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27 mars 2019

« Nouvelles du Banc d’Argent 2, le retour! »

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« Nouvelles du Banc d’Argent 2, le retour! »
Le 26 Mars 2019


Ici, à bord de l’Agressor II, on aime pas trop ce catamaran blanc qui vient sur le Banc d’Argent en même temps que nous pendant la saison des baleines.
Déjà, il ne sont pas la pour le business, ils ont la prétention de venir rencontrer les baleines dans un but éducatif !
Alors quand on les a vu partir la dernière fois, on a espéré très fort que c’était pour de bon. Malheureusement, le cousin d’un des membres de l’équipage qui fait du « whale watching » à Samana nous a raconté ce qu’ils ont fait là bas.
Déjà, ils ont refait des courses et des pleins d’eau. Et en faisant travailler les adolescents du bord, ces gens n’ont aucun sens de la clientèle ! A moins que ça ne soit pas des clients à bord, mais dans ce cas on ne voit pas trop pourquoi ils s’embêteraient à naviguer…
Le cousin les a vu se gaver sans vergogne de yaourt à boire, d’ananas et d’empanadas. De grandes salades de produits frais, et même des « batidos » ces jus de fruits mixés avec glace et lait concentré.
Pendant toute une journée ils sont restés à bord à discuter tout ensemble. Apparemment ils ont fait un genre de bilan des relations entre eux, et à la suite de ça, l’un d’entre eux (le petit blond musclé) s’en est allé, sûrement vexé de ce que le autres lui ont dit !
Mais en fait, il a été remplacé tout de suite par une fille un peu pâlotte à l’arrivée, on aurait dit une de nos touristes ! C’est comique de la voir si blanche au milieu de tous ces gens bronzés.

Bien vite, on les a vu revenir un matin. Une voile blanche a l’horizon, et hop ! Quelques heures plus tard ils étaient là, accrochés à leur pauvre bouées de miséreux, en plein devant nous, nous cachant le lever du soleil.
Heureusement, à force de leur tourner autour avec nos annexes, ils s’en vont presque tous les jours naviguer loin sur le banc, bon débarras !


Les revoilà de nouveau, des amis de longue date. Plus de vingt ans qu’ils viennent avec ce petit voilier. Y’en a même un ça fait plus de 30 ans que je vois sa tronche ! J’ai l’impression d’être un peu le papi de cette bande, ils viennent me voir une fois qu’ils n’ont rien de mieux a faire, une fois les cours et le travail sur le bateau fini.
Je les vois évoluer, plonger de plus en plus profond, faire de plus grandes apnées. Ils arpentent chacune de mes parois et découvrent toutes les créatures qui me hantent. Des raies léopards aux poissons-coffres juvéniles en passant par le balaou, le poisson perroquet, le poisson trompette, la langouste brésilienne sans oublier le fameux barracuda.
Ils me font souvent de faux espoirs quand ils viennent vers moi avec leurs kayaks. Avant je me faisais toujours avoir mais maintenant je sais que c’est pour aller voir la barrière de corail qu’ils se donnent autant de mal à ramer.
Je ne sais pas ce qu’ils lui trouvent à cette vieille garce. Elle est juste bonne à faire pousser du corail de feu. Toutes ses patates se ressemblent, presque tout son corail est mort, il y a les mêmes tunnels partout et plein d’effrayants requins-citrons. En plus de ça c’est à cause d’elle que je me suis échoué il y a de longues années de ça.
J’ai envie de leur crier « youhou ! Je suis là moi, et toute ma cloison sud est recouverte de coraux bien vivants. » Mais ils ne connaissent pas le langage des vieilles épaves et je reste muet face a leur oreilles de simples humains. J’avoue que j’ai peur de disparaître, de ne plus exister, c’est pour ça que je m’efforce de garder une infime partie de moi à la surface.
J’ai résisté au dernier ouragan mais j’ai peur le prochain me fasse sombrer à tout jamais. Heureusement qu’ils sont là pour me rappeler que j’existe. Durant leur plongée de nuit à la pleine lune, c’est moi qu’ils sont venus voir !
Ils ont nagé dans mes entrailles, ils ont fait fuir les poissons qui me nettoyaient les os et ils m’ont donné un peu de leur énergie de vivre.
Pépé Popol




Moi avec mon baleineau, je les vois tous les jours ces gens du gros bateau blanc qui viennent nous rendre visite quand ils nous aperçoivent pas loin. Mais dès fois, on a pas très envie, alors on s’éloigne pour être tranquille.
Les baleineaux les aiment beaucoup, alors quand même souvent on les laisse venir ou même on va vers eux. L’autre jour, mon petit a passé un bon moment à sauter juste à côté d’eux et il a même voulu leur rendre une petite visite nocturne voir si ils dorment comme nous …
On s’est tellement rapprochés qu’on aurait pu les toucher !
Mon escorte m’a d’ailleurs raconté qu’une de ses collègues s’est carrément pris leur étrave, ça a du leur faire peur, ils sont si petits. Ca a fait trembler le bateau, ils ont du se tenir pour ne pas tomber sur son dos. Heureusement, plus de peur que de mal.
Aujourd’hui, ils ne sont plus là, ils sont partis dans le mauvais temps, je ne sais même pas s’ils m’ont vu claquer de la pectorale pour leur dire au revoir.
Ils vont surement revenir dans quelques jours, ça ne me dérange pas, ils sont moins bruyants que les 3 autres avec leurs moteurs !
Et puis mon petit voudrait les revoir une dernière fois avant la migration.
Ma cousine de Samana m’a chanté qu’elle les a vu arriver dans la baie, ils ont mis plus de temps que la dernière fois, c’est normal aussi, s’ils se déplaçaient sous l’eau comme tout le monde le vent ne les aurait pas embêté !
Mme Jubarte

Xan, Maya et Timothée.

6 mars 2019

- Lettre Collective Silver Bank I-

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- Lettre Collective Silver Bank I-

Hola amigos y amigas !

Par où commencer ? Les baleines, les baignades à la traîne, les plongées sur l'épave Polyxéni?
Commençons au début :
Le 20 février nous quittons la baie de Samana, et la ville bruyante et agitée de Santa Barbara de Samana. Après une journée de navigation au près en direction du lieu de reproduction des baleines, nous avons du ralentir pendant les quarts et nous mettre à la cape pour ne pas arriver de nuit sur le banc d’argent. Quelques miles plus tard, au petit matin, nous voilà à l’affût de la moindre patate de corail qui oserait se mettre sur notre chemin, nous sommes arrivés à Silver Bank, au Banc d'Argent, al Banco de la Plata. A bord, nous avons préparé chaîne et pare-battage pour nous amarrer sur notre patate de corail près de l'épave polyxéni et de la barrière de corail Christophe, Ismaël et Maya plongent pour repérer celle où l’on s’attache depuis… combien ? 30 ans ?
La manœuvre dura une heure, voire plus, et nous voilà installés dans cet environnement qui nous sera quotidien durant un mois.
Les premiers instants sur le banc seront des plus magiques, impensables, voire même inoubliables. En effet des baleines vont et viennent autour du bateau nous offrant de magnifiques spectacles, nous invitant à enfiler notre attirail (palme/masque/tuba) et à plonger avec elles. Nous pouvons tenter de vous transmettre nos sensations bouleversantes suite à nos premières rencontres. Celles-ci auront lieu dès les premiers jours, et pour tout le monde. Comme si les baleines venaient nous souhaiter la bienvenue.
Plonger avec des baleines à plusieurs en se tenant la main, palmant à l’unisson pour s’approcher le plus doucement possible de ces mastodontes, ça nous fait plus que des frissons. Nous nous serrons la main très fort, très très fort. Malgré nos tubas à la surface, notre souffle est coupé. Et malgré nos masques qui nous donnent des airs de mouche, nos yeux grands ouverts pétillent d’émerveillement. Vivre une rencontre avec les baleines, chacun le raconterait à sa manière, avec ses propres mots (s’il y en a suffisamment pour décrire cela), mais tout le monde serait d’accord pour dire que c'est merveilleux.
Loanito et Louis ont coursé une baleine, excitation,
Christophe en a presque chevauché une, trop balaise,
Océane a tenté de photographier une famille, contemplation,
Timothée note toutes les rencontres dans un petit cahier, souvenirs qui se gravent dans la mémoire,
Lola et Maya se sont pris un baleineau, même pas mal !
Ismaël a joué avec, il est gros quand même,
Mickaël et Xan ont écouté leur chant, de vraies Castafiores,
Elio a vu une escorte, impressionnant,
Et Loan a compté toutes celles qu’elle a vu, 5 baleineaux qui sautent, 12 grosses baleines, 4 encore plus grosses, 2 escortes, 26 loin à l’horizon, et 3 qui lui ont foncé dessus.




Oui, nous sommes là, au milieu de rien, en apparence : à tribord de l’eau, à bâbord de l’eau, à la jupe des bateaux charters qui nous gâchent les couchers de soleil, à l’étrave de l’eau.  Mais au fond se cachent… des patates de corail habitées de poissons et autres créatures marines, une vieille épave rouillée se transformant en notre aire de jeu aquatique préférée, et une barrière de corail pleine de tunnels et de dédales coralliens.

Parfois, dérangés par la présence de ces bateaux de charters, on décide de s’évader. On hisse notre yankee et zou ! On part s’envoler !
Vous vous direz : « Mais un bateau ça vole pas !!!!????!! ». Mais le notre a deux ailes. Pour nous une aile c'est un morceau de bois en forme de queue de baleine, accroché à une drisse de 20 mètre, elle-même accrochée au taquet de la jupe du bateau. On vous jure, on vous assure, que quand on se fait tirer les mains agrippées aux poignées de l’aile, c’est comme si on volait. Le seul détail qui nous ramène à la réalité c’est quand il faut sortir le bout du tuba pour respirer.
  
         
Voilà, sur le banc d’argent notre quotidien est fait d’apprentissage en plongée, de nombreuses apnées (on mange trop de haricots, et les gaz engendrés favorisent nos entraînements d’apnée), de lectures collectives, de cours d’espagnols et de couchers de soleils éblouissant nos yeux. Et surtout, de moments où nous cherchons le moindre splash, souffle, pectorale ou caudale d’une baleine venant troubler l’horizon.
           
Nous pensons à votre fin d’hiver, en nous endormant parfois dans les filets en regardant les étoiles. Très bientôt nous quittons Ismaël et nous retrouvons Amélia qui sera à bord jusqu’à la fin du voyage.
Nous sommes déjà impatients de retrouver le banc d’argent, de nouvelles baleines et de nouvelles aventures.

Loanita, Lola et tout l’équipage Grandeur Nature.