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6 décembre 2012

La lettre de Kélig et Théo. Des Canaries au Cap-Vert

Voilà bien longtemps que nous n’avons pas écrit… Et pour cause, nos journées défilent… Depuis les Canaries, le temps s’est comme accéléré ! Sûrement parce que dans les têtes de chacun, ça grandit, ça mûrit, ça réfléchit, ça avance et du coup, nous ne voyons pas le temps passer !! Alors, nous en étions resté je crois au départ des Canaries. Nous avons fait un petit mouillage de deux jours à la Goméra pour finir d’écrire les textes, les lettres à envoyer pour vous, les mails, les lessives des randos à Ténérife… C’est aussi là que Nina, fière et heureuse d’avoir découvert la randonnée, a voulu emprunter les mêmes chemins que les chèvres locales. Sauf que ces belles chaussures ne sont pas aussi efficaces que les sabots de ces braves bêtes et que notre Nina a glissé et s’est retrouvée à flanc de falaise, accrochée à un caillou (heureusement !). Peur bleue pour elle et tout l’équipage ! Notre « team secouriste », escaladeur s’est mise en action (Thierry, Ludo et Yann) et en un tour de main (et de cordes) plus quelque chose comme 4 heures quand même, notre Nina s’est vu hisser par ces 6 bras et donc sauvée… Ouf !!! Tout le monde a eu très peur, Nina la première. Une aventure que personne ne veut revivre et qui servira de leçon à tous (on espère !). Donc le 13 novembre, nous sommes prêts à accoster dans la marina de San Sebastian de la Goméra pour réaliser notre plan d’action : courses, gaz, gasoil, poste, internet, coup de fil à Christophe ! Les équipes sont prêtes… Top départ, c’est parti ! Quelques lettres nous attendent au bureau de la marina (pour Simon, Evolène, Kévin, Charles, Kélig et Thierry). Nous demanderons au capitaine du port de réexpédier les prochaines à Sète. Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps. Le Cap-Vert nous appelle. Après tout cela, nous repartons au mouillage pour y passer une bonne nuit avant de reprendre les quarts de nuit. Et le lendemain matin, nous levons l’ancre en fin de matinée. Nous regardons tous la carte marine. Il y a à peu près 800 milles nautiques à parcourir. La question fatale est toujours là : « C’est quand qu’on arrive ??? ». Et la réponse est toujours la même : « ça dépend du vent !! ».
Pour cette navigation, et on en est bien content, les éléments sont avec nous. Ça fait du bien, après tout ce vent dans le nez qu’on a eu depuis le début. Le vent est au portant, c’est-à-dire dans les fesses et nous avons un temps splendide. Nous avons eu l’occasion, dès le premier jour, de doubler de très près un vieux gréement, c’est-à-dire un vieux bateau en bois avec deux mâts. Rencontre de deux mondes, de deux navigation différentes. Grandeur Nature, catamaran futuriste comme on nous le dit souvent, qui file avec le vent et ce beau bateau hollandais, presque comme les pirates, avec toutes ces voiles carrées, triangulaires, qui avance tant bien que mal avec tout son poids. Comme à chaque fois, nous rencontrons des dauphins presque tous les jours, nous croisons la route de quelques tortues et dans le genre beaucoup plus rapide, nous nous faisons rattraper par un beau bateau du « Vendée Globe » (un Espagnol avec le sponsor Acciona je crois). Dommage, il fera un empannage qui le déviera de notre route. Nous n’aurons pas l’honneur de nous faire doubler !! Encore un autre monde dans le navire à voiles… Pendant cette navigation, et c’est une première cette année, nous avons pêché une dorade coryphène. Tout le monde a adoré ce poisson, même Charles qui ne mange pas de poisson d’habitude ! Nous en avons pêché d’autres, mais elles étaient, soit trop petites, on les a relâchées, soit elles ont réussi à se faufiler et repartir à l’eau !! Les conditions agréables ont été aussi bien propices au travail des neurones le matin : journaux de bord, dictée, problèmes de math et ateliers d’écriture qui ont révélé de belles graines de poètes (Simon, Yann, Nina, Thierry, Ludo et Evolène). Les 800 milles de la traversée seront vite avalés par Grandeur Nature et son équipage. Le 20 novembre, nous apercevons le Cap-Vert et mouillons au petit matin, dans la baie de Mindelo sur l’île de Sao Vicente. Notre capitaine doit faire les papiers pour que nous soyons en règle avec les autorités du pays et nous préparons déjà nos prochaines randos. L’ambiance à bord n’est plus pareille. L’arrivée quelque part bouscule souvent les esprits. Le rythme est changé, nous ne sommes plus tout seul, il faut s’adapter aux aléas du voyage. Les pêcheurs nous disent de ne pas trop nous baigner car il y a des requins dans la baie, quand est-ce qu’on part, avec qui, comment, est-ce que j’ai des mails ???... Il faut dire que lorsque nous arrivons à terre, les grands sont aussi un peu plus speed, le programme s’enchaîne, s’accélère et dans un groupe les humeurs s’entremêlent… Nous ferons nos randos sur l’île de Santo Antao, située juste en face. Il y a beaucoup de sentiers et le paysage semble vraiment magnifique. C’est difficile de s’y rendre avec Grandeur Nature, les mouillages ne sont pas très sûrs, donc nous emprunterons le ferry qui fait la liaison deux fois par jour en une heure. Le 22 novembre, un premier groupe part en rando : Simon, Mike, Kélig, Kévin et Thierry. Ces deux derniers rentreront au bout de deux jours (le 24) pour relayer Ludo, Charles et Théo restés au bateau pour le surveiller. Le 23, ce sera Yann, Nina et Evolène qui parcourront l’île du Sud au Nord et par l’Est. De véritables marcheurs ces trois-là ! Tout le monde s’est régalé. Les montagnes escarpées, les cultures en terrasse. Nous sommes arrivés « ailleurs » ! Impression d’être vraiment loin de la France, par le paysage, les cultures, mais aussi les gens. Les femmes qui portent les charges sur leur tête, les maisons au toit de feuilles, le café fraîchement pilé, la cuisine au feu de bois. Plein de premières fois… Découverte des bananiers, de la canne à sucre, des pieds de café, des cocotiers, des patates douces, des ignames… Des rencontres avec des gens qui n’ont pas grand-chose et qui pourtant vous invite à partager leur repas, à dormir sous leur toit… C’est toujours trop court, mais ça fait du bien, ça fait cogiter, ça fait avancer… Le 28, nous arrivons à Santa Luzia, une île déserte pas très loin, fréquentée seulement par quelques pêcheurs. C’est cette île que nous avons choisi pour nous retrouver et faire le bilan de ces deux mois passés à bord. C’est aussi là que nous fêtons les 34 ans de Yann. On lui fête son anniversaire, les jeunes lui ont tous fabriqué un cadeau, mais nous célébrons aussi les deux mois qu’il a passé à bord avec nous, car bientôt il nous quitte… Les grands passeront une journée et demie à s’entretenir avec chacun des jeunes individuellement et le lendemain matin, nous nous réunirons, tout l’équipage, dans la coque tribord pour discuter ensemble de nos relations à bord. C’est là que l’on voit que nous avons un équipage bienveillant. Les relations sont parfois peu approfondies à tendance pas terrible pour certains, mais chacun veut améliorer, se le dit droit dans les yeux. Nous avons passé 3 heures à discuter et sincèrement, ça fait du bien. Kévin grandit et s’affine physiquement, mais il grandit aussi très vite dans sa tête, il commence à nous surprendre. Simon prend conscience qu’il vit encore souvent à côté des autres, pas assez avec le groupe. Nina veut être heureuse et accepte de s’appuyer sur nous pour l’être. Evolène voit qu’elle est encore beaucoup accrochée à ce qu’elle a quitté. Mike exprime qu’il doit faire des efforts dans ses relations avec les autres, qu’il n’est pas tout seul. Charles sait qu’il pourrait être plus souvent moteur du groupe, mais il est souvent rattrapé par son envie d’être solo et surtout qu’on ne vienne pas l’embêter. Théo s’ouvre de plus en plus, ses habitudes sont complètement bousculées, il s’y fait tranquillement en essayant de contrôler de plus en plus sa nervosité. Tout cela fut bien intense et nous avons bien mérité un cours de bodysurf organisé par notre capitaine. On a tous joué dans les grosses vagues qui nous ont bien lavées le corps et l’esprit ! Après cette belle escale, nous avons mis le cap sur Fogo. Une île où il y a un volcan à 1000m d’altitude qui a craché sa lave pour la dernière fois en 1995. Trois groupes sont aussi partis en rando pendant que Thierry, Kévin, Théo et Kélig restent au bateau. Samedi, nous quitterons Fogo pour nous rendre à Praïa, sur l’île de Santiago. Nous y rejoindrons Christophe, tout fraîchement débarqué de France avec votre courrier dans son sac. Yann nous quittera définitivement (snif), nous ferons quelques courses pour mettre le cap ensuite sur Fernando de Noronha… Brasil, nous voilà !!! Théo et Kélig

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Coucou les GNaturiens
le temps file aussi très vite dans le Pacifique, même si les journées sont nettement moins mouvementées. Je constate que les escales Canaries et Cap Vert sont toujours un régal et un moment fertile en émotions, un moment clé aussi (l'une des clés) du voyage. Perdue dans le défilement des jours qui se suivent et se ressemblent, je n'ai pas écrit à tout l'équipage pour Noël comme je voulais le faire et puis voilà, Ch. est déjà parti, zut. Où puis-je envoyer mon courrier? Je rentre en France dans 8 jours, vite donnez-moi la prochaine adresse! Bises à tous Miren