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28 février 2023

Suite du second journal de bord : "la traversée de Fernando aux îles du Salut" du 10 au 14/12/2022

10/12/2022 « A l’écoute »


On se réveille après notre première nuit en mer de cette navigation vers la Guyane. C’est super, on avance bien, on a de très bonnes conditions de mer, en plus, le courant de Guyane est sympa, il nous épaule. On a 1 à 2 nœuds de bonus ! Je suis optimiste et c’est avec un petit plaisir que je fais mon pronostic d’arrivée au mouillage des Îles du Salut.

Cet après-midi, on a fait un jeu avec les principes de la CNV (Communication Non Violente). Nous avons pioché des cartes avec des questions ouvertes et personnelles comme « Parle-moi d’une fleur que tu aimes bien » ; « Penses-tu que ta vision du bonheur a évolué avec le temps ?... ». Puis nous avons choisi une personne à qui poser cette question. Ensuite on recommence avec une autre personne.

On était nombreux à aimer ce jeu, à en redemander après le goûter.

En en discutant un peu, c’est de mieux rencontrer les autres qui nous plaît. C’est vrai que de jouer à se rencontrer, c’est joli.

Je ne sais pas bien pourquoi c’est différent des autres moments de rencontre, peut-être parce que ça se place dans un temps formel, un moment dédié à cela, avec un cadre d’écoute privilégié où on est tenu d’écouter l’autre, où l’autre est prié de parler de lui sans jouer un jeu, avec honnêteté pendant un temps assez long.

Avant de commencer à faire à manger, (oui je suis de cuisine avec Matis) on se dit qu’on recommencera bientôt.

Elora


11/12/2022 « le mal de mer »


Le mal de mer vient me voir de temps en temps et dès qu’il voit que j’en ai marre, il s’en va. Parfois, il vient me dire bonjour pour ne pas que je l’oublie , parfois il me parle ou il veut juste être avec moi, ça lui fait plaisir, lui c’est comme un petit fantôme transparent, il me tient compagnie. Souvent quand il vient me voir, il est là 30 min et puis il s’en va car il a d’autres matelots à fouetter.Moi, je le considère comme une légende, il vient pour ne pas se faire oublier ou pour se venger de nous, mais c’est vrai que si jamais il n’était pas là, qu’est-ce que ça serait la nav’ ??? Il est venu me voir pendant qu’on jouait tous à un jeu qui consiste à piocher une carte, sur cette carte, il y a des questions qu’on doit poser à qui on veut. Cela permet de s’écouter. Je trouve ça amusant et intéressant. Voilà sur ce je vous laisse car le début des quarts arrive.


Matis
 


12/12/2022 par Ismaël et Elora


Aujourd’hui, j’ai réunion d’équipe avec Christophe, Kathleen et Elora, bilan des 3 mois pour chaque jeune, rapport ASE, je suis de cuisine avec Chad et puis demain je devrai raconter ce que l’on vit à bord.

Autant vous dire tout de suite que ce n’est pas vraiment mon dada tout ça. C’est surtout que je manque cruellement d’efficacité. Je ne sais pas trop si ça s’est vu mais j’étais rapidement en surchauffe, voire carrément en off. Mais heureusement les copains sont là pour rattraper mon handicap rédactionnel et l’océan pour aller m’y jeter quand ça finit par bouillonner dans ma tête.

Bon, si une chose est sûre, c’est bien que quand je serai grand, je ne serai pas éducateur ! Vous l’aurez deviné. Maintenant reste à vivre cette journée pour le mieux avec philosophie et sérénité et c’est vrai qu’au moins ça sera fait.

Pendant ce temps, le bateau continue de monter au cap 310 vers la Guyane et le berceau amazonien défile à une moyenne de 8 nœuds sur notre bâbord.  

Le soleil se lève chaque matin un peu plus tôt et tanne chaque jour un peu plus notre peau et nos cheveux bondissants. La nuit la lune nous éclaire de mille feux et pendant les quarts on se croirait en plein jour.

Nuit après nuit, jour après jour, le mois de décembre défile à toute allure. Hier nous quittions Fernando, et demain déjà nous toucherons la Guyane.

L’ambiance à bord est plutôt calme et détendue.

Ces périodes en mer font du bien au groupe. Après deux mois et demi ensemble, l’heure est aux bilans de groupe : introspection, relation aux autres, apprentissage, intérêt pour le voyage, intérêt pour la navigation… Les journées sont rythmées par la mer, la vie du bord, les repas, les tours de barre, les lectures collectives, les jeux et les couchers de soleil au son de la guitare.

Aujourd’hui, suite à un jeu de questions CNV proposé la veille, nous devions arriver au goûter avec une question à poser à l’un des membres de l’équipage. Moi je suis tombé sur Anouk. J’ai découvert comment elle s’imaginait à 28 ans.

Hier nous passions l’équateur, alors avec Isaac, nous avons aussi organisé le rituel de passage de cette ligne imaginaire. Lui jouait Poséidon et moi Amphitrite sa compagne, avec pour mission d’initier les novices.  Une vieille tradition de marin ayant peur de ne jamais revenir.

Sauf que cette fois-ci Poséidon était vraiment vénère. Il est descendu sur le bateau pour rappeler son autorité, car nous l’avions oublié lors du passage aller de l’équateur.

Je laisse la plume au capitaine Elora qui a dû gérer, tant bien que mal la situation à bord :

 « Je n’ai pas de moustache, pas de tricorne ni de jambe de bois, mais c’est moi qui ai le rôle de capitaine en ce moment sur Grandeur Nature. Je ne m’y connais pas trop bien non plus en tradition. Toujours est-il qu’à ce moment-là, on venait de passer l’équateur pour la deuxième fois.

Quand on s’apprêtait à prendre le goûter, un personnage cocasse entre en scène.

C’est Amphitruite, elle dit être la femme de Posséidon, elle a l’air gênée, pressée et un peu inquiète.

Pour la décrire : d’allure robuste, elle a de la vase verte sur le visage et sur sa barbe (oui) et on dirait qu’elle y tient, elle s’asperge régulièrement avec un humidificateur. Ses cheveux sont retenus par un fichu, elle porte un paréo ainsi qu’un soutien-gorge sur des seins oranges et très durs. La suite nous montrera qu’ils sont aussi amovibles…

Elle nous rapporte que son mari Poséidon est en colère, hors de lui, qu’il va arriver. On a passé l’équateur en scred, il ne nous avait pas vus, et on essaie de le repasser sans prévenir ! C’en est trop ! Il réclame des offrandes : du café et de la polenta.


Là-dessus Posséidon surgit. Lui aussi est couvert de vase, il a une cape et un trident-gaffe. Il est effectivement très énervé, un peu incohérent sur les bords, il a l’air de confondre Amphitruite et Aphrodite… sale histoire.

En plus de ça, il veut qu’on avale une goulée d’eau de mer. Amphitruite nous prête son sein (le fameux) en guise de calice.

Pour tout ça on s’exécute, polenta, café, grimace en buvant l’eau salée.

On ne fait pas les malins, les deux nous expliquent que cette tradition existe depuis longtemps, parfois avec des sacrifices pour que Poséidon, dieu des océans, protège les marins jusqu’à leur retour chez eux.

D’ailleurs retour à la réalité sur le pont, Isaac et Ismaël enlèvent leur vase-argile et rigolent. »

Ismaël



13/12/22


Ce matin Mathys (le personnage principal) se réveille très fatigué et même exténué par cette nuit. Il prend le petit-déjeuner, enfin il ne prend qu’un quignon de pain qu’il beurre de miel avec un thé bien chaud, en portugais thé = chà, chat = gâteau, gâteau = bollo, et bollo = pâté à la viande. J’attaque les tâches avec Zorro « capitaine bateau à 10h sur 50 m ».  « Très bien tu peux lofer de 5° si tu le souhaites. », « Très bien », « Capitaine, le vent nous ralenti ! »  dit Chopper. Pouvons-nous mettre le grand G» « Oui je vous l’accorde, choisissez votre équipe,  mais attention ! Si un seul obstacle vous rencontre, abattez-le ! « (Yamato), (Ussop), (Nami) et Sanji, venez avec moi, nous allons hisser le génois. Parés ?» « Parés mon général ! ».

C’est le génois qu’on hisse, qu’on hisse, c’est le grand G qu’on hisse tous en chœur.


Bon, réunion des généraux Nami, Jimbe, Robin et Franky, tous à tribord, nous devrons parler de Luffy durant 4h. Les généraux de bord se réunissent une 2ème fois mais cette fois, Luffy se joint à la danse. Plus que 2 jours avant la Guyane, mais tout d’abord les quarts nous accueillent. 

Mathys









14/12/2022


Enfin on voit les îles du Salut ! Après une manœuvre d’affalage du génois et de la GV, on est enfin au mouillage après 4 jours de nav’. Les îles du Salut nous ouvrent leurs portes. La première île est toute verte, couverte de cocotiers, de manguiers, d’amandiers et de plein d’autres arbres (c’est trop beau !). Avant d’aller visiter l’île, on doit manger et faire quelques trucs pour le bateau, tels que changer les bouts des seaux et des leasy jack, alors Elora et moi on va préparer le repas de midi. Au menu : farofa et sauce tomate aromatisée aux olives et au maïs. Après le repas, je me mets à réparer le palan d’annexe avec Isma et Mathys, puis avec Isaac je fais des surliures sur les nouveaux bouts des seaux. Après ça on est enfin prêts pour aller visiter l’île ! C’est trop beau, je vois même des singes pour la première fois de ma vie, et des agoutis ! C’est magique ! Il y a aussi plein de coco par terre. Arrivés au bagne, on le visite. Ça fait bizarre de voir un bagne quand tu sais ce qu’il s’est passé là-dedans. Enfin, on redescend vers le bateau. En chemin, on s’arrête dans un petit coin sympa où il y a plein de cocos. On en ouvre plusieurs et on distribue des petits gâteaux pour le goûter. Puis Elora et moi, on se rend compte qu’il se fait tard, on doit rentrer au bateau faire la cuisine. Une fois à bord, on prépare vite fait le repas, les autres arrivent, on mange.  Je me mets à la vaisselle pendant que les autres font la manœuvre de démouillage (je ne sais pas si ça se dit mais bref) et enfin nous voilà toutes voiles dehors en direction du Maroni. Nous allons nous coucher, à part l’équipe de quart composée d’Isma et Mathys. Plus tard dans la nuit, je suis réveillé par Isaac pour mon quart, d’ailleurs ce quart a été très cocasse (comme dirait Chad !) on a passé le quart à la cape !

Yawenn Leroy


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