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16 mars 2023

Suite du Second journal de bord : La Guyane du 15 au 30 Décembre 2022




Le 15/12/2022 
Arrivée en Guyane.  Le jour se lève, après une nuit de quart mouvementé, car nous avons dû slalomer, éviter hauts fonds et épaves. D’ailleurs aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Chad et bien sûr de Jamel. Dès le matin, c’est la fête mais il faut garder de la concentration, il faut guetter les bouées du chenal du Maroni. Plus loin les unes des autres, c’est un bon exercice de repérage. On avance petit à petit et on rentre enfin dans le fleuve, une flore luxuriante accompagnée de sa faune magnifique, un vrai spectacle. Mais bon, on découvre bien vite le climat de la Guyane, la pluie nous tient compagnie dans notre remontée du fleuve. Avec Christophe et Kath, on est les seuls à barrer. Apparemment la pluie ne plaît pas à l’équipage, personne ne tient compagnie au barreur, même le changement de barre se fait sous le beau temps, entre deux grains. Je prends la barre, je me pose sur mon siège préféré et j’observe cette flore si mystérieuse et attractive. La pluie ne me gêne pas, au contraire, elle ajoute un effet magique à cette forêt si dense. Je suis tellement absorbé que j’aurais envie de stopper le bateau et d’entrer dans la forêt pour la parcourir, la découvrir. Mais bon, Isma me ramène à la réalité, me disant qu’on ne peut pas s’y aventurer car c’est trop dangereux. On voit petit à petit notre prochain nid, Saint-Laurent du Maroni. La ville n’est pas si écrasante pour la forêt, au contraire, c’est la forêt qui prend le dessus. J’avais aussi oublié de dire qu’on est passés par un petit village amérindien nommé Ayawandé, situé à l’embouchure du Maroni. Il est placé sur une dune de plage, cela permet que les animaux soient moins présents et que la flore ne prenne pas le dessus. Dans ce village on a fait connaissance de Raymond, un natif qui fait des couleuvres pour écraser le manioc. Il le fait entièrement au roseau et à la main. Bon, revenons au temps présent. On arrive donc à Saint-Laurent et on est accueillis d’une manière particulière. Lola, Robin, Kyllian (bénévole de Vent d’ouest) et Emilie (géologue), sont sur un petit bateau ! Ils enchaînent virement de bord et empannage pour nous rejoindre et se mettre à couple. Les retrouvailles faites, on s’amarre à une bouée et d’autres personnes sont là aussi, mais cette fois à terre. Ce sont Océane et Tallia, la nouvelle jeune qui nous rejoint. On va les chercher et elles montent à bord. Moi de mon côté, je vais ramener à terre nos nouveaux compagnons qui étaient sur le petit bateau. Robin veut qu’on monte à 5 sur le kayak, avec Lola on lui dit que cela ne va pas être possible. Je rentre à bord et on finit cette journée à 14 dans le carré tribord en mangeant un gâteau d’anniversaire (préparé par Mathys) qui était très bon. 
Isaac

Le 16/12/2022



Comprendre ses torts c’est se relever,

Deux très courts mois ici j’ai passés,

Comprendre les phrases que je vais vous citer.

Tout vient à point à qui sait attendre,

Preuve avant j’avais les ailes cassées

Now j’les ouvre en grand pour m’envoler.

Il est temps de vivre ma vie de rêve

Donc j’ouvre les yeux pour ne plus les fermer.

Maintenant j’suis lancé, j’peux plus m’stopper.

J’ai eu l’audace d’écrire mon histoire

Pleine de moments de gros désespoirs.

Mais maintenant la lueur où je suis

A vraiment créé une ombre là-bas.

Quoi que j’fasse, quoi que j’dise, quoi que j’vive

Elle me suit cette histoire si tragique.

Qui s’imprègne en moi qui me fait vivre.

Combien de dizaines, centaines de fois

Ma voix a tremblé sous la colère.

Mais maintenant j’navigue sur tous les flow

En avalant plein de connaissances.

Les sentiments altèrent mes sentiments,

Maintenant j’sais qu’un gâteau peut m’faire pleurer,

Alors que le racisme me faisait bien marrer.

Aimer savoir est humain,

Savoir aimer est divin.

Chad/Malo                                                                                                                           


Le 17/12/2022



Alléluïa en attendant le Messi. Premières impressions de Guyane, il pleut beaucoup et ça je n’aime pas. On a vu Pamina alors que j’avais appris seulement la veille qu’elle était en Guyane.

Mais c’était une journée assez incroyable pour que j’essaye de la raconter en entier. En même temps si je vous dis que le fait principal était la fin de notre bilan et que nous avons passé 3 heures dans le carré tribord assis à se parler avec de la pluie au-dessus de nos têtes, nous étions tous les 13 et même 14 quand Pamina nous a rejoints de manière impromptue. Mais si je rembobine, le matin, j’étais allé récupérer le Mac qui ne marchait plus depuis le Brésil et j’étais aussi passé au Marché pour acheter du poisson boucané, du coup en écrivant je me rends compte que c’est seulement l’après-midi que nous avons fait le bilan, en se lisant les 6 questions auxquelles nous avions répondu tous les 10, la dernière, sur nos relations avec chacun des membres de l’équipage, nous ayant occupés les 2/3 du temps. Un vrai moment d’échange les yeux dans les yeux qui montre que tout le monde a grandi. C’est d’ailleurs le sentiment général que j’ai eu, ce moment m’a permis de mesurer le changement chez chacun de nous. C’était d’autant moins évident que dans l’après-midi une sono s’est mise à cracher des sons à donf, mais c’était moins pire que le soir où nous avons eu droit à une cérémonie en musique de pasteurs évangéliques de 19 heures à 23h12, ils braillaient des alléluias et des chants plus ou moins justes de louanges au Seigneur. Nous avons réussi à aller au bout de notre mission mais parfois c’était dur de rester focalisé. Nous avons terminé le soir par Ismaël, Kathleen et moi. Vers 16 heures, nous avions rendez-vous avec une chercheuse en géologie qui devait nous faire une conférence sur ses recherches, trouver les plus vieilles roches sur la terre, dit comme cela vous vous dites que ça devait être barbant, eh bien pas du tout, c’était passionnant ! Et je ne dis pas cela parce que c’est une Sétoise, amie d’amis, et même pas parce que j’ai tout compris. Non, c’était vraiment très intéressant, elle a réussi à nous captiver, aucun de nous n’a regretté ce moment, d’autant plus que nous l’avons accompagné de 4 bacs de glaces locales que nous avons fait tourner.

Voilà un texte que j’ai envie de finir en criant Alléluia. En attendant le Messi demain, car il n’y a qu’un seul Messi et il s’appelle Lionel ! Désolé Isaac et Chad je ne pouvais pas la rater !

Christophe


Le 18/12/2022


Aujourd’hui, il y a eu Anouk qui retrouvait sa ville et le cirque. Excitée, heureuse et pleine d’énergie.

Il y a eu Tallia qui était pour la France, mais qui a quand même souri.

Il y a eu Chad, qui attendait midi pour manger les gâteaux de sa mère.

Il y a eu Isaac, lui aussi pour la France.

Christophe qui avait dit que ce serait l’Argentine qui gagnerait.

Isaac qui s’est bien amusé et qui a retrouvé le Capitaine Alatriste.

Il y a eu Kathleen qui a fait le contrat d’Anouk pendant le match car elle ne voulait pas perdre de temps.

Il y a eu Christophe qui l’a suivie.

Il y a eu Mathys qui était dégoûté.

Il y a eu Matis qui a fait du diabolo.

Robin, qui a fait une salade avec Chad.

Elora, qui a souri toute la journée car elle ne savait pas ce qui l’attendait le lendemain.

Lola qui leur a appris des trucs de cirque.

Yawenn qui s’en fiche du foot et qui aime les portés.

Ismaël qui est parti à Kourou le matin.

Gaïa, Lola, Célestine, Laure, Edouanise et Océana qui sont venues à bord.

Et un chat qui a pris soin de maltraiter Anouk sans rien demander en retour.

Anouk.


Le 19/12/22 « OSBD »

Mouillée, pieds nus. J’ai oublié mes chaussures, mais de toute façon je n’aime pas ça. Plus je grandis et plus mes pieds ont besoin d’air. Avancer sur le chemin en me sentant libre. Mais pour être libre sans se blesser il faut regarder où l’on marche. On sait quoi éviter quand on a déjà marché sur des trucs tout rouillés. Mes pieds m’ont finalement emmené au cirque et se sont rapidement dirigés vers Sophie sur son petit banc de bois derrière son ordinateur. Elle me présente son projet, vers où vont ses pieds à elle. Monter un grand chapiteau sur un grand terrain pour faire du cirque. Ça ressemble à un rêve d’enfant et ça me fait du bien. Les pieds qui savent exactement quelle direction prendre mais savent aussi prendre le temps d’y arriver, de contourner les troncs d’arbres et d’escalader les rochers qui se dressent. J’ai l’impression que ses pieds continuent d’avancer même si un brouillard épais ne leur permet plus de distinguer ce qu’ils fouleront dans quelques mètres. Je suis très impressionnée par sa détermination. Mes pieds sont à présent aux côtés de ceux de Tallia sur le chemin de terre, qui, de flaque en flaque, accueille notre bonne humeur. Je suis heureuse de passer un peu de temps seule avec elle, de la découvrir pas à pas. Malgré le fait que nous nous connaissons peu, on échange simplement, c’est drôle et léger, ça fait du bien de la sentir à l’aise. Ses pieds adorent s’enfoncer dans les flaques, elle n’en rate pas une !


Mes pieds me ramènent au bateau, le repas du soir arrive. Ils aiment cette partie de la journée car ils sont suspendus dans les airs sous la table. Sans poids, tout secs et avec une dizaine de paires de pieds tout autour. Ça leur fait du bien d’être avec les copains. D’ailleurs c’est gros craquage, on se met des louches et des cuillères sur la tête, on prend des fous-rires, on charrie Isaac, un peu. Et puis Elora aussi parce qu’elle ne peut plus rien toucher à cause des piments qu’elle a coupés. Le truc moins drôle c’est qu’elle souffrait vraiment beaucoup, mais bon je la remercie de m’avoir laissée lui donner à croquer ses bouts d’oranges. La bave et le rire ça rapproche ! Même si on rigole bien, il se fait tard et il est temps de songer à vaquer mais… une question surgit qui d’un seul coup fait régner le silence : qui remplace Elora pour aider Tallia à faire la vaisselle et le ménage ? Un ange passe et s’ensuit une liste d’excuses si grande que ça me fait désespérer. Ce désespoir prend quelques secondes à se transformer en colère. Je me lève et je vais faire la vaisselle, comme aucun des jeunes ne se propose. Je suis en colère si fort que j’ai envie de casser des trucs et de crier. Ça reste pendant une heure et demie à bouillir à l’intérieur. Je me pose mille questions qui tournent dans ma tête, mais quand on est en colère il est impossible de réfléchir. La colère est une émotion très utile, elle n’est pas très agréable mais elle vient pour nous indiquer le chemin. Je m’explique : quand on ressent de la colère c’est qu’une limite a été dépassée, c’est notre corps qui nous met un panneau STOP tout rouge devant la face pour nous faire comprendre qu’il ne fallait pas aller par là. Un peu comme le bonhomme tout rouge dans Vice Versa pour ceux qui l’ont vu. La colère je ne la ressens pas souvent, la vraie, celle qui prend toute la place et qui dévore le ventre. Du coup j’ai fait un petit jeu CNV pour vous expliquer ce qu’il s’est passé en moi, ça s’appelle OSBD : observation, sentiment, besoin, demande.

Observation : Quand vous avez dit que vous n’alliez pas aider Tallia.

Sentiment : J’ai ressenti de la colère.

Besoin : Parce que ça n’a pas rempli mon besoin de solidarité qui est très fort.

Demande (à moi-même) : Baisser mes attentes en ce qui concerne ce que vous pouvez donner en terme de solidarité pour ne pas me sentir déçue.

Ensuite, j’ai réfléchi à une chose qu’il aurait été possible de faire : proposer une solution collective, c’est à dire se partager la vaisselle et le ménage entre plusieurs personnes. Pour qu’on fournisse tous un petit effort plutôt que deux personnes fournissent de gros efforts. En manœuvre par exemple, pour mouiller ce n’est pas possible que ce soit une personne qui fasse tout en même temps sinon elle s’épuiserait. C’est pour ça qu’on se partage les postes.

Je me suis ensuite dit : quel exemple de solidarité on donne à Tallia ? Quel accueil on lui fait ? C’est la première fois qu’elle se retrouve de cuisine et un groupe de 6 jeunes lui tourne le dos.

Et pour finir ça m’a rappelé la question de l’auto-évaluation : qu’est-ce que tu fais aux autres que tu n’aimerais pas que l’on te fasse ?

Kathleen


Le 20/12/2022

« Que le spectacle reste vivant ! »

Des journées comme celle-là ça fait vraiment du bien. On a reçu, on a donné, on s’est bien donnés, on ne s’est pas arrêtés de la journée. Comme tous les matins, cette semaine c’est « attitude cirque ». Depuis dimanche à Latitude Cirque, nous explorons ensemble cet univers, dans un coin de gymnase guyanais, avec la troupe de l’atelier des étoiles, les jeunes que Yann, directeur de l’école, entraîne une dizaine d’heure par semaine. L’échange avec eux a commencé pour Tallia et moi il y a deux semaines déjà. Et ça continue chaque jour : échanges acrobatiques et jongleries connectées, partage de portés, confiance déportée, harmonie apportée à un groupe d’aventuriers, la création circassienne est lancée ! Des cabrioles pour l’équipage, je te porte sur mes épaules, je ne te laisse pas tomber, eh toi là haut ! Je t’envole !


A la fin de la session cirque, place au pique-nique collectif, autrement dit : dégustation de riz et de salade gluante préparée par Christophe et Yawenn. Le groupe est ensuite scindé en deux : d’une part pour remplir le bateau de sa denrée la plus précieuse, l’eau, et d’autre part pour aider à retaper les Nikans de l’école de voile. Je fais équipe avec Tallia et Robin pour affronter les remous du Maroni en kayak, à l’abordage du deuxième petit bateau rouge qui a bien mérité son carénage. Mathys, Matis et Elora restent à terre, au karcher ou au gréement et aux réparations de l’autre petit Nikan sorti de l’eau la veille. Avec mon équipe nous détortillons tant bien que mal les nœuds qui nous attachent à la bouée, avant de nous laisser porter par le courant de la marée jusqu’à la rampe qui nous permettra d’extirper notre embarcation du fleuve. Nous la hissons sur la remorque, la démâtons, en passant par une colonne à deux qui nous permettra de rattraper la drisse qui s’est échappée dans le ciel. Le cirque c’est pratique, rien n’arrête une circassienne !

Tallia s’empare à son tour du karcher et commence à décaper la coque. Détermination, motivation, action, chacun remplit sa mission. L’association Vent d’Ouest manque un peu de vent dans ses voiles et nous lui donnons un petit coup de pouce, ou un petit coup de souffle en remettant ses deux Nikans sur pied, ou plutôt sur l’eau !

Nous partons ensuite en convoi direction Saint -Jean. Trois véhicules et leurs chauffeurs ont eu la gentillesse de nous emmener jusqu’à la fête de Noël annuelle, qui réunit familles et enfants du village autour de festivités. Notamment la présentation du spectacle de la troupe de l’Atelier des Étoiles, les jeunes avec qui nous avons et allons partager beaucoup de cirque. Les mots manquent pour exprimer ce que ça me fait de voir des jeunes sur scène, fiers, heureux de présenter leurs numéros, ensemble ils réussissent à faire naître des émotions en nous, leurs yeux pétillent, les spectateurs frétillent, cette alchimie me remplit de joie, une colonne à trois, un numéro d’accro, un duo de passing et une multitude de mouvements en complicité.

Que le spectacle reste vivant, pour que nous puissions tous rester vivants !

Merci à eux pour ce cadeau.

Vient ensuite un temps de danse, les enfants en « banamba » se déhanchent, un tour sur scène avec Kathleen et Zoé, je me fais même acclamer ! Mais les Djoukas et les Saramacas, eux, ont l’awassa et le banamba dans les veines, dès l’enfance ils libèrent leurs hanches, on dirait même que c’est inné, mais pour moi c’est encore un peu compliqué. Mais une chose est bien sûre, j’aime danser. L’ambiance est joyeuse, Chloé et son association « Libacadabra » a organisé tout ça, les enfants sont déchaînés, j’ai même croisé Joy, une jeune fille rencontrée il y a 4 ans et recroisée il y a 2 ans. Et à la tombée du jour nous sommes rentrés, fatigués de cette journée bien chargée, mais tout aussi émerveillés.

Lola.


Le 21/12/2022



Aujourd’hui il s’est passé beaucoup de choses : il y a eu cirque le matin, on a testé pleins de trucs (mât chinois, trapèze, fil tendu, la boule, corde lisse, rola-bola) sans oublier avant tout ça le petit échauffement. J’ai découvert des talents à certains : Isaac était déjà trop fort au rola-bola, Mathys au trapèze et moi … ben je n’ai même pas réussi un truc, à part monter à la corde lisse à 5 cm du sol. Après cette séance de cirque aberrante on est retournés au bateau. Ceux en kayak sont arrivés très rapidement, mais le reste en annexe non car il y avait beaucoup de courant et ça c’est problème. On a accosté au bord et là Chad est venu nous chercher en kayak. Mathys et moi on est montés en kayak avec lui, ils ont ramé très fort, c’était une situation rocambolesque ! On est arrivés vivants au bateau. On a bien mérité notre repas, après on a fait le programme de l’après-midi : il y a un groupe hip hop, un groupe pour retaper un voilier et moi j’étais dans le groupe qui restait au bateau pour rattraper les textes en retard avec Anouk et Christophe.  Après un travail très long et un goûter plutôt sympathique, le groupe est arrivé. Ils ont tous commencé leur cadeau de Noël, mais malheureusement pour eux on a dû manger parce que c’était déjà le soir. On a eu des tee-shirts Latitude Cirque, ensuite on est allés dormir parce que demain est une journée qui sera très rocambolesque comme dirait tonton Chad. Tallia




Le 22/12/2022

Au petit matin, les yeux mi-clos et l’esprit embrumé, j’attaquai cette journée avec un grand bol de « COGEMA ».

« VvWuuFF ». L’effet radioactif du breuvage couplé à mon réveil douteux m’expédia instantanément dans les méandres d’un monde onirique. Je me retrouvai au cœur d’un cirque romain tout droit sorti de l’Antiquité. Sous mes pieds s’étalait un sol meuble et doux. Autour de moi, des diables couraient tantôt en faisant toucher leurs talons à leurs fesses, tantôt en montant leurs genoux à hauteur d’épaule. Dans ma tête résonnait une musique qui méritait dix pompes. Un ballet cosmique de boules multicolores virevoltait dans l’espace. Bien souvent, les humanoïdes autour couraient derrière sans jamais les atteindre. Petit à petit, des colonnes herculéennes s’érigeaient aux quatre coins du cirque, puis s’écroulaient dans un enchevêtrement de corps flasques. D’étranges chimères se dressaient parfois, lions ailés portés dans les cieux, ou bien hydres à deux têtes, contorsionnées en forme de « Y ». Tout à coup, une voix divine s’éleva en tous lieux. C’était la force créatrice qui tentait d’organiser ce chaos cosmique en nature harmonieuse. Toutes ces énergies vives s’organisèrent soudainement, et je terminai ce rêve sur un tableau dont l’harmonie égalait ça grâce.

« Arrête de rêvasser, si on traîne trop, la résine va sécher ! Amène-moi du tissu de verre que je rebouche ce trou ». C’était Chad qui me rappelait à l’ordre. J’ouvris les yeux, nous étions au club de voile « Vent d’Ouest » avec Isaac, Chad, Anouk et Elora. Notre mission, retaper les deux dériveurs de l’association. Chacun s’affairait à réparer quelque chose. Voilerie, gréement, menuiserie, stratification, nettoyage, il y en avait pour tous les goûts et nous finîmes notre après-midi satisfaits du travail effectué.

C’est le soir, en faisant en kayak le tour de l’épave qui se situe à proximité du mouillage, que je m’interrogeai :

« Quelle est la signification de ce rêve étrange… mon inconscient souhaite-il me faire passer un message ? »

Robin.


Le 23/12/2022

La rencontre forêt.

Aujourd’hui, c’est un sacré jour ! On part de Saint-Laurent pour emmener Grandeur Nature à l’ADNG et y passer Noël.

D’abord, on va faire des courses au marché avec Isaac (avec qui je suis de cuisine), Ismaël et Yawenn pour tous les super plats qu’on a envie de préparer.

Vers midi, Isaac à la barre et à la nav’, on lâche le corps-mort et on va de bouée en bouée, rouge à bâbord et verte à tribord, en direction de l’embouchure du fleuve. On bifurque à la première crique à droite, crique aux Bœufs lamantins. Elle se resserre, serpente de méandre en méandre, c’est magnifique.

On se sent s’enfoncer dans la forêt tropicale, c’est à la fois calme, à la fois rempli de bruits d’animaux, touffu de palétuviers.

Grandeur Nature fend les eaux calmes et marron de la crique, c’est un moment un peu magique. On rejoint la crique Vache un court instant puis encore à droite la crique Rouge.

Elle est encore plus refermée que les deux premières, on se faufile entre les branches et racines, parfois, on en pousse certaines jusqu’à l’endroit où GN s’amarre quand il vient à l’ADNG, à l’entrée de la crique Annette.

Ce n’est pas facile comme manœuvre, en travers du courant. On amène en kayak les amarres, l’avant à un arbre sur une rive, l’arrière sur l’autre rive à un autre arbre. C’est joli.

Je suis impressionnée, un bateau si gros dans une crique si petite, j’imagine que ça n’arrive pas souvent, sûrement que GN est même le seul à venir jusque-là.

Je suis contente que l’expérience des Grandeur Naturiens nous permette de venir jusqu’ici.

Pour aller plus loin, jusqu’aux carbets de l’ADNG, on a encore dix minutes de kayak dans la petite crique encore plus barrée de branches, on slalome dans la mangrove avec Kath. On est carrément émerveillées, on rit doucement.

L’arrivée est tout aussi belle, les carbets pour dormir et celui avec les tables et la bibliothèque sont de grandes constructions sans murs. Juste des toits et des poutres pour y accrocher les hamacs. C’est fou, on se sent vraiment dans la forêt et à la fois complètement à l’abri de la pluie qui est très présente.

Pas le temps de flâner, Isaac et moi on va découvrir la grande cuisine et on termine cette journée. On explorera les lieux demain.

Elora


                                          

Le 24/12/2022

Le Noël en carotte

C’était notre première nuit, la plupart ont bien dormi, mais moi j’ai eu le sommeil agité. Dans la nuit j’ai vu des lucioles et j’ai entendu des grillons. Ce matin des tamarins sont venus nous voir, ils sont drôles avec leurs pattes orange, ils sautent de branche en branche pour venir manger des petits trucs bleus. Aujourd’hui je suis de cuisine avec Christophe, on s’est dit qu’on faisait des groupes de cuisine comme Robin, Mathys-Morgan : ils vont faire un gâteau au chocolat - crème de marron plus un petit glaçage au chocolat blanc, miam, une pure dinguerie comme dirait mon reuf. Ensuite Elora propose de faire des samosas pour l’entrée, Lola, elle, fait des boissons aux gingembre et au bissap et pour finir Josy propose de faire des cocinas au fromage et à la viande et beaucoup de riz à la sauce crevette ; donc pour vous dire ce matin c’est chargé. Je vais aider Robin et Mathys pour leur gâteau et Chad vient me remplacer. Un peu plus tard Ismaël, Tallia et

Anouk vont chercher des décos de noël dans la forêt pour un petit sapin, pour faire plaisir. Vu qu’il est juste 10 h j’ai encore le temps avant d’aller en cuisine donc je décide d’aller aux toilettes et d’un coup je vois Christophe descendre vers l‘annexe et les kayaks, alors je décide de le suivre comme un ninja ou comme un chat qui repère la souris pour son diner et avant qu’il parte je lui saute dessus et je lui demande si je peux l’accompagner. Et c’est parti pour un petit tour en kayak. Je lui demande pourquoi il part en kayak et il me dit : « Je vais chercher mon cadeau. » Je lui réponds : « Mais pourquoi tu l’as caché là-bas ? » En fait j’ai enfin compris qu’il n’avait pas de cadeau ! C’est calme, beau, on entend juste le kayak qui glisse sur l’eau, les bruits de rame agréables, on fait petit tour par ici par-là, jusqu’au moment où on arrive à une autre crique. Là, on voit une femme qui nous dit d’un ton sévère :

« Ici c’est une propriété privée, vous ne pouvez pas aller plus loin ! »

 (J’y pense : on ne peut pas avoir une propriété privée en pleine crique.) Bon, demi-tour et sans cadeau pour Christophe. Avec lui on commence la cuisine : ce midi c’est pâtes au saumon, crème fraîche et chorizo, saucisson, avec en dessert donut au chocolat, du carouf décongelé. Lola, Robin et moi nous nous mettons à la lettre co. Je fais un peu de diabolo avec Mathys puis nous nous mettons au cirque sous le carbet. Ensuite Ismaël et moi nous demandons à Isaac de rassembler tout le monde, car ce soir c’est concert avec Ismaël. On s’écarte, on se déguise : casquette à l’envers pour moi, grand t-shirt d’Ismaël, cuillère, une râpe, et pour la fin short baissé. Pour Ismaël ce sera tablier, torse nu, casquette à l’envers. Et puis c’est parti tous ensemble : « C’est le rap de la carotte, la carotte, la carotte … » Bref, voilà ; le repas arrive et je me lance dans Titeuf et ça me fait rire. Le repas terminé nous voilà tous avec le ventre rond et Christophe a envie de vomir, nous nous arrêtons pour faire un jeu ( CNV communication non violente ) et chacun pioche une étiquette comme confiance, respect, honnêteté ; chacun dit un besoin. Après le jeu on ouvre les cadeaux, on est tous contents et tous heureux, l’heure du dessert arrive et ç’a été très bon. Je finis la vaisselle avec Chrichri et puis on se couche avec le sourire.  

Matis


Le 25/12/2022

One day dans la forêt tropicale… J’ai mouru !

Une petite musique douce retentit au milieu de la forêt. À la guitare, Kat joue « One day » de Asaf Avidan, mon voisin de Montagne Noire qui s’est téléporté ici d’un coup de gratte. Moi je me suis réveillé tôt ce matin, alors je profite de cet instant face à la forêt qui s’éveille, avec un petit café devant l’écran de verdure. Je suis bientôt rejoint par Isaac et Yawenn qui émergent et viennent compléter la brochette sur le grand banc de l’ADNG. Le calme règne sur la forêt. C’est agréable et doux. Et pourtant, en cuisine c’est la folie. Difficile d’imaginer que 15 m derrière nous à peine, Josy est déjà au fourneau, virevoltante, de la casserole au four, en passant par le plan de travail ou l’évier. Josy adore les fêtes et chaque jour elle nous offre de petites douceurs culinaires. C’est sa manière à elle de nous dire qu’elle nous aime, enfin, c’est ce que je pense.

Le réveillon est passé, pourtant les repas me semblent chaque jour plus gargantuesques et l’essentiel de mon travail de cuistot du jour consiste à réfréner les quantités de nourritures qui sortent des cuisines.

Mais avant le prochain repas, une matinée nous attend. Lola profite de l’aubaine pour proposer un temps cirque avec le groupe qui a préparé un spectacle la semaine passée pendant que j’étais chez mes amis Coco et Papi.

J’essaie de voir où ils en sont. « Ismaël, tu vas lancer les percus corporelles, tiens voilà des balles pour jongler, une guitare, tu peux siffler pour un signal et si tu croises les mains comme ça, on pourra envoyer en l’air des voltigeurs… ». « Heu… Ok, ok » Je m’exécute à l’aveugle. Lola a l’air de savoir où on va et telle une cheffe d’orchestre, elle règle au millimètre chaque numéro, chaque transition, chaque mouvement de groupe. Les Mat(h)is sont au diabolo, Kat et Elora aux massues, Isaac, Robin, Anouk et moi aux balles, Chad, Tallia, Yawenn et Lola sont à fond portés. Christophe sera le photographe. Bientôt, nous serons fin prêts pour jouer notre spectacle dans les villages du fleuve… À moins qu’on ne continue à manger comme des chancres, car ce midi c’est Bysance : poulet, riz, poisson, haricots rouges, galettes de manioc, semoule de manioc, salade de concombres gombos (les seuls légumes que je parviendrai à glisser dans ce repas guyanais) et pour le dessert, une bûche, apportée par Sophie, Claudio, Yann et Lilian, venus tous les quatre aider à finir les plats. Seul hic, c’est qu’eux aussi ont prévu trois gâteaux dont deux énormes tiramisus qu’on arrivera à reporter au goûter ! Heureusement, Anouk est là pour nous sauver : « Allez, maintenant tout le monde dans la mangrove ! ». Mais quésaco un accro mangroves ? C’est tout simple : c’est un accrobranche mais dans la mangrove. Il suffit de marcher, grimper, sauter entre les racines aériennes tendues entre les palétuviers sans se crépir de boue, et le plus sale a perdu. Alors forcément, à la fin, ça finit toujours en grosse bataille de vase, au grand désespoir des crabes violonistes qui courent se mettre en sécurité en attendant que ça passe. Tous aux abris !!!

Et plif, plaf, plouf, tout le monde finit dans la petite crique au bout du ponton de l’ADNG. La bataille se transforme en une grosse baignade collective dans l’eau trouble de la crique nouveau camp, quand soudain, une attraction terrible vers la grande table du carbet central se fait ressentir. C’est l’appel irrésistible du tiramisu. Alors avec Chad on ne traîne pas à servir avant de se faire mordre.

Après une vaisselle titanesque, je me précipite direct en cuisine pour essayer de devancer Josy. Mais trop tard. Je crois que mon collègue de cuisine n’a pas compris l’enjeu du moment vu qu’il part se planquer dans son bouquin.

Avec les restes de ces trois jours d’orgie, nous aurions pu nourrir un bataillon tout entier. Mais Josy ne voit pas les choses de cet œil-là. En plus des cocinas, des toasts, des galettes de manioc, des haricots rouges, elle a prévu une grosse plâtrée de pâtes bolo.

ARRRGHL… Elle m’a eu, je suis mort.

« Mais pourquoi tant de nourriture Josy ?

- Comme ça quand vous mangez, vous pensez moins à vos familles qui sont loin. Les pauvres enfants ! »

Bon, ce n’est pas tout, mais si on veut avoir le temps d’une sortie aux yeux, il va falloir s’arracher de ce traquenard.

Équipés de bottes ou de maillots de bains et de kayaks, deux équipes se forment.

L’objectif est de repérer aux yeux, dans le faisceau de nos lampes, les animaux nocturnes dont les yeux se reflètent. Mais il ne faut pas traîner, car dans la nuit, caïmans, iguanes, pians, Philomésus, opossums, grenouilles arboricoles, chauves-souris, boa de Cook sont de sortie. Et si la pluie nous attend au tournant, l’enthousiasme de nos troupes est à son comble. Nous rentrerons tard dans la nuit et tomberons rapidement dans un sommeil gras au fond de nos hamacs brésiliens.

Ismaël


Le 26/12/2022

Aujourd’hui je vais vous raconter cette journée un peu nulle, enfin presque.

Ce matin Josy, Pamina et Isaac nous ont préparé un petit-déj’ très lourd, comme d’habitude. Je suis le 2 ème réveillé après Anouk qui s’est levée bien avant moi et qui dessine tranquillement dans le carbet central. Ensuite nous préparons le départ, on enlève les hamacs, on remplit nos sacs, puis ciao L’ADNG.

Arrivés au bateau, nous sommes pressés, on vide nos sacs, on étend les choses humides et on range ce qui est sec. Jusque-là ça va, même si je m’embrouille avec Ismaël car il ne fait que revenir sur la discussion à propos de mes vêtements.

Je vous explique : Matis n’avait pas rangé ses affaires alors que Kat lui a demandé 5 fois de le faire, donc elle s’énerve. Moi qui ai fini et qui range tout depuis ce matin, je dis que j’ai déjà rangé mes affaires, mais Ismaël fait le borné et me répète encore de rentrer mes vêtements. Il me dit que j’ai tort pourtant je l’ai vraiment fait. Bref encore une embrouille à la con comme d’habitude. Départ à la va-vite pour Saint-Laurent car nous avons des courses à faire. Le groupe se divise en 2, un qui part au Suriname pour les fruits et légumes et un qui fait les magasins de Saint-Laurent.  Après ça, repas du soir ! Puis le moment préféré de la journée : être avec Anouk et pouvoir parler de tout et de rien, comme de mes corrections de textes, de ma vie... Bref j’étais content de partager ce moment avec elle.

YK_ZêTa /Mathys


Le 27/12/2022



Le son de la musique réveille l’équipage. En sortant la tête de la coque bâbord les oiseaux prennent le relais (j’aime beaucoup la Guyane et tous ses sons d’animaux.) après un bon petit dej, nous organisons la journée, aujourd’hui on doit répéter notre numéro de cirque pour peut-être pouvoir le présenter cet après-midi, alors on traverse le fleuve direction st jean qui est de l’autre côté. Une fois arrivés nous mettons les kayaks à l’eau puis direction la berge. À terre, nous croisons Zoé une amie à Anouk et Chloé sa maman, elle nous indique un petit endroit sympa ou répéter notre numéro. Une fois échauffés nous voilà tous en train de faire des enchaînements avec les massues, les balles et les diabolos. Nous bossons aussi les portés, mais nous nous rendons vite compte que nous ne sommes pas prêts pour présenter le numéro, peut-être demain ? Alors nous changeons de programme, après le repas nous venons répéter le numéro, puis nous animons un petit atelier cirque avec les jeunes du village au terrain de foot.

Nous leurs apprenons les portés et le jonglage.  Après l’atelier nous rentrons au bateau, en chemin Zoé et les deux matis se sont mis à éclater des pétards, c’était marrant. Enfin arrivés au bateau nous retraversons le fleuve pour retourner à notre mouillage

Yawenn Leroy    





Le 28/12/2022

Spectacle, pluie et mangues !

Aujourd’hui c’est spectacle, la première de notre numéro. On se réveille de bon matin devant le village de St Jean. Après le rituel matinal, je prépare la nav’ jusqu’à Pimpin, on doit éviter bancs de sables et hauts fonds. Notre objectif, ne pas s’échouer une seule fois en Guyane. On navigue sur le fleuve tels des marins d’eau douce. Le Maroni nous pousse avec son courant de Zeus vers notre destination. On suit les pirogues pour nous faciliter la tâche d’esquive de danger. Enfin arrivés, on fait un mouillage un peu plus difficile que d’habitude car on doit contourner des rochers, bancs de sable et îlots. Mais on le réussit sans difficulté car l’équipage est de plus en plus expérimenté aux manœuvres de mouillage. Une équipe décide d’aller à terre et une autre reste sur le bateau. Moi je vais à terre pour découvrir le village et prévenir les habitants que cette aprèm on propose de venir jouer notre numéro de cirque. Le temps passe et on rentre sur le bateau après une bonne balade à terre. 15H30 on part du bateau pour aller jouer le spectacle, 16h enfin on va pouvoir présenter notre numéro, qu’on prépare depuis une semaine, 16h01 la pluie nous stoppe net dans notre élan. 16H20, bon la pluie est toujours là. Lola propose qu’on fasse un joul avec les Guyanais. Lola et les habitants nous expliquent les règles et on joue. Les règles sont simples. 2 équipes, une qui doit traverser le terrain en aller-retour (les attaquants) et l’autre équipe qui doit empêcher les attaquants de traverser le terrain en les touchant, mais ils sont obligés de rester sur des lignes. 2 lignes dans le terrain qui forment une croix et 2 autres qui sont les lignes d’avant et d’arrière. Après une bonne demi-heure de joul on décide enfin de jouer le spectacle. Petit cri du chat en chuchotant et on joue. Tout se passe bien, on est tous fiers d’avoir joué et réussi le spectacle. Ensuite vient une activité surprenante. Le vent se lève d’un coup, les enfants arrêtent de jouer, et d’un coup, bam ! une mangue tombe du manguier et tous les enfants accourent pour l’attraper. Maintenant c’est à notre tour de jouer, je n’en attrape qu’une mais c’est déjà une victoire. On rentre au bateau tout trempés et on mange dans le hammam tribord.

Isaac


Le 29/12/2022


« J’accélère j’vise que l’top... », « le temps passe et tous mes re-fre se sont assagis... », « mama sait pas s’qui s’passe dans ma tête et dans ma vida... », « Je pars, partir pour la vie... », « Hé!Ho!Hé!Ho !... » « C’est Malo... ». C’est ici que ma journée commence, en cuisine avec Malo, Gambi, Gaël Faye, Kerchark et bien-sûr Favé, pour mon moment préféré de la journée : un petit concert privé en préparant le petit-déjeuner. Un moment où je suis seul mais où la musique me tient compagnie. Aujourd’hui comme on l’a dit c’est spectacle, du coup on va à terre après la mini nav’ du matin que j’ai passée à faire ma lessive. Dès le début de l’après-midi, on fonce armés du matériel de cirque. On fait le spectacle sous les rires des enfants puis les jeux s’enchaînent. On rentre le cœur plein mais le ventre vide donc on déguste les pâtes à la sauce tomate de Mathys et Elora. Après une petite couture, comme à mon habitude je me lance dans mon lit pour me laisser bercer par Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, puis je m’endors.

CHAD  


Le 30/12/2022. 

À Sparouine j’ai bullé.

Le matin, nous quittons mon endroit préféré, l’île Bastien, pour rejoindre la ville de Sparouine. J’adore l’île Bastien parce qu’il n’y a pas de piste ni de véhicules et que malgré les maisons en dur qui remplacent petit à petit les maisons en bois, la vie est celle du fleuve. Mais je ne vais pas vous parler plus de l’île Bastien car c’était hier. La destination du jour est la crique Sparouine et un spectacle à donner, dans la salle polyvalente s’il pleut.

Nous avons redistribué les responsabilités du bord :

- Matis est responsable Électricité - Eau.

- Isaac et Yawenn de Matelotage (réparation cordages-filets-voiles).

- Chad rangement embarcations, filets arrière et poubelles.

- Mathys est de sécurité et rangement réserve.

- Anouk les Moteurs (principaux et Hors-bord) et le carburant.

-Tallia est à l’intendance et au Gaz.

Certains, voire tous, s’y sont mis ce matin et il y en avait besoin car l’entretien du bateau ne se faisait plus que par les adultes depuis le Brésil, le filet, par exemple, tombait en ruine. Donc tout le monde est bien occupé et c’est un groupe pas au complet qui débarque pour annoncer notre venue et le spectacle de l’après-midi aux villageois. Il s’agit du village de la famille de Claudio, un des circassiens formé par Latitude cirque. Il doit arriver aujourd’hui pour passer le nouvel an, occasion pour Yann et Sophie (les parents d’Anouk) de voir le spectacle.

Le village est calme, certaines maisons sont fermées, comme à l’île Bastien la veille. À la sortie du village, en bord de piste, il y a une école toute neuve en préfabriqué, entourée de grillage et qui ressemble à un camp, sûrement une réminiscence de l’Administration Pénitentiaire en Guyane. Le montant des travaux pour cette école : 1 million 400 mille Euros, et je ne vois pas ce qui peut coûter aussi cher, peut-être la clim’ dans chaque classe ?

Je repense à la discussion que j’ai eue avec Yann qui me disait que les 2/3 de la population de Guyane a moins de 14 ans et quasiment rien n’est mis en place pour que ces jeunes aient un travail et surtout un futur ici.

Mais revenons à notre récit journalier, nous rentrons à bord, moi un peu plus tôt avec Isaac car nous sommes de cuisine. Après manger, nous enchaînons par une réunion entre z’adultes d’une heure trente ! Notre première grosse réunion en Guyane si on excepte les bilans à l’arrivée ici, y compris ceux fait pour l’aide sociale. Pendant tout ce temps, il pleut et c’est aussi le cas quand nous débarquons, heureusement on arrive à avoir la salle polyvalente, c’est vide mais sec. Donc parfait pour la répétition et le spectacle. Les petits enfants commencent à arriver, puis Claudio et les parents d’Anouk. On attend un peu pour laisser aux gens de Sparouine le temps d’arriver.  Puis le spectacle est joué sous les yeux du professeur Yann, du professionnel Claudio et de sa famille. Sophie me dit que plusieurs des jeunes filles présentes étaient à l’école avec Anouk. Il y a beaucoup plus de spectateurs qu’hier et le spectacle est plutôt réussi !

Il ne pleut plus, Kathleen sort le produit pour faire des grosses bulles sur la pelouse, un ballon de foot attendait et une bonne vingtaine de jeunes ont envie de faire un foot, dont au moins une moitié de l’équipage de GN. La partie, si elle met du temps à démarrer, dure jusqu’à 17 heures 30 sans mi-temps, ni arrêt de jeu. Les autres font des ateliers cirque : jonglage, diabolo… et des Kapla sont sortis au milieu de la pièce pour ceux qu’aucune des activités citées plus haut n’intéressent. Je passe un moment à faire des bulles avec Kathleen et tout un groupe de petits. Puis je me mets au milieu du terrain de foot pour suivre la partie, mais c’est ennuyeux comme un match de foot à la télé. Je retourne dans la salle à faire des tours en Kapla avec quelques enfants, autour de moi plein d’enfants jouent, pareil aux bulles que Kat continue d’animer avec une bonne dizaine d’enfants plutôt jeunes. Cela fait un moment qu’il ne pleut plus et cela fait du bien ! Il est temps d’aller préparer la soupe, Isaac me rejoint.

La journée s’est bien passé, avec plein d’enfants, s’il ne pleuvait pas ce serait parfait.

Voilà, comme à chaque journée de cuisine, il me reste tout juste assez d’énergie pour préparer la playlist de demain matin, et il re-pleut.

Je me demande pourquoi le temps passe si vite sur le fleuve et je ne sais pas. Demain un autre village : La Forestière, le dernier jour de l’année et déjà la moitié de notre escale en Guyane est passée.

Christophe


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