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2 février 2023

Suite du second Journal de Bord "Fernando de Noronha" du 26/11 au 5/12/2022

26/11/22

La journée des plages

Je ne saurai pas par quoi commencer vu que cette journée a été chargée en émotions. J’aimerais commencer par plein de choses, comme la découverte des 2 frères, la visite du fort en rénovation, la rencontre de Luis, le bodysurf sur les plages… Mais bon pour résumer tout ça, il faut bien une organisaçao dans le texte. Donc je vais raconter la journée dans l’ordre comme d’hab. Le jour se lève à 5h30, ça fait bizarre de se lever à cette heure-là mais c’est le rythme du soleil. 5h30-18h30, voilà le cycle d’une journée sur GN au Brésil. 



Donc, je disais 5h30 réveil, on se lève un par un, Elora nous propose un porridge et une tartine au petit-déj. On discute de l’orga de la journée, on se décide et ça donne ça : équipe cuisine Christophe, Anouk ; Kath et Mathys vont faire des courses pour aujourd’hui et demain car on fera des piques-niques ; et nous, le reste du groupe, on va au palais du gouverneur pour voir s’ils travaillent, ensuite on se retrouve au palais pour continuer la journée. 8H45, tout le monde part du bateau, quand on touche terre, ça me fait bizarre de me dire qu’on est de l’autre côté de l’Atlantique, au Brésil. Avant de commencer notre marche, on s’arrête au bureau du port pour que la police vérifie qu’on est bien 10, la vérif’ terminée on se met en marche le long d’une route, la chaleur se ressent pour tout le monde. Christophe nous rappelle qu’il n’est même pas 10h et que ça va chauffer encore plus pour notre plus grand bonheur. Arrivés à une intersection, le groupe se sépare enfin : avec Isma, Yawenn, Elora, Matis et Chad on descend pour aller à Villa Remedios où se trouve le palais, mais avant on s’arrête à un fort. On monte et on arrive, le fort est en rénovation, on visite un peu et on regarde la vue, c’est bien beau, on a la vue sur toute la baie, du Morro do Pico (accessoirement appelé la Tête de l’indien) jusqu’au port de Santo Antonio. Elora veut savoir pourquoi le fort est en rénovation, tout le petit groupe se dirige vers un monsieur, Isma et Elora demandent pourquoi. Moi je vois de gros sacs blancs, je me demande à quoi ils servent, je demande à deux messieurs, ils me disent qu’ils servent à faire la peinture, ils la mélangent avec un autre composé dont je n’ai pas compris le nom. Cela permet que la peinture ne s’efface pas à cause de la pluie. Je reviens vers les autres, ils me disent qu’en gros ils le rénovent pour faire un bar, un restau et un cinéma. Après l’avoir visité de fond en comble, on continue notre marche. Sur la route, on tombe sur une petite dame qui tient un bar bien charmant. Elle vend même des cocos gelados, mais on n’a pas craqué. On arrive devant la cidade, on regarde tous attentivement ce qui nous entoure : il y a une église que je trouve vraiment belle, il paraît qu’elle est tout le temps en rénovation. Enfin arrivés au palais, c’est fermé. 

On part donc rejoindre nos compagnons bredouilles, espérons que ce n’est pas leur cas sinon c’est la mouise. Nous marchons donc en direction des autres alors qu’on ne sait même pas où ils sont, mais intuition de Grandeur Naturien est toujours vraie, donc suivons-la. On scrute les rues avec concentration, et grâce au chapeau de Christophe, on se retrouve tout contents et là je ne me souviens plus qui a sorti cette fameuse boisson : le Guarana. On le boit, tous curieux à part Isma et Christophe qui connaissent déjà. Je trempe mes lèvres et apparemment je connais déjà le goût, du coup travail de tête pour retrouver à quoi ressemble le Guarana. Et révélation, ça me fait penser au Miranda. Une boisson bien sucrée, à mon avis plus d’eau que de sucre mais c’est bon quand il y a plein de sucre. Bon, trêve de sucreries, dirigeons-nous vers la maison du parc, pour essayer d’obtenir le pass VIP pour accéder au parc sans payer. On arrive là-bas, mais encore une fois c’est fermé, on s’y attendait un peu vu qu’aujourd’hui c’est sábado. Après on mange le midi, on se pose et au menu c’est pain français, appelé comme ça ici, il y a plus d’air que de mie dedans. Notre cher bout d’air est accompagné d’un bout de fromage hollandais, eh oui nous on mange du local. Un autre fromage mais d’ici accompagnait le tout, il n’était pas très bon d’ailleurs. Au dessert c’est coco, ouverte par Kath. On graille tout et on visite les alentours, il y a des planches de tortues en tailles réelles. La tortue Luth est impressionnante. Je n’ai pas vu sa taille exacte mais je dirais 2 fois la mienne donc 1m 79 plus 1m 79 donc 3m 58 si mes calculs sont bons. Il y a même des œufs de tortue, je me mets dedans et c’est assez spacieux, un bon 3m2, un studio de 100 euros en France, je me suis dit que plus tard, au lieu d’habiter dans un studio, j’irai vivre dans un œuf de tortue pour faire des économies. 

Fin de la visite, maintenant c’est direction Cacimba do Padre pour voir les fameux Dois Irmaos de l’île. Une p’tite balade s’ensuit et on croise les copains de Christophe, ils sont tous en voiture, car oui les gens en moteur sont tous les amis de Chricri. Avec Yawenn on est en tête, et à un moment, d’un coup, à un virage, un arbre gigantesque apparait au milieu de la route. Il est bien énorme et Yawenn a l’air de l’apprécier. On s’avance sur le chemin de sable tels des aventuriers en soif de découvertes. Petit à petit la vue s’agrandit et on découvre enfin cette fameuse praia da Cacimba do Padre. C’est beau mais y’a des gringos avec leurs parasols qui gâchent la vue. On décide donc d’aller vers là où il n’y en a pas. On touche le sable fin et jaune mais surprise il est aussi brûlant que de la braise. Obligés de remettre les chaussures sinon c’est hôpital direct, et ça c’est problème hein. On se pose à côté de rochers qui nous font de l’ombre. Tout le monde se change, c’est l’heure de la baignade et du bodysurf. D’abord on se baigne entre un des deux frères et la terre. Mais on voit bien que les vagues sont mieux à droite du frère, on décide donc d’y aller. C’est vachement mieux, de belles vagues de 1m et demi rien que pour nous, car nous sommes seuls dans l’eau. À un moment, Matis était tellement concentré à prendre des vagues qu’il ne fait plus gaffe à là où il va, il part au large. Un gentil surfeur va le chercher, il le fait monter sur sa planche pour le ramener proche de la plage. La chance, je ferai la même chose la prochaine fois. Comme quoi de mauvaises choses peuvent en engendrer des bonnes. Après une bonne grosse baignade, on nous oblige à sortir de l’eau. 

Suite du programme : balade sur les plages de Fernando jusqu’au port. La prochaine plage c’est praia do Bode, mais avant ça je tiens à raconter un évènement qui s’est passé. Je veux prendre une photo d’Isma et Christophe avec les deux frères, mais d’un coup ils s’arrêtent, ne comprenant pas la situation, je les questionne : « Qu’est-ce qu’il y a ? », Christophe répond « Ben on se questionne à quoi ressemble le Morro do Pico d’ici, du port on voit l’indien, de l’autre côté il ne ressemble à rien et d’ici je ne sais pas. » Je me joins à leur observation et 30s après Christophe dit « Ah j’ai trouvé, on se pose la question à chaque fois qu’on vient ici en plus, ça ressemble à une bite. » Avec cette remarque Isma et moi rigolons. Et à peine 30s plus tard, Ismaël trouve un caillou qui ressemble énormément au Morro do Pico vu de chaque côté, un jeu s’ensuit, « Tu vois quoi de ce côté ? », « L’Indien », « De ce côté ? », « Rien », « Et de celui-là ? », « Ben une bite Isma, ça se voit non ? ». Après ce jeu bien amusant on continue de tracer notre route sur les plages de Fernando. 

On passe la Praia do Bode sans qu’il se passe grand-chose, pareil pour les deux prochaines qui se nomment Americano et Boldro. On arrive sur la praia de Conceiçao, on décide de faire une petite pause pour se baigner et prendre le goûter. On va à l’eau une première fois, puis on sort pour prendre le goûter et on retourne à l’eau. Pendant cette session bodysurf quelque chose de surprenant arrive. Laissez-moi vous conter cela. Je nageais dans l’eau tel un barracuda quand d’un coup je me prends un poisson dans l’épaule, et à pleine balle, ça fait mal. Je me retourne et je vois un banc de poissons tout affolés nageant le plus vite possible, ne comprenant pas pourquoi je vais voir Yawenn, Chad et Matis qui étaient sortis de l’eau. Je les questionne « Vous avez vu cet énorme banc de poissons ?! » Yawenn renchérit « Mais ouais y’avait un requin en dessous de moi aussi ! Un monsieur me criait tubarão, tubarão, je ne comprenais pas au début mais j’ai baissé la tête et j’ai vu un requin juste en dessous. » Suite à cet épisode on sort de l’eau. 

Maintenant c’est direction la maison flottante. On marche le long de l’océan, regardant les vagues atterrir sur les rochers. À un moment, arrivés à une plage appelée praia do Meio on croise une école de surf. Isma discute d’abord avec des jeunes puis les autres viennent, ce qui crée un attroupement, avec Isma on s’y attend aussi. Il arrive à parler avec la prof mais apparemment c’était le dernier cours de surf car c’est bientôt les vacances. Mais bon on ne perd pas espoir, on y arrivera à surfer sur Fernando ! En plus pas besoin de prof on a Yawenn. Le soleil va bientôt se coucher, on se dépêche de rentrer mais avant, Isma, Yawenn et moi avons une mission, retirer de l’argent. Une vraie aventure pour nous mais on a réussi. Arrivés au bateau, on mange tranquillement et on va se coucher.

Isaac

 

27/11 « TUBARAO »





Ils sont beaux, gros ou plutôt imposants. Quand on les voit sur des photos, ils ont l’air lents et maladroits, mais déjà là, on préférerait les éviter. C’était la première fois que j’en voyais en vrai, que je me trouvais à ses côtés ou plutôt que l’un d’entre eux venait à moi.

 Lors de la première entrevue, il venait dans notre direction à nous trois qui étions accrochés à la chaîne. Nous n’étions pas très profond, nous faisions des nœuds. Lui, il rampait au ras du sable, environ 4-5 mètres sous nous.

Je ne suis pas très douée sous l’eau, mes mouvements à moi sont lourds, et je ne peux pas encore descendre plus bas que la patte d’oie. Quand je l’ai vu pour la seconde fois, c’était avec un mélange de surprise et d’admiration. Contrairement à moi, il est souple, agile, puissant et silencieux. Trop silencieux. Je ne suis pas étonnée de toutes ces histoires que les Hommes racontent sur eux, toutes ces histoires motivées par la peur. Tu tournes la tête et il est là, dans ton dos, tu ne t’en aperçois que lorsqu’il est à quelques mètres. Il t’observe. C’est l’un des animaux les plus imposants que j’ai rencontrés dans ma vie. Me retrouver face à lui m’a juste rappelé que dans ces eaux, il était maître. Alors, je me suis sentie pressée, cette sensation j’ai du mal à la décrire. Il aurait pu nous pourchasser, mais il n’en a rien fait. Il est passé, peut-être par simple curiosité, peut-être pas mais j’ai eu clairement l’impression que je n’avais rien à faire là, car ici, c’était chez lui. Je déteste me faire prendre au piège, alors à partir de maintenant, je regarderai toujours tout autour de moi, autant pour l’empêcher de me surprendre que dans l’espoir de croiser de nouveau un requin aussi majestueux.

Anouk


29/11 « LAMOA »




Fleurs d’algues qui courent,

S’entremêlent et se démêlent.

Champ de racines,

Champ de marécage. J’entends

Le chant des sages,

Le chant de Lamoa

L’étrange sirène de Noronha.

Qui, nue sur les vagues

Vient effleurer l’écume.

Sur son chemin de sel, elle rencontre le bagnard.

Mais bien avant lui déjà,

C’est une autre âme blessée qu’elle avait rencontrée

La mort en effet, une compagne bien trop fidèle

Qui avait imprimé Lamoa sans appel

Son visage, son corps, son destin.

Jusqu’à ses cheveux dorés par le soleil

Brûlés par les rayons du matin.

Sans haine et sans amour,

Elle poursuit alors son errance

Et parfois souffle sur le temps

Pour que nos pensées dansent

Et que, sans bruit, reviennent nos rires d’enfants.

Kathleen


Le 30/11

La journée qui s’enchaîne bien, comme ça fait plaisir.

Ce matin Anouk, Isaac, Matis, Ismaël et moi, on tente une nouvelle chance au parc. Les autres restent au bateau. On sait bien que Rox et ses plantes invasives ne seront pas au rendez-vous mais on espère trouver une autre mission. On a bien essayé de s’incruster dans une conférence interne qui parlait du tourisme et de comment en faire la gestion dans et par le parc. Mais peut-être qu’ils ont eu peur de notre intérêt pour le sujet car on a été mis à l’arrière d’un pick-up, en nous disant : « La mission Teju part tout de suite, allez-y vite ! ». Nous n’avons rencontré nos conducteurs qu’à l’arrivée, Felipe et Bruno, qui mènent une expérimentation de contrôle de la population de tejus sur une partie de l’île.



Deux hypothèses coexistent, soit ils ont été introduits pour prédater les rats (eux-mêmes introduits et invasifs) mais ceux-ci vivent la nuit et les tejus, le jour… « ça c’est problème ! » comme dirait Pedro. Ça n’a pas marché et en plus les tejus mangent les mabuias (lézards endémiques), les crabes endémiques (menacés), les œufs de tortues et d’oiseaux protégés…

Autre hypothèse, ils ont été amenés par les Américains pour la chasse. Mais leur chair est poison si elle n’est pas préparée d’une certaine façon. Ce savoir-faire s’est égaré et plus personne n’en consomme : ils prolifèrent et mangent tout.

L’expérimentation se fait sur une petite presqu’île facile à contrôler. D’ailleurs c’est très joli et bien préservé dans le parc. Depuis 2020 ils ont posé des pièges et capturent les tejus pour les euthanasier en labo. La population a drastiquement diminué et dès qu’il se passera dix jours sans capture, l’expérimentation sera validée et étendue à d’autres zones de l’île.

Bon, ce ne sera pas pour aujourd’hui parce que le groupe d’Isaac, Felipe et moi, on en a trouvé un de teju dans un piège. C’est impressionnant. Felipe, qui est vétérinaire, l’a endormi pour le transporter au labo. Ça me fait un drôle d’effet mais je comprends bien les enjeux de cette capture alors je l’accepte et ça me la rend inintéressante.

Revenus aux bureaux du parc tout contents de notre mission, on s’en va discuter avec l’association Projeto Golfinho Rotador pour savoir comment on peut s’organiser pour aller compter les dauphins avec eux. Rendez-vous demain matin à 5h30 avec Luisa, super !

Vite, c’est l’heure de retrouver nos coéquipiers pour manger au parc des flamboyants. L’organisation du lendemain n’est pas simple et ça finit par faire des vagues dans les discussions. On est très contents quand même d’aller à notre rendez-vous avec l’école.

Ils nous avaient préparé une salle avec rétroprojecteur, micro et clim à fond. On a eu peur et on s’est carapatés dans la bibliothèque en faisant des petits groupes pour discuter.

C’est plus ou moins facile selon les personnes, les jeunes de l’école sont plus ou moins intéressés mais au final, les discussions se lancent, les liens se font et quand on se retrouve pour jouer dans la cour, c’est super joyeux et plein d’échanges.

On fait du foot, du basket, du handball, du jonglage, de la slackline, du diabolo et tout ça, couronné d’un goûter partagé avec l’école.

On se dit à bientôt, et on pourrait croire que la journée se finit là, mais pas du tout ! Elle est si foisonnante !

Avec Mathys, Matis et Anouk, nous attendons Lula à la sortie de l’école pour aller avec lui dans ses cultures de coco et de bananes. Les autres rentrent au bateau et préparent leur sac car Isaac, Yawenn et Ismaël vont à une conférence sur les oiseaux de Noronha à 19h et vont dormir sur place en hamac.

On va aux champs avec Mateo, le petit-fils de Lula, et son ami Gilhem. On commence par suivre une mini formation de personnes du gouvernement du Pernambuco pour encourager les cultures vivrières. Ils montrent comment faire des greffes d’avocatiers, parlent des maladies des bananiers, des abeilles… Puis on va récolter des régimes de bananes en coupant tout le pied à grands coups de machette. Matis, Mathys et Mateo sont aux anges et s’agitent beaucoup autour de cette machette. Anouk et moi, on mange des tamarins un peu plus loin.

On revient chez Lula avec 5-6 régimes, Sila a préparé une soupe de barracuda pour nous et a invité d’autres personnes. Même si Isaac, Yawenn et Ismaël doivent partir tôt, nous mangeons bien et repartons avec la tête et le ventre pleins.

Elora

Le 1er décembre                        La vase et Le sable = bonne douche


Ce matin, c’est Morgan de petit-déj. Après avoir fini les tâches, nous nous préparons pour aller au parc. Nous voilà dans un aluguer qui nous ramène à l’entrée du parc où on croise l’équipe qui a capturé les tejus (c’est un gros lézard). Les gens du parc nous emmènent jusqu’à l’endroit où ils doivent enlever des plantes invasives qui boivent toute l’eau. Nous voici prêts à les aider, chaussons, gants bleus, combinaison, crème solaire, casquette et chapeau. Moi en m’habillant, je ressemble à un super-héros et Chad fait le méchant avec ses gants bleus. Nous voici dans la vase au milieu de plantes qu’on doit enlever.  Morgan dit :

« Eh, les gars, vous avez vu mon tas !

Anouk

- Euh ouais, on peut appeler ça comme ça !

Matis

- Ah ah Chad tu as une grosse trace de boue dégueulasse sur ton bob !

Kathleen, à Chad

- Non mais c’est bon ça se lave !

Anouk

-Vous pensez qu’on peut aller sur les plantes comme les oiseaux ?

Matis

-Si vous voulez la réponse regardez Morgan.

Chad

- Ah ouais le flemmard !

Anouk

- Ben elle est où Elora ?

Kathleen

-Elle est partie pour les aider là-bas !

Matis, sortant de l’eau

-Euh, aïe je crois que j’ai une piqûre de je ne sais quoi, à l’aide !

Morgan

- Wesh c’est quoi ça ?  Elora il y a un problème !

Matis

- Tu penses que je vais mourir ?

Elora qui sort de la vase

- Mais ce n’est rien, c’est de la terre !

Kathleen à la fin du nettoyage des plantes

- Bravo à tous, vous avez tous bien travaillé !

Chad

- Euh… J’ai toujours ma verrue à la main !

Matis

- Ben moi ce n’est pas une verrue mais mes pieds ressemblent à des pieds de sorcier ! »

Voici les dialogues de la matinée. Le groupe repart en direction de la plage, nous voyons Christophe à l’entrée et Ismaël, Yawenn et Isaac un peu plus loin. Pour aller à la plage il faut descendre des échelles car ils ont creusé dans la pierre. Nous voici sur la plage, enfin sur la plus belle plage, le sable chaud nous réchauffe les petits bouts de doigts de pied. On s’installe au bout de la plage et on mange le plat préparé par Christophe, une petite salade de riz. Puis nous voici dans les vagues, ça fait du body et ça plonge, jusqu’au moment où Ismaël me dit :

« Au revoir, Matis ! 

Yawenn

- Oh punaise !

Une vague gigantesque s’éclate sur moi, après avoir mangé le sable je dis :

- Au putain, j’ai failli mourir je n’avais plus d’air !

Yawenn

- Oh la la tu t’es fait défoncer, pou pou pou !

Isaac

-Ça va mec ?

Ismaël

- Ouh la la, la prochaine !

SPLASH !!!!!!!!  

Morgan

- Je me suis râpé tout le nez, ça fait mal !

Matis

-Ché !

Yawenn

-C’était trop bien.

Christophe

- J’ai du sable entre les couilles et vous ?

Morgan

- Venez on fait un concours : celui qui a plus de sable dans le froc qui gagne !

Yawenn

- Vous avez vu les grosses vagues.

Anouk

- Ouais, youpi ! »

Maintenant Lucas nous attend pour voir les oiseaux, avec nos jumelles on observe toutes sortes d’oiseaux ; je crois que ça va plaire à Ismaël. Après cela on fait une photo rassemblés, ensuite on repart sur la route, quand Isma dit :

- Il est où l’appareil photo ?

Christophe

- Je crois que c’est toi qui l’as.

Après une petite recherche, nous voilà repartis avec Ismaël pour chercher l’appareil photo. Nous l’avons trouvé. On se fait prendre en stop par deux cuisiniers qui ont leur restaurant à l’entrée du port. Là on voit les autres : Anouk, Elora et Chad étaient retournés au bateau car de la grosse houle était prévue, nous voyons les vagues déferler au port et on se demande comment on va faire. Isaac, Yawenn, Mathys et Ismaël veulent y aller à la nage. Ils se préparent à plonger quand Christophe, Kathleen et moi mettons l’annexe à l’eau. Le moteur fait un petit bruit avant de démarrer, ça y est Christophe conduit l’annexe et nous on s’accroche.

Christophe :

- Allez, c’est maintenant, ça passe !

Matis devant les vagues :

- Euh... ça ne passe pas, non !

Christophe :

- Mais si t’inquiète.

Une vague plus haute que 20 pommes arrive droit sur nous et brouummm Christophe fait demi- tour. 2ème tentative : non plus, la troisième est la bonne et bonne réponse nous voilà amarrés sur le bateau mais le stress revient car la nuit commence à tomber, et ceux qui étaient censés plonger ne plongent pas car les vagues s’éclatent sur la digue. Christophe part les chercher une fois en kayak, mais rien à faire, alors il part en annexe et 10 minutes plus tard le voici avec nos coéquipiers.
Yawenn

« On s’est mangé une vague aussi haute que l’annexe. »
Morgan


Le 2 décembre 2022

Aujourd’hui une grosse houle du Nord rentre dans la baie et vient déferler dans le port, empêchant tout débarquement à terre et donc de respecter notre programme du jour : pas d’accueil d’école aujourd’hui, c’est trop dangereux.

Cool, ça me laisse le temps de rédiger ce texte.

Fernando ou l’archipel des oiseaux.

Avant l’arrivée des premiers colons, on pourrait imaginer Fernando comme un gros tas de guano avec des millions d’oiseaux venant nicher partout sur l’île. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelques dizaines de milliers. À l’époque, l’Indien était surement tout blanc, couvert de fientes, et l’île luxuriante. Pedro me raconte qu’ici on mangeait des tortues, des dauphins et qu’il faisait des omelettes avec les œufs de sterne. Mais aujourd’hui avec l’augmentation de la population et les mesures environnementales, ces espèces sont intégralement protégées.

Après l’Homme, les rats sont les plus gros fléaux pour une île. Ils « prédatent » les œufs et les poussins et se multiplient à une vitesse folle. (jusqu’à trois portées par an).


Où est le problème me direz-vous ?

Eh bien c’est très simple :

- qui dit rat dit diminution des populations d’oiseaux.

- qui dit moins d’oiseaux dit moins de compost pour la végétation.

- plus de lessivage des sols et moins de coraux dans les récifs coralliens avoisinants.

- et qui dit moins de coraux dit moins de poissons.

- avec la disparition de la végétation et des récifs, la perte des sols et l’érosion du trait de côte par la houle augmente considérablement. Les impacts sont souvent irréversibles. À Fernando de Noronha, on tente de trouver des solutions pour remédier aux problèmes d’invasifs. Mais voilà, rapportés par les bateaux, les rats ont déjà colonisé la plupart des îles du monde. Alors maintenant, difficile de faire marche arrière. Je ne parle pas des idées de sur-introduction des chats et des téjus qui n’ont fait qu’empirer les choses, et qui doivent à leur tour être régulés par des campagnes d’éradication.

Le parc naturel de Fernando tente depuis sa création de lutter contre ces espèces qui viennent de l’extérieur et perturbent l’équilibre fragile de l’île.  

Pendant l’escale, nous avons d’ailleurs pu participer à plusieurs de ces programmes. On est bien placés maintenant pour vous dire que c’est vachement plus galère de réparer les erreurs du passé que de réfléchir pour les anticiper.

Il n’y a qu’à demander aux chasseurs de téjus ou aux pêcheurs de laitues qui ont voulu filer la main au parc pour « sauver l’île ». C’est titanesque.

Lors de ces moments privilégiés avec les agents du parc, j’ai retrouvé Lucas.

Lucas c’est mon portrait.

L’ornithologue du parc (qui plane un peu selon Pédro)

Ma première rencontre avec lui c’était il y a 4 ans lors de mon dernier passage sur l’île, lors d’une sortie oiseaux à Atalaia.

Depuis 6 ans, Lucas travaille pour l’ICMBIO. Il coordonne les missions naturalistes. Mais sa plus grande passion est pour les oiseaux marins. « Dans mon cœur et dans ma tête, ça pétille, la passion est très forte » me confie-t-il.

Moi, c’est plus les rapaces mais je ne sais pas le dire en Portugais. Pas grave, après quelques explications, il comprend.

Lucas fait le même travail que moi, avec les mêmes méthodes : IPA, IKA…, des protocoles d’inventaires internationaux qui permettent de mesurer l’état de santé des populations d’oiseaux. Pour cette sortie, Lucas a donc prévu un petit IPA (Indice Ponctuel d’Abondance) école pour faire participer notre groupe au comptage.

De nature calme, il est très patient et fait en sorte de rendre cette sortie la plus pédagogique possible. Il m’explique qu’il vient de la région des mines au centre du Brésil, qu’il a grandi là-bas, dans un contexte très urbain (contrairement à moi). Il me raconte qu’il a toujours été très attiré par la nature, mais il n’a pu s’en rapprocher que suite à ses études de biologie écologie en cursus supérieur. Plus tard, il m’explique en détail tout le fonctionnement du monde de l’environnement brésilien. Cela ressemble à quelques détails près à celui qu’on a en Europe, en plus corrompu et plus dangereux. Les mêmes systèmes d’études, les mêmes salaires très bas, compensés par des avantages en nature et justifiés par un cadre de travail « idyllique » et des employés passionnés. Lucas est l’un de ces naturalistes avec lequel je m’imagine facilement partir en mission quelque part à l’autre bout du monde, parce qu’il est calme, posé et passionné.

Je me demande si nous nous recroiserons un jour. Lui tente de me motiver pour venir faire des missions à l’étranger. Qui sait, peut-être ?

 

Ismaël

PORTRAIT LISANDRO (KAT)

Lisandro a 50 ans, il habite à Fernando et d’avril à octobre, il vit à Biarritz. Il dit qu’il cherche l’été, un peu comme nous sur GN. Il est passionné de requins, il les trouve fascinants, ses yeux brillent quand il en parle. Il m’explique que les requins sont préhistoriques, ce sont les plus anciens animaux marins qui existent encore. Ils sont même plus vieux que les tortues, c’est dire ! À l’intérieur, ils sont entièrement faits de cartilage très résistant qui se régénère très rapidement. Les humains, comme d’habitude, ont voulu s’approprier les propriétés régénérantes de ce cartilage, et pour cela, entre autres, ils massacrent les requins depuis plus de 50 ans. Tout ça pour paraître plus jeune. Mais comme dit Lisandro avec un sourire désolé : « Les humains, ce n’est pas les requins, alors ça ne marche pas ». Il me raconte que près de l’île il y a trois espèces. Un petit, un gros tranquille qui vit au fond de l’eau et un plus dangereux, le requin tigre. Normalement il ne vit pas du tout près de la côte, mais la sur-pêche au large fait petit à petit disparaître les gros poissons comme les thons ou les barracudas, du coup il doit se rapprocher de plus en plus près des plages pour trouver de quoi se nourrir. Et manque de bol, sur les plages, il y a des humains qui se baignent et qui peuvent se faire attraper.

A la base, Lisandro est biologiste, il s’est spécialisé dans l’étude des requins mais c’est tout le monde aquatique qui le passionne. Il est ensuite devenu photographe et a réalisé des films documentaires sous-marins. Il ne se lasse pas de les étudier et peut passer des heures et des jours sous l’eau à les suivre pour les comprendre.

Lisandro voue sa vie à ses rêves, il œuvre depuis son enfance pour les réaliser. « Quand je serai grand, je serai Jules Verne ! » s’est-t-il dit après avoir dévoré ses trois célèbres ouvrages pleins de découvertes et d’aventures : Le tour du monde en 80 jours, Voyage au centre de la terre et Vingt milles lieues sous les mers. Pour commencer, il a entrepris de partir à vélo pour faire un tour de l’Europe, il est parti de Biarritz, puis est passé par le Portugal, l’Espagne, puis l’Italie, la Croatie, la Slovénie, l’Albanie, le Montenégro et bien plus encore. Et tout ça, en 80 jours. Ensuite, pour Voyage au centre de la terre il prévoit d’aller explorer des volcans, en Italie et en Islande, mais actuellement il y en a un en éruption alors il devra changer ses plans, parce que mourir, ce n’est pas bon pour la santé ! Pour finir, un des projets qui lui tient le plus à cœur c’est de retracer le chemin emprunté par le Nautilus, le fameux sous-marin de Vingt milles lieues sous les mers. Il pourra combiner sa passion pour les requins en allant plonger à chaque étape du voyage pour prendre des images et réaliser un nouveau film. Avec tout ça, il a envie d’écrire trois livres qui retraceront ses péripéties Jules Verniennes.

Je n’ai pas rencontré Lisandro très longtemps mais il souriait tout du long en me racontant ses histoires. Il avait, lui aussi, les yeux qui rient, le cœur tout plein d’espoir et la tête pleine de rêve. Comme à chaque fois, ça me touche quand je vois des projets de vies qui ont un sens, un sens qui prend sa source dans l’enfance, qui vient d’un désir si brûlant qu’il ne peut être enfoui sous les tonnes de barrières et de dogmes avec lesquelles notre société nous étouffe à petit feu.


03/12/22 LA NAVIGATION PARTAGÉE



Ce matin, on se réveille à 5h30, enfin comme tous les matins. Eh oui ! Depuis qu’on est au Brésil, on se lève à 5h30 pour suivre le rythme du soleil. Bref, parlons plutôt de la journée. Aujourd’hui, Pedro, son fils et Atila viennent faire une petite nav’. Pedro et les autres arrivent un peu en retard c’est à dire 9h au lieu de 8h mais bon, ils sont quand même là. 

Alors une fois les voiles hissées, nous voilà partis en direction de la Ponta da sapata. Pedro et Francois (son fils) essayent de nous montrer comment pêcher mais ils nous demandent de réduire la voilure car pour pêcher il faut aller moins vite « et ça c’est problème ! » mais bon, le vent ne veut pas nous écouter (il forcit !). En arrivant à la Ponta da Sapata, on se retrouve au près et on doit mettre la trinquette, ça ne facilite pas la pêche ! Le retour se fait très vite. En arrivant, Pedro à la barre slalome entre les bateaux en les rasant. Youhou en plus on est à la voile ! 

Arrivés au mouillage, on doit récupérer la chaîne laissée à un pare-bat en partant. Après une manœuvre sportive, on est enfin mouillés. Je parle un peu avec Pedro, mais le moment est venu pour nos invités de partir. Christophe fait des aller-retours en annexe pour les ramener. Puis chacun vaque à ses occupations. 

La fin de journée arrive vite, je vais me coucher plein de joie car demain on va faire du surf !

Yawenn


04/12/12







Aujourd’hui, journée chargée : ce matin, rendez-vous à la Praia de Conceiçao pour planter des plantes payées par les coureurs des 21km de Fernando de Noronha

Départ 9h pour faire cela, mais on est en retard, du coup on n’a pu planter 1 seule plante. Mais Pedro vient nous sauver pour aller manger. Déjà 12h35, je dois laisser l’équipage au surf et moi je pars chez Edjileni pour faire un gâteau. 

Arrivé chez elle, accueil très chaleureux de sa part. Durant le bavardage prononcé par Chris, nous préparons le gâteau et je me rends compte à quel point cette personne est incroyable. Mathews vient nous aider pour le 2ème gâteau et enfin voila 

Christophe (avec 2h30 de retard) lol pas grave. En plus Edji nous a offert 1 tasse à notre nom à moi et Kat. 

Bref ce soir dégustation du gâteau au café et demain de celui à la banane.

Mooggy/Mathys/YK_noupix








 05/12/22 Les adieux


Dernière journée pour nous tous sur cette île tropicale de l’hémisphère Sud. Demain c’est le départ vers Fortaleza. On organise la journée pour faire les choses qu’on n’a pas faites et bien sûr, faire nos adieux à toutes les personnes qui nous ont accueillis et aidés durant cette escale. Mais avant les au-revoir, on va visiter la Praia do Leao, qui d’après Christophe est la plus belle de Fernando. On fait des petits groupes de stop pour y aller vu que la plage est à l’autre bout de l’île. Avec Isma, Christophe et Anouk on est pris en dernier mais on arrive en premier au point de rdv, c’est un gentil monsieur qui nous a emmenés jusqu’aux portes du parc, il travaille sur un des bateaux qui ravitaillent l’île. On se retrouve et on marche en direction de la plage, on la découvre enfin, et Christophe avait raison, la plage est clairement une des plus belles. On mange et on se baigne, les vagues sont bizarres mais drôles à prendre, ce sont des vagues croisées. Ensuite un groupe va chez Naodo le maraîcher pour acheter des fruits et légumes. Nous autres, on part faire les premiers adieux aux fiscals et volontaires puis on ira chez Edjileni et Douda pour un autre au-revoir. Pour ma part, je vais chez Douda et Edjileni. C’est bizarre de leur dire peut-être adieu, j’aurais bien voulu vivre plus de choses avec eux. Mais peut-être nous les reverrons un jour, ils m’ont dit qu’ils viendraient en France et passeraient nous voir. Ensuite, c’est glace réconfort, mais juste après on ré enchaîne sur un adieu à Pedro, homme à rencontrer comme dirait Yawenn, quelqu’un de généreux, drôle. J’espère le revoir un jour. Vient enfin le dernier, Lula et sa famille, on y va mais Lula n’est pas là, on se contente de dire au revoir à Sila et on lui fait passer notre adieu pour Lula. Journée enfin terminée, on retourne sur le bateau et on s’endort car demain c’est le retour de la navigation.

Isaac

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