Départ jeudi 11 mai ! Bye bye la marina, la piscine, l’eau douce et les glaces de Nassau. A nous la traversée ! Mais avant cela, on passe tout proche du Bonaparte. Mathys envoie un coup de conque et eux un coup de klaxon. Des sourires, des mains en l’air en se remémorant la soirée de la veille : tout l’équipage attablé avec Annette et François. Ils nous ont invités sur leur bateau de charter « de luxe » pour partager un repas confectionné par Annette, aussi digne que leur bateau, nous nous sentions comme au restaurant. Mathys retient le bœuf super tendre. Océ retient le soleil couchant depuis leur terrasse d’une vision à 170°. Leur bateau au mouillage, nous avions une vue sur Nassau.
« Vous êtes beau ! » seront les dernières phrases entendues avant la transat’. Mais il nous reste encore une chose à faire avant de vraiment prendre le large.
Nous mouillons à côté de 2 gros monocoques, des bateaux de courses et en face de Paradise Island (plus gros que Disney). On scrute les villas aux nombreux styles, au gazon verdoyant et parfaitement taillé, aux plages intactes et à ces villas (qui paraissent) inhabitées. Notre réalité à nous, c’est de nettoyer nos deux coques. Coquillages et algues ont élus domicile sur l’antifooling et ils nous empêchent de glisser avec efficacité. Brosses, masques et tubas, ce sera notre dernière plongée au Bahamas dans une eau pas si dégueulasse.
10h45 ! DEPART ! 2800 milles nautiques (en ligne droite) nous séparent des Açores. A chacun son pronostic d’arrivée, les têtes fument à bord du Grandeur Nature. On revoit les produits en croix, les divisions, les multiplications (voir même les additions) pour donner une heure et une date précise à laquelle nous mettrons pied à terre, les prévisions d’arrivée allant du 25 mai au 1er juin. Il y a des optimistes et des réalistes. Mais ne parlons pas trop vite. D’abord il faut sortir des Bahamas, cap Ouest/Nord-Ouest, on contourne quelques îles pour rejoindre le courant du Gulf Stream et remonter plein Nord. Un sacré courant d’environ 3 nœuds qui nous a porté pendant plusieurs jours. Nous longeons les côtes américaines,
Mathys rêve d’y accoster, surtout quand nous ne sommes plus qu’à 300 milles nautiques de New York. A notre bord, nous avons en grande quantité 5 sortes de légumes : courgettes, tomates, butternuts, bananes et oignons ! Et en plus ce sont que des légumes Bahamiens, qui l’eut cru ? Sauf les bananes, tout ça sent déjà l’Europe. Et on ne compte pas les maniocs car ils auront duré 48 heures. Le dernier survivant (et pourri) a été sacrifié en direction de la Mecque. Charlemanioc repose en paix ! Amen ! La laitière (alias Mathys) aura animé ce sacrifice lors d’un petit déjeuner. A bord, on laisse libre cours aux idées de chacun : « venez comme vous êtes ! ». D’ailleurs tous les jours nous avons eu droit à l’épisode des copines, animé par Mathys et Yawenn. Chad est devenu « Winnie » l’ourson pour son addiction au miel. Tallia fait le dindon au moins 5 fois par jour. Isaac le « sika » pour son appétence au bricolage avec ce produit. Anouk la Kanouk. Yann lui donne tous les surnoms. Christouffe de poil. Océane dans l’océan.Au bout du 4ème jour c’est pétole, 24 heures de moteur. D’après les indications de Michel et Seb (au bureau), on essaie de rejoindre une dépression. Il fait chaud, on s’accroche le taud et on peut même sauter à l’eau une fois le bateau à l’arrêt. Yann mastique la fente de l’étrave bâbord. Un peu plus tard le safran bâbord sera sortie de l’eau. Isaac et Yann s’attellent à la réparation (recollage avec le fameux Sika d’une bague en teflon).
Les z’adultes s’occupent des contrats avec les jeunes, tout en parlant des grilles d’évaluation. C’était long, Mathys dit « les contrats c’est comme à peu près tout ce que je dois faire dans ma vie. Je dois le faire, je le fais. »
Durant notre lecture collective quotidienne, « Les indiens de la ville Lumière » d’Hugo Verlhomme, nous avons le retour de nos amis les globis ce qui nous a fait très plaisir. Un premier GDP, avec une mer calme et comme question générale : qu’as-tu pensé de Nassau ? Les retours sur la semaine écoulée, dont cette escale de 3 jours, sont positifs. L’équipage se dit heureux d’être en mer… mais ils n’avaient pas encore vécu la suite. Que ce soit Gouloumette, Cindy ou Karim, aucun d’eux n’avaient prévu une nav’ aussi mouvementée. Ces 3 personnages sont les facettes de Mathys, Matis et Chad. Régulièrement nous les voyons apparaître de manière inattendue.
Le rythme des journées s’est bien installé, que ce soit dictée collective, cours de portugais ou djédaï (exercices physiques), nous sommes servis en terme de variété. Dans notre petite bulle de villageois, chacun propose ce qu’il veut pour le collectif ou au contraire s’en isole. Tous ensemble nous faisons notre baignade en plein Atlantique, moteur à l’arrêt, la mer d’un bleu intense, des plongeons à l’arrière, des petites douches, un moment tranquille avant la baston.
« MANOEUVRES ! Un changement de voiles doit se faire ! » Nous nous retrouvons au près, une vague de froid nous transperce, le vent forcit, une houle se creuse, les embruns arrivent jusqu’au barreur. Ou plutôt une vague arrive jusqu’au barreur, une baignoire dans les caillebotis, une douche à la française dans la descente. Le seul bémol c’est qu’elle est glacée. Dans une ambiance humide et joyeuse, on éponge tous les endroits mouillés et nous notons tous les endroits où l’eau s’infiltre. Dans le toilette qui a un jet d’eau intégré, il peut mouiller le fion, ne pas oublier la serviette. Et oui, à bord nous sommes au courant de tout (ou presque) de la vie intime de chacun. Cette météo amène une ambiance spéciale, tout comme les 1/4 de jours préparés par Mathys plusieurs jours durant. Les 1/4 de jours, c’est 3 heures par personne sur le pont dont 1h30 de conduite du bateau intégré. Ce système est mis en place pour que tout le monde passe du temps sur le pont sinon ça ne se fait pas de manière équitable. Ceci s’applique quand il pleut, s’il fait froid ou s’il y a des embruns car sinon la tendance du groupe est d’être au sec et au chaud dans les coques enfin surtout Mathys et Tallia qu’il faut régulièrement sortir de leurs couchettes. Sauf quand on entend le mot « Dauphins ! » sur le pont. La dernière semaine nous en avons vus très souvent, ils arrivaient par dizaine en sautillant dans les vagues pour venir jouer aux étraves du bateau. C’était principalement des dauphins tachetés qui ont donné droit à de beaux spectacles matinaux. Même si nous avons dû en faire fuir quelques uns car le bruit du moteur ronronne sous le bateau. Nous avons allumer un moteur pour recharger les batteries, une baisse de batteries, car peu de soleil, peu de soleil car trop de nuages dans le ciel. Et oui ! Aux Antilles nous avions pris l’habitude du soleil quotidien. Mais ne regardons pas derrière. Allons plutôt plein Sud ! « Heu...Mathys t’es vraiment sur ton cap ? Eh oui, le vent a tourné ! »
Bon heureusement cela n’a duré qu’une journée car nous devions plutôt faire du Nord-Est pour rejoindre les Açores. Dans l’ensemble le vent nous était plutôt favorable, anticyclone ou dépression, Seb depuis le bureau, nous envoyait au jour le jour l’évolution des vents. Bip bip bip était l’annonce de la météo. Tout à l’heure nous vous parlions du beau soleil des Antilles, des Bahamas, de Silver Bank… en parlant de Silver Bank on a vu des baleines au milieu de l’Atlantique. Et pas des jorobada (jubartes ou baleine à bosse) mais des rorquals ! Un avant goût pour les cachalots des Açores. Peut-être que tous ces animaux marins venaient voir le bateau manouche. Ce bateau aux milles couleurs lorsque les rayons de soleil apparaissaient, une brise de vent et ce sont des guirlandes d’habits qui décore notre catamaran. Ce jour-là c’était le soulagement, des hamacs, des draps, des duvets, des serviettes et des chaussettes s’aèrent. Nous aussi on en profite pour se laver malgré l’eau glacée, (mais pas trop souvent non plus).
Voilà un aperçu de notre transat’, régulièrement animée par des notes de musiques, jouées par nos 5 guitaristes du bord, Yawenn, Yann, Isaac, Mathys ou Anouk.
Nous arrivons en ce mercredi 31 mai à 13h45 heure local. Océane est la gagnante du pronostic avec une arrivée prévue le 31 mai à 14h52. Une transat’ de 20 jours pile poil.
Un petit mot de l’équipage à la question : comment s’est passée ta transat ?
Un interview mené par OcéMath et Anehys.
Christophe : « il ne faut pas racheter de boîtes de maïs, il y en a encore pleins, d’ailleurs il reste plein de tout on pourrait rester 2 mois en traversée ! »
Yawenn : « j’avais pas le mal de mer. C’était beau. C’était mouillé et ça, ce n’est pas agréable. C’était marrant d’être au milieu de l’océan. »
Anouk : « humide, froid. Première fois du voyage que nous avons eu vraiment froid. »
Matis Kirikou : « c’était cool, long, humide, froid. Bienvenue au soleil ! J’ai aimé les dauphins et les rigolades. Et j’ai pas eu le mal de mer ».
Isaac : « une bonne expérience ! Froid. Amusant. Cool à vivre. »
Chad : « Backgammon ! Une transat retour agréable. Le large c’est bien. J’aime naviguer. Je me suis douché deux fois. »
Tallia : « c’était bien, j’ai lu, j’ai fait des jeux et j’ai dormi. »
Yann : « c’était chouette ! »
Océ : « c’était l’apocalypse, un peu froid et rapide. »
Mathys : « c’est bien on avance. C’était long et chia…. heu mouillé. »
Mathys et Océane
1 commentaire:
Ah ben "déjà" arrivés aux Açores!!! Je ne vois pas passer le temps, visiblement ce n'est pas votre cas.
Je viens de trouver dans ma boîte à lettres LE courrier papier que j'ai fait pour vous et que j'avais posté pourtant dans les temps pour qu'il vous parvienne à Pointe à Pitre. Je vais vous le scanner.
Bon séjour aux Açores. Bises à tous
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