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2 août 2016

Mardi 12 juillet


Ma chère Maman,
Je t’écris cette lettre depuis les îles Lavezzi, ce petit tas de rochers au Sud de la Corse, à mi chemin avec la Sardaigne, où nous avons mouillé pour la nuit. Nous n’avions pas prévu d’y arriver aujourd’hui, mais un vent fort de SW annoncé nous a poussés à modifier notre trajet  pour garder un abri à portée de main les deux prochains jours. Tu te rappelleras peut-être, alors que tu es allongée dans ton lit d’hôpital avec des tuyaux de partout, que Papa et toi avez sillonné la côte Corse dans ta jeunesse, en voilier, en mouillant dans les petites criques désertes à l’abri du vent et de la houle pour la nuit. La journée que je suis sensée raconter est typique de la vie en bateau ici : on lève l’ancre le matin (en fait, on n’avait pas vraiment mouillé cette nuit, on avais piqué la tonne d’amarrage des phares et balises, pratique !), on navigue un petit peu le long de la côte en admirant le paysage, on s’arrête dans une petite baie juste pour poster du courrier et acheter des œufs..hop ! on lève l’ancre et on continue notre route en discutant de où on veut aller ensuite. Ce sentiment de liberté, tu le connais, les seules contraintes étant les éléments et les lois physiques. Tout le reste ne tient qu’à nous. C’est exactement ce que je voudrais transmettre aux jeunes qui sont à bord : tout est possible si on fait ce qu’il faut pour.
Mais laisse-moi te faire un petit portrait de l’équipage :
D’abord, il y a ceux que je connais déjà. Thierry et Aude, avec qui je m’entends très bien et suis contente de reprendre la mer. Christophe, le caméléon, patron improbable qui me guide sans en avoir l’air. Puis, il y a Jacques, que je ne connais pas bien, que j’apprends à découvrir en même temps qu’il apprend à découvrir Grandeur Nature. Nous formons une bonne équipe et chacun apporte quelque chose de différent au groupe ; c’est enrichissant.
Les jeunes, je ne les connaissais que de tête, pour certains.
Il y a Jean-Marie, très sympa et enthousiaste pour certains trucs mais encore réfractaire pour plein d’autres. C’est rigolo de le voir apprendre des tas de choses toute la journée tout en clamant haut et fort qu’ il ne veut pas le faire.
Il y a Emerson, un garçon vraiment gentil et attentionné avec tout le monde, mais je suis incapable de te dire qui il est, ce qu’il pense et ce qu’il aime car il est très réservé, derrière son grand sourire éclatant ;
Il y a Mathias. Mathias ne fait pas de vagues non plus. Il est toujours partant pour la manœuvre et très vif pour le travail de tête- et tout à coup il disparaît à bâbord faire ses petits dessins ou bien il s’avachit et dort à moitié-puis hop ! il revient parmi nous, bondit à droite à gauche et a déjà affalé la voile d’avant alors que les autres se demandent encore comment faire. Il a dit dans son texte qu’il était très heureux ici, j’espère que ça va rester comme ça.
Il y a Camille, qui s’est retrouvée tellement hors de son élément les premiers jours qu’elle voulait rentrer chez elle. Chaque jour qui passe, elle est un peu plus à l’aise, intégrée au groupe et presque débrouillarde.
Rachel, ma filleule, eh bien, je ne la connais pas non plus. Je n’avais jamais vécu avec elle. Elle est drôle, enthousiaste et attentionnée. Ça me fait marrer de la découvrir alors que je l’ai vue naître ou presque. Elle est très à l’aise dans le groupe.
Célia n’a que 13 ans et j’oublie parfois ce fait. Elle aime être le centre d’attention mais elle fait de gros efforts pour laisser de la place aux autres et ça commence à se voir. Elle est typiquement l’ado qui se croit incapable de tout alors qu’elle peut réussir beaucoup.
Anaëlle est la dernière arrivée à bord. Elle a l’air très content d’être là. Elle apprend vite et sourit beaucoup. Elle rigole bien avec ses copines et ses copains.
Petit détail rigolo : nos « wesh » de cette année sont des filles ! elles ont le boubou africain au lieu de la casquette de travers, mais sinon, c’est le même cliché complètement surfait de « djeuns » de banlieue. Ça leur passera avant que ça me reprenne. En attendant, je les houspille, je les chambre, je leur fais des gâteaux. J’entre en relation comme je peux.
Chacun séparément et tous ensemble, ils me donnent envie de vivre l’aventure avec eux et Jacques a bien de la chance de ne pas en rater une miette. J’ai hâte de les voir découvrir le monde, d’être à leurs côtés alors qu’ils se découvrent eux-mêmes. J’espère qu’ils feront tout ce qu’il faut pour ne pas rater ce voyage extraordinaire. Ils ne savent pas ce qui les attend : au milieu de l’atlantique à 15 nœuds en surf, à nager au milieu des baleines ou bien à jouer les Robinsons sur une île déserte des Bahamas.
Je t’écrirai souvent, chère maman, pour te raconter l’aventure que nous allons vivre ensemble.
Je t’embrasse.
Hélène

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