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25 février 2017

la lettre co de Léa et Jacques

Période de transition

Le 20/02, nous voilà à Santa Barbara de Samana, passage obligé afin d'obtenir l'autorisation d'aller voguer sur le banc d'argent, sanctuaire des baleines à bosses. Comme nous avons prévus d’y rester jusqu'à épuisement de nos réserves en eau et nourriture, nous vous donnons dors et déjà un aperçu de notre semaine de transition depuis la Dominique.
C’est le dimanche 12 que nous quittons cette île qui restera éternellement dans nos mémoires (au moins tant que la maladie d’Alzheïmer nous épargne), grâce à tous les merveilleux moments que chacun y a vécu. Comme bien souvent, le passage entre deux îles est quelque peu agité. Nos organismes déshabitués furent donc, pour beaucoup, tout brouillassés par cette traversée d’une petite journée où tout le monde est resté sur le pont, évitant ainsi de vomir dans les coques, mais aussi pour manœuvrer. Il nous a en effet fallût tirer des bords entre les Saintes et Marie-Galante pour arriver au cul de sac de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, le cœur partagé entre les souvenirs de la Dominique qui s’éloigne derrière nous et l’excitation de poursuivre notre voyage vers de nouvelles aventures.
Après une nuit au mouillage entre Grande et Basse Terre où il est presque choquant pour nos yeux de revoir tant de béton, c’est dans la marina moche et puante que nous accostons pour des aventures finalement pas si excitantes mais absolument nécessaires : vider les poubelles, astiquer le bateau de fond en comble ainsi que réparer tous ses petits dysfonctionnements, laver nos draps et vêtements et visiter les différents magasins des environs dans le but de remplir les placards vides. Grâce à un équipage motivé et efficace, nous avons rapidement remplis toutes ces missions, ce qui nous a permis d’avoir du temps libre pour tranquillement écrire à nos proches ; car il nous fallait attendre que nos radeaux de survie reviennent de leur révision avant de partir. L’occasion de passer deux soirée avec Alix, une jeune femme que Séb a hébergé cet été et qui est intéressée par le projet Grandeur Nature. Anaelle et Jacques en ont profité pour s’échapper du bateau et se retrouver au commissariat… ils avaient complotés d’établir une procuration de vote pour les prochaines élections présidentielles. Ils en ont profité pour flâner un peu en ville à la recherche de journaux frais et d’une glace artisanale, tout en s’imprégnant de l’ambiance de cette préfecture.
Une fois toutes les lettres postées le mercredi 15 au matin, nous prenons le large. Mer plate et vent faible qui pousse tout doucement GN quatre jours durant. Nous les mettons à profit pour se baigner en sautant à l’avant du bateau et se rattraper à des filins qui traînent à l’arrière. Moment opportun pour effectuer un bilan individuel avec chaque jeune sur cette période dominiquaise et d’établir de nouveaux contrats pour la période de navigation des baleines. On en profite aussi pour se remettre à l’espagnol avec des leçons préparées par des jeunes volontaires afin de les présenter à l’ensemble du groupe ; globalement, il y a de bons restes des Canaries. 
En passant à l’ouest de Porto Rico, nous sortons de la mer des Caraïbes pour retrouver l’océan Atlantique. Changement d’ambiance : vent plus fort, mer agitée et ciel grisâtre. Nous avançons maintenant au travers avec des vagues qui viennent gentiment secouer le bateau et balayer le pont. Hantise pour certains qui, la tête dans le seau ou le regard dans le vide, regrettent la mer d’huile ; excitation pour d’autres qui, tout sourire de ces conditions, se disputent la barre pour jouer à garder le cap tout en chevauchant la houle. Comme un signe de bienvenue, c’est plusieurs baleines qui viennent nous accueillir à l’approche de l’île. 
C’est donc le dimanche suivant que nous achevons cette courte et lente période de navigation (5 nœuds, la plus faible moyenne depuis 5 mois) en mouillant au soleil couchant dans la baie de Samana. Une nuit au calme avant de s’installer devant la petite ville colorée de Santa Barbara où, dès le matin, certains partent en quête de denrées fraîches mais surtout des papiers et tampons nécessaires pour poursuivre notre périple. Nous aurons même droit à la visite de quelques autorités venant voir, sans succès, s’il n’y avait pas un petit bakchich à gratter.
Nous vous donnons rendez-vous dans quelques semaines pour une prochaine lettre narrant notre rencontre probablement exceptionnelle avec les baleines.

Léa et Jacques       



PS du 25 : Quelques commentaires supplémentaires puisque pour naviguer en toute sécurité, il est préférable qu’un voilier ait ses moteurs en état de fonctionnement. Or celui de tribord lançait divers bruits étranges depuis quelques temps. Nous avons donc profité de cette escale pour dégotter « Chamon », réputé comme l’un des plus compétent mécanicien de la ville, afin qu’il vienne ausculter la machine toussotante. C’est l’opération qui est envisagée car quelques heures plus tard, le cockpit est envahie par les pièces du moteur intégralement démonté sous les yeux inquiets des hommes de l’équipage. Une journée pour usiner une pièce (un coussinet entre le vilebrequin et la bielle) dans une grande ville éloignée, une autre pour nettoyer toutes les pièces et enfin une poignée d’heures suffiront à « Chamon » pour tout remonter avec succès. Une reproduction des archétypes de genre s’est produite durant ces journées avec les gars qui assiste le mécanicien sur le pont, les mains dans le cambouis, alors que les filles restent la majeure partie du temps enfermées à l’intérieur. Beaucoup de temps disponible donc pour un peu s’occuper du bateau mais surtout de prendre du temps pour soi : lecture, baignade, dessin, jeux, écriture de mails, révisions scolaires… 

Les derniers avitaillements effectués, le permis pour naviguer sur le banc d’argent obtenu (moyennant 1000$US à prix d’ami), le moteur ronronnant à nouveau (pour 150 euros à prix vraiment d’ami), nous allons prendre la mer aujourd’hui afin d’être à l’entrée de Silver Bank au lever du jour. Car pour atteindre notre mouillage, il nous faudra slalomer entre les récifs de coraux, visibles par les contrastes sur l’eau, décelables qu’à la lumière du soleil. Après cette pause forcée, qui tombe pile au milieu de notre voyage, c’est reparti pour de nouvelles aventures…


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