveil
musculaire, mais cette fois ci, pas de mal de mer. Sur ces 5 jours de nav, nous
n’avons eu que 15 heures de vent, le reste est passé tranquillement au moteur.
Mais ces quelques heures de vent étaient au près. Résultat, nous arrivons à
Samana, trempés, mais contents car nous avons vu nos premiers sauts de
baleines. Nous mouillons dans une des anses de la grande baie, un endroit
propre (ou presque), joli (ou presque) et des pélicans plongent autour de nous
(cette fois pas presque; ils plongent vraiment !).
Le lendemain, nous partons pour la baie de Santa Barbara de
Samana à 5 min d’ici. Nous jetons l’ancre dans l’eau polluée, les égouts se
jettent dedans et une couche de graisse ou de carburant flotte à la surface.
Pas la peine de vous préciser que nous ne nous baignerons pas ici. Tit et
Christophe vont à terre pour faire l’entrée et la demande pour le permis qui
nous permettra d’aller à Silver Bank voir les baleines. Pendant les trois jours
que nous passons ici, nous nous occupons de faire les pleins de fruits et
légumes au marché qui est un bâtiment où se rassemblent une vingtaine d’étals,
où la circulation est compliquée à cause des allées étroites où seulement une
personne à la fois peut passer. Les prix sont bas et les aliments de qualité.
Un homme essaiera quand même de donner un bébé à Anaëlle et Jade.
Nous en profitons pour laver tout notre linge et faire les
pleins d’eau. Un robinet est installé sur un ponton en béton crasseux qui a un
débit si faible qu’il nous faut ½ heure pour remplir un bidon de 10 litres… La
manœuvre est difficile car les bateaux de Whale Watching poussent leurs moteurs
à fond et déstabilisent l’annexe.
Finalement, nous avons le permis (merci Christophe et el
Ministro de Medio Ambiente y Recursos Naturales, Dr Bautista Rojas Gómez) et
pouvons partir pour le banc d’argent. Une dernière glace et nous levons
l’ancre. Les baleines nous accompagnent pour sortir de la baie. Nous avons 110
milles à faire pour atteindre notre mouillage. Le vent fait des siennes ;
au début il n’y en a pas, et à la fin, on a 25 nœuds dans le nez. Nous tirons
des bords et avançons à 1 nœud dans la bonne direction. Il nous faudra allumer les
moteurs pour arriver avant la nuit. De temps en temps, nous apercevons au loin
une caudale ou une pectorale qui claque. Ça réchauffe nos cœurs refroidis par
les embruns à l’idée que bientôt nous pourrons nager avec les baleines.
Vers 17 heures enfin, nous nous amarrons aux bouées des
charters qui ne sont pas là. Le mouillage est dépaysant par l’absence de
paysage : pas de terre en vue, seul le vaste océan s’étant sous nos yeux.
Et l’épave du Polyxéni, un vraquier échoué depuis plus de 30 ans, comme seul
repère. Ce soir, ce sera une nuit paisible, sans quarts avec le vent qui rugit
au dessus de nos têtes.
Le lendemain, Christophe et Tit vont installer le mouillage.
Ils partent en apnée enrouler une chaîne autour d’une patate de corail qui est
reliée à la patte d’oie, elle-même reliée à trois bouées pour faciliter sa
prise. On libère donc le mouillage pour aller chez nous. Pendant l’après midi,
certains vont explorer les patates de corail, les tunnels, l’épave ou voir des
petits poissons pendant que d’autres passent en contrat. Il n’y a plus de gros
poissons car les pêcheurs que nous croisons les ont tous chassés.
Pendant les 4 jours qui suivent, nous quittons le mouillage
à la recherche des baleines pour essayer de nager avec elles. Pour sortir de la
zone des patates de corail, il faut une personne sur chaque étrave plus une sur
l’échelle de mât qui indique les têtes de corail et les baleines, une personne
qui règle la voile d’avant (nous n’utilisons pas la GV pour ne aller trop
vite), un barreur et 3-4 plongeurs à l’arrière prêts à sauter en cas de
mégaptère à côté du bateau, dont 2 aux ailes qui surveillent les profondeurs.
Les ailes sont des planches en bois reliées au bateau en forme de queue de
baleine qui nous permettent de monter et descendre à volonté.
Chaque jour, nous avons pu faire au moins une rencontre plus
ou moins longue. Mais il y a eu 4 super rencontres où les baleines se sont
intéressées soit à nous soit au bateau et sont restées plus de quelques
secondes. Quand elles nous regardaient avec leurs gros yeux, on avait
l’impression qu’elles nous scannaient de l’intérieur. Ces rencontres avec ces
mammifères de 15 m et 60 tonnes sont indescriptibles.
De temps en temps, lors de la pause déjeuner, nous plongions
pour écouter leurs chants qui peuvent se propager à 20 milles, soit environ 35
km. On pourrait comparer ces chants incomparables à ceux des violons et des
contrebasses.
Mais le vent se lève et nous devons passer la fin de
l’escale au mouillage. Ici, les journées sont moins mouvementées, le matin travail
de tête et l’après midi baignade, après le goûter, Elodie organise souvent un
jeu, Pictionary, mimes etc…Un jour même, Elo et Kaïs ont organisé une chasse au
trésor dans les patates et nous ont épuisés.
Mais un jour le vent a été plus clément et nous avons pu
sortir faire un tour. Pour notre bonheur, c’était le bon moment car Hélène,
Elodie, Phil et Jade ont fait une rencontre de plus d’une heure avec 3 baleines
adultes. Sous l’eau, l’expérience était magique, mais à la surface le spectacle
était tout aussi beau. Les baleines tapaient de la caudale ou de la pectorale,
sautaient, ou venaient tout simplement respirer à quelques mètres du bateau. Ce
fut notre dernière rencontre pour ce premier séjour. Tout le monde en est
enchanté. Nous devons rentrer à Samana pour faire le plein et changer de
capitaine. C’est avec Michel que nous continuons et finissons l’aventure.
Un témoignage de chacun sur le premier séjour avec les
baleines :
- Elodie : Nous avons déjà fait de belles rencontres sur le
peu de jours où nous avons pu naviguer sur le banc. Moi j’ai surtout une image
qui me reste en tête, c’est la baleine qui me regarde, se met à tourner sur le
côté sur elle-même, tout doucement et se remet dans sa position initiale sans
me quitter des yeux. Ça donne envie d’y revenir, de continuer et de se marrer.
- Christophe : Heu… il y avait beaucoup de vent mais c’était beau.
(Jade : tu ne peux pas rajouter autre chose ?) Heu… Les
baleines c’est gros !
- Moussa : Je ne m’attendais pas du tout à ça. C’est encore
plus génial que ce que je pensais. Voir un gros œil de baleine qui vous regarde
et être à même pas 10m d’une grosse bestiole, ça fait bizarre. Je suis un peu
dégouté de ne pas être chez moi pour mon anniversaire, mais je suis content de
le faire avec les baleines et ma 2eme famille.
- Kaïs : Trop court. Génial, extraordinaire ! Des
rencontres fantastiques, un bon avant goût de ce qu’on va voir pendant le
séjour aux baleines.
- Hélène : C’était bien un peu et donc voilà… J’ai trouvé ça
super, même si il y avait beaucoup de vent et qu’on n’a pas pu aller aux
baleines aussi souvent qu’on le voulait. C’est bizarre d’être mouillés au
large, tous seuls parce qu’on fait abstraction des bateaux de charter et on est
resté tellement longtemps qu’on s’est approprié le lieu. Ce que j’ai ressenti
lors des rencontres avec les baleines, je ne vous le dirai pas, c’est à moi.
Vous n’aviez qu’à être là… ou pas. C’est aussi bien.
- Dayan : Ch’é pas, j’m’en fous (Philémon l’a interrogé
pendant qu’il n’arrivait pas à comprendre sa leçon de SVT…). 1 jour, 2 jours,
15 jours avec les baleines… C’est passé tellement vite. Les rencontres qu’on a
fait, les multiples caudales, pectorales qu’on a vues et le plus fort dans tout
ça, c’est lorsque la baleine t’observe. Tu as envie de lui parler et tu penses
que c’est réciproque mais c’est quand même un moment très fort et difficile à
décrire. J’ai hâte de retourner sur le banc ; j’espère qu’il y aura moins
de vent la prochaine fois. Mais les jours où il y avait trop de vent nous ont
permis de connaître chaque patate de corail autour de nous. C’était déjà une
super expérience avec les baleines.
- Thierry : Pour un premier séjour aux baleines, c’était bien.
C’est toujours aussi beau le banc d’argent. Peut-être la faute à trop de vent,
mais avec la baleine c’est des fois oui et des fanons ! Et même si je n’ai
pu y rester que 15 jours, je me console en me disant que cétacé !!
- Anaëlle : C’est obligé maintenant ? faut que je papote
là ! Bon ok… Je n’en espérais pas plus, j’ai eu la chance de faire
plusieurs belles rencontres. Bien que nous soyons restés beaucoup au mouillage,
ça ne nous a pas empêchés de bien nous amuser. On n’hésite pas à sauter dès 7
heures du matin à l’eau pour essayer d’intercepter une baleine. J’ai hâte d’y
retourner.
- Philémon : c’était trop bien, seul truc pour lequel je suis
déçu, c’est qu’on a passé trop de temps au mouillage. Mais toutes ces
rencontres, ces baleines qui vous regardent ou qui vous tournent autour,
c’était juste génial. Nager avec un mammifère de 15m et 60tonnes, surtout si
c’est une baleine, c’est pas donné à tout le monde. Et je suis vraiment content
d’avoir pu vivre cette expérience. Vivement la prochaine fois !
- Jade : Se retrouver au milieu de rien, l’océan c’est tout,
c’est pas commun. En plus, des baleines qui nous tournent autour, c’est
magique. Un autre monde, quelque chose à part, coupé de la réalité. Et je
remercie ceux qui ont fait que cette escale soit possible.
Jade et
Philémon
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